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L’Algérie, la ligne rouge tunisienne
27/03/2019 | 19:59
5 min
L’Algérie, la ligne rouge tunisienne


Les Algériens expriment depuis plus d’un mois leur ras-le-bol d’un système qu’ils rejettent. La candidature de Bouteflika à un cinquième mandat a été le catalyseur d’un mouvement de contestation inédit. Ces derniers jours, les choses s’accélèrent sous la pression qui se maintient. Il semblerait que le départ du président n’est désormais plus qu’une question de temps. Du côté tunisien, la prudence est de mise. Une déstabilisation du pays voisin est une réelle menace qui pèse sur la Tunisie et sur toute la région.

 

Depuis le début des contestations en Algérie au début du mois de février, les Tunisiens suivent de près les événements. Les Tunisiens sont tiraillés entre l’enthousiasme de voir les frères algériens s’exprimer librement et pacifiquement; et l’appréhension de voir se reproduire le scénario catastrophe de la Libye ou la Syrie.

Pour les autorités tunisiennes, l’Algérie est une ligne rouge. Les liens qui unissent les deux nations vont au-delà de l’aspect fraternel entre les deux peuples. C’est une histoire commune, des intérêts économiques, une coopération prolifique notamment au niveau sécuritaire et des centaines de kilomètres de frontières… Il est donc prévisible que la situation politique en Algérie suscite de vives inquiétudes du côté tunisien. Tunis observe de très près l’évolution de la situation et adopte un silence prudent en attendant l’après Bouteflika. Le risque d’un plan de déstabilisation de la région n’est pas une chimère et la Tunisie appréhende un scénario à la libyenne. Le pays se retrouverait pris en tenaille entre, à l’Est une Libye en plein chaos et à l’Ouest une Algérie qui fait face à l’inconnu.

Le risque d’un effritement du régime et de l’unité de l’armée en Algérie peut ainsi constituer une brèche pour que des puissances occidentales s’ingèrent dans les affaires du pays et instrumentalisent ses failles internes pour y instaurer le chaos.

Poids lourd dans la région, un bouleversement dans le pays voisin aura immanquablement de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité dans le Maghreb et le Sahel. Et cela les Tunisiens, en dépit de leur soutien au peuple algérien dans sa lutte pour une vie meilleure, l’ont bien compris.

 

Mardi 26 mars 2019, la Tunisie vivait à l’heure algérienne. L’appel du chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah a, le moins qu’on puisse dire, secoué la scène nationale. Pour la première fois depuis le début des contestations, l’armée s’est exprimée ouvertement pour un changement à la tête de l’Etat. Le général Gaïd Salah avait prononcé un discours historique où il a demandé à ce que soit enclenchée la procédure d’empêchement selon les dispositions de l’article 102 de la constitution. Cela voudrait-il dire que l’armée a lâché Abdelaziz Bouteflika pour se prémunir d’une déstabilisation définitive du régime ? La balle est aujourd’hui dans le camp du Conseil de la nation et du Parlement algériens qui ont la tâche de statuer sur la question. Pour les observateurs, le départ de Bouteflika est acté et il n’y a plus moyen de revenir en arrière, maintenant que l’institution militaire s’est prononcée, le reste ne devrait être qu’une simple formalité.

 

Dans les milieux politiques, on évoque un coup d’Etat constitutionnel qui permettrait au régime de se régénérer sans transformation institutionnelle profonde. Sur la forme, la destitution du président Bouteflika reste tributaire de l’approbation des deux Chambres en activant l’article 102. Le chef d’état-major de l’armée a répondu à ces accusations, assurant que l’institution militaire ne déviera pas de ses prérogatives constitutionnelles et se tiendra à l’écart des affaires politiques. Ahmed Gaïd Salah a réaffirmé dans ce sens qu’une destitution est la solution à la crise.

Mais que prévoit ce fameux article 102, objet d’inquiétudes et d’espoir ? L’article dispose que « lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement ». Le Parlement doit déclarer à la majorité des deux tiers l’empêchement et charge ainsi de l’intérim du chef de l’Etat, pour une période maximale de 45 jours, le président du Conseil de la nation, en l’occurrence Abdelkader Ben Salah. En cas d’expiration du délai, le Parlement déclare la démission du président et dans les 90 jours qui suivent, une élection présidentielle doit être organisée.

