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Achat de GO Malta par Tunisie Telecom : Nizar Bouguila répond au début de la polémique
10/06/2016 | 13:15
10 min
Achat de GO Malta par Tunisie Telecom : Nizar Bouguila répond au début de la polémique

 

L’achat de l’opérateur téléphonique Go maltais par Tunisie Telecom a suscité quelques remous parmi certains hommes d’affaires et hommes politiques tunisiens. Il y aurait, selon eux, des conflits d’intérêt avec les Emiratis d’Eit actionnaires à la fois de Tunisie Telecom et de Go, mais également concernant l’évaluation réalisée par un proche du ministre des Technologies.

Dans une interview exclusive accordée à Business News, Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, balaie d’un trait les rumeurs et affirme avec force que l’opération a été réalisée de A à Z en respect total de la réglementation appelant à ce que l’on ne fasse pas entrer l’opérateur dans n’importe quel conflit politique. 

 

L’opérateur maltais en télécommunication GO a sélectionné lundi 23 mai 2016 Tunisie Telecom, comme soumissionnaire final pour la vente de la totalité de son capital social émis.  

Dans un communiqué officiel publié une semaine après, l’opérateur national a confirmé son intention d’achat de la partie cotée sur la Bourse de Malte (40%), comme l’exige la réglementation maltaise. Quant au prix, il semble être attractif puisque l’action était cotée autour de 3,55 euros en cette période, alors que le prix d’achat de Tunisie Telecom est de 2,87 euros. La valorisation globale de la société Go Malta tourne autour de 300 millions d’euros.

Pourquoi cet investissement tunisien dans un pays étranger qui ne compte pas vraiment beaucoup d’habitants ? Pour Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, il s’agit d’améliorer la rentabilité de Tunisie Telecom et réduire ses coûts unitaires avec des économies d’échelle et ce en augmentant sa taille. Ses concurrents locaux, Orange et Ooredoo, sont en effet adossés à de solides groupes internationaux leur permettant de réaliser ces économies. L’objectif de Nizar Bouguila est de consolider sa position dans une démarche de croissance externe afin d’acquérir cet effet de taille avec pour but final de devenir un opérateur majeur de la Méditerranée du Sud.  Quant au choix spécifique de Go Malta, M. Bouguila estime qu’il y a des synergies fortes à réaliser dans les différents domaines : marketing, achats, etc, puisque Go Malta est l’opérateur historique de l’île méditerranéenne et est présent sur tous les segments de services de télécommunications : fixe, mobile, Internet, contenu et télévision (sur IP et sur mobile).  

 

L’intention d’achat, actuellement en cours de finalisation, a cependant suscité quelques remous dans le monde des technologies, notamment parmi les hommes d’affaires du secteur affiliés à l’UTICA. On en parle et on relève des points incongrus. On parle d’une surévaluation de l’opérateur, d’un montant énorme à dépenser en devises qu’on aurait pu garder en Tunisie (de l’ordre de 500 millions de dinars) et de la nécessité même d’engager un tel investissement dans un pays à potentiel limité comme Malte, alors qu’on aurait pu aller ailleurs en Afrique où les perspectives de croissance sont nettement supérieures. Mais le point focal est que Go Malta est une filiale d’EIT, la holding émiratie qui possède 35% de Tunisie Telecom. En clair, on dénonce le fait que les Emiratis aient vendu leur filiale maltaise à leur filiale tunisienne.

Le début de polémique dans le monde des affaires a rapidement atteint le monde politique. Ici, on parle de vases communicants entre l’évaluateur de Go Malta mandaté par Tunisie Telecom et le ministre des Technologies Noômane Fehri. Coïncidence en effet, c’est Deloitte Tunisie que dirige Mohamed Louzir qui a été chargé de l’évaluation. Or M. Louzir est le fondateur d’Afek Tounes, parti auquel appartient le ministre.

Le député d’Irada, Imed Daïmi, envoie carrément une missive officielle au ministre. Une missive de deux pages déposée au bureau d’ordre de l’ARP hier jeudi 9 juin (voir fac-similé) et publiée sur les réseaux sociaux. Il interroge Noômane Fehri sur la valorisation réelle de la société GO Malta et si son évaluation est conforme aux évaluations réalisées par des cabinets crédibles, s’il est vrai que l’opérateur maltais appartient aux Emiratis actionnaires de Tunisie Telecom,  si c’est le cas comment expliquer ce conflit d’intérêt, est-ce que les ministères des Finances et la présidence du gouvernement sont au courant, est-ce que des cadres de TT payés par EIT ont été derrière la réalisation de l’achat, est-ce que la banque qui va financer le crédit a des contrats avec les Emiratis d’EIT.

