Pourquoi Erdogan les fait fantasmer
Il y a eu une tentative de coup d’Etat en Turquie il y a quelques jours. Les meilleurs analystes du monde ont décortiqué, en long et en large, les tenants et les aboutissants de ce qui s’est passé dans ce pays si important sur le plan géopolitique.
Dans notre pays, une division claire et nette a pu être observée d’après les réactions de chacun. Il y a eu une frange qui a salué ce coup d’Etat en espérant voir Erdogan déchu de son poste, en contradiction totale avec les préceptes démocratiques qu’ils prétendent défendre. Il y a eu aussi une frange de personnes qui a immédiatement soutenu Erdogan, ici en Tunisie, et qui s’est exprimée de plusieurs manières.
D’abord, ils sont allés près de l’ambassade de Turquie pour célébrer l’échec du coup d’Etat. Lors de ce rassemblement, on a vu Imed Deghij, Recoba, RachedKhiari et les personnes qui avaient fondé les tristement renommées ligues de protection de la révolution. Autant dire que ça volait intellectuellement très haut. Pour avoir de l’intellectuel, il faut se tourner vers Irada et le CPR. En effet, Moncef Marzouki a vite fait de se saisir de sa plume de blogueur et de soumettre un article à Al Jazeera, évidemment pour défendre Erdogan et remettre sur la table les concepts de contre révolution etc.
Pas un mot n’est prononcé par ces gens vis-à-vis des exactions perpétrées par le régime turc après cette tentative de coup d’Etat. Les médias fermés, les universitaires interdits de voyager, les juges emprisonnés et bien d’autres choses. En fait, leur silence est tout à fait compréhensible.
A part le fait que la Turquie, avec le Qatar, reste leur seul soutien en termes de géopolitique internationale, il faut savoir qu’ils caressent le même rêve. Ce rêve est celui de disposer du même appareil, de la même force, de la même « liberté » pour éradiquer tout ce qui leur parait comme étant laïc. A l’instar de ce qu’est en train de faire Erdogan, ils rêvent d’entasser leurs opposants en prison ou mieux encore de les lyncher dans les rues. D’ailleurs, c’est une menace qu’ils ont brandi à plusieurs reprises, on se rappellera des pendaisons publiques évoquées par Marzouki notamment.
Les « révolutionnistes » de la 25ème heure adoreraient pouvoir fermer tous les médias qui ne leur plaisent pas. Par conséquent, ils vouent une admiration sans faille à celui qui a osé le faire et sont prêts à toues les ignominies pour l’exprimer. Le flot d’insultes, de caricatures douteuses, de moqueries, qui s’est déversé sur les représentants de la gauche tunisienne et ceux qu’ils considèrent comme laïcs, était impressionnant. Ils adoreraient pouvoir attaquer les gens dans les rues et les lyncher.Souvenez-vous du crachat et de l’agression physique qui avaient pris pour cible le journaliste ZyedKrichen et l’intellectuel HamadiRedissi. Ils fantasment sur un environnement où leurs opposants seraient jetés en prison et torturés sans aucune forme de procès. C’est pour toutes ces raisons qu’ils se transforment en véritables petites groupies quand il s’agit d’Erdogan.
De la démocratie, ils n’ont rien compris, et ils l’ont montré à plusieurs reprises. Un certain 9 avril, à la faculté de La Manouba, etc. Les occasions n’ont pas manqué pour qu’ils puissent démontrer toute la haine qu’ils vouent à la Tunisie telle qu’elle est. Ils ont pu, à plusieurs reprises, exposer toute la répugnance qu’ils ressentent envers une Tunisie diversifiée et tolérante. Ils veulent un pays sous leur coupe, qui marche selon leurs règles, et avoir la possibilité de neutraliser impunément n’importe quel dissident, à la Erdogan.