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Chroniques
Le champignon Hizb Ettahrir
07/09/2016 | 15:59
3 min

 

Pour reprendre l’expression de mon éminent confrère, Sofiene Ben Hamida, qui avait parlé de Slim Riahi en la qualifiant « d’émanation de la révolution », je dirais que Hiza Ettahrir est aussi une émanation de cette révolution.

 

Soyons clairs, Hizb Ettahrir a tout à fait le droit d’exister et d’exprimer ses idées pacifiquement. C’est un principe sur lequel aucun retour ne devrait être possible. Le fait que le gouvernement passe la patate à la justice militaire n’est qu’un énième égarement dans la gestion du dossier de ce parti.

 

Mais il faut quand même se rendre compte d’une chose, l’existence de Hizb Ettahrir est quand même très pratique pour le gouvernement. La corruption gangrène le pays à tous les niveaux ? On envoie la police arracher les affiches de Hizb Ettahrir. Nos soldats continuent, encore aujourd’hui, à mourir dans les montagnes ? On balance le dossier de ce parti à la justice militaire. Le changement de gouvernement se révèle être une vaste fumisterie ? On filme deux phrases sur ce parti dites par le président de la République. Il est quand même étrange qu’un groupuscule aussi insignifiant que Hizb Ettahrir concentre sur lui une telle attention de la part des plus hautes autorités de l’Etat.

 

Il semble pourtant que nous avons d’autres problèmes, bien plus importants à régler. On pourrait par exemple s’atteler à régler définitivement le problème de Ben Guerdène et des zones frontalières pour éviter qu’il y ait des émeutes à chaque intervention de l’armée. On pourrait éventuellement lancer différents audits sur le recrutement dans la fonction publique par exemple, les marchés publics passés, définir de manière définitive les responsabilités de chaque gouvernement…

 

Au lieu de ça, on a du Hizb Ettahrir à toutes les sauces pour un parti qui pourrait, lors des grands jours, rassembler une centaine de personnes. Bien sûr, les soutiens de ce gouvernement, et ils sont nombreux aujourd’hui, voudront clouer ce parti au pilori pour pouvoir dire que finalement, c’est Youssef Chahed qui l’a fait. Il nous aura débarrassé de cette menace imminente qui planait sur notre sécurité. Seulement c’est faux.

 

Hizb Ettahrir avait été accusé par Habib Essid d’avoir encouragé et pris part à des actes de vandalisme et de rébellion à Kerkennah. Mais il n’y a toujours rien, aujourd’hui, sur cette affaire. L’implication de Hizb Ettahrir (Habib Essid avait également évoqué le Front populaire) n’est pas prouvée. Encore faut-il pouvoir la prouver, puisque Kerkennah est en passe de devenir une zone de non-droit où les policiers ne peuvent plus pénétrer.

 

Puisque nos autorités sont incapables de prouver une quelconque implication, cela voudra dire que Hizb Ettahrir n’a pas contrevenu à la loi. Ce parti islamiste ne mérite pas toute cette attention.

 

On sortira à ce moment là l’argument judiciaire selon lequel une affaire en justice doit être traitée de toute manière et qu’il faut trouver une conclusion. Cela est bien beau sur le papier, mais en vérité, cet argument ne tient pas la route. Sait-on qui est le candidat à la présidence de la République qui avait reçu de l’argent de puissances étrangères d’après le rapport de la cour des comptes ? Non. Connait-on la conclusion de l’affaire de l’élu usurpateur qui s’était invité à la toute première séance de l’ARP ? Non. Sait-on qui a commandité facilité et exécuté les meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ? Non plus. Un seul article ne serait pas suffisant pour faire l’inventaire de toutes ces affaires pendantes devant la justice et qui n’ont pas encore été résolues. Donc, cet empressement dans le dossier Hizb Ettahrir est étrange.

 

Le risque avec ce genre de méthodes est la radicalisation. Lorsque le gouvernement s’acharne sur une formation telle que Hizb Ettahrir, il créera de la sympathie pour le parti et poussera ses membres à la confrontation. Hizb Ettahrir risque d’être la victime du gouvernement et verrait ainsi ses thèses farfelues sur une guerre contre l’islam confirmées par les faits. Mais ça, on ne s’en rendra compte que trop tard, comme d’habitude…

07/09/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (29)

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El GHOUL
| 17-09-2016 16:07
Je pense que l'un n'empêche pas l'autre. Le gouvernement doit faire la lumière sur les dossiers d'assassins des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, les dossiers de corruption mais aussi passer devant la justice la personne qui a proféré des menaces aux tunisiens qui n'épousent ses idées rétrogrades.