Dans sa missive, il parait évident que Imed Daïmi n’a fait que relayer ce qui se raconte dans la sphère des hommes d’affaires tunisiens, sans même prendre la peine de vérifier les données qu’il présente au ministre, alors que certaines d’entre elles sont publiques.

 

« On cherche à politiser l’affaire et à faire impliquer de force Noômane Fehri, alors que le ministère n’est pas la tutelle de Tunisie Telecom qui est une société anonyme autonome », répond le cabinet du ministre à Business News. Quant aux détails de l’affaire, le cabinet de Noômane Fehri nous renvoie tout simplement à Tunisie Telecom.

Même son de cloche chez l’opérateur qui dénonce la politisation de l’affaire alors que la transaction est encore en cours et que cette politisation et les fausses informations risquent de parasiter toute l’opération.

Contactée par Business News, Sonia Logani, directrice de la Communication de Tunisie Telecom confirme que Go Malta est une filiale des Emiratis, mais relève que cette donnée est publique et n’a absolument rien de confidentiel. « Nous ne travaillons pas dans le secret, Go Malta est cotée sur la bourse de Malte et toutes les informations relatives à son activité, ses chiffres et ses actionnaires sont publiques », dit-elle.

Pour les détails de la transaction et la polémique « businesso-politique » actuellement observée à Tunis, elle nous renvoie vers Nizar Bouguila.

Se trouvant actuellement à l’étranger, le PDG de Tunisie Telecom a accordé néanmoins par téléphone une interview à Business News dans laquelle il a répondu à toutes les questions, y compris les plus délicates.

« Il y a des gens qui fomentent des rumeurs sur GO, c’est un jeu politique facilement identifiable et très malsain, car on est en train de faire entrer le politique dans le business », relève de prime abord M. Bouguila qui attire l’attention sur le préjudice que pourrait subir TT à cause du règlement de comptes entre hommes politiques dans lequel on cherche à faire entrer son entreprise.

 

Pour ce qui est de l’évaluation de Mohamed Louzir, le PDG précise que ce dernier dirige un cabinet de renommée internationale (Deloitte) et que Tunisie Telecom a fait une consultation en bonne et due forme pour une partie de l’audit et non tout l’audit. « C’est tout à fait normal que lorsqu’on entre dans une pareille opération et pour un tel investissement que l’on fasse un audit et une consultation. Nous avons également fait une consultation pour la partie taxe et fiscalité », nous dit-il. A l’issue des consultations engagées, Deloitte a remporté le marché de l’audit alors que le cabinet Ernst & Young (autre cabinet de renommée internationale) a remporté le marché de la fiscalité. En parallèle de l’audit tunisien, Pricewaterhousecoopers (PWC) a audité pour le vendeur maltais. « Ce n’est pas Deloitte qui a fait l’évaluation, dément catégoriquement M. Bouguila, mais l’équipe de Tunisie Telecom qui a fait les business case de toute l’opération avec le support de la banque d’affaires  Crédit Suisse».  Pour la sélection du Crédit Suisse, Nizar Bouguila relève que c’est également suite à une consultation. Il dément par ailleurs le fait que l’équipe de Tunisie Telecom ayant réalisé l’audit soit payée par les Emiratis de l’EIT. « Ce sont les enfants de la maison et non ceux d’EIT », précise-il, tout en nous donnant les noms de ces cadres, bien connus dans le milieu pour ceux qui s’intéressent au secteur des télécommunications. En clair, l’audit des comptes de Go a été réalisé par Deloitte, mais le business plan et l’évaluation ont été réalisés par TT. Il est évident que Deloitte Tunisie n’a pas à être lésée de quelque manière que ce soit parce que son fondateur fait de la politique.

