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Tunisie - Un mois après l'avènement de Béji Caïd Essebsi : le peuple veut de vraies infos
28/03/2011 |
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Tunisie - Un mois après l'avènement de Béji Caïd Essebsi : le peuple veut de vraies infos
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Depuis l’avènement de Béji Caïd Essebsi à la tête du gouvernement transitoire, les affaires du pays semblent marcher beaucoup mieux. La présence sécuritaire et sécurisante est mieux visible, les contestations et les autres revendications, qualifiées d’exagérées et prématurées, sont moins nombreuses et un vrai cours normal de la vie semble être en place.
Près d’un mois après sa nomination en tant que Premier ministre, Béji Caïd Essebsi fait le point lors d’une interview, fleuve et exclusive, publiée par le journal Echourouq dans sa livraison du dimanche 27 mars 2011 et menée de main de maître par notre consœur, Fatma Ben Abdallah Karray, rédactrice en chef dudit média.
M. Caïd Essebsi répond à toutes les questions avec franchise, sincérité et, parfois, avec diplomatie à toutes les questions, même les plus embarrassantes.

Il a commencé par exprimer sa fierté d’avoir été à l’origine de la suspension du sit-in de la Kasbah sans l’intervention policière ou militaire. Les citoyens m’ont dit : « nous avons un préjugé favorable sur vous, ne nous décevez pas. Et depuis, je fais tout pour être à la hauteur de la confiance placée en moi.
La révolution est celle de tout un peuple et il est de notre devoir de la préserver et de la sauvegarder contre tous ceux qui essaieraient de la noyauter ou de la noyer. Il est de notre devoir de la mener à bon port, c’est-à-dire à l’établissement d’un régime démocratique et transparent où la bonne gouvernance règne en maître. »
Le Premier ministre a réitéré son avis sur le président déchu qui n’était nullement un homme d’Etat et qu’il était sûr que Ben Ali finirait par s’enfuir. Mais il a donné, surtout, sa vision de l’avenir de la Tunisie et de la manière de s’en sortir.

Refusant de donner son avis sur le caractère prématuré ou non de la dissolution, par la justice, du RCD, Béji Caïd Essebsi a réaffirmé que son credo demeure la transparence, les mains propres et l’alternance, d’où son appel à ce que les commissions d’enquête et, plus particulièrement, le Conseil de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, accomplissent leurs tâches et leurs missions dans l’indépendance la plus totale.
A propos des orientations générales clairement évoquées dans cette interview, on constate que le Premier ministre, en homme politique chevronné, accorde une place importante à l’implication de l’UGTT dans la vie politique et dans le choix des grandes lignes de la période comme cela a été toujours le cas par le passé.
M. Caïd Essebsi estime, en effet, que la centrale syndicale demeure un acteur incontournable de la dynamique nationale et qu’il faut l’associer à toutes les décisions engageant le futur de la Tunisie.

Prié de donner son avis sur l’installation des Tunisois dans plusieurs postes clés au sein du gouvernement transitoire après des décennies de mainmise des « Sahéliens » de Monastir et de Sousse sur les hautes sphères du pouvoir, Béji Caïd Essebsi s’est défendu d’une pareille conception de la chose publique et a répliqué avec la phrase classique, à savoir que la Tunisie appartient à toutes les Tunisiennes et à tous les Tunisiens.

Sur la question de ce qui se passe en Libye, le Premier ministre a été plus que diplomate en refusant de prendre position ou de trancher. Plus encore. Tout en affirmant que la Tunisie, étant avec la légalité internationale, se doit de respecter la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Caïd Essebsi ne nous a pas révélé, toutefois la position de la Tunisie à la Ligue arabe concernant l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye !

Concernant les critiques et les protestations contre les dernières nominations des délégués, comme ce fut le cas pour les gouverneurs, le Premier ministre se déclare pour les critiques constructives, calmes et, surtout qui se font par voie de correspondance. « Qu’on nous envoie les doléances et on se chargera de les étudier et d’y répondre », affirme t-il tout en se prononçant contre les protestations bruyantes et les sit-in.
A ce propos, il est utile de mentionner qu’après un certain moment de répit, les revendications et autres rassemblement sont en train de refaire leur apparition et les observateurs se demandent comment le gouvernement transitoire va-t-il se comporter avec le phénomène.
Les mêmes observateurs s’interrogent sur le manque, voire l’absence d’information sur les nombreux incidents enregistrés jusque-là. L’opinion publique est en droit de savoir qui se trouve derrière les troubles. On nous parle d’arrestation de malfaiteurs sans autre précision, ce qui donne libre cours à toutes les hypothèses et à toutes les surenchères.

Tout le monde sait que des membres de familles sont arrêtés et attendent d’être jugés, mais on ne sait rien du tout du point de la situation sur ce volet. La même opinion publique tient à avoir des informations sur le rôle de Seriati dans les événements du 14 janvier et des jours précédents. Cela fait plus de deux mois qu’il est arrêté et on n’en sait toujours rien sur l’avancement de son interrogatoire et sur les chefs d’inculpation qui lui sont imputés, d’autant plus que son fils a démenti un ensemble de ces accusations.
Depuis les images télévisées sur l’arrestation des Abdelaziz Ben Dhia, Abdelwahab Abdallah et Abdallah Kallel, on ne sait rien sur la suite de leur interrogatoire. Certains parlent même de leur libération. Où est la vérité ?
Où en sont les choses concernant l’avenir de la Commission d’enquête sur la corruption et les malversations ? Là aussi, motus et bouche cousue.
On a parlé et vu de grandes trouvailles aux Palais de Sidi Dhrif et de Carthage. Et après ? On veut bien croire au secret obligatoire pour l’efficacité des enquêtes, mais les gens s’impatientent et veulent des infos. De vraies.

C’est dire que la période à venir est encore semée d’embûches et que Si El Béji a encore du pain sur la planche. Il est plein de bonne volonté pour réussir, mais il faut que toutes les parties assument leurs responsabilités et y mettent du leur pour parvenir à ce 24 juillet 2011 dans les meilleures conditions possibles.
28/03/2011 |
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