Ce que l’on pouvait craindre ou plutôt ce à quoi on pouvait s’attendre va probablement avoir lieu. Les consultations, tractations, négociations - les qualificatifs ne manquent pas – engagées par Habib Jamli, le candidat désigné par Ennahdha pour former le prochain gouvernement, ne connaîtront pas leur épilogue avant la limite fixée par la Constitution. Le scénario était prévisible. Il était d’ailleurs le plus logique et le plus pertinent de tous les scénarios possibles.
La mosaïque parlementaire qu’a engendrée le scrutin législatif d’octobre 2019 ne pouvait que mettre en évidence un tel scénario : un gouvernement introuvable en raison d’une majorité parlementaire introuvable. Les tentatives de dégager des dénominateurs communs dans les programmes des différents partis représentés au Parlement, comme celle de l’économiste Abdelkader Boudriga ou encore du Think Tank Solidar, n’ont pas changé la donne. Leur démarche était objective, cela ne fait aucun doute. Sauf qu’elle a péché par la mise à l’écart d’un critère fondamental : le substrat idéologique et l’esprit qui a guidé l’élaboration de chaque programme des partis.
Maintenant, le fait est là. M. Jamli est dans l’incapacité de réaliser la première de ses missions : former un gouvernement. Réussira-t-il à inverser cette tendance, si on l’autorise à jouer les prolongations, comme la Constitution le lui permet ? Rien n’est moins sûr, même si un coup de théâtre est toujours possible. Le pays en a bien connu depuis 2011, à commencer par la constitution de la fameuse Troïka.
En tout cas, l’impasse politique dans laquelle est actuellement plongée la Tunisie consacre l’échec patent d’Ennahdha et de son président Rached Ghannouchi à pouvoir se maintenir durablement au pouvoir. Le choix stratégique du mouvement islamiste d’émietter le champ politique afin d’asseoir son pouvoir et de prolonger son règne semble s’être retourné contre lui, comme l’effet boomerang.
Evitons les nuances et autres faux-semblant sur l’indépendance dont jouirait Habib Jamli pour constituer un gouvernement. A preuve, le candidat à la présidence du gouvernement en est encore à ses conciliabules que Rached Ghannouchi a décidé de siffler, non pas la fin de la partie mais la mi-temps, signifiant ainsi l’échec de son candidat à trouver des partenaires crédibles qui lui permettent de constituer une majorité parlementaire et diriger le pays.
Indubitablement, l’échec de son candidat signe également le propre échec de Rached Ghannouchi. Un échec qui, s’il venait à se réitérer dans un mois, risque de faire imploser le parti islamiste. A tout le moins d’en ébranler les murs, ouvrant plus large les fissures provoquées par les propos ouvertement critiques de certains caciques du mouvement ou les fracassantes démissions des instances dirigeantes du parti de certains de ses plus fidèles lieutenants.
Le président d’Ennahdha a tout à craindre d’un second échec de Habib Jamli qui rendrait inéluctable l’organisation de nouvelles élections parlementaires dont l’issue serait encore plus incertaine pour le mouvement islamiste. L’occasion serait trop belle pour certains partis de siphonner davantage l’électorat d’Ennahdha réduisant en conséquence sa représentation au sein du Parlement. L’occasion serait également trop belle pour le président de la République, Kaïs Saïed qui, pour le moment, constate comme tout le monde les insurmontables difficultés du candidat désigné à la présidence du gouvernement, mais qui, en même temps, manœuvre en sous-main pour la création d’un parti acquis à sa cause, prêt à se lancer dans la prochaine bataille électorale. « Nous avons esquissé les contours d’une solution qui pourrait permettre de rectifier le tir » indiquait en substance Ridha Mekki « Lénine », un des mentors de Kaïs Saïed, dans une interview accordée à la chaîne Attessia Tv. Les propos prêtés à des proches du président de la République selon lesquels il n’a nullement l’intention de créer son propre parti ni de recourir à une dissolution du Parlement, ne constituent qu’un contre-feu afin de rassurer tous ceux qui pourraient en subir négativement les conséquences.
Cette perspective tant redoutée par le Cheikh signerait-elle le début de la fin de l’ère Ennahdha? Ce qui est sûr, c’est qu’elle mettra fin au mandat de Rached Ghannouchi à la tête de l’ARP, ne lui permettant d’être « le président de tous les Tunisiens » que l’espace de quelques semaines. Là, l’échec serait cuisant.
Commentaires (7)
CommenterUn bon conseil...
Psychologiquement et politiquement, le prochain chef du gouvernement doit étre.......
Ghannouchi a voulu jouer au diable
LA PRESENCE DE GHANNOUCHI EST UN DANGER
La présence de ce dernier à la tête du parlement est un danger. D'ailleurs, les grandes puissances s'inquiètent de plus en plus et aimeraient le voir remplacé par un nationaliste moderniste
S'allier avec les islamistes, C'est Mourir ..
Exemple : Nida Tounes, Ettakotel, le cpr , bientôt sera le tour des partis Qalb Tounes et Elkarama
Marieuse
Mais "mademoiselle" nahdha est tellement moche et méchante que HJ reste bredouille après un mois de recherche, incapable de filer cette horreur à un homme sage et sensé.
Finira-t-il par lui trouver un abruti en chaleur qui prendrait cette guenon pour une miss monde ? Il reste optimiste car il sait que grâce à dieu, les abrutis ne manquent pas dans ce pays !
le president
il a les tayarristes et les "escrocs tounes" ,plus quelques indépendants !
Et évidemment les opportunistes qui sont légions ,dans tous les partis !!
Si Nahdha et Kalb Tounes n'arrivent pas a se coaliser ,vous pouvez dire adieu a la Tunisie !
Jamli ou un autre doit pouvoir former un gouvernement ,sans que KS ne puisse le rejeter !
Pas simple hein ?