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Chroniques
Nidaa, de ton succès tu feras notre perte
Par Inès Oueslati
03/11/2015 | 17:15
5 min
Nidaa, de ton succès tu feras notre perte

Crise. Guerre d’égos. Bataille de bandits. La puberté attardée de Nidaa n’est pas belle à voir. Mais pas que ! Nidaa n’est pas ce petit parti qui pourrait se déconstruire sur un coup de tête comme il s’est construit en un coup de baguette. Le parti au pouvoir serait trop jeune pour le pouvoir. Il est, d’un autre côté, trop impliqué dedans pour se permettre des écarts aussi tristement spectaculaires. Nous n’avons même pas besoin de suivre un quelconque regard pour savoir à qui le crime profite. Ceux qui y perdent sont, quant à eux, nombreux et, jusqu’ici, ignorés.

 

En cette période mouvementée, parmi les islamistes on se reconstruit une jeunesse, on se forme, on tisse son réseau, on s’offre une nouvelle image et on se fait des amis parmi ses ennemis. Ces amis devenus dès lors les ennemis d’eux-mêmes. Car du côté de Nidaa l’accession au pouvoir a été, continue à être et sera probablement pour longtemps, une épreuve éreintante. Et à l’épreuve ne résiste que le plus fort, le plus organisé, le plus prêt. Et le plus prêt pour la longue durée, celui qui a fait profil bas pour mettre main basse au bon moment c’est bien l’islamisme politique revisité d’Ennahdha. Tout va bien pour Ennahdha, tout va mal chez les démocrates !

 

Il faut dire que nous avons des démocrates au « démocratisme » pathétique. Quand il s’est agi de sujets à portée idéologique ils se sont montrés conservateurs. Des questions comme les sanctions pénales à l’encontre des relations homosexuelles, comme l’arrestation d’une jeune fille et d’un touriste après une nuit passée à l’hôtel ont remis à l’ordre du jour le degré d’ouverture des plus ouverts d’entre nos hommes politiques au pouvoir. Et ça frôle le zéro. A tous les niveaux ! Quand ce n’est pas au niveau des actions c’est au niveau de la communication. On rame et on rame depuis des mois. Et du côté des Nidaïens, on tente encore de convaincre ceux qu’on a bernés la veille que tout va bien et qu’ils n’ont presque pas été arnaqués.

 

L’arnaque du siècle a pourtant cessé de fonctionner. N’y croient encore que ceux qui ne sont pas encore parvenus ou ceux qui le sont un peu trop pour une volte-face. Les autres ont compris que le vote utile a ruiné la scène politique tunisienne. Un des grands acquis d’après-révolution a été la pluralité parmi les partis. Mais pour rafler la mise, Nidaa avait usé d’un slogan présentant comme inutile tout vote à un autre parti même du même camp. Paradoxalement donc, avec la victoire de Nidaa, les démocrates avaient été les perdants. Leur électorat récupéré. Leur poids rapetissé. Leur existence inutile, du coup. Arrivé au pouvoir, Nidaa se ralliera à son ennemi de la veille. Celui pour l’élimination duquel il avait appelé au vote pseudo utile. Les Nidaïens se sont rassemblés pour nous faire haïr l’islamisme. Ils ont fini par nous offrir à lui, sur un plateau.

 

Car au-delà de la querelle d’une bande de politiciens plus apprentis que chevronnés, c’est de l’avenir de tout un pays qu’il s’agit. Le parti qui s’offre en spectacle depuis dimanche dernier est le parti au pouvoir. De sa stabilité va celle du pouvoir en place. De sa fragilité nait celle de toute la Tunisie. Le déluge chez Nidaa pourrait être synonyme de changements politiques aussi importants qu’inopportuns. Car qui dit rupture à Nidaa, dit éclatement au sein du bloc parlementaire. Et qui dit implosion à l’Assemblée des représentants du peuple dit nouvelle majorité et donc nouvelle répartition du pouvoir. Les figurants pouvant ainsi devenir les héros de la prochaine période. Les votes anti-islamistes par essence auront, dans ce cas, abouti à l’accession au pouvoir de ceux contre lequel le vote sanction avait été imposé par Nidaa comme une évidence patriotique.

