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Une solution pour un pays en chaleur
02/05/2011 |
min
Une solution pour un pays en chaleur
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Par Nizar BAHLOUL


A l’actualité cette semaine, les élucubrations de Sarkozy. « La France est l’amie de la Tunisie », criait-il, hier, sur tous les toits avant de nous envoyer un ministre par semaine. Il aura fallu 20.000 désespérants rêveurs pour démentir ces belles paroles. La Tunisie accueille 200.000 réfugiés libyens, c’est normal. La France reçoit 20.000 de ses amourachés tunisiens et voilà qu’on crie au scandale.
Ces Tunisiens, Monsieur le président Sarkozy sont de doux rêveurs. Ils pensaient que la France est un eldorado pavé d’or.
Maintenant qu’ils sont là-bas, ils vont se rendre compte de la France du 9-3, de la France des SDF, de la France incapable de prendre à elle seule la misère du monde, de la France du FN et de Guéant, de la France des 10% de chômage. Ils vont rentrer. La misère est moins pénible au soleil et ils vont finir par l’apprendre.
On n’y peut rien si ces miséreux ont choisi la France, en fuyant. C’est que l’argent appelle l’argent et les plus riches, parmi nos fuyards, ont préféré l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Canada.

A l’actualité cette semaine, la conférence de presse de Béji Caïed Essebsi. Hier, il s’inscrivait totalement contre l’exclusion des RCDistes. Bourguibiste pur jus, il a mis de l’eau dans son vin et accepté d’exclure les 10 ans et plus, en coupant la poire en deux.
Nein, ont répondu en une seule voix les Islamistes, 2-3 gauchistes et les membres de l’Instance de protection de la révolution. On veut exclure tous les RCDistes, on ne négocie rien, on ne veut pas de demi-mesure !
Caïed Essebsi a sa logique et, à l’exception de l’intérêt suprême du pays, il n’a aucun intérêt personnel dans cette histoire. Il sait parfaitement ce que l’exclusion des RCDistes a comme conséquence.
Ceux qui lui ont dit non ont également leur logique et, nonobstant l’intérêt suprême du pays, ils ont, en majorité, des intérêts dans cette histoire. Ils savent parfaitement ce que l’exclusion des RCDistes a comme avantages.

A l’actualité cette semaine, l’offensive d’Ettahrir sur l’avenue Habib Bourguiba. A les suivre, la Tunisie sera en deux temps, trois mouvements, la scène de tournage d’un film du 7ème siècle.
Avec eux, au moins, on sait à quoi s’en tenir. Ils ont le mérite d’user d’un discours honnête, sans mensonges. Ils ne cachent pas leur jeu comme d’autres…

A l’actualité cette semaine, un attentat au Maroc. A Marrakech où les hôtels sont quasiment tous en trop plein.
Allez maintenant convaincre un touriste européen lambda que la Tunisie ne risque pas d’attaque terroriste, qu’il fait sacrément beau chez nous et que ceux qui ont sévi au Maroc ne peuvent pas sévir en Tunisie.

A l’actualité cette semaine, l’entrée sur le territoire tunisien de troupes armées de Gueddafi et de troupes armées de rebelles. On a ouvert grands les bras pour accueillir 200.000 réfugiés libyens, on a été suffisamment généreux, voilà qu’on nous en rajoute des guerriers.

A l’actualité cette semaine, l’humiliation subie par des leaders de partis politiques dans différentes régions du pays. Les habitants ne se sont même pas donné la peine d’écouter leurs discours. « Dégage d’abord, on verra après. »

A l’actualité cette semaine, l’évasion (spectaculaire parait-il), de 1300 prisonniers. Les autorités avancent le chiffre de 800. Peu importe, il y a une chose pour laquelle nous sommes d’accord, nos prisons sont devenues des passoires.

A l’actualité cette semaine, le brassard rouge des policiers. Ils ont levé le pied et on ne les voit plus vraiment dans les ronds-points. Voilà une autre chose pour laquelle nous serons d’accord, le sentiment d’insécurité qui gagne du terrain.

A l’actualité cette semaine, l’annonce de la compagnie australienne «Alpine Oil and Gas » d’arrêter, pour une durée illimitée, de son nouveau projet de prospection pétrolière du côté de Sfax. Les habitants où sont localisés les sites de la société ont interdit le démarrage du projet pour réclamer des emplois et des dédommagements sociaux. Face à des demandes jugées irréalistes, illégitimes et illégales, la société a fini par suspendre l’activité. Une étape précédant la fermeture pure et simple.

A l’actualité cette semaine, la météo présentée par le gouverneur de la BCT. La situation économique n’est pas encore dramatique, dit-il grosso modo.
En pur langage politique, cela veut dire nous sommes déjà dans la mouise. La majorité silencieuse usera d’un langage plus cru pour dire que nous sommes dans la merde et elle a raison.

A l’actualité cette semaine, du grabuge dans le stade de Bizerte et des centaines de milliers de dinars de dégâts matériels en plus des blessés. Ah, pardon ! Ça, c’était l’actualité de la semaine passée.

En récapitulé de l’actualité de la semaine : des policiers en grève, des prisonniers qui s’évadent, des politiques qui se battent, une économie qui titube, un attentat chez le voisin, une guerre chez l’autre voisin, un ras-le-bol chez les amis, une partie de la population qui crie Allahou Akbar, une autre partie qui se saoule et une autre partie qui crie « Vive la révolution ! Vive la liberté !». C'est ça, viva la revolucion.

Il va falloir trouver une solution radicale face à ces « prouesses » révolutionnaires. Un ami nous la propose sous forme d’une offre d’emploi que voici :
« Pays en voie de développement de dix millions d’habitants, venant de réaliser une révolution, mais n’ayant pas le mode d’emploi qui va avec, cherche président ayant le profil suivant :
- Bonne expérience en matière de gouvernance ;
- Probité et intégrité exigées ;
- De préférence célibataire ou, cas échéant, marié à une orpheline sans famille ;
- Fin commercial, capable de rassurer les IDE pour investir dans le pays et convaincre les TO pour ramener les touristes ;
- Solides et profondes connaissances de l’Islam, capable de répliquer aux innombrables lectures religieuses importées du Moyen-Orient ;
- Une expérience de dictature de dix ans et plus est exigée pour contrer les extrémistes ;
- Solides connaissances pour mater les récalcitrants, les manifestants, les grévistes sauvages et tous ceux qui ne respectent pas la loi. Il doit toutefois respecter les droits de l’Homme en matant tout ce beau monde et gagnerait, donc, à s’inspirer des expériences similaires des différents "quartiers chauds" américains et européens. Il doit savoir que c’est tout le pays qui est en chaleur ;
- Grande expérience dans les négociations avec les syndicats et les gauchistes les plus têtus. Il doit savoir qu’il va faire face à des gens non encore convaincus que l’URSS n’existe plus ;
- Fin diplomate, capable de négocier avec des pays amis d’égal à égal. Il doit savoir qu’ils sont souvent malintentionnés ;
- Fin limier, capable de négocier avec des pays frères ayant un QI négatif. Il doit savoir qu’ils sont souvent des mouchards à la solde des pays amis cités ci-dessus. »
02/05/2011 |
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