Une nouvelle mode s’installe chez quelques uns de nos politiques qui aiment le spectacle plus que l’efficacité : faire des selfies pour tout et pour rien. Surtout pour rien.

C’est le cas de Imed Daïmi, député d’Irada qui a publié il y a deux jours un selfie avec son avocate Lamia Khemiri, se vantant d’avoir été auditionné par le procureur de la République près du Tribunal de l’Ariana, à propos de sa plainte contre l’ancien ministre Mabrouk Kourchid et le directeur de Business News, Nizar Bahloul. Objet de la plainte : un article publié dans le journal Al Hassad, dirigé par M. Kourchid et un article publié par Business News (sur le même sujet) intitulé : « Les frères Daïmi face à la suspicion de blanchiment d’argent ».

On voit ainsi M. Daïmi aux côtés de Me Khemiri souriant devant leur portable et derrière le tribunal tentant de convaincre son « virage » qu’il est blanc comme neige. Et, naturellement, leur public croit dur comme fer que leur star-politique est dans son bon droit.

Du coup, on ne parle plus du fond du sujet (la suspicion de blanchiment d’argent), mais de la partie qui l’a rendue publique (les médias). On ne constate même pas le ridicule de la plainte qui devrait être classée sans suite par le procureur (au mieux) ou passer devant un tribunal pour finir avec un non-lieu au pire et ce pour vices de forme.

- Imed Daïmi n’a pas été cité ni accusé dans l’article de Business News et n’a de ce fait pas à déposer plainte.

- S’il y a falsification de document, c’est à la Ctaf de déposer plainte et non à Imed Daïmi. Bon à rappeler, la Ctaf n’a jamais démenti l’existence d’une enquête à propos des Daïmi, elle a juste démenti sa publication. Elle n’a pas non plus envoyé de droit de réponse aux médias.

- Une pareille plainte passe obligatoirement par le décret-loi 115 et non à travers le procureur et une audition.

- Une audition chez le procureur ne se fait pas en compagnie d’un avocat.

Ce que Imed Daïmi ne dit pas à son auditoire, c’est qu’il réagit après coup, puisque Nizar Bahloul a déposé plainte contre Moncef Marzouki pour injures et diffamation et a été déjà auditionné par le procureur. S’il croit qu’en déposant une plainte pour contrer une autre, avec pour résultat 1-1 balle au centre, il se trompe. Avec Marzouki, Business News est décidé d’aller jusqu’au bout pour montrer à l’opinion publique nationale et internationale que l’ancien président n’est pas ce qu’il prétend être. Et pour la plainte déposée par Daïmi, Business News se défendra également jusqu’au bout, comme il l’a fait avec Sihem Ben Sedrine avec un grand succès.

R.B.H