 

Quant au respect de la législation, Nizar Bouguila précise que rien n’a été laissé au hasard durant tout le process. « Nous sommes passés par la commission technique de la Carep (Commission d'assainissement et de restructuration des entreprises publiques) composée par des spécialistes de tous les ministères, puis par la Carep elle-même », relève le PDG qui indique que cette commission technique a vu tous les détails du business plan et a donné un seuil à ne pas dépasser lorsqu’on fait l’offre. « Ils nous ont donné l’aval et le seuil n’a pas été dépassé », précise-t-il.

Vu que Tunisie Telecom est une société anonyme (65% appartenant à l’Etat et 35% appartenant à EIT), la législation oblige le PDG à obtenir l’aval de son conseil d’administration et de son assemblée générale avant d’entreprendre ce type d’opérations. « Ceci a également été respecté », nous répond M. Bouguila, en précisant que les représentants émiratis n’ont pas été autorisés à y assister, ni à participer au vote et ce dans l’objectif d’éliminer tout conflit d’intérêt puisqu’il s’agit d’une transaction liée. « Seuls les Tunisiens ont participé à la prise de décision et ce processus a été chapeauté par les commissaires aux comptes de TT, à savoir les cabinets KPMG et CSL». Les deux commissaires aux comptes, en respect du code des sociétés, ont fait un rapport spécial qui a été présenté à l’assemblée générale et c’est cette AG (qui s’est déroulée en l’absence des Emiratis) qui a revu et approuvé la transaction, suite à l’approbation du conseil d’administration et suite à l’approbation de la Carep. « Nous avons suivi strictement la législation de A à Z ».

 

Quant aux rumeurs de la surévaluation, Nizar Bouguila balaie d’un trait en indiquant que c’est l’inverse qu’on dit à La Valette où l’on estime que leur opérateur a été sous-évalué dans sa vente aux Tunisiens. Pour les chiffres, s’il est vrai que les Tunisiens ont acheté à 2,87 € alors que l’action était cotée sur la bourse à 3,55 €, mais il est bon de rappeler que l’achat d’un gros bloc d’actions se fait systématiquement à un prix moins élevé que si l’on achète directement sur le marché.

 

On relève cependant que le prix de l’action tourne certes autour de 3,55 € en mai 2016, mais un an plus tôt le prix de l’action tournait autour de 2,85 € et qu’en mai 2014, l’action s’échangeait à 1,95 €. « Spéculation en guise de préparation d’une cession ? », s’interroge un homme d’affaires de l’UTICA proche de Imed Daïmi. « La valeur de l’action sur le marché donne une indication, mais il y a plusieurs méthodes pour l’évaluation et nous avons usé des méthodes les plus répandues avec la supervision du Crédit Suisse. Nous sommes également inférieurs au seuil fixé par la Carep », relève M. Bouguila qui insiste sur le fait que certains Maltais estiment que Go est sous-valorisée, contrairement aux Tunisiens qui soupçonnent une survalorisation.

 

Pour ce qui est du financement de l’opération, Nizar Bouguila dément ce qui est fortement suggéré par certains politiques et indique que ce n’est pas une banque qui va financer l’opération, mais tout un pool bancaire et à un crédit avantageux. « Nous avons une option jusqu’à 300 millions d’euros à un taux confidentiel, mais proche des taux de crédits que souscrivent les Etats ». Information très importante, pour souscrire à ce crédit, Tunisie Telecom n’a pas fait appel à la garantie de l’Etat tunisien. « Le taux accordé à Tunisie Telecom est un signal positif, car c’est un bon taux. On fait confiance à Tunisie Telecom et à la Tunisie, malgré tout ce qui s’est passé dans le pays. La confiance est de nouveau là ! ». En bref, la dette souscrite sera celle de Tunisie Telecom et non celle de l’Etat tunisien.

Quant à la santé de l’opérateur, le PDG demeure confiant pour l’avenir. L’entreprise est peu endettée et dégage des bénéfices bien que techniquement l’année dernière, elle n’en a pas dégagé afin de provisionner les départs volontaires à la retraite. « En exploitation, nous sommes une société solide et nous  dégageons du bénéfice », conclut Nizar Bouguila en réitérant son souhait que les politiques ne fassent pas entrer Tunisie Telecom dans leur jeu de règlements de comptes.  

 

Nizar Bahloul

10/06/2016 | 13:15
10 min
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Commentaires (23)

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Mouten
| 14-06-2016 00:05
Vous offrez votre tribune à Mr le PDG de TT pour ne rien dire de tangible finalement.
Et vous;journalistes de BN, quel est votre avis à propos de cette affaire?
Des spectateurs?
Arrêtez la naïveté,arrêtez de blanchir !