Le pays sortira-t-il pour autant de la crise ? Sachant que les revendications de la rue algérienne ne s’arrêtent pas au départ de Bouteflika, mais à une réelle transition conduite par des personnalités ne faisant pas partie du système en place.

 

Situation tendue en Algérie. Les prochains jours seront déterminants. L’inconnue algérienne interpelle au plus haut point les autorités tunisiennes et à juste titre. Les conséquences d’une déstabilisation seraient spectaculaires et se répercuteraient sur toute la région et même au-delà. La jeune démocratie tunisienne serait la première à être touchée. Dans l’éventualité où un tel scénario se produise, la Tunisie serait dans une situation géopolitique intenable et explosive…

 

Ikhlas Latif

27/03/2019 | 19:59
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Commentaires (12)

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J.trad
| 29-03-2019 18:53
Il y a plus d'une décénie un journal a publié une longue étude sur le projet d'union entre l'Algérie et la Syrie ,,qui n'a pas aboutit ,qui disons

J.trad
| 29-03-2019 18:33
Baya3toumouni wa lastou (bikhayrikom),vous m'avez choisi ,et je ne suis pas le meilleur ,////ce qui suppose que le guide d'une nation ,ne doit pas nécessairement être le meilleur ,mais il faut qu'il soit intégre, sincère ,pas opportuniste,pas escroc ,pas conspirateur ,l'amour de la patrie ,et la foi en dieu sont des garants ,l'élite peut facilement choisir ,un leader qui incarne ,ces vertu morales ,je ne vois pas pourquoi ,l'affaire du choix du monarque pose toutes ces complications ,l grande erreur ,c'est la tradition de loger les monarques dans des palais somptueux ,de les rémunérer de sommes pharamineuses ,ces séductions sont la cause des batailles ridicules , absurdes,si à la place des bonbons vous donner des cailloux aux enfants ,vous couperez cours ,aux bousculades pour les présidentielles ,ah !!!comme ils étaient nobles d'âme et d'esprit ,ceux qui refusaient la tâche de 9âdhi,parcequ'ils craignaient de faillire au devoir de la justice ,oh !!!!combien difficile ....

renardine
| 28-03-2019 21:16
Il ne se passera rien en Algérie.tous ces pays tiers mondistes sont corrompus de la tête jusqu'aux pieds que ce soit du côté des peuples ou de la classe politique et ne relèveront jamais la tête..Tous ont quelque chose à cacher ,il n'ya qu'à prendre l'exemple de la Tunisie qui se noie et se morfond .

Riad
| 28-03-2019 15:43
1/ Les Algériens sont de vrais hommes,les Algériennes de vraies femmes : Patriotes et extrêmement courageux, la lâcheté n'a jamais été la devise de ce grand peuple...
2/ Le peuple Algérien ne prendront jamais le risque de laisser l'ombre d'une place aux islamistes criminels, assassins et destructeurs de tout projet d'emancipation. Nous leur rendons justice ils extermineront les kwanjias jusqu'au dernier et ceci sans répit quitte à les exterminer
3/ les gens qui ont écrit la constitution Algérienne sont très instruits et surtout au dessus de toute formation politique ( contrairement au minus qui ont rédigé la constitution tunisienne en herbe ...)
Jamais l'Algérie ne pourra se soumettre à l'Islam politique. Ce grand peuple n'a pas la trahison du pays ni dans ses gènes ni dans sa mentalité.
Vous, grande nation,grand peuple, avez à travers l'histoire avez toujours été un exemple de nationalisme et de bravoure. Oui vous n'avez jamais été des poules mouillées, bien au contraire. Soyez prudents et méfiez vous des rats dealeurs de la religion ...

DHEJ
| 28-03-2019 12:59
Chapitre V Des devoirs

Art. 74. ' Nul n'est censé ignorer la loi.
Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la
République.

