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La montagne du Chaâmbi : un tombeau à ciel ouvert
06/06/2013 | 1
min
La montagne du Chaâmbi : un tombeau à ciel ouvert
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Depuis le 29 avril, date à laquelle ont été enregistrées les premières explosions dans la zone de Chaâmbi, la situation politique et sécuritaire en Tunisie ne fait qu’imploser. Engendrant coup sur coup, attaques, incendies, explosions, les tragiques ratissages dont la victime première est l’armée tunisienne deviennent de plus en plus fréquents et de plus en plus alarmants.

Le mont Chaâmbi, point culminant de la Tunisie, s’est associé, depuis quelques mois déjà, dans les esprits, au point culminant qu’a atteint le terrorisme islamiste en Tunisie.
En effet, avec plusieurs explosions de mines et plusieurs pertes humaines dans les rangs de l’armée nationale, cette zone montagneuse est devenue le terrain de combat macabre entre forces de l’ordre et les extrémistes religieux, voire ce qui en reste.

Après des suspicions quant à des camps de terroristes implantés dans la zone montagneuse de Chaâmbi, les forces de l’ordre ont ciblé la zone à travers des opérations de ratissage qui ont confirmé, tragiquement, la présence de ces camps. Ont été trouvées sur place, des traces des terroristes en fuite dont les plus marquantes auront été les mines artisanales dont plusieurs jeunes militaires ont été victimes.

Alors que la liste des pertes et des dégâts s’allonge et alors que les décès et cas d’amputations se font de plus en plus nombreux, beaucoup s’associent à dire que les événements du Chaâmbi rentrent dans le cadre d’un complot politique ayant pour cible l’Armée nationale. Les mines du Chaâmbi ne seraient-elle donc pas un moyen d'attaquer l’Armée nationale, un des piliers sécuritaires du pays, et de la vider de ses compétences ? Telle est la question que beaucoup se posent depuis que la liste des victimes s’allonge.

Dans le cadre de ratissages effectués par l’armée, les pertes ont été désastreuses, mettant surtout dans une position à la fois délicate et dangereuse, l’armée nationale, un des derniers gages de la pérennité de l’Etat et de la survie même de la Tunisie.

Le déminage est un métier à part entière, un savoir-faire d’une précision extrême car ayant pour champ de travail un terrain des plus délicats et mettant en péril la vie et l’intégrité physique des citoyens et des forces de l’ordre.
En Tunisie et depuis la découverte des premières mines anti-personnel, certes la zone de Chaâmbi a été décrétée zone dangereuse, certes une « campagne de dépollution » y a été effectuée, mais par qui a-t-elle était faite ? Nos jeunes soldats sont-ils assez formés pour maîtriser ce genre de pratiques ou sont-ils jetés dans l’arène, sans maîtriser les moyens de luttes contre ce nouveau fléau ? L’armée tunisienne dispose-t-elle d’un matériel adéquat et efficace pour détecter les mines ou sont-elles repérées via des détecteurs « humains », après explosion ?

Jeudi 6 juin, dès la fin de la matinée, les informations sont graves : explosion de nouveau à Chaâmbi causant, dans les rangs de l’armée, deux décès et deux blessures graves (engendrant la perte des membres inférieurs). Un triste sort pour ces défenseurs de la nation donnés en pâtures à des apprentis terroristes.

Cependant, plus grave que les faits eux-mêmes, le lieu où ces faits se sont déroulés car cette fois-ci l’explosion de mines n’a pas eu lieu dans la zone militaire fermée du Chaâmbi, mais aux portes du village de Doghra, une zone urbaine avoisinante. Le ministère de la Défense a mis en garde les habitants, les appelant à la vigilance et à la prudence et les exhortant à faire part aux autorités de toute suspicion relative à la sécurité du pays.

Des citoyens et des membres des familles des militaires blessés ont fait, aujourd’hui, une marche, dans la ville de Kasserine en signe de protestation contre le péril qu’encourent désormais les civils. Ils ont voulu par cette initiative dénoncer le manque d’effectifs et de sérieux dans la gestion de ce nouveau problème qui frappe la Tunisie de plein fouet.

Le terrorisme ne toucherait donc plus l’armée uniquement, mais aussi les civils et plus particulièrement des habitants de zones démunies en proie à la pauvreté et, nouvellement, à un fléau plus dévastateur, à savoir le terrorisme.

Cela fait quelque temps déjà que les autorités tentent d’être rassurantes quant à la situation sécuritaire du pays. Aux moyens de déclarations et de communiqués, le gouvernement aura beau annoncer que la situation est sous contrôle, les faits sont là : le terrorisme et ses acteurs sont toujours sur nos terres et s’approchent, de plus en plus, de nous. Ils ont, en effet, miné, aujourd’hui un chemin près du village de Doghra qui, semble-t-il, ne l’était pas hier.

Les citoyens ne sont-ils pas entrain de payer les frais d’un laxisme sécuritaire dont les terroristes ont profité ? La Tunisie serait-elle devenue un terrain miné, au propre comme au figuré, où l’on devra avancer avec précaution sans aucune garantie de sécurité ? Nombreuses sont les interrogations et moindres sont les réponses, dans un contexte politique des plus incertains. Le terrorisme religieux semble prendre racine dans nos terres, mutiler les plus braves de cette patrie et s’approcher, de plus en plus dangereusement, des villes.

Inès OUESLATI
06/06/2013 | 1
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