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Accord libyen : Quand la Tunisie fait cavalier seul
07/12/2015 | 19:58
5 min
Accord libyen : Quand la Tunisie fait cavalier seul

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le chaos règne en Libye. La scission politique a engendré une situation de crise et a donné naissance à des milices qui s’entretuent afin de parvenir au pouvoir ou d’installer leur hégémonie sur les régions du pays voisin. La crise libyenne a également permis la prolifération de groupes terroristes, notamment l’Etat islamique autoproclamé (Daech), qui constitue une menace pour toute la région et en l’occurrence la Tunisie. Œuvrant à ce qu’une solution politique soit trouvée à cette crise, la Tunisie a cherché à rapprocher les points de vue du coté libyen, tout en excluant une quelconque intervention militaire.

 

 

C’est dans ce contexte tendu qu’un accord de principe, pour résoudre la crise politique en Libye, a été signé dimanche 6 décembre dans la banlieue de Tunis. Les négociations ont été menées dans le plus grand secret, apprend-on, et ont abouti à un projet d’accord politique. Des délégations représentant les deux autorités rivales libyennes ont paraphé l’accord. Il s’agit, en l’occurrence, du chef de la délégation de l’Assemblée des députés, Ibrahim Fethi Amich (Tripoli), et d u chef de la délégation du Congrès national général (Tobrouk), Awadh Mohamed Abdessadeq.

« C'est un moment historique que les Libyens attendaient, que les Arabes attendaient et que le monde attendait », se sont accordés à affirmer les deux cosignataires du texte. Il faut dire qu’il s’agit là d’une première que des représentants des deux autorités libyennes ennemies puissent se rencontrer sans que cette rencontre ne soit chapotée par de tierces parties. Un accord qui est intervenu «sans ingérence étrangère et sans conditions préalables», soulignent encore les deux factions. L’accord avait été négocié sans la participation de l’ONU, alors que l’organisation pousse depuis des mois à ce qu’une solution au conflit soit trouvée, sous son égide.

 

Afin de mieux saisir la teneur et la portée de cet accord, il serait avisé de revenir sur les deux formations antagonistes et le long processus de négociations qui s’est enclenché suite aux différends les ayant opposés.

Le Congrès général national se voit remettre les rênes du pouvoir en 2012 dans un contexte de conflits armés et de la montée en puissance d’organismes djihadistes. En 2014, la décision est prise pour organiser un scrutin en vue de désigner une nouvelle assemblée. En date du 25 juin, la Chambre des représentant est élue, mettant ainsi fin au mandat du CGN. Sauf que des membres non réélus du CGN décident de rétablir cette institution, dont le siège sera installé à Tripoli. De ce fait, le Conseil, soutenu par des milices islamistes, notamment Fajr Libya, se pose en rival de la nouvelle Chambre élue. Laquelle Chambre, seule reconnue par la communauté internationale, se verra contrainte de se baser à Tobrouk. Dès lors, le pouvoir en Libye est revendiqué par chacune des deux autorités et le pays compte, désormais, deux gouvernements et deux parlements.

Le processus de négociations menées sous l’égide de l’ONU, censées conduire à la formation d’un gouvernement d’union nationale, se déroule sur plusieurs mois. Un processus qui est jalonné d’échecs : les accords de paix et de réconciliation élaborés seront rejetés à chaque fois par les deux factions. La Tunisie, l’Egypte et l’Algérie ont également décidé de concerter leurs efforts afin de tenter de rapprocher les points de vue du coté libyen, avec pour mot d’ordre : aboutir à une solution politique à la crise en Libye et garantir sa stabilité.