Chaoui
| 28-03-2019 11:43
Pourquoi faire compliqué ce qui est simple .
Bouteflika est un islamobaathiste qui va disparaitre du paysage politique nord africain le 28 avril .
C'est tout benef pour nos voisins tunisiens, les seuls a le regretter c'est les islamistes d'ennahda .et d'ailleurs.

zamharir
| 28-03-2019 11:06
Les Tunisiens doivent suivre avec la plus grande attention ce qui se déroule à notre frontière ouest. Il ne s'agit pas seulement de « stabilité » selon les critères diplomatiques et militaires. Les enjeux sont autrement plus graves. Selon que les forces démocrates et nationalistes triomphent ou que s'imposent les forces que l'ancien Premier ministre algérien Belaid Abdessalam --- nationaliste de la première heure et puissant ministre de l'Industrie et de l'énergie sous le président Houari Boumediene --- qualifiait de laïco-assimilationnistes, c'est l'identité arabe du Maghreb et son rêve d'unité qui seront mortellement atteints. Il apparaît de plus en plus évident en effet que le moteur de la contestation en cours, au delà de ses motifs affichées (le départ de Bouteflika), est la dissidence berbero-francophile, qui forme précisément les bataillons laïco-assimilationnistes dénoncés il y a fort longtemps déjà par Belaid Abdessalam. Leur avant-garde est constituée de binationaux franco-algériens, vivier de l'Académie berbère, vieille création coloniale, conçue pour mener la bataille culturelle contre l'arabité et l'islamité de l'Algérie et du Maghreb. Les Kabyles confrotés par les binationaux tentent depuis des années une mainmise totale sur l'Algérie et toutes ses composantes arabe, mozabite, touareg, chenoua, sanhadja etc. Leurs ambitions vont même au delà, en direction du Maroc à l'ouest et de la Tunisie à l'est, au nom d'une amazighité fantasmée, à la sauce coloniale, qui veut enjamber quinze siècles d'histoire arabo-musulmane dans ces contrées, qui resteront à jamais à l'origine d'une des plus brillantes civilisations de l'Europe en son temps : l'Andalousie. S'ils réussissent dans leur dessein, ces berbéristes imposeraient la dictature d'une minorité ethnique sur un ensemble pluriel, qui a reconnu son identité dans l'arabité et l'islam à travers un long combat nationaliste contre la colonisation des terres d'une part et le néo-colonialisme culturel de l'autre. Ce serait le triomphe du projet avorté en 1962 d'une « Algérie française » que le général de Gaulle a été contraint d'édulcorer en « Algérie algérienne » pour détourner le mouvement national en armes de son environnement géopolitique et socio-culturel arabe et musulman. Paris a beaucoup fait depuis 1962 pour saboter ce projet national en mettant le bâton dans les roues du plan d'industrialisation lancé par Houari Boumediene qui devait faire de l'Algérie une puissance industrielle au sud de la méditerranée et en entravant sa mutation culturelle. Il s'est appuyé sur les administrateurs des « promotions Lacoste », formées à la hâte dans des Centres de formation administrative (CFA) low cost, lorsqu'il est apparu au pouvoir colonial que l'indépendance est devenue inéluctable. Les Algériens doivent rester vigilants, au risque d'être dépossédés de leur souveraineté par ce néo-colonialisme revanchard, qui a encore l'indépendance de leur pays en travers de la gorge. Il ne passe pas un jour sans que les agents de la « nostalgérie » n'échafaudent des plans pour faire tourner la roue de l'histoire en sens inverse. Démocrates et progressistes tunisiens resteront à leurs côtés.

électronlibre
| 28-03-2019 10:47
L'article 102 de la constitution algérienne aurait dû être appliqué depuis plusieurs années déjà.
M Latif parle de "démocratie tunisienne": vous y croyez vraiment? Regardez les différents articles qui sont diffusés par la presse.

rz
| 28-03-2019 10:44
Un commentaire pessimiste mais je crois que ce qui va se passer ce n'est qu'une suite logique du mouvement de l'Histoire: dissolution progressive des systèmes autoritaires; cette mutation a commencé en 1989 par l'émancipation de l'Europe de l'Est et comme le monde "arabe" est toujours dans la traine ce processus n'a commencé qu'en 2011; cette émancipation a mal tourné dans la plupart des pays; chez nous sans l'Algérie le pays serait comme les autres; l'Algérie voisine de notre pays et dans la rive Sud de la méditerannée, ne suivra pas les exemples des pays échoués mais va trouver une solution intermédiaire, une mixture de l'expérience tunisienne à la fois de 1986 et 2011, surtout que la décennie noire est toujours en mémoire.

Adepte d'allah
| 28-03-2019 06:04
Même allah n'a pas besoin de votre adepte espèce d'un mounafek