Hamden
| 13-06-2016 21:28
ttachaa...
yarhem Bourguiba mort clean et n'a pas fait de placements dans les banques suisses.....qui par coincidence se précipitent de nos jours pour financer nos projets...

Abel Chater
| 13-06-2016 12:50
La seule lutte contre la dévaluation du Dinar tunisien est l'investissement dans ces pays de l'Euro et du Dollar. Les rôles doivent être renversés. Au lieu de rester comme des escargots enfermés dans notre coquille tunisienne, à nous noyer et à nous suffoquer conformément au génie de la politique des étapes (Siyassèt el-marahèl) du défunt "Denfir mil Mestir) qui nous a ruiné tout notre avenir, il faut redresser la mire économique de la Tunisie à la manière du Liban, en investissant dans les pays qui nous dévalorisent notre Dinar tunisien, afin que le moins qu'ils nous créent, soit compensé par le plus qu'on cultive des investissements de chez eux. Une sorte d'équilibrage de notre balance économique. L'essentiel, c'est qu'on n'investisse que dans des projets qui nous rapportent un tant soit peu de gains et que le contrôle de l'état tunisien ne laisse aucune possibilité à la fraude et à la fuite dans les poches des corrompus, politiciens ou techniciens qu'ils soient. Les moyens de contrôle électronique même à distance, sont obligatoires, bien qu'ils soient coûteux.
Il ne faut rien laisser au hasard.
Encore mille bravos à Nizar Bouguila et que ses homologues le suivent dans ce chemin très intelligent et très patriotique.

Hamden
| 12-06-2016 22:25
Tunis telecom détenu à 35% par le holding Emurati.Ce même holding détenait 60 % de Malta Go.Cependant on ne peut pas créer de la synérgie que si Le holding se désengage de ces 60% qu'il détenait pour que tunis télecom puisse dans ce cas seulement créer cette synergie et développer Malta Go et encore plus sa filiale au Chypre!
Bellehi Ili fhem haeja yfehhemni!?

Lambda
| 12-06-2016 13:22
Ces gens là s'appellent des investisseurs étrangers qui ont pris le risque de mettre leurs euros en tunisie. Ils ont ramené un know how et de la technicité que nous n'avions pas. Ils emploient des milliers de personnes que les tunisiens n'auraient pas pu employer faute de moyens matériels et de compétence technique, commerciale et manageriale. C'est tout à fait normal qu'ils fassent sortir des devises après avoir tant mis dans l'économie tunisienne que ce soit en taxes et impôts ou en recrutements qui génèrent de la croissance. Si vous ne voulez pas les laisser sortir des devises de dividende, on sera comme la Corée du nord et il nous faudra d'abord de l'autosuffisance et dire adieu à l'exportation de nos produits.

Albatros
| 12-06-2016 10:58
pourquoi cette Orange française alors que le pays produit plein de belles oranges ??

ces Orange, Carrefour, Casino et al ... on s'en passe. Il ne servent qu'à pomper vos maigres devises qu'ils exportent sous forme de profit.

vous avez vendu le pays aux rapaces , suceurs de sang, étrangers.

je dis STOP !!!

hamido
| 11-06-2016 21:19
Croyant faire un apport au budget de l'Etat avec la vente des licences 4g avec environ 450 millions de DT nous voilà à peine deux mois obligés de casquer 300 millions d'Euros soit plus que le double et en devise.
Donc quelle conclusions â tirer? Les Emiratis se sont à priori inclinés pour accepter à la participation â l'appel d'offres 4g et se montrer au devant des participants parce qu'ils visaient en echange de faire passer cette vente de la filiale maltaise.
Encore plus, le ministre serait pris entre les tenailles, à volonté ou non, en intégrant un cabinet bien visé dont le directeur est du même parti Afek, pour le tenir au pied du mur si besoin.
Si on ajoute à ceci le bilan des cartes technologiques il est temps de dresser le bilan en devises du ministère.
Peut ètre bien le même cas s'invite pour l'autre ministre qui fait la promotion internationale de sa carrière politique en devises.