 

Et c’est par patriotisme, si ce mot a encore un sens pour certaines figures partisanes connues et méconnues, que Nidaa et ses dirigeants devenus chefs de bandes devraient cesser le spectacle désolant qu’ils nous offrent. Outre l’aspect pitoyable qu’ils donnent à leur parti, c’est du prestige de l’Etat qu’il y va. Oui, prestige de l’Etat ! Leur cheval de bataille d’avant les élections. Celui qui a présenté en période de campagne Béji Caïd Essebsi comme le leader pouvant redorer les blasons d’une République ternie par le règne d’une Troïka défaillante. Ce même Béji Caïd Essebsi devenu président de cette même République est aujourd’hui impliqué dans des querelles vulgaires. Il est partie prenante d’une affaire ne faisant pas partie de ses prérogatives voire allant à leur encontre. Le président de tous les Tunisiens en redevient le patriarche de Nidaa. Il est en effet le père d’un des principaux protagonistes de cette guerre intestine secouant le parti qu’il a fondé. Il est aussi un des premiers à avoir essayé de résoudre les conflits en convoquant des élus de Nidaa, lesquels ont refusé, en partie, sa convocation. Pauvre Etat, de ton prestige on aura fait une farce pour des dindons.

 

Dindons dans une basse cour, voilà ce que devient cette classe politique sans classe. En frôlant les abîmes, elle traine tout un pays derrière elle. Car ce pays qui avait envisagé la pluralité comme porte de sortie de la dictature se retrouve désormais sans alternatives. Les autres partis du même bord ayant été achevés par Nidaa dans sa course au pouvoir. Toutefois, les électeurs que Nidaa avait détournés au moyen de l’appel au vote utile sont encore là. Ils constituent un poids ayant déjà montré sa capacité de faire un contrepoids quand les enjeux politiques sont déterminants pour le pays. Y a-t-il encore des partis pouvant les attirer ? Des slogans pouvant les convaincre ? Des politiciens susceptibles de les récupérer ? Au sein de nos partis, la réflexion stratégique n’est de mise qu’en période de précampagne. La considération pour l’électeur potentiel n’est appliquée que pendant la campagne et nos leaders politiques ne sont des leaders que devant les caméras et ce pour une durée bien déterminée. Une fois leur arrivisme assouvi, ils lâchent prise. Bien mal acquis ne profite jamais, selon le proverbe. Succès sans mérite ne profite pas à celui qui l'a eu, Nidaa en exemple.

Par Inès Oueslati
03/11/2015 | 17:15
5 min
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Commentaires (17)

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Forza
| 08-11-2015 18:14
bonsoir,
Mais leur présence et popularité au delà. La même chose s'applique aux destouriens. Il se peut que Nidaa disparaisse mais un autre parti doustourien prendra la relève. Lors des dernières élections, Ennahdha a souffert d'un vote sanction et d'un taux de participation moins élevé (plus que 700000 électeurs ne sont pas allés au vote par rapport 2011) et malgré ça ils ont réalisé 27%. Je pense qu'ils vont rebondir.
Concernant le féminisme, je pense que votre définition est correcte mais Ennahdha n'a rien vraiment contre le féminisme dans les faits. En faite les femmes de l'ARP les plus brillantes sont d'Ennahdha. Sii vous prenez par exemple Koulthoum Badredine ou Zouglami, des femmes a caractère fort. Coté Nidaa je ne peux citer que Bochra Bel hadj Hmida (et elle va probablement quitter le bloc) sinon c'est plutôt le désert et les autres partis n'ont pas su attiré des femmes au travail politique, je pense à des femmes comme Madame Grami ou Oum Zied.
L'essentiel c'est de construire une démocratie et si le peuple a voté pour ces deux partis, il faut accepte le vote du souverain.
Sur la partie économique, je ne suis pas si sûr que l'idée de mini jobs soit bonne pour la Tunisie. Nous avons beaucoup de gens sans couverture sociale. Officialiser des jobs sans retraite et sans assurance maladie aggravera la précarité de ces gens. En Allemagne beaucoup qui font les mini jobs sont des retraités ou des femmes au foyer assurées à travers leurs maris donc ils profitent d'une couverture sociale. Aussi l'introduction du salaire minimal de 8,5 Euro par heure a réduit le nombre de ces jobs et un certain nombre c'est transformé en jobs réguliers. Ceci dit je pense que vous avez raison qu'il faut réfléchir comment on peut intégrer le circuit parallèle.

Dr. Jamel Tazarki
| 08-11-2015 16:23
Je commence par vous donner d'abord ma définition du féminisme dont j'ai parlé dans mes commentaires ci-dessous: "le féminisme est un mouvement qui cherche à établir l'égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a pour objectif d'abolir les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes."

