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Tunisie – Manifestation du 13 août : Les fantasmes de l'opposition
14/08/2012 | 1
min
Tunisie – Manifestation du 13 août : Les fantasmes de l'opposition
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10.000, 20.000, 30.000, jusqu’à 200.000 personnes se sont rendues hier 13 août 2012, pour défendre les droits des femmes. La réalité est toute autre, mais, toujours enfermée dans sa bulle tunisoise, l’opposition n’entend rien, ne voit rien, « cette manifestation est réussie », point.

« Nous sommes les seuls à avoir bravé l’interdit en manifestant sur l’avenue Habib Bourguiba », clame avec suffisance un militant d’Al Joumhouri. Le parti avait, en effet, marché quelques mètres sur l’avenue Habib Bourguiba, alors qu’il avait appelé les citoyens à se rassembler sur la place de l’horloge, quelques mètres sous haute protection policière, le temps d’attirer les médias et se faire prendre en photo, tamponnée « Joumhouri »… opération de com’ réussie !

Seulement il n’y avait pas que le Parti Al Joumhouri qui avait « osé braver l’interdit », avec l’accord de la police, l’ATFD et la LTDH avaient également débuté leur manifestation au niveau du Studio 38, et ont reçu, courageusement, des bouquets de fleurs de la part des policiers… une impression de déjà vu, le 20 mars dernier… un avant-goût du 9 avril. Le statut de Bochra Bel Haj Hmida, à ce sujet, sur son compte Facebook, est des plus intrigants : « Nous avons reçu un bouquet de fleurs de la part de la police qui a tenu à souhaiter aux femmes démocrates bonne fête. Ils nous connaissaient avant le 14 et certains ont voulu nous exprimer combien ils nous respectaient même quand ils nous maltraitaient, nous surveillaient et nous réprimaient »… Hommage donc aux policiers pour les avoir maltraités, surveillés et réprimés, avec le respect d’usage.

Et Abdelaziz Belkhodja, de persister (et signer), calculs mathématiques, algorithmiques, à géométrie variable, à l’appui, qu’il y avait bel et bien 200.000 personnes qui manifestaient hier soir, pour libérer « La Femme » du joug des islamistes, mesurant la longueur, la largeur et la circonférence de chaque personne présente durant les « trois heures », très théoriques, de la manifestation.

Théoriques, en effet, car sur ces trois heures, la place de l’horloge (14 janvier) ne s’était remplie que vers 21h, heure à laquelle Maya Jeribi se frayait un chemin entre les voitures (la circulation n’avait pas encore été arrêtée alors) et les manifestants, pour parvenir sur l’avenue Habib Bourguiba où Al Joumhouri « bravait l’interdit ». Les milliers de manifestants se sont ensuite dirigés, pendant moins d’une heure, sur le petit tronçon de l’Avenue Mohamed V, de la place du 14 janvier jusqu’au Palais des Congrès. Là, un barrage de police avait été mis en place, les « organisateurs » ayant prévu de limiter la marche à cette courte distance. Les manifestants ont alors été implicitement invités à se rendre à l’intérieur du Palais des Congrès, où plusieurs partis politiques et associations avaient organisé un « rassemblement ». Cet événement, prévu depuis quelques jours, en a surpris plus d’un. « Pourquoi faire de la récupération politique et gâcher cette manifestation ? », hurle une manifestante en colère qui rebroussait chemin, après avoir eu connaissance du « pot aux roses ». « Ce rassemblement était prévu dès le début, nous n’obligeons personne à y assister », se défend un militant du Joumhouri. « Pourquoi organiser ce meeting au moment de la manifestation et, récupérer, dans le même temps, les manifestants indépendants qui sont venus ici pour protester ? », s’interroge une autre manifestante. « Qu’avez-vous contre les partis politiques ? Vous préférez peut-être qu’Ennahdha gagne les élections ? », lui a-t-on rétorqué. Et Issam Chebbi, présent sur les lieux, de souligner : « Elle ne comprend rien à la politique ! » et de se justifier : « Le gouvernement ne célèbre jamais les fêtes, nous le faisons à sa place ». Notons cependant que selon les groupes, les positions différaient, plusieurs d’entre eux saluant cette initiative qu’ils jugeaient appropriée et le Palais des Congrès affichait complet.

Lorsque, vers 22h30, les manifestants se sont engouffrés, bon gré mal gré, au Palais des Congrès, il ne restait plus que quelques groupements de personnes sur l’avenue Mohamed V et la circulation avait été rétablie, information que Abdelaziz Belkhodja n’a pas prise en compte pour rectifier ses équations à plusieurs inconnues. Beaucoup de déception et d’incompréhension se lisaient sur les visages : « C’est déjà fini ? Quel gâchis ! L’organisation était vraiment mauvaise ». D’autres se saluent, retrouvent des visages familiers, prévoient d’aller prendre un café ou de se retrouver pour une autre « soirée ». La manifestation manquait en effet de diversité sociale, et les mêmes personnes réunies lors de précédentes manifestations « pour les libertés » s’étaient retrouvées pour défendre « l’égalité », en dénigrant allègrement, au passage, une des femmes de l’Assemblée constituante, Mehrezia Laâbidi… mais pour d’autres raisons.



D’autres encore discutent, débattent : « Il y avait un esprit partisan dans cette manifestation, c’est dommage ». « Il y a un différend entre Doustourna et Nida Tounes au sujet de l’événement du Palais des Congrès, car l’idée, lancée par Doustourna, a été reprise par le parti de BCE »… Le parti de l’ancien Premier ministre, pourtant, a marqué sa présence en toute discrétion. Sans s’afficher de manière ostentatoire, contrairement à d’autres partis politiques, Nida Tounes était dans toutes les discussions… Peut-être ne comprennent-ils rien à la politique eux non plus… Peut-être qu’en partant seuls, à coup de publicité politique, l’ancien PDP, à présent Al Joumhouri, avait tout compris, lors des dernières élections, mais personne ne l’a su…

Monia Ben Hamadi

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