Dr. Jamel Tazarki
| 11-06-2016 11:59
je voulais dire par 'Orange SA pourrait tout se permettre en Tunisie" au niveau des prix. Oui, Orange SA pourrait (je dis bien "pourrait") créer des offres à très bas prix avec une publicité considérable afin de ruiner la concurrence qui est entre autres Tunisie Télécom.

Albatros
| 11-06-2016 10:27
les Maltis sont Twensa. ils parlent même dialecte ou presque. mais ils sont chrétiens.
Ex:
il gvern ta Malta i Mahrouga ...
ou encore: Boutudjej= en lien avec les poules ...

Dr. Jamel Tazarki
| 11-06-2016 09:42
Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécoreS'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
(Jean de la Fontaine, 1621-1695)


Je reviens au sujet de l'article ci-dessus où on peut lire "Pour Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, il s'agit d'améliorer la rentabilité de Tunisie Telecom et réduire ses coûts unitaires avec des économies d'échelle et ce en augmentant sa taille. Ses concurrents locaux, Orange et Ooredoo, sont en effet adossés à de solides groupes internationaux leur permettant de réaliser ces économies. L'objectif de Nizar Bouguila est de consolider sa position dans une démarche de croissance externe afin d'acquérir cet effet de taille avec pour but final de devenir un opérateur majeur de la Méditerranée du Sud."

Ce que Mr. Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, vient de dire est un raisonnement totalement illogique'

-Orange Tunisie est un opérateur privé de télécommunications en Tunisie. Il est le résultat d'une association entre Orange SA et la société Investec qui appartient au groupe Mabrouk, ce qui fait qu'orange Tunisie appartient (autour de 49%) à une société étrangère française et à la l'oligarchie tunisienne (autour de 51 %).

-Orange SA, est une entreprise française de télécommunications, fait un chiffre d'affaires annuel autour de 39,445 milliards d'euros et le groupe Mabrouk fait par contre un chiffre d'affaire autour d'un Milliard de dinars.

-De même Ooredoo est un opérateur privé de télécommunications en Tunisie qui appartient à l'oligarchie milliardaire tunisienne et aussi à des sociétés étrangères (entre autres à Qatar Telecom).


Si Tunisie Télécom n'est plus compétitive à l'échelle nationale, la faute est d'abord aux politiciens et à l'oligarchie tunisienne du temps de la dictature... En effet, ça sert à quoi de permettre à la société française "Orange France" (dans le domaine des télécommunications) de s'installer en Tunisie (sous le nom " Orange Tunisie ") si elle entre en conflit avec les intérêts de Tunisie Télécom. En effet "Orange Tunisie" ne rapporte pas des devises étrangères qui pourraient compenser les conséquences néfastes de ce conflit.

Non, il nous faut instaurer un régime d'importation préférentiel tout en exerçant un contrôle accru sur les devises étrangères. Il faut absolument encourager les investissements des technologies avancées à vocation exportatrice. Autrement dit, il faudrait importer a priori des technologies de production qui ont une forte capacité à rapporter des devises.

L'un des problèmes en Tunisie est l'absence des autorités compétentes pour l'évaluation et l'optimisation des contrats d'importation de technologie. En effet, il nous faut une garantie de résultats et de débouchés tout en empêchant d'acquérir une technologie semblable à celle que l'on a déjà (ça sert à quoi de laisser Orange France s'installer en Tunisie, si elle risque de ruiner Tunis Télécom). La technologie importée devrait permettre de fabriquer des produits ayant des effets socio-économiques positifs à l'intérieur de la Tunisie et ayant aussi une compétitivité sur le marché international.

Je résume: La solution que propose Mr. Nizar Bouguila "améliorer la rentabilité de Tunisie Telecom et réduire ses coûts unitaires avec des économies d'échelle et ce en augmentant sa taille [en achetant des entreprises européenne]" est absurde, et tout le monde sait pourquoi!

Je conseille aux Tunisiens d'acheter des produits et des services tunisiens et de consolider ainsi la position de Tunisie Télécom. En effet, l'entreprise française de télécommunications, Orange SA, pourrait causer la ruine de Tunisie Télécom en quelques heures (pour ne pas dire en quelques minutes), si elle le voulait (Avec ses 39,445 milliards d'euros "Orange SA" pourrait tout se permettre en Tunisie et ceci avec la complicité de notre oligarchie).

Jamel Tazarki