Je vous donne aussi ma définition de l'islamisme: "transformer le système politique et social d'un État en faisant de la charia unique source du droit"


Je reviens à votre commentaire ci-dessous. Vous écrivez " Il y'a 40% de conservateur a idéologie islamiste et 40% de doustouriens".

Très Cher Compatriote, vos statistiques ne peuvent pas refléter les faits socio-politiques de notre société. Il n'y a pas de 40% d'islamistes en Tunisie et il n'y a pas non plus 40% de doustouriens.

Le comportement de la clientèle d'Ennahdha est semblable à celui des dipôles en physique atomique ou en chimie. Il y a des dipôles permanents, des dipôles instantanés et des dipôles induits. Ennahdha a trop profité des effets induits et instantanés et de la dispersion du reste apolaire (ceux qui votent contre Ennahdha).

En effet, beaucoup de Tunisiens ont voté pour Ennahdha par induction car certains dans leur voisinage ont voté pour Ennahdha. Et d'autres ont voté Ennahdha par reflexe irréfléchi, intuitif et instantané. Et ceux qui ont voté contre Ennahdha (les apolaires) ont été dispersés ou ils ont voté Nidaa Tounes.

Ce qui est sûr, c'est que les effets du vote par induction ou intuitifs et instantanés vont être nuls aux prochaines élections (Heureusement qu'il n'y a pas d'analogie avec les lois de la chimie où les dipôles par induction ou instantanés peuvent toujours se reproduire. Le meilleur contre-exemple est celui des votes en Algérie).

Par contre, les dipôles permanents sont ceux qui voteront à jamais Ennahdha. Cette clientèle représente au maximum 20% des électeurs tunisiens. Ce qui signifie, indépendamment de la dispersion des voix, Ennahdha aura probablement (je dis bien probablement) ses 20% des voix. Et si le parti Ennahdha arrivait à disperser les apolaires (ceux qui votent contre Ennahdha), il finirait par avoir de nouveau la majorité relative.

Nidaa Tounes a profité de la popularité de Mr. Beji Caid Essebsi, le jour où il va se retirer de la scène politique, Nidaa Tounes disparaitra de même' Je doute que Nidaa Tounes ne dépassera pas les 7% des voix aux prochaines élections législatives.

Puis, il faut avouer que Mr. Beji Caid Essebsi a profité de son engagement pour le féminisme, dans le sens que j'ai défini ci-dessus. Malheureusement, Il n'a pas tenu toutes ses promesses et son parti politique va en souffrir aux prochaines élections. Il est temps que Nidaa Tounes place une femme à la tête du parti afin de calmer la déception de la masse féminine qui a voté pour BCE (mieux vaut tard que jamais).

Par contre le parti Politique Ennahdha ne dépassera plus jamais les 20% des voix tant que sa position est floue vis-à-vis du féminisme. Puis à long terme la clientèle d'Ennahdha va se rendre compte que le parti politique islamiste est en particulier celui de la bourgeoisie et de l'oligarchie (sans entrer dans les détails)'

Cordialement

Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=HyTpu6BmE88

Forza
| 07-11-2015 21:31
La société tunisienne est conservatrice. Il y'a 40% de conservateur a idéologie islamiste et 40% de doustouriens pour qui aussi la culture islamique compte pour beaucoup (même Bourguiba récitait le coran souvent dans ses discours et les décrets conte les fatars au ramadan et l'interdiction pour des non maries de dormir ensemble dans une chambre d'hôtel remonte a la période de Bourguiba) donc la majorité est conservatrice. Ceux qui supportent ouvertement des relations sexuelles liberticides ou l'homosexualité sont minoritaires, très minoritaire même. Je pense que Marzouk n'aura même pas 5% des voix s'il ne se représente pas sous le drapeau des doustouriens. En Tunisie il y'a deux forces et depuis longtemps, les doustouriens et les islamistes et si nous voulons une démocratie il faut faire avec les forces sur le terrain et Massar, le front ou Marzouk ne peuvent prétendre jouir d'une assise populaire mais une démocratie doit être ouverte et même de petits partis peuvent jouer l'arbitre et réaliser leurs idées au delà de leur poids électoral.

Dr. Jamel Tazarki
| 05-11-2015 15:27
Si vous avez un travail à domicile, c'est votre employeur qui devrait vous déclarer aux organismes sociaux. Vous n'êtes pas obligé de vous inscrire au registre du commerce en tant qu'entrepreneur!