Nadou
| 12-09-2016 17:46
Il est juste d'énumérer les vrais problèmes de la Tunisie auxquels aucun des gouvernements, qui se sont suivi depuis 5 ans, ne s'est attaqué vraiment, par calculs politiques, affairisme, amour du pouvoir, intérêt personnel sinon par faiblesse. Mais doit-on pour autant tolérer ce parti et minimiser sa nocivité, aussi peu représentatif ou insignifiant soit-il, dont les objectifs ne diffèrent en rien de ceux de l'Etat islamique ( même si on peut en rire). D'ailleurs, tous ces gouvernements ont été justement maladroits dans leur traitement de ce parti anti-constitutionnel alors que la justice a les arguments juridiques nécessaires et suffisants dans cette même constitution pour mettre fin à ses activités. Au lieu de quoi ils ne font qu'amplifier la polémique et donner plus d'importance qu'il ne ce doit à cette question pas prioritaire par rappor aux problèmes non résolus , sinon aggravés, auxquels est confronté le pays et aux défis qu'il doit relever.

America
| 12-09-2016 13:58
Mr le journaliste, je crois que vous vous trempez de site.Ta place est a babnet.net et non a busnessnews.Je n'aimerais plus te lire sur ce site...

ZOHRA
| 12-09-2016 10:20
Fawzia Zouari, écrivaine et journaliste tunisienne, docteur en littérature française et comparée de la Sorbonne.

a publié dans « Jeune Afrique » cet article:

« Il y a des jours où je regrette d'être née arabe. » Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d'Allah et où je m'endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques.

Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes; où des cheikhs manchots et aveugles s'arrogent le droit d'émettre des fatwas parce qu'ils sont pleins comme des outres de haine et de sang; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu'on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l'âge de 9 ans.

Et puis ces jours où j'entends des mamans chrétiennes confier en sanglotant que leur progéniture convertie à l'islam refuse de les toucher sous prétexte qu'elles sont impures.

Quand j'entends pleurer ce père musulman parce qu'il ne sait pas pourquoi son garçon est allé se faire tuer en Syrie. À l'heure où celui-ci parade dans les faubourgs d'Alep, kalachnikov en bandoulière, en attendant de se repaître d'une gamine venue de la banlieue de Tunis ou de Londres, à qui l'on a fait croire que le viol est un laissez-passer pour le paradis.

Ces jours où je vois les Bill Gates dépenser leur argent pour les petits Africains et les François Pinault pour les artistes de leur continent, tandis que les cheikhs du Golfe dilapident leur fortune dans les casinos et les maisons de charme et qu'il ne vient pas à l'idée des nababs du Maghreb de penser au chômeur qui crève la faim, au poète qui vit en clandestin, à l'artiste qui n'a pas de quoi s'acheter un pinceau.

Et tous ces croyants qui se prennent pour les inventeurs de la poudre alors qu'ils ne savent pas nouer une cravate, et je ne parle pas de leur incapacité à fabriquer une tablette ou une voiture.
Les mêmes qui dénombrent les miracles de la science dans le Coran et sont dénués du plus petit savoir capable de faire reculer les maladies.

Non ! L'Occident, ces prêcheurs pleins d'arrogance le vomissent, bien qu'ils ne puissent se passer de ses portables, de ses médicaments, de ses progrès en tous genres.
Et la cacophonie de ces « révolutions » qui tombent entre des mains obscurantistes comme le fruit de l'arbre.
Ces islamistes qui parlent de démocratie et n'en croient pas un mot, qui clament le respect des femmes et les traitent en esclaves. Et ces gourdes qui se voilent et se courbent au lieu de flairer le piège, qui revendiquent le statut de coépouse, de complémentaire, de moins que rien !

Et ces « niqabées » qui, en Europe, prennent un malin plaisir à choquer le bon Gaulois ou le bon Belge comme si c'était une prouesse de sortir en scaphandrier ! Comme si c'était une manière de grandir l'islam que de le présenter dans ses atours les plus rétrogrades.

Ces jours, enfin, où je cherche le salut et ne le trouve nulle part, même pas auprès d'une élite intellectuelle arabe qui sévit sur les antennes et ignore le terrain, qui vitupère le jour et finit dans les bars la nuit, qui parle principes et se vend pour une poignée de dollars, qui fait du bruit et qui ne sert à rien !

Voilà, c'était mon quart d'heure de colère contre les miens... Souhaitons que l'Occident ouvre les yeux....
Fawzia Zouari.

