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Tunisie – Le CPR gagne du galon, Ettakatol boit la tasse
12/01/2012 | 1
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Tunisie – Le CPR gagne du galon, Ettakatol boit la tasse
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Le CPR a le vent en poupe et Ettakatol est en pleine bérézina. C’est du moins ce qui ressort d’un sondage d’opinion réalisé par l’Association des sciences sociales en collaboration avec le Centre d'études et de recherches économiques et sociales (CERES). Une enquête répondant à des normes académiques rigoureuses contrairement aux études qui fleurissent et dont certains répondent à des contraintes commerciales donc tendancieuses politiquement, tiennent à clarifier les commanditaires de l'enquête invités par le syndicat des journalistes jeudi 12 janvier 2012. L’enquête s’est étendue du 3 au 7 janvier 2012 sur un échantillon de 1200 personnes réparties sur toute la Tunisie et âgées de plus de 18 ans. Retour sur les principaux résultats.

Les poses et les attitudes de Moncef Marzouki séduisent visiblement. Son look de fils du peuple en burnous a charmé 57 % des personnes interrogées qui lui accordent une grande confiance, 30 % lui font moyennement confiance contre seulement 13 % qui accordent une confiance « faible » au président provisoire de la République.
Le style du Premier ministre, Hamadi Jebali, moins dans l’exubérance, plus dans la discrétion provoque moins d’effet. Seulement 37 % des sondés ont une « forte » confiance dans l’action du chef du gouvernement, 36 % lui font moyennement confiance, 19 % éprouvent une faible confiance. Une confiance mitigée.



Un Premier ministre pas très sexy qui déteint sur tout son gouvernement. La réussite du gouvernement dans l’accomplissement des objectifs de la Révolution est une alternative qui laisse perplexe plus de 70 % des Tunisiens (confiance moyenne 51 %, confiance faible 21 %).

Moncef Marzouki plait, indéniablement, et son parti en tire les bénéfices. Bon nombre des électeurs qui ont boudé les urnes le 23 octobre voteraient pour le CPR s’ils venaient à le faire aujourd’hui. Le congrès grignoterait même des voix dans le réservoir électoral de son allié Ettakatol. Donnée troublante qui prend à contre-pieds tous les observateurs, les déçus du parti de Mustapha Ben Jaâfar donneraient leurs voix à Ennahdha et au CPR. Les militants de ce parti appartenant à l’Internationaliste socialiste, déçus par les concessions narcissiques de MBJ, et si on respecte le b.a.-ba.du comportement électoral, auraient donné leurs voix à des partis plus à gauche. Mais que nenni ! 42 % seulement des électeurs d’Ettakatol lui restent fidèles, 7 % voteraient pour Ennahdha si c’était à refaire, 13 % au CPR et 26 % ne se prononcent pas.



Ennahdha et le CPR ont, également, déçu quelques électeurs (18 % pour Ennahdha, 22 % pour le CPR). Mais les deux alliés de la Troïka ont réussi à séduire une partie des récalcitrants qui ont refusé de se déplacer dans les bureaux de vote le 23 octobre. 18 % voteraient pour Ennahdha s’ils venaient à voter aujourd’hui, 13 % pour le CPR, 4 % pour Ettakatol, 3 % pour Al Aridha, 20 % persistent dans leur choix d’abstention, 39 % ne se prononcent pas. Les tendances ne s’inversent pas et les partis d’opposition, qui jouent à la belle au bois dormant n’arrivant à se relever de leur débâcle électorale, continuent de piquer du nez.



Aucun changement radical dans la topographie politique locale, donc, hormis la dégringolade d’Ettakatol et de l’équilibration des poids entre Ennahdha et le CPR. Pendant que les alliés de la Troïka poursuivent leurs manœuvres et peinent à passer à l’action, les Tunisiens se nourrissent d’espoir. Un espoir moins prononcé que l’avance tout de même Rached Ghannouchi. 40 % des sondés ont une confiance forte dans l’avenir (20 % ont une confiance moyenne, 40 % une confiance faible), 46 % croient à le relance de l’emploi ou au rétablissement de la sécurité. Une confiance mitigée à la mesure de la confiance portée aux élus de l’assemblée constituante (47 % confiance forte, 34 % confiance moyenne, 19 % confiance faible).

La popularité des politiques ne bouge pas beaucoup mais les bêtes noires des Tunisiens restent les mêmes. Les hardiesses du gouvernement des derniers jours ne sont pas aussi maladroites que certains l’ont pensé. Le bras de fer avec les médias se légitime quand on sait que seulement 25 % des personnes interrogées ont une forte confiance dans la couverture médiatique de la télévision et de la radio nationales (36 % accordent une confiance moyenne aux médias publics, 39 % une confiance faible).
Le coup de gueule contre les sit-in et les grèves se justifie, également, quand l’enquête estime que seulement 18 % des Tunisiens accordent une confiance forte à l’UGTT (moyenne : 33 %, faible : 49 %).
Dans le classement des mal-aimés, les forces de l’ordre continuent de faire bonne figure. Malgré toutes les campagnes menées pour se rapprocher des citoyens, seulement 31 % des sondés disent avoir une confiance forte dans la police.

Une police qu’on traite toujours avec suspicion mais l’armée nationale reste toujours aussi populaire. L’image dont elle jouit depuis la Révolution n’a pas été écornée et 73 % des personnes interrogées lui accordent une confiance forte.

Des données à manier avec des pincettes et une situation tributaire d’un nombre incalculable et imprévisible de paramètres, mais ce qui est sûr c’est que les gagnants des élections continuent sur leur lancée. Excepté Ettakatol qui se fait phagocyter par ses alliés, les deux autres membres de la Troïka poursuivent leur domination de la scène politique locale. Une domination qui ne lui accorde pas pour autant un blanc-seing. Les Tunisiens croient en un avenir meilleur, mais sans grande exaltation.
Dernière conclusion, ceux qu’on n’aimait pas hier restent ceux qu’on n’aime pas aujourd’hui : les policiers et les journalistes.

Radhouane Somai
12/01/2012 | 1
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