Par Sofiene Ben Hamida

Un pédophile, deux niquabées, des membres des Ligues dites de protection de la révolution se présentent aux prochaines élections législatives et présidentielle qui se dérouleront dans quelques semaines dans le pays. Drôle de démocratie dans mon pays qui permet à ses ennemis, ceux-là mêmes qui veulent la détruire d’agir librement sans limite aucune.

En effet, des informations relayées par plusieurs médias de la place indiquent que deux candidates portant le voile intégral ou le niqab se présenteront aux prochaines élections législatives. Mieux encore, elles se présenteront comme têtes de liste d’une coalition entre deux partis islamistes dans les circonscriptions de Gabès et Médenine. On serait curieux de savoir comment les citoyens qui suivront leurs meetings électoraux pourraient être sûrs que les individus qui s’adressent à eux sont bel et bien les candidates en question. On serait curieux de voir aussi combien parmi nos concitoyens à Gabès et Médenine sont capables de voter à personne, à des anonymes.

Déjà que nous risquons de voir revenir sur scène Sihem Badi, elle aussi candidate sur une liste du parti de son président, on ne va pas nous refiler durant cinq ans deux « no body » que nous ne connaîtrons jamais.

Ces mêmes informations reprennent un ancien dirigeant des Ligues dites de protection de la révolution, un certain Belhassen Nakach qui affirme que les têtes de liste de trois listes « indépendantes » sont des membres desdites ligues. Rappelons que les LPR sont ces regroupements de miliciens interdits aujourd’hui qui se sont distingués par leur violence contre l’UGTT et les militants des droits humains, qui se sont attaqués aux représentants de la société civile et qui ont tenté à plusieurs reprises avant que le gouvernement ne daigne réagir sous la pression des constituants du dialogue national, de terroriser les militants du mouvement démocratique, les femmes et les journalistes.

Jusque-là, on avait Brahim Gassas à l’ANC. Mais lui au moins, sa violence n’a pas dépassé le stade du discours et c’était toujours pour réclamer « ses » indemnités. Avec des membres des LPR au prochain parlement, on peut être certains que l’hémicycle se transformera rapidement en arène.

Ceci ne doit pas nous faire oublier que nous risquons de l’autre côté de voir un pédophile parmi les candidats au poste de Président de la République. Imaginons pour un instant que ce barbare qui soutient que des fillettes soient mariées à des adultes arrive à Carthage, il faudrait limiter encore plus ses prérogatives et lui interdire toute visite à des crèches, jardins d’enfants, écoles primaires, collèges et lycées.

Au même moment, l’ISIE annonce que 191 listes ont été éliminées de la course électorale pour non-conformité au code électoral. Malheureusement, le rôle de l’ISIE ne peut dépasser ce stade de formalisme nécessaire mais insuffisant pour garantir que les élections ne soient pas simplement une formalité démocratique mais réellement l’occasion pour un débat en faveur de la République et la démocratie. Il se trouve en effet que beaucoup parmi les candidats aux élections ne sont pas démocrates. Ils ne croient pas aux libertés et à la démocratie ce qui ne les empêche pas de profiter lâchement des fruits de cette démocratie naissante dans notre pays, mais qui se trouve réellement en danger par excès de tolérance envers ceux qui visent sa destruction et espèrent sa faillite.

Le régime nazi hitlérien n’a-t-il pas profité des élections démocratiques pour instaurer un système hideux et destructeur pour l’Allemagne et le monde ? Le régime des frères musulmans guidé par Hassan Tourabi, un grand ami à Rached Ghannouchi, n’a-t-il pas profité des élections au Soudan pour accéder au pouvoir, instaurer une dictature religieuse qui a conduit le pays à la guerre civile et au morcellement ? En bref, la démocratie ne doit-elle pas se prémunir contre ses ennemis ? La République ne doit-elle pas agir contre ceux qui visent sa disparition et sa perte ?