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Tribunes
On veut faire disparaitre Kamel Letaïef
08/05/2025 | 09:32
3 min
On veut faire disparaitre Kamel Letaïef

 

Par Kamel Jendoubi


Kamel Letaïef, longtemps diabolisé, caricaturé comme l’homme de l’ombre est aujourd’hui condamné à 66 ans de prison. Une telle peine n’est pas une décision de justice, c’est une vengeance exercée prétendument au nom de la défense de l’État. Ce n’est pas une sanction, c’est une tentative d’effacement. On veut faire disparaître cet homme, physiquement, symboliquement, politiquement - comme on raturerait une page d’histoire.

Et ce qui accompagne cette peine, est un silence tout aussi glaçant. Un silence où beaucoup se détournent, craignant que la moindre parole de solidarité ne soit interprétée comme une complicité, du moins une réaction de compassion. Dans cette atmosphère empoisonnée, il suffit d’évoquer le nom de Letaief sans le condamner systématiquement pour être à son tour soupçonné, étiqueté, sali. On s’empresse alors de s’en démarquer, de s’éloigner, autrement dit de se taire. Mais il y a un moment où le silence devient une forme de lâcheté. Et où l’amitié, la loyauté, la simple décence commandent de dire ce qui doit être dit.

Oui, Kamel, je t’écris avec cette conviction douloureuse mais tenace que la vérité finit toujours par s’imposer, même lorsqu’on tente de l’enfouir sous les mensonges, les procès politiques et les peurs attisées et instrumentalisées comme autant d’épouvantails.

Ils ont cru pouvoir t’enterrer vivant en te condamnant à 66 ans de prison. Soixante-six ans ! Ce chiffre dit tout : il n’est pas une peine, il est une vengeance. Il ne vise pas à rendre la justice, mais purement et simplement à commettre une oblitération. Une tentative de t’effacer de la mémoire du pays, d’arracher ta participation au récit national. On n’enterre pas un homme qui garde la tête haute et le regard droit. Et toi, malgré tout, tu tiens.

Je sais combien ton nom est clivant, combien il est chargé, instrumentalisé. On t’a réduit à un rôle, à une fonction, à une caricature. Mais moi, je regarde l’homme. Celui que j’ai vu aider, parfois dans l’ombre, parfois à contre-courant. Celui qui a payé, déjà, et que l’on veut encore briser. Je regarde aussi le patriote. Celui pour qui la Tunisie n’a jamais été un simple mot, mais une conviction à défendre, même dans une situation complexe, même quand elle vous rejette. Un homme de réseaux, oui, mais aussi d’un certain nombre d’engagements. Un homme d’influence certes, mais qui a aussi su se montrer loyal.

Je ne plaide ni pour l’impunité, ni pour l’oubli. Je plaide pour une justice digne de ce nom. Une justice qui interroge, qui écoute, qui confronte les faits et ne se contente pas d’obéir servilement à des fantasmes. Une justice qui juge sur des preuves et en toute équité et non réduit son rôle à des hommes à abattre comme autant de prétendus dangers. Or, cette incarcération depuis deux longues années qu’avec d’autres on t’a fait subir, ce prétendu procès qu’avec d’autres on t’a imposé, est un simulacre et ta condamnation, une parodie du droit.

Et puis il y a les tiens : ta famille, tes proches. Ils traversent cette épreuve avec une dignité silencieuse, bouleversante. Leur douleur n’est pas dans les titres des journaux, mais elle est là, chaque jour, dans les murs froids des parloirs, dans l’absence, dans la rage contenue. À eux aussi, j’adresse toute ma solidarité. Tenez bon : vous n’êtes pas seuls.

Kamel, ce qu’on te fait aujourd’hui va au-delà de ta seule personne. C’est le symptôme d’un pouvoir qui a peur, d’un régime qui a besoin d’ennemis pour masquer ses échecs. Mais l’histoire a de la mémoire. Et ceux qui aujourd’hui t’écrasent, devront, demain, rendre des comptes.

Je t’écris ces mots comme on allume une bougie dans la nuit. Pas pour un espoir creux, mais pour tenir, pour résister, pour dire que tant que la parole existe, rien n’est totalement perdu.

Avec fraternité et détermination.