 

L’accord de principe paraphé entre les parties rivales libyennes à Tunis est présenté comme étant une décision inter-libyenne. Autrement dit, ni la Tunisie, ni les autres pays concernés par la réconciliation libyenne, ni même l’ONU, n’ont pris part à ces pourparlers. Les clauses de l’accord prévoient la formation d’un comité de dix membres : cinq issus du Congrès général national et cinq nommés par la Chambre des représentants. Ils devront se charger d’amender la constitution d’une manière conforme aux spécificités de l’étape présente. Ainsi, les deux délégations se sont accordées pour revenir à l’ancienne constitution de 1951 qui a été abolie par Kadhafi. Autres dispositions, la tenue d’élections parlementaires dans un délai maximum de deux ans, outre la formation d’une commission, également composée de 10 membres représentant les deux autorités, qui se chargeront de désigner un chef de gouvernement consensuel et de deux vice-chefs de gouvernement, et ce dans un délai de deux semaines.

 

Après la signature de l’accord, l’Egypte a émis des réserves, demandant à ce que les efforts de négociations menées par l’ONU ne soient pas dispersés. Le porte-parole du gouvernement égyptien a exprimé le mécontentement de son pays, appelant, dans ce contexte, à ce que les efforts des Libyens se concentrent sur un consensus élargi, ayant pour base l’accord conclu à Skhirat au Maroc, et ce afin de former un gouvernement d’union nationale. Le Caire ne semble pas apprécier avoir été écarté de ces négociations menées à Tunis. L’ONU n’a pas encore réagi officiellement à cette nouvelle donne, cependant l’Envoyé spécial de l’organisation pour la Libye, Martin Kobler, avait déclaré, quelques jours avant la signature de Tunis, que l’accord politique parrainé par les organisations internationales est la base pour mettre fin au litige libyen.

 

La Tunisie aurait-elle fait cavalier seul et damé le pion, et aux pays du voisinage concernés par l’affaire libyenne et à l’organisation onusienne ? Une chose est sûre, les parties rivales affirment que cet accord est purement libyo-libyen, alors que le gouvernement tunisien a gardé le silence sur les négociations qui étaient en cours, semblant vouloir prendre de la distance et ne pas intervenir. Par contre, le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi avait reçu les délégations libyennes au Palais de Carthage. Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre des contacts établis par le président de la République avec toutes les parties en conflit en Libye en vue d’en rapprocher les points de vue et de parvenir à une solution politique. Il s’agit-là de la position soutenue depuis son avènement au pouvoir. Toutefois, le président a rappelé à ses convives l’importance de maintenir les attaches avec l’ONU.

 

Il est vrai que l’incidence des conflits armés en Libye et l’instabilité politique dans le pays voisin, touche de plein fouet la Tunisie, non seulement sur le plan économique, mais surtout sur le plan sécuritaire. La Libye étant devenue un vivier pour les organisations terroristes, constitue une menace de plus en plus accrue pour la Tunisie limitrophe. A nos portes, des centaines, voire des milliers de djihdistes, implantent des camps d’entrainement, où des futurs terroristes s’essayent au maniement des armes de guerre. Il est de fait légitime et vital pour la Tunisie, qu’une solution politique, de préférence pacifique, soit trouvée en Libye. Il faudrait maintenant attendre l’aboutissement de cet accord, le texte doit être voté par les deux parlements pour être mis en œuvre. La réussite ou l’échec de cette initiative en dépendent.

 

Ikhlas Latif

 Crédit photo : AFP

 

07/12/2015 | 19:58
5 min
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Commentaires (13)

Commenter

Gg
| 10-12-2015 11:47
Il est bien souvent plus facile de s'entendre à deux ou trois qu'à 200!
L'initiative doit être saluée, maintenant aux signataires de faire que cela fonctionne. Et s'ils le veulent vraiment, rien ne les en empêchera.
ALors bravo à la Tunisie pour cette initiative, purement locale et indépendantes des grands machins (ONU et autres coalitions...) qui n'ont su faire que la guerre.