Je crains que la structuration de l'économie informelle risque de se faire sur le dos des classes pauvres et de nous faire croire qu'elle est la solution à tous nos problèmes socio-économiques. A mon avis, il faut plutôt introduire une "taxe trottoir" qui doit concerner les commerces qui ont besoin du domaine public pour effectuer leur vente.


Je propose d'introduire en Tunisie les fameux mini-jobs que l'on trouve en Allemagne: petits boulots payés 400 euros (on accorderait 200 dinars en Tunisie) par mois sans cotisations patronales ni salariales.

Il faut donc plutôt structurer les mini-jobs et confier leur gestion à un organisme unique. L'employé se contente d'informer la centrale des mini-jobs qui se charge de toutes les questions administratives. Afin d'encourager ces gens à s'inscrire à la centrale des mini-jobs, il faut leur offrir aussi des avantages sociaux.

L'institutionnalisation des mini-jobs ou du travail à domicile ne peut réussir que si on lui rajoute une protection sociale minimale gratuite. Ainsi, on déclare par intérêt un mini-job, afin de profiter des prestations des assurances maladies et sociales (comme c'est le cas en Allemagne). Ainsi des travailleurs qui étaient complètement sortis du système, qui vivaient de travail au noir et d'aide sociale, vont pouvoir rentrer de nouveau dans les statistiques.

La Tunisie doit essayer le modèle des mini-emplois en vigueur en Allemagne depuis 2003 comme remède au chômage et à l'économie informelle: Etant donné que chaque Tunisien aurait ainsi intérêt à déclarer son job à temps partiel ou à domicile, vu la protection sociale minimale gratuite qui sera accordée par l'Etat!

En Allemagne, il est plus avantageux pour l'employeur et l'employé de déclarer les mini-jobs ou le travail à domicile au centre des impôts. Je donne les calculs simples suivants:
1) Les charges de l'employeur dans le cas régulier: salaire annuel=2228,28 euros; sécurité sociale=321,76 euros; déduction de l'impôt=510 euros. Ce qui faut une charge de 2040,24 euros.
2) Les charges de l'employeur dans le cas de travail au noir: salaire annuel=2228,28 euros; sécurité sociale=0 euros; déduction de l'impôt=0 euros. Ce qui faut une charge de 2228,28 euros.

Ainsi, employeur et employé ont intérêt à être honnêtes: Ceci fait un avantage fiscal de 188,24euros pour l'employeur et une sécurité sociale gratuite pour l'employé.


Cordialement
Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=GxKtJuYcNdI

Mohamed
| 05-11-2015 09:40
J'aimerais bien produire des chaussures d'une façon artisanale (à la main), si je trouvais quelqu'un qui me les achète sans que la police municipale et l'UTICA me soupçonnent de commerce et d'économie informel et que l'on me mette en prison à la Mornaguia pour délit économique et d'activité mafieuse!

Ma femme aimerait bien produire des vêtements de travail pour l'industrie, si il y'avait quelqu'un qui nous les achète.

Mes enfants et ma mère voudraient bien pratiquer l'hydro culture et cultiver des plantes médicinales sur le toit de notre maison, si notre ministère de la santé achetait notre production.

Au contraire, nous n'avons aucun droit de produire à domicile et de vendre sur les places publiques ou dans notre voisinage! En effet, la présidente de l'association UTICA, va se plaindre que nous sommes des hors de la loi et que nous pratiquons l'économie informelle et on risquerait, moi et ma famille, quelques semaines ou même quelques mois de prison! C'est la loi de L'UTICA et des hommes d'affaires politiciens qui règne en Tunisie.

Mais, je ne veux en aucun cas m'inscrire au registre du commerce en tant qu'entrepreneur. C'est trop compliqué pour la masse pauvre qui veut tout simplement produire et gagner un peu d'argent afin de survivre!


Sans la protection du droit du travail à domicile, nous sommes soumis à des conditions inadmissibles et pénibles et notre futur économique et sociale est totalement limité et indécis. Sans la protection juridique, les efforts des plus pauvres et des minorités à créer un petit gagne-pain sont condamnés à la défaite au nom de la lutte contre l'économie informelle. Comme c'était le cas à Sidi Bouzid de Mr. Mohamed Bouazizi qui n'avait pas le droit de vendre ses légumes sur les lieux publics.