08/05/2025 | 09:32
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Commentaires
Houcine
Surprenant monsieur Jendoubi.
a posté le 08-05-2025 à 23:11
Je n'ai 'ai pas l'honneur de connaître Kamel Jendoubi, mais l'un de mes proches en a une bonne opinion, ce qui me laissait sur la réserve, je dois l'avouer.
J'ai vu, écouté cet homme parler de la Tunisie, de ce qui y avait cours après 2011...
Je reste réservé.
Et le suis davantage du fait de ce plaidoyer.
"...on fait ce qu'on peut,
Mais il y a la manière...."
Je dirais, aussi, le moment.
Le Kairos.
Nephentes
L'affaire Letaief symptomatique du délire anti-sahelien
a posté le 08-05-2025 à 20:19
Letaief fut incontestablement homme d'influence et lobbyste nottament en faveur de sa région

Mais il fut également patriote et a a plusieurs reprises averti zaba des dérives de son regime
Don procès et sa condamnation reflète une obsession pathologique un fantasme minable anti-sahelien

Sa condamnation est absolument insupportable
H M
Ma réponse
a posté le à 06:52
Vous prenez la défense d'un franc-masson (il s'est lui-même auto déclaré en tant que tel).
Vous dites que c'est un patriote, sauf que le patriotisme prend en considération toute la partie ,pas seulement une région.
Vous êtes régionaliste autant que K. E.
Adressez-vous à votre région et laissez notre patrie en paix, on n'a pas besoin de division pour faire face aux défis.
Momo
c pas de regret
a posté le 08-05-2025 à 18:01
Cet énergumène qui tirait les ficelles depuis l'époque de zaba aurait dû se faire plus discret après 2011..au contraire il reprit son activité de lobbying et je ne pense pas que notre pays ait été gagnant dans tout ça...c clair c pas une perte
Citoyen_H
HAHAHAHAHA, HAHAHAHAHA, HAHAHAHAHA
a posté le 08-05-2025 à 17:10
vraiment culotté ce Jendoubi, après ce qu'il a causé à la NATION.
Décidément, c'est le camembert qui dit au Roquefort, tu pues !!!!!
Quant aux kafféfa qui le félicitent, ils ne valent pas mieux que lui.
Il ne peut s'agir que des partisans des chléyék bagla-liha, ou des traitres en standby, attendant leur passage devant la justice !!!

Citoyen
Indignation sélective
a posté le 08-05-2025 à 15:52
Ce monsieur ferait mieux de s'indigner en Tunisie
Tounsi anti chlayels
Y'a Jilani tesna3 wa7dek?
a posté le 08-05-2025 à 15:51
Tu ramènes d'où ces accusations? Tu as des preuves ? Oui on veut bien les voir! Vas y! Tu juges les gens gratuitement et méchamment et tu me connais pas ce qu'a fait Kamel Eltaief pour la pays! Tous les investissements qu'il a ramené au pays! Mais bon n'oublie jamais ; labodda lellayli an yanjali et on va vous juger toi et tous tes acolytes et incompétents wahed wahed on ne va lâcher aucun d'entre vous. Et essaye alors de changer de veste après et t'innocenter! Tu verras ça va être lent et douloureux Kamel Eltaief vous tient la place au chaud maintenant ! '?
Jilani
L'ami du milliardaire
a posté le 08-05-2025 à 15:03
Ce monsieur est un lâche, il a bien vu comment les islamistes sont arrivés au pouvoir en 2011, en achetant les votes des tunisiens sans avoir le courage de les dénoncer. Par la suite il s'est allié avec Kamel nabli pour le hisser au poste de président face à BCE, mais il s'est vite retiré par lâcheté lui et son candidat sans donner des explications sur le pacte établi entre Ghannouchi et le grand magouilleur BCE. Et maintenant il dit qu'il est l'ami du mafieux Kamal ltaief.
A1
Honneur
a posté le 08-05-2025 à 12:25
Quelques grammes d'honneur, de raison, de courage... dans un monde de lacheté, de bassesse et de folie.
Bravo si Jendoubi, nous connaissons depuis longtemps votre classe, votre courage et vos valeurs... Hélas ils font tellement défaut à l'ISIE...
Lucky Luke
Oui mais
a posté le 08-05-2025 à 11:29
C'est plus facile d'écrire ces lettres quand on n'est pas en Tunisie.

