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Le long combat de Réalités pour les libertés
06/05/2011 | 1
min
Le long combat de Réalités pour les libertés
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Par Taïeb Zahar


Réalités, depuis sa création en janvier 1979, a fait de la défense des libertés en général et de la liberté d’expression en particulier sa raison d’être. Elle en a payé le prix fort. Quatre suspensions de six mois, et autant de faillites. Une multitude, de saisies, le tout couronné par une dizaine de procès pendant la période allant de 1979 à 1986.

Sous le règne de Bourguiba notre journal n’était pas toléré. Sa détermination à lutter contre la corruption et sa ligne éditoriale qui prônait la tolérance ébranlaient les fondements même du régime. Tous les tenants du parti unique et de la pensée unique se sont ligués pour faire disparaitre Réalités. En vain- et ce grâce à la détermination et au sacrifice de toute l’équipe à laquelle je rends hommage. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette période de manière explicite.

Sous le régime de Ben Ali, la donne a changé – le paysage médiatique a bénéficié d’une relative liberté de la presse pendant les premières années – Réalités a tiré profit jusqu’au jour de la publication d’un article prémonitoire de notre éditorialiste Hichem Djait. «Points d’ombre»en décembre 1988 que nous republions pour vous dans cette édition – et qui a entraîné la saisie de notre journal des kiosques et un procès à l’encontre de notre journal et de l’auteur de l’article. C’était le premier signal de la dérive sécuritaire du régime.
Depuis cette date, les libertés dans le pays régressèrent et nous avons dû nous adapter pour pouvoir continuer et préserver notre entreprise et les 50 emplois qu’elle génère. Des coups, nous en avons reçus de la part de personnes qui ont conduit l’information tunisienne et, d’ailleurs, tout le pays à la dérive.

A maintes reprises, ces personnes ont tout essayé pour faire disparaître Réalités notamment en 1992 quand on a traité de l’affaire «Moncef Ben Ali» ou en 2002 avec la publication d’une enquête sur les prisons par notre journaliste Hédi Yahmed. Cette fois, en plus de la détermination de l’équipe, la notoriété internationale acquise par Réalités les a empêchés d’accomplir leur forfaiture. Réalités a certes laissé des plumes mais Réalités est restée toujours debout jusqu’à la libération du pays du joug de la dictature.
En cette semaine de célébration du 3 mai, jour de la liberté de la presse, je voudrais vous rappeler quelques unes de nos prises de position à travers quelques éditos que j’ai signés et publiés sur nos colonnes ces dernières années.

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“ Le problème de l’information est encore une fois posé. Partant de plusieurs constats : le nombre d’exemplaires vendus chaque jour est en chute libre : il est descendu de 370000 il y a dix ans à 130.000 actuellement. Une information qui a beaucoup perdu en crédibilité. Pour la télévision, un sondage sérieux et indépendant le prouverait : les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à zapper à la recherche des programmes intéressants et, ce qui est plus grave, d’informations et de débats sur leur propre pays ce qui augmente les risques de manipulation et de désinformation. Des journaux d’opinion, si rares qu’ils sont devenus l’exception, n’arrivent à survivre qu’au prix d’énormes sacrifices …Nous nous arrêterons là pour ne pas trop noircir le tableau…

Les journalistes doivent faire preuve de courage, se libérer de tout ce qui entrave leur sens de critique. Les directeurs de journaux ne doivent pas oublier leur vocation essentielle, qui est de veiller à la promotion de leurs entreprises afin qu’elles soient un cadre d’expression libre et objective et à offrir aux journalistes les moyens d’accomplir leur mission, et ne pas avoir leur intérêt focalisé uniquement sur les considérations de profit.
Les pouvoirs publics ainsi que les partis de l’opposition doivent faire preuve de tolérance , accepter qu’on critique leur action et leurs programmes et ne pas se considérer comme intouchables du fait de la mission dont ils ont été chargés ou de leur statut d’opposants.
Le droit à l’erreur doit être reconnu aux journalistes dans un cadre qui unit toutes les parties. Il n’y a pas de sujets tabous. Sauf ceux qui relèvent de la diffamation et de la sécurité nationale’’. (Réalités N° 751 du 11 au 17 /5 /2000)

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“A notre point de vue, et au risque de nous répéter, la lenteur de l’évolution de la presse nationale est due à plusieurs raisons dont trois nous paraissent essentielles.
La première est relative à la conception que se font de la liberté de la presse de nombreux décideurs, non seulement politiques mais aussi parmi ceux qui ont en charge des entreprises économiques. Leurs attitudes s’apparentent beaucoup plus à une culture de parti unique qui bannit toute critique ou qui, dans les meilleurs des cas, l’assimile à une attaque personnelle dirigée contre eux alors que le but est tout autre.
Nous devons tous hâter la fin de cette culture que l’on retrouve parfois même chez ceux qui appellent pourtant à la liberté de la presse

La deuxième raison concerne les journalistes eux-mêmes qui sont conduits, par les effets cumulés de longues années de la culture unanimiste du parti unique, à certaines formes d’autocensure et de blocages qui inhibent en eux tout esprit critique ou seulement indépendant
La troisième raison est relative aux conditions et aux critères selon lesquels les journaux reçoivent la publicité qui leur permet, dans une large proportion, d’équilibrer leurs budgets et de survivre. Ces critères doivent être révisés vers plus de justice et une meilleure répartition de la publicité publique ; (Réalités N° 854 du 9 au 15 /5/2002).

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“D’autres réformes doivent être entreprises, certaines concernent la radio et la télévision nationales qui demeurent les médias qui ont la plus large audience et le plus grand pouvoir médiatique, mais qui font l’objet de nombreuses critiques de la part des citoyens qui touchent tant la forme que le contenu de leur production.
L’une de ces réformes à envisager et qui aura sans doute, un effet positif, est l’institution d’un conseil des programmes qui sera formé de représentants des partis politiques, des professionnels (journalistes, réalisateurs…) et de la société civile et qui aura à veiller à la qualité de la production qui sera ainsi plus en phase avec ce qu’attendent les Tunisiens et en conformité avec l’exigence démocratique pluraliste’’ ( Réalités N°1114 du 3 au 9/5/2007).

Les éditos, repris aujourd’hui, ne sont pas évidemment les seuls articles consacrés à la défense des libertés par notre journal. Nous avons toujours publié des dossiers pour soutenir la liberté de la presse les 3 mai et à chaque fois que l’opportunité se présentait.
06/05/2011 | 1
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