Ahmed Nguira
| 09-12-2015 08:50







.
Pour une raison ou pour d'autres , il faut se convaincre se résigner et surtout faire avec . La Tunisie est et sera le vilain petit canard de toute la région .Ne soyons pas dupe , si les uns nous ménagent nous boostent et nous sollicitent c'est uniquement par leur souci de préserver leur sécurité menacée par notre instabilité et nos difficultés qui nous fragilisent .D'autres , nous menacent et complotent contre nous ou nous ignorent et nous méprisent . Démocratie, Dialogue, consensus, paix, Nobel .. C'en est trop pour eux ils ne souffrirons pas d'avantage , que d'admettre que la Tunisie soit le siège ou l'instigatrice de la réconciliation Libyenne BASTA COSI POUR EUX

afandy
| 08-12-2015 18:10
Abel Chater| 08-12-2015 09:14 :
Parce que Kaddafi était l'esclave de Djamal Abdenacer et ce depuis le chue du Roi Senouci mais le cotre carrayage de Mouamaar Kaddafi était programmé par Anouar Saddate mais hélas son attentat était l'échec qui à l'origine de l'assassinat de ce Président digne peut être c'est ??????????????.

AFOUSY
| 08-12-2015 17:49
@ Bourguibiste nationaliste :es vrais islamistes ne pourris jamais la situation mais mieux mettre le point sur le i se sont des Islamistes des sièges tout court. e t'inquiète pas la réconciliation est éminente si vous voulez connaitre les Libyens référer vos aux Fils nobles de Si trablsi qui ont donné beaucoup à la société civile Tunisienne sans reconnaissance .

Tarek
| 08-12-2015 17:46
Cet accord n'a été possible qu'après l'écartement de l'ONU (États-Unis) et l'axe du mal, Qatar, Turquie , Arabie Saoudite, les principaux financiers de Daech.
La Libye peut-elle sauver sa peau? Seuls les libyens peuvent le faire et sans ingérence étrangère et particulièrement des ordures du Qatar, Turquie et Arabie Saoudite qui veulent reproduire en Tunisie et en Libye le scenario Syrien ! Quelques soient les divergences entre les protagonistes, un accord est toujours possible si les intentions sont bonnes et la violence armée bannie. La société civile est pacifique et les groupes armés minoritaires socialement. La sortie du tunnel passe par la reconstruction démocratique de l'Etat libyen et le resserrement de la coopération économique avec la Tunisie .

Bourguibiste nationaliste
| 08-12-2015 10:38
Ce sont des islamistes comme vous qui ont pourri la situation en Libye.

Nahdhaoui
| 08-12-2015 09:41
Les intermédiaires onu/usa/israel/egypte sont des pervers qui cherchent à jeter de l'huile sur le feu. Ils ne veulent pas d'accord. Ils veulent diviser et détruire la Libye.
Il suffira que les libyens discutent sans intermédiaire pour qu'ils trouvent un accord de paix.

Bourguibiste nationaliste
| 08-12-2015 09:15
Dans les affaires libyennes, les autorités politiques font preuve d'incompétence effarante et dangereuse. Et qui dit incompétence dit vulnérabilité et risque d'être manipulé par les autres. A cela s'ajoute, l'ignorance des journalistes, comme celui qui a commis ce papier où les noms sont mélangés et où rien n'est clair.
Pour résumer, disons simplement que les autorités tunisiennes (président, PM et MAE) font une politique dont ils ne comprennent pas les soubassements, politique qui leur est dictée indirectement par les islamistes tunisiens qui eux sont solidaires des islamistes libyens.

Abel Chater
| 08-12-2015 09:14
Les Égyptiens du Saffah Sissi, sangsues du monde arabe, ne vont pas lâcher facilement leur proie la Libye. Ils vont saboter tout accord entre nos frères les Libyens afin de leur voler leur pétrole.
Les ennemis des Révolutions arabes et de la démocratie dans le monde arabe, les Emirats Arabes Unis, sont aussi actifs à saboter toute réussite de la libération des peuples arabes, même en Libye et en Tunisie à des milliers de kilomètres de leur désert.
Ils oublient que les temps changent et le pétrole va disparaître. Seule l'histoire humaine perdurera, comme elle a perduré avec les juifs. Ces derniers n'ont et ne pourront jamais réussir la falsification de l'histoire humaine concernant la Palestine et leur vol flagrant de ce pays à ses dix millions de Palestiniens.
La Justice Divine poursuivra son cours.

Briso
| 07-12-2015 22:45
a qui profite tout ce m..... partout?