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La diplomatie parallèle de Rached Ghannouchi…et des autres
27/10/2016 | 19:58
6 min
La diplomatie parallèle de Rached Ghannouchi…et des autres


Avec un régime parlementaire mixte, les Affaires étrangères tunisiennes et la sécurité sont la chasse gardée de la présidence de la République. Ceci est consacré par la Constitution de 2014. Simplement, dans les faits, les choses sont loin d’être aussi tranchées. Notamment, depuis l’avènement de la deuxième République présidée par Béji Caïd Essebsi.

 

 

On assiste souvent à des entorses, voire des piétinements, des prérogatives présidentielles en matière d’Affaires étrangères. Ces entorses ou ingérences, qu’on appelle, plus communément la diplomatie parallèle, viennent de diverses parties.

La palme revient, cependant, à Ennahdha et à son président Rached Ghannouchi. Dans presque tous ses voyages du genre, il est  accompagné de sa garde rapprochée, plus particulièrement, de l’ancien ministre des Affaires étrangères et gendre, Rafik Abdessalem. On citera, dans cet ordre d’idées, de nombreuses rencontres et autres entretiens tenus avec des personnalités officielles de haut rang exerçant dans des pays frères et amis.

Le 2 février 2016, Rached Ghannouchi, s’est rendu dans la capitale turque, Ankara, pour rencontrer le premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu. Le leader d’Ennahdha a félicité le Premier ministre pour la victoire de son parti lors des élections législatives au cours d’une réunion qui a porté  sur les développements actuels dans la région. Ghannouchi a profité de l’occasion pour exprimer ses remerciements face à « l’engagement de la Turquie à soutenir la Tunisie », appelant l’Etat turc à « encourager les hommes d’affaires à investir dans le pays ».

 

Le 13 mars de cette même année, le leader du parti islamiste s'est entretenu, à Alger, avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika, avant de se rendre au Qatar où il a eu des rencontres avec les hauts dirigeants de cette monarchie. On notera que le président d’Ennahdha a présenté un compte-rendu de ces deux visites au chef du gouvernement à l’époque, Habib Essid.

En procédant de la sorte, cela veut-il dire que les visites de Rached Ghannouchi étaient commanditées ou, du moins, autorisées par le pouvoir en place ? Ou bien s’agissait-il d’une simple initiative personnelle ?

 

 

 

Le 20 août 2016, encore, Rached Ghannouchi a reçu une délégation des notables de la tribu libyenne « El Abidet » en présence de Rafik Abdessalem et de Ridha Boukadi, ancien ambassadeur nahdhaoui  de la Tunisie auprès de Tripoli. Cette rencontre a permis, selon un communiqué du parti islamiste tunisien, « d’échanger les points de vue à propos des situations en Libye, ainsi que les moyens susceptibles d’y instaurer la paix et l’union nationale entre les différentes composantes du peuple libyen »

 

Autre visite étrangère de Rached Ghannouchi. Il a eu, selon un communiqué du parti Ennahdha en date du 23 juillet 2016, une rencontre avec le secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires étrangères des Etats-Unis, Tony Blinken, à la résidence de l'ambassadeur US, et ce dans le cadre de sa visite dans les pays du Maghreb arabe incluant la Tunisie.

Un mois plus tôt, plus précisément le 22 juin 2016, c’est au Quai d’Orsay à Paris que Rached Ghannouchi et la délégation qui l’accompagne ont rencontré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, ainsi que des responsables de la relation avec le monde arabe.

« Cette rencontre a porté sur l’expérience tunisienne en matière de transition démocratique et des défis qui ont émergé suite au soulèvement du 14-Janvier. Il a été aussi question des relations franco-tunisiennes et de la situation dans la région », lit-on dans un communiqué publié après cette visite.

 

Et durant le mois d’octobre en cours, Rached Ghannouchi a tenu des rencontres avec des officiels italiens lors de sa visite à Rome avant de se rendre à Doha, mardi 25 octobre 2016, pour présenter ses condoléances à l’Emir de l’Etat du Qatar suite au décès de son père, Cheikh Khalifa Ben Hamad Al Thani.

 

 

Si Rached Ghannouchi semble faire de la « diplomatie parallèle » l’une de ses principales activités, il est important de souligner qu’il n’est cependant pas le seul. Le dirigeant à Nidaa Tounes et fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi, s’est rendu dès le mois d’août 2015 à Ankara où il avait été reçu par le président turc, Recep Tayyip Erdogan et par d’autres officiels. Un mois plus tôt, le même HCE était reçu à Madrid par le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères espagnol comme le montrent plusieurs photos publiées par les services de communication de Caïd Essebsi fils.

 

 

 

D’autre part, et pas plus tard qu’hier, mercredi 26 octobre, Mohsen Marzouk, secrétaire général du Mouvement du projet de Tunisie(MPT), s’est rendu à Paris où il a eu des rencontres avec le ministre français des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Jean-Marc Ayrault, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, ainsi que le président du groupe « Les Républicains » à l'Assemblée nationale française, Christian Jacob.

