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Tunisie - Elections : une date, deux dates et ça redémarre
25/05/2011 |
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Tunisie - Elections : une date, deux dates et ça redémarre
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Le conseil des ministres a exprimé son soutien au déroulement des élections à sa date initiale du 24 juillet 2011. Il rejette de fait la proposition de la Commission supérieure indépendante des élections qui avait suggéré de reporter les élections pour le 16 octobre prochain.
Le président de la Commission, Kamel Jendoubi, avait affirmé en effet, lors d’une conférence de presse tenue dimanche 22 mai, que techniquement, il était impossible d’organiser des élections libres, démocratiques et sans failles dans un délai aussi court.
Le conseil des ministres a affirmé mardi qu’au contraire, ces élections peuvent se tenir à la date prévue et qu’il mettait à la disposition de la Commission supérieure indépendante des élections toute la logistique nécessaire pour faire son travail. Le même jour, le Président de la république par intérim Foued Mebazaâ annonce qu’il avait signé depuis le 20 mai le décret appelant les électeurs aux urnes pour choisir les membres de la future Assemblée constituante le 24 juillet prochain. Ce décret publié dans le journal officiel du 24 mai 2011 devrait en principe clore le débat autour de la date de ces élections. Rien n’est moins certain.

Depuis quelques semaines déjà, on avait senti que la date des élections de la Constituante était devenue un enjeu politique et que le dossier était devenu la boule de feu que les actants politiques se lançaient les uns les autres. Mais tous ceux qui sont pour, autant que ceux qui sont contre, sont convaincus, à des degrés divers, que les délais étaient réellement serrés. Pour cause les tergiversations du gouvernement d’une part, l’administration approximative des débats au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique d’autre part, mais surtout les débats houleux, interminables et futiles que se sont livrés les partenaires politiques, ont fini par rendre la question du report de la date du 24 juillet inéluctable.
Tous ont attendu que le président de la Commission supérieure indépendante propose le report pour se positionner tout en se disculpant de toute responsabilité dans ce report. La contrainte inavouable dans cela, étant de ne pas froisser le sentiment de la large majorité qui se dessine au sein de l’opinion publique tunisienne, lassée par les petites querelles politiciennes, en faveur du maintien de la date initiale du 24 juillet.
D’ailleurs le dernier sondage, réalisé à ce propos, a fait ressortir que 67% des Tunisiens étaient pour le maintien de la fameuse date du 24 juillet.

Le gouvernement, de son côté, était certainement convaincu que la tenue de ces élections dans huit semaines n’était pas réaliste. Mais il ne pouvait pas le dire et prendre les devants sur une question aussi délicate au risque de se voir accuser de chercher à rallonger sa longévité et dans ces temps de colique verbale, pourquoi pas de complot contre-révolutionnaire.
Il était impératif donc pour le Premier ministre et son gouvernement que la décision du report ne vienne pas du côté de la Kasbah.
Le report des élections était envisageable donc. Mais, politique invétéré comme il est, Béji Caïd Essebsi a dû prendre très mal le fait que Kamel Jendoubi ne l’informe pas de la date proposée pour le report, lui qu’il avait pourtant reçu, dimanche matin, soit quelques heures avant que ce dernier ne tienne sa conférence de presse.
Entre deux personnalités trempées, l’une ne faisant aucune concession sur ses prérogatives et l’autre jalouse de son indépendance et de son autonomie, la partie était exaltante et le scénario d’arrivée risquait fort de ne pas être conforme à l’intrigue de départ.

De toute façon, la loi électorale prévoyant un délai de soixante jours pour cette phase, le président de la République Foued Mebazaâ, en promulguant le décret appelant les électeurs pour le 24 juillet prochain, donne l’avantage à son Premier ministre qui, même en ayant marqué un point, n’aura pas la tâche aisée durant les prochaines semaines. Il devra d’abord faire face aux exigences de la Commission supérieure indépendante pour les élections et lui accorder tous les moyens matériels, financiers, techniques et humains qu’elle réclame.

Il devra ensuite entrer en négociation avec les partenaires politiques. Pas ceux qui soutiennent la date du 24 juillet uniquement, qui ont été malmenés dans tous les sens depuis le déclenchement de cette affaire et qui risquent de mal digérer cette nouvelle couleuvre, mais surtout ceux qui étaient réticents depuis le départ et qui vont profiter de la situation pour remettre sur le tapis leurs propositions notamment celles d’élections présidentielles pour certains et pourquoi pas de référendum pour d’autres. Autant dire que la révolution n’est pas au bout de ses peines.

Crédit image : desourcesure.com
25/05/2011 |
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