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Béji Caïed Essebsi : Ennahdha est incapable de gouverner seul la Tunisie
20/09/2012 | 1
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Béji Caïed Essebsi : Ennahdha est incapable de gouverner seul la Tunisie
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Nidaa Tounes avait prévu de présenter ses structures générales, à l’échelle aussi bien nationale que régionale et de faire toute la lumière sur son programme et sa stratégie... C’était, au départ, dans cet objectif que le parti a organisé une conférence de presse, aujourd’hui jeudi 20 septembre 2012. Sauf que les événements récents ont imposé un nouvel ordre du jour qui colle plus à l’actualité.
Béji Caïd Essebsi, président de Nidaa Tounes, a prononcé un speech devant des centaines de présents dont un grand nombre de journalistes, de partisans et des militants du parti.
Nidaa Tounes, ne voulant pas passer sous silence les malheureux événements survenus vendredi dernier avec l’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, a donc axé la conférence sur ces faits, avec une analyse globale de la situation politique et sociale du pays, les horizons et les éventuels scénarios de l’après 23 octobre 2012, date théorique de la fin de la "légitimité" de l’ANC et, par voie de conséquence, du gouvernement de la Troïka.


"La patrie avant le parti", tel était le slogan avec lequel, Béji Caïed Essebsi a entamé son discours. Il a, ensuite, évoqué la fameuse étiquette qui colle au parti et ses adhérents, étant donné les accusations quant à leur éventuelle appartenance, dans le passé, au parti du RCD dissout. M. Caïd Essebsi a été très clair : "Le RCD est dissout, qu’on n’en parle plus! Par contre, ceux qui sont accusés ou soupçonnés de délits, qu’ils soient jugés et qu’on en finisse avec cette question.
D’ailleurs, je revendique qu’on établisse une liste noire des individus suspectés et qu’on épargne les autres destouriens à qui personne ne peut renier le mérite dans la constitution historique de l’Etat tunisien". "Nous refusons toute exclusion, a-t-il scandé, notre parti est ouvert à toutes les compétences nationales et à toutes les énergies positives".

Ensuite, arrivant au vif du sujet, BCE a affirmé que l’attaque perpétrée par les salafistes contre l’ambassade américaine vendredi dernier, ne visait pas les Américains, mais avait pour objectif de nuire à l’Etat Tunisien et au gouvernement actuel. Il a argué : "Ces salafistes ne croient pas en l’Etat, ne vénèrent pas notre drapeau ni nos symboles nationaux. Ce sont « nos enfants », tels que précisé par certains, oui, mais leurs agissements ne sont autres que la résultante d’une politique générale du gouvernement". M. Caïd Essebsi a affirmé que le gouvernement a, jusque-là, traité les dérapages des salafistes d’une manière molle d’où la dégradation prévisible de la situation.

Le leader de Nidaa Tounes, avec son habituelle maîtrise de l’art oratoire, a fait dans ce contexte une métaphore assez symbolique. Il a déclaré : "Quand on découvre que quelqu’un tente de dresser un tigre mais que, bien qu’averti de sa dangerosité, il s’obstine à affirmer que son animal adopté lui est toujours docile, le jour où ce tigre grandit, il dévore son maître. Tel est le cas du gouvernement avec le mouvement salafiste, ce dernier a tellement grandi et pris une telle importance qu’il échappe à son contrôle et se retourne contre le gouvernement!". Il a poursuivi en affirmant que l’objectif des salafistes n’était autre que de démontrer la faiblesse du gouvernement et par conséquent celle de l’Etat.

Evoquant les responsabilités dans les débordements de l’attaque salafiste, M. Caïd Essebsi est formel : "Certes, le ministre de l’Intérieur assume une part de responsabilité, mais il n’est pas le seul à blâmer, tout le gouvernement doit assumer ». Il a ajouté "l’arbre ne doit pas cacher la forêt!"
L’ancien Premier ministre a également rappelé la gloire et le sentiment de fierté que les Tunisiens ont ressentis à voir les membres du Congres américain applaudir la révolution en janvier 2011. Il a ajouté : "Hélas, cette belle image a été détruite et la réputation du pays, construite sur plusieurs générations, a été ternie par le vandalisme des extrémistes, car on les a laissé faire, on n’a pas été assez ferme avec eux ! ».
Sur un plan plus général, M. Caïd Essebsi est revenu sur sa politique lorsqu’il présidait le gouvernement provisoire et a rappelé qu’il avait franchi avec son gouvernement la moitié du chemin et a donné la relève à la Troïka après une passation pacifique du pouvoir grâce aux élections relativement réussies. Il a affirmé que la transition démocratique a été malheureusement bloquée à mi-chemin et que le gouvernement et l’ANC n’ont encore rien réalisé de concret. Il s’explique : « On n’a encore, ni instance pour les élections, ni date fixée des prochaines élections ni même une loi électorale ! C’est l’inconnu et nous à Nidaa Tounes nous refusons d’avancer à l’aveuglette ».

Evoquant les propositions de son parti quant aux issues possibles, notamment avec l’approche de l’échéance du 23 octobre, date sur laquelle, il y a eu accord et signature de plusieurs partis représentés à l’ANC, il a tenu à préciser ce qui suit : En premier lieu, dit-il, au-delà de cette échéance, la Troïka est finie. Et puisqu’Ennahdha est incapable de gouverner seule le pays, les forces doivent être unies pour constituer un gouvernement d’union nationale, formé de compétences, et dont les ministères de souveraineté seront attribués à des indépendants. » Il s’est exclamé : «Réveillez-vous! L’intérêt du pays