Ces entretiens ont eu pour ordre du jour le « renforcement des relations bilatérales entre les deux pays, le parachèvement de la transition démocratique en Tunisie ainsi que des discussions autour de la conférence internationale sur l’investissement qui aura lieu les 29 et 30 novembre 2016 et les meilleurs moyens de la faire réussir… ».

 

A tout cela, on peut ajouter les tractations entreprises, de temps à autre, par l’homme d’affaires controversé, Chafik Jerraya, avec certaines parties libyennes, plus particulièrement, la faction dirigée par Abdelhakim Belhaj. Ce dernier est considéré par certains comme étant un extrémiste et impliqué, par le passé, dans des actions terroristes, notamment du temps où il était en Afghanistan.

Une telle immixtion de la part de Chafik Jerraya a été reconnue par l’intéressé lors de sa toute dernière interview de dimanche dernier dans laquelle il a confirmé qu’il est en train de jouer un rôle de médiateur entre les différentes sensibilités libyennes et qu’il privilégie la piste d’Abdelhakim Belhaj, ami personnel à lui, tout en reprochant au gouvernement tunisien de l’ignorer.

 

 

Comme on le constate, les ingérences ne manquent pas, notamment de la part du chef du mouvement Ennahdha. Elles sont présentées comme étant des actions « ordinaires » et même bénéficiant de la bénédiction des autorités officielles. D’autre part, si les initiatives prises par les hommes politiques peuvent être, à la limite, compréhensibles, il n’en est pas de même pour celles menées par l’homme d’affaires en question.

 

A moins que le « parallèle » ne soit devenu un fait accompli dans bon nombre de domaines comme il est admis, notamment, dans le commerce et la police. Surtout, si l’on constate un mutisme étonnant de la part du premier responsable, voire l’unique, de la politique étrangère. En l’occurrence, le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi.

 

Sarra HLAOUI

27/10/2016 | 19:58
6 min
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Commentaires (31)

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Ecolo
| 28-01-2017 22:57
Il y a eu un comunique cetera semaine pour remettre les pendules à l'heure

Canalou
| 29-10-2016 19:44
Depuis l independance nous n arrivons pas a raisonner les ikhouanes qui se considerent comme ennemis de la republique.ce nouveau visage n est qu une tactique empreintee aux democrates pour se donner le temps d asphexier l etat de l interieur en detruisant l economie et en radicalisant le maximum de la population .
.

Tunisienne
| 29-10-2016 13:07
Ne comparons pas l'incomparable !

Il n'y a rien d'extraordinaire dans le fait que des représentants du MPT aillent rencontrer À L'OCCASION des officiels français ! Ça se fait dans tous les partis et un peu partout dans le monde.

Rien à voir avec l'hyperactivité frénétique de RG qui met un point d'honneur à rencontrer tous ceux que BCE reçoit et qui se démène pour être reçu par le maximum d'officiels de très haut niveau dans le monde (sans oublier bien-sûr ses visites de courtoisie récurrentes à ses amis et soutiens islamistes !).

Quant au «cas» (dans tous les sens du terme !) Chafik Jarraya, il ne devrait même pas être évoqué ici ! D'autant plus que ses gesticulations ont lieu (et ne peuvent avoir lieu) que dans un non-État !

Lilia
| 29-10-2016 06:52
Je ne comprends pas comment la PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE ne tire pas les oreilles à l'ambassade d'Italie en Tunisie, qu'à travers son ambassadeur a organisé la visite officielle au sénat italien d'un type comme ghannouchi, responsable de beaucoup de crimes assez graves! Comment peut on permettre à cet ambassadeur de recevoir ces islamistes dans sa résidence et permettre au gouvernement italien de leur dérouler un tapis rouge oui, mais rouge de sang et de lui conférer des prix!!! L'Italie et la Presidence de la republique italienne doivent nous répondre, car là, il s'agit de trahison vers la Republique tunisienne!

Nahor
| 28-10-2016 22:22
Chers lecteurs de Business News, respectable Rédaction,

je partage les sentiments et le vues exprimées ici par plusieurs intervenants, en particulier je partage l'avis de Hatem Chaieb et le remercie de nous informer en détail.

Je le cite : "Ghannouchi veut faire de la Tunisie la plateforme du RENOUVEAU des Frères Musulmans ... Ghannouchi et son MVT en-Nahdha ne se séparerons JAMAIS de la DEVISE « L'islam est un système global (shamil)... Il englobe tous les phénomènes, aspects de la vie du musulman » ... Quand on aura compris cela ... Gahnnouchi joue un double jeux"

TOUT A FAIT, mais pas seulement Ghannouchi oeuvre à cela, aussi des cerveaux pourris à l'intérieur de la CIA de John BRENNAN et Obama (sans dire qu'Hillary Clinton continuera sans aucun doute cet travail de démolition du monde arabe), étant le directeur de la CIA BRENNAN lui même un converti islamiste, tout un lobby qui soutient évidemment Kheridji Ghannouchi dans sa politique éversive de transformation de la Tunisie en République ISLAMIQUE de type khomeiniste.