Il nous faut des Hommes et des Femmes en Tunisie, qui dénoncent l'injustice et l'arbitraire, même si c'est le procès de Satan en personne, et qui, en connaissance de cause, n'ont pas peur. Ni d'être suivis, ni d'être persécutés, ni même d'être enfermés injustement en prison.

Ils sont où les Taoufiks Ben Brik ?
Ils sont où les Chokris Belaid ?
Elles sont où les Mayas Jribi ?

Bientôt.
I have a dream.
elfribo
You have a nightmare!
a posté le à 15:47
D'après toi, le lieu de résidence influence les positions et les opinions politiques. Si l'on n'est pas dans le pays, qui est devenu une prison à ciel ouvert, peut-on réellement se permettre de donner son opinion ou de critiquer le régime en place ?

L'Imam Khomeini menait une vie tranquille à Paris, et pourtant, il a réussi à renverser un régime millénaire. De même, Mahatma Gandhi était en Angleterre lorsqu'il a défait un empire. Ces exemples montrent que la distance géographique ne limite pas l'influence sur les événements historiques.

As-tu déjà songé à ce que M. Letaief a pu faire pour mériter un tel destin? 66 ans de prison? Aurait-il commis des actes si odieux qui justifient un tel sort ?"
Lucky Luke
I have a dream
a posté le à 18:18
KS ne pourra jamais renfermer tout le monde en prison. Sa seule arme c'est de faire peur. On alimente l'illusion du fatalisme qu'on n'a pas le choix. Soit se taire, soit quitter la table / le pays !

On a toujours le choix, l'ami !

Le choix de ne pas avoir peur.
Lucky Luke
Le manque de courage
a posté le à 18:14
est l'une des pires qualités de nos compatriotes et par extrapolation nos élites, qui se doivent, s'il vous plaît, de donner l'exemple.
Dans ce pays trois fois millénaire, malheureusement plus on gravit les échelons, plus on devient lâche.

K. Ltaief, qui a été, d'après le régime zaqafounien, assez courageux pour lui résister, a tout le mérite de ne pas en faire partie, des lâches.
Passons les qualificatifs, ce dont j'insiste énergiquement, c'est son droit à un procès équitable.
Si tu lisais mes commentaires, tu trouverais que je suis le premier à dénoncer les dérives anticonstitutionnelles de notre cher universitaire ainsi que l'instrumentalisation de la justice tunisienne, une vraie honte. Sans oublier la mascarade des élections et notre malheureux candidat A. Zammel qui n'a fait aucun tort sauf peut-être celui d'avoir eu "l'audace" de s'y présenter, euphémisme pour notre cher usurpateur qui le voit plutôt concourir, menacer son entreprise et ses projets.
Après tout, comment peut-on défier Dieu ? C'est du blasphème manifeste.

Maintenant un mot sur vos exemples sus cités, l'ayatollah ne figure pas parmi mes références ainsi que ses mollahs, son clergé et sa garde, un modèle extrêmement dangereux pour procéder à un changement de régime politique qui ne peut aboutir qu'à cette situation cauchemardesque et désolante que le pauvre peuple iranien, un peuple à l'héritage perse extrêmement grandiose et riche, endure depuis maintenant déjà presque une moitié de siècle.
Quant à l'illustre Mahatma, celui dont le titre signifie la grande âme, le souffle vital (de la nation), je te suggère d'approfondir un peu tes connaissances..
Oui il a fait ses études de droit en Angleterre. Oui il est rentré au Raj et parti illico presto pour une parenthèse sud-africaine dont les raisons et les motivations sont multiples. Cependant, il est bien rentré pour mener le combat depuis sa terre natale l'Inde qu'il a parcouru du nord au sud, tel l'aussi grand Bourguiba lors de son retour en Tunisie.

L'Histoire, l'Oeuvre politique ne s'écrit jamais depuis l'étranger.
Lenin pourrait aussi en témoigner, pas le nôtre, le vrai. Qu'est-il resté du bolchevisme ? Que des idées désuètes fracassées sous les débris de l'Union soviétique.