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2015 17:28
Merci pour votre feedback.

Cordialement

Jamel

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2015 17:17
Notre pays a besoin d'un programme socio-économique et écologique afin de satisfaire les besoins vitaux des Tunisiens.

En Tunisie, il manque actuellement de tout: le ciment, le lait, l'eau potable, les légumes, les fruits, les vêtements, les céréales, les nouilles, le sucre, le thé, le sel, les fournitures scolaires, les autoroutes, les insecticides contre les moustiques, les chaussures, etc. la liste est infinie. Oh mon Dieu, un marché énorme pour nos "hommes d'affaires" qui ne savent pas quoi faire et qui pleurnichent tout le temps afin d'avoir encore plus dl'argent gratuite des caisses étatiques! Ils ont l'embarras du choix mais ils sont tellement bloqués qu'ils ne savent pas quoi produire.

Nos chômeurs, comme vous, voudraient produire quelques choses et même beaucoup de choses, Ils souhaitent subvenir à leurs propres besoins et ne pas dépendre uniquement des autres. Ils désirent également faire pleinement partie de la société et que leur place y soit reconnue. Généralement, ils n'ont pas un problème de financement afin de développer seul des projets, mais plutôt de trouver des clients et une assistance juridique à bon prix.

J'insiste que le chômeur tunisien qui voudrait démarrer une entreprise est confronté au défi de trouver ses premiers clients, et ensuite à en trouver des nouveaux. Où et comment les trouver? La solution est très simple, il nous faut une production décentralisée et à domicile pour tous nos chômeurs. Les Allemands pratiquent ce genre de production depuis le 13ème siècle, il suffit de donner l'exemple de la Ravensburger Handelsgesellschaft (qui appartenait principalement à la famille Humpis): la production de biens est à domicile, tandis que la distribution est centralisée. Le distributeur/commerçant procure les matières premières (comme le coton brut, le cuir, le tissue, etc.) et les moyens de production et il reçoit les marchandises produites qui sont commercialisées de manière centralisée.

Exemple: je travaille depuis 7 ans pour une grande société allemande à domicile pour une clientèle internationale. Il s'agit souvent de projets mathématiques/informatiques d'une très grande complexité. Je suis souvent en contact avec des collègues qui sont partout dans le monde et on ne se connait que d'une façon virtuelle. Par contre la distribution et la vente de nos services mathématiques/informatiques se font d'une façon centralisée, et je suppose que vous connaissez les avantages d'une commercialisation centralisée.

Je reviens au cas de la Tunisie, Il nous faut une production décentralisée et à domicile pour tous nos chômeurs. La vente se ferait centralisée par l'Etat tunisien qui serait dans l'obligation de collecter la production décentralisée. On laisserait produire à domicile par nos chômeurs tout ce qui est vital et tout ce qui manque en Tunisie, voir la liste ci-dessus de ce commentaire. Exemple: on arrêterait l'importation du sucre de betterave ou de canne et on laisserait produire la plante Stevia à domicile d'une façon décentralisée. L'Etat tunisien serait dans l'obligation de collecter la production de la Stevia et de la commercialiser d'une façon centralisée.

Encore un exemple: Les aveugles en Allemagne produisent d'une façon décentralisée et à domicile des brosses, des pinceaux, des balais, etc.. Tous les vendredis, il y a quelqu'un qui passe chez les aveugles/handicapés chercher la production afin de la vendre d'une façon centralisée.

J'étais en Thaïlande et j'ai rencontré des familles pauvres qui mènent une vie paisible et arrivent à survivre grâce aux élevages traditionnels des crevettes, souvent sur les rives des petites rivières. C'est l'Etat Thaïlandais qui donne les moyens de productions et collecte aussi la production/récolte des crevettes afin de l'exporter vers l'Europe ou la commercialiser dans le pays.


Il y aurait du travail pour tous les Tunisiens, si nos politiciens avaient un peu plus de génialité socio-économique.

Cordialement

Jamel

https://www.youtube.com/watch?v=z-emBE3y-XQ

Dr. Jamel Tazarki
| 04-11-2015 17:13
2ème Partie
En Allemagne, l'Etat a organisé le travail à domicile afin qu'il ne fasse pas partie du secteur informel. Ce qui manque en Tunisie, c'est un cadre juridique pour le travail à domicile. Il y a un vide juridique dans ce domaine qui décourage ceux qui veulent produire ou travailler d'une façon décentralisée. En Allemagne le travail à domicile est devenu un mode indispensable et rentable de production pour les entreprises. Comment peut-on, en Tunisie, lutter contre le secteur informel, s'il y a un vide juridique pour le travail à domicile?