Je dois vous informer qu'à propos de sa visite en Italie un exposé détaillé avec de âpres remontrances a été envoyé par un influent Italien résident en Tunisie à la Commission des Affaires Etrangères de l'Italie, pour avoir accepté un tel hypocrite sans charge ministérielle et co-responsable direct et indirect du désastre sécuritaire tuniso-libyen ainsi que du créneau criminel de trafic d'armes, de drogues, de djihadistes et de clandestins en Tripolitaine, avec des différentes destinations, inclus naturellement les ENLEVEMENTS d'Italiens, (entre autres...) qui par les rançons demandés le ressourcent directement en devise.

La danger criminel d'un tel réseau est énorme sur la sécurité en aire méditerranéenne, de plus il est géré par des Tunisiens soi-disants "hommes d'affaires", proches de la Confrérie et de Rached Ghannouchi, un islamiste qui a changé son vrai nom Kheridji pour la seule raison de cacher ses origines kharidjites et servir l'idéologie khomeiniste de l'éversion et de la violence, depuis au moins 1981, an du "premier taghout" selon sa terminologie ordurière qui a diffusée auprès de Da'êch, sous-traitance directe de la Confrérie criminelle.

L'exposé dont je parle (dont je possède une copie en langue italienne) ne peut pas être diffusé à ce moment car des enquêtes doivent être conduites sereinement.

N.G.M. -activiste des Droits Humains

Canalou
| 28-10-2016 20:29
Les chefs de partis n ont pas compris ce que veut l electeur .en 2011,l electeur etait perdu et la nakba en a profite en se presentant en victime et en sauveur digne de confiance avec des mensonges .en 2014l electeur a compris que son histoire est importante et a choisi bce qui a su le tranquiliser et proteger ses acquis depuis l independance et la reconnaissance de sa lutte pour la dignite a travers le mouvement national et ses leaders .une partie destunisien s est retrouve dans un modele qui lui ressemble apres le choc de la troika .donc les politiques doivent comprendre que le tunisien est en majorite partisant de l etat progressiste et respectueux de ses leaders et reconnaissant .les democrates doivent se rassembler autour d un projet progressiste et non autour de leur nombril personnel . L histoire retiendra que le peuple tunisien est plus intelligent que ses dirigeants .

pseudo
| 28-10-2016 20:16
Mourou visiblement sera un candidat de Nahda;il obeira au doigt et à l ''il et ses sponsors etrangers pensent qu'ils vont nous faire avaler cette nieme couleuvre;ili yhssib hisba tofdholou

N.Burma
| 28-10-2016 18:56
La Révolution française de 1789 a conduit 42000 personnes à la guillotine, en place publique, sous les cris des foules. Est-ce que la Tunisie de 2016 est à même de réaliser un score comparable et proportionnel pour purger, purifier, l'élan révolutionnaire dont elle se croit porteuse ?
La révolution culturelle en Tunisie est très mal partie pour faire respecter les libertés individuelles et les libertés publiques, pour donner force à la loi juste et équitable, pour créer une justice applicable à tous et à toutes avec la même fermeté et humanité à la fois.
Il se dit que pour qualifier un pays de civilisé ou de barbare, il faut y visiter ses prisons et les conditions de détention appliquées aux détenus. Je doute que l'institution des Nobel aient fait le moindre tour dans les prisons tunisiennes pour avoir une simple idée de l'absence totale de dignité.

Canalou
| 28-10-2016 18:21
La revolution francaise a resolu un grand probleme celui de la separation entre l eglise et de l etat civile .ensuite on peut parler de democratie .imaginez un bouchleka compagnon et gendre du predicateur ghannouchi comme calife en tunisie independante depuis 56 grace aux resistants qui ont aboli la plus feroce des khilafats otthomane depuis 5 siecles .imaginez un calife marie a la fille de ghannouchi qui a insulte les tunisiens gratuitement . C est le cauchemar .nous sommes a un carrefour dangereux . C est le modele propose par les ikhouanes ghannouchi et mourou

EL OUAFY avec Y à la fin
| 28-10-2016 17:06
Il y a pas de démocratie réelle ce n'est rien que de la métaphysique et du virtuelle mais il me semble que la Tunisie devenue une laboratoire pour faire des testes par contre le régime de la première république s'est avéré très efficace qui garantait une meilleure situation que l'actuelle je défit qui dit que l'ancien président et son équipage étaient mauvaises et c'est le système qui n'a pas échoué malgré que la dictature l'accompagnait est c'est ça le secret de sa réussite et la dictature était le barrage efficace pour certains saboteurs qui n'ont pu démolir l'Etat profond et le résultat est très visible et ce depuis le départ de Ben Ali du pays .