La parole d'une femme Tunisienne. Vivaaaa!"

Gg
| 11-09-2016 11:24
... a été apportée par Gabès dans un autre sujet, par ces liens, je cite:

L'ayatollah Marzouki au secours de Hizb Ettahrir
http://kapitalis.com/tunisie/2016/09/08/islamisme-radical-layatollah-marzouki-au-secours-hizb-ettahrir/

Jebali à Chahed: Pas touche aux bénéficiaires de l'amnistie générale!
http://kapitalis.com/tunisie/2016/09/05/jebali-a-chahed-pas-touche-aux-beneficiaires-de-lamnistie-generale/

Abel Chater
| 10-09-2016 20:41
Réponse à @EL OUAFI (le vrai)
Mon frère, comment vas-tu. Je lis toujours tes commentaires. J'essaie de temps en temps de commenter là où les hyènes et les chacals humains se réunissent contre mes frères les Arabes et les Musulmans. Mais peu, vu l'actuel manque de temps.
Je te souhaite un bon et heureux Aïd El-Idha al-moubarak, à toi, à toute ta famille, à tous les Tunisiens arabes et musulmans et à tout le staff de BN.

EL OUAFI
| 10-09-2016 15:27
Bonjour,vous Navez pas répondu à mes questions,ou partiellement !j'aurai aimé que vous preniez votre temps, et répondez pavé par pavé, ce n'est nullement un ordre jeune homme ! En voici une dernière, habitez-vous à l'étranger et quel pays ?
Répondez svp franchement, on aura peut être plus de sujets a discuter un chaa Allah,permettez moi de vous souhaiter un joyeux Aïd et tout votre entourage, à bientôt
PS si Mon éminence grise Abel Chater parcours ces lignes prière l'ami faites moi signe svp merci.(Manai)

RODIN
| 10-09-2016 14:59
Mon cher manaï,je n'arrive pas à m'expliquer ,moi-même,pourquoi je ressens envers vous une forme d'affection et même de tendresse.Cependant je ne peux m'empêcher de vous taquiner,sans méchanceté ni arrière-pensée!Et pour répondre à vos questions:pour me comprendre il faut savoir lire entre les lignes !
ps:j'ai de l'estime pour M.Achouri car il n'est ni un mouton de Panurge,ni un adepte de la pensée dominante(qui ne l'est pas en réalité)!
Cordialement,mon cher Manaï

Bechir Toukabri
| 10-09-2016 12:42
Le masque est tombé: Cette opinion est l'exemple flagrant ou peut mener la liberté et la démocratie. Et vous avez raison de défendre l'existence de ce parti.Le pire est que cette vérité se cache derrière la liberté d'expression?

EL OUAFI
| 09-09-2016 23:08
Jeune homme bonsoir tout d'abord mes remerciements de cette courtoisie, cette gentillesse.
Permettez moi s'il vous plait comment, vous avez pu garder ce(69800)que pour moi meme faisait partie du passé, du début de l'aventure avec "B N" une sacrée mémoire vous avez ! Mais je devine un petit secret que vous ne voulez pas le divulguer,ce Mr RODIN ce petit cachetier,a quelque chose dernière la tête, je vous prie de venir à l'essentiel, car votre commentaire me perturbe ! ! !plus d'éclaircissement s v p.
Mr le futur professeur que je devine ?
Mr Achouri a pris la bête par les cornes et il a osé ,osé leur dire la vérité les yeux dans les yeux,il n'a pas tremblé, le coup de pied dans la fourmilière, n'est qu'un prélude, aux futurs secousses telluriques,aux conséquences néfastes pour les présumés futurs candidats à la haute magistrature de ce pays.
Néanmoins, comme je l'avez soulevé au précédant post,le temps presse,il faut mettre les bouchées double, et nettoyer le terrain,éradiquer la mauvaise graine, sans cela rien ne se ferait dans les normes,que je vois par ceci,l'amorce vers tous les paramètres qui peuvent redonner confiance à ceux qui ont cru,à ce fameux soulèvement populaire du mémorable quatorze/un deux mil onze.
Mr le premier ministre la tâche à laquelle vous êtes confronté est ardue,balayer le mieux possible votre voie de ces grosses graines de sable qui puissent se métamorphosées en monticules,vos roulements à billes seront grippés, et l'espoir d'atteindre l'arrivée à laquelle vous vous êtes fixé comme objectif ne serait qu'un mirage dans nos steppes sahariennes.(Manai)
PS: prière Mr RODIN votre commentaire est plein de sous-entendu Expliquez-vous svp. Cordialement.