De même, on pourrait encourager la culture des plantes médicinales à domicile, sur les toits, les terrasses et les balcons de nos appartements et nos maisons afin de minimiser les dépenses pour le système de santé en Tunisie (en particulier les dépenses en devises étrangères). Il y a tout un Potentiel économique de la production de plantes médicinales. La culture des plantes médicinales, est un secteur d'investissement à la fois rentable et durable. On laisserait produire les plantes médicinales à domicile d'une façon décentralisée. L'Etat tunisien serait dans l'obligation de collecter la production et de la commercialiser d'une façon centralisée. Il n'est pas normal que l'on importe même le thé en Tunisie.

L'activité, de quelque nature que ce soit est le seul moyen de faire à nouveau tourner les spirales du progrès économique et de la création de richesses. Il est temps de donner aux sans travail des compétences et des connaissances élémentaires qui les aideront à prendre confiance en eux. Cela pourrait augmenter le revenu des ménages pauvres, et aiderait à faire avancer le développement économique des régions les plus pauvres de la Tunisie.

L'intervention publique est indispensable en Tunisie car nos agents privés sont incapables de produire un résultat satisfaisant pour tous. L'Etat tunisien ne fait aujourd'hui que protéger illégitimement les intérêts particuliers (de la bourgeoisie industrielle et de l'oligarchie) et produire des réglementations absurdes. On ne peut plus compter sur l'initiative et le dynamisme du secteur privé en Tunisie.

Il faut se libérer de cette idée absurde de l'entrepreneur tunisien créateur qui serait le personnage central de notre développement économique, qui prendrait des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant qu'un peu de capital-risque et d'être libéré des charges fiscales. Une idée platonique que voudrait nous imposer la présidente de l'UTICA, Madame Wided Bouchamaoui, qui ne cesse pas d'ailleurs de survaloriser ses inspirations et certains pseudo-hommes d'affaires tunisiens. Le rêve de développement d'un Silicon Valley en Tunisie ne serait possible qu'avec l'intervention directe de l'État.

Il est temps de réviser les rôles respectifs de l'Etat et des firmes privées dans le processus du développement socio-économique de notre pays. Le véritable entrepreneur qui prend des risques a toujours été le pouvoir public en Tunisie. Il n'y aura pas d'amélioration socio-économique essentielle dans laquelle l'Etat tunisien ne joue pas le rôle moteur, non seulement comme entrepreneur mais aussi comme créateur de marché.

Les firmes privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir, elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'État sans pour autant apporter de remèdes à notre économie. L'action publique est irremplaçable en Tunisie.

Il nous faut une politique socio-économique/industrielle qui devrait redonner à l'intervention publique une place centrale, non comme correcteur des échecs de marché ou garant de la libre concurrence, mais comme entrepreneur dans des domaines où personne n'ose prendre le risque et comme créateur de marchés. Cela exige de ne plus financer les firmes tunisiennes privées passivement et indirectement avec des mécanismes ruineux

Cordialement

Jamel

Mohamed
| 04-11-2015 15:19
Je voterais pour vous, si vous me donniez du travail. Je suis depuis 2012 en chômage et j'ai 2 enfants et ma mère à ma charge! Je suis diplômé en sciences économiques et je ne trouve pas du travail. On ne mange qu'une seule fois par jour et il y a des jours où nous n'avons rien à manger!

Geronimo
| 04-11-2015 10:53
Ya Jamel

Arrête de rêver. Parti des verts... Les musulmans ont 600 ans de retard technologique et intellectuel. Ecoutes les prêches des Imam et lis un peu quelques textes des inquisiteurs en Europe au 15eme siècle. Tu verra la similitude est frappante.
Alors au lieu d'un parti verts qui va disperser encore les voix concentrons nous sur comment sauver nos têtes. Parce-que si Ennahdha reviens au pouvoir ce sera juste le fin. Beaucoup de *** vont être ****
En particulier les *** de ces nidaistes que l'ambition aveugle. Ils ne se rendent pas compte que si Ennahda reviens au pouvoir ils seront les premiers à être ***********


Parti vert... Imagines parler d'écologie à Daech et imagines ce qu'il feraient de toi s'ils en ont l'occasion.