AG de l'ATB : les résultats calment les actionnaires
Arab Tunisian Bank a tenu son assemblée générale ordinaire le 19 mai 2016 à l’hôtel Movenpick de Gammarth. L’AGO de cette année, concernant l’exercice 2015, a été marquée par l’absence du directeur général de la banque, Férid Ben Tanfous. En effet, il a subi une opération chirurgicale la semaine dernière à la suite d’un problème de santé soudain. Pour ce qui est des chiffres, la situation de la banque est au vert malgré les protestations de certains actionnaires.
L’assemblée générale de l’ATB s’est déroulée sous l’égide de la présidente du conseil d’administration, Randa Sadik et en présence, notamment, du vice-président de la banque, Farid Abbes. Dans son allocution d’ouverture, Randa Sadik a souligné le contexte économique difficile de la Tunisie mais également de ses principaux partenaires à l’instar de l’Union européenne. Ce contexte délicat n’a pas empêché la banque de réaliser de belles performances. Ainsi, « le total bilan a enregistré une hausse de 5,5% par rapport à l’année 2014, pour atteindre 5320 millions de dinars (MD) à fin 2015. Cette hausse a concerné les principaux postes du bilan, notamment le total des dépôts qui s’est accru de 9%, le total des engagements nets bilan et hors bilan a évolué de 7% et les capitaux propres ont augmenté de 7% ».
Selon Mme Sadik, les fluctuations de la situation économique mondiale imposent à la banque une stratégie prudente. Elle a déclaré : « Face aux turbulences locales et mondiales qui pèsent sur l’économie nationale, et suite à la révision, par le Fonds monétaire international début janvier dernier, des projections de croissance du PIB tunisien de 3 à 2%, l’ATB a suivi une stratégie prudente en termes de provisions pour créances douteuses ».
Pour l’exercice 2015, l’ATB a réalisé un résultat net de 57,6 MD contre 53,3 MD en 2014, enregistrant ainsi une progression de 8,1%. La banque compte distribuer un dividende de 0,230 dinars par action et ce à compter du 26 mai 2016.
L’allocution de Férid Ben Tanfous, directeur général de la banque, a été lue à l’assistance par le secrétaire du conseil, Ahmed Kallel. Dans son mot, le directeur général a mis en exergue la difficulté du contexte économique dans lequel évolue la banque en soulignant que cette dernière est quand même parvenue à tirer honorablement son épingle du jeu comme le montre l’augmentation de 9% des dépôts de la clientèle pour atteindre 3877 MD. M. Ben Tanfous a également salué la maîtrise des coûts des ressources avec une baisse de 4,1% des charges d’exploitation bancaire.
Le directeur général de l’ATB a également évoqué les résultats de la stratégie de la banque : « Outre la rentabilité, l’ATB a historiquement fondé ses stratégies de développement autour de deux axes incontournables : la liquidité et la solvabilité. Ces postulats stratégiques ont été scrupuleusement respectés en 2015, avec un ratio de liquidité de 80,26% (contre un minimum de 70% exigé par la BCT), et un ratio de solvabilité de 12,83% (contre un minimum de 10% exigé par la BCT) ».
Ensuite, l’heure était venue pour donner la parole aux actionnaires et pour répondre à leurs interrogations et doléances. Certains d’entre eux ce sont accordés à dire que le dividende proposé au titre de l’exercice 2015 (0,230 dinars par action) était trop bas et qu’il s’agissait d’un dividende digne d’une petite entreprise. L’un d’eux a même clamé qu’il n’accepterait pas un dividende inférieur à 0,250 dinars par action. D’ailleurs, au moment de l’adoption de la résolution, certains actionnaires ont tenté de marchander avec la présidente du conseil, Randa Sadik, pour augmenter le dividende à 0,240 dinars, mais il n’en fût rien.
M. Hattab a aussi dit que la banque employait des personnes qui ont l’âge de la retraite en suggérant que ces dernières soient remplacées pour une meilleure efficacité. Il a également évoqué les créances douteuses de la banque en affirmant que l’ATB ne prenait pas les mesures nécessaires pour se faire payer et que cela se répercutait directement sur sa performance et donc sur le dividende à distribuer. Par ailleurs, il a parlé des compétences des responsables crédit de la banque en disant qu’il faudrait allonger la durée des prêts consentis. Selon lui, le fait de ne pas allonger ces durées fait fuire les clients et les pousse vers d’autres établissements qui proposent de plus longues durées de remboursement.
L’un des représentants d’une association de petits porteurs a reproché au conseil d’administration de ne pas se réunir avec les associations avant les assemblées générales. Selon lui, il s’agit d’une pratique courante dans d’autres banques mais que l’ATB n’a pas encore adopté. Un autre actionnaire s’est, quant à lui, interrogé sur les perspectives futures de la banque après l’adoption de la nouvelle loi sur les banques à l’Assemblée des représentants du peuple. Il a également demandé à ce que la rémunération des membres du conseil d’administration soit annexée à la performance et au rendement de chacun, que cette somme arrête d’être un montant figé et presque intouchable quels que soient les résultats de la banque. Pour finir, il a également demandé à ce qu’il y ait un meilleur contrôle et une meilleure gestion au niveau du réseau d’agences de la banque pour éviter les vols qui peuvent être l’œuvre d’employés de l’établissement.
C’est la présidente du conseil d’administration, Randa Sadik, qui a eu la délicate tâche de répondre aux interrogations et aux doléances des actionnaires de l’ATB. Elle a commencé par répondre à l’interrogation concernant des employés à l’âge de la retraite en disant que, quel que soit l’âge, tous les employés obéissent à des standards de compétence et de productivité. Pour ce qui est du reproche fait à la banque concernant la gestion des créances douteuses, Randa Sadik a affirmé que celles-ci sont suivies dès le premier retard. Elle a ajouté que, dans tous les cas, les intérêts de la banque étaient protégés et qu’il existe un process complet mis en place concernant cet aspect. Pour répondre à la suggestion de l’association des petits porteurs, Mme Sadik a dit que cette proposition serait examinée et qu’il n’y avait pas d’inconvénient à tenir des réunions préalables.
Concernant l’effet de la nouvelle loi des banques sur les perspectives de la banque, Randa Sadik a déclaré que celle-ci n’avait pas d’effet au niveau de la capitalisation. La loi prépare à une meilleure solidité bancaire ce qui est déjà dans la stratégie de l’’ATB. A propos de la rémunération des membres du conseil d’administration, Mme Sadik a précisé qu’elle était déjà annexée sur la performance et que, pour montrer sa bonne volonté, le CA n’a pas changé le montant du jeton de présence (à savoir 25.000 dinars) depuis 2006.
En ce qui concerne le montant du dividende, jugé faible par certains actionnaires, Randa Sadik a expliqué que la priorité stratégique de l’ATB était la consolidation et la solidité bancaire. Elle en veut pour preuve le fait que le total bilan ait augmenté de 5,5% par rapport à l’exercice 2015. Elle a ainsi souligné qu’une telle augmentation est élevée par rapport à d’autres banques.
Randa Sadik a également ajouté que l’ATB distribuait des dividendes chaque année, ce qui est la marque d’une certaine constance malgré les fluctuations de l’environnement économique de la banque. Selon elle, la priorité est donnée au développement de la banque plutôt qu’à la distribution de dividendes et ce développement ne peut se faire qu’en misant sur le capital.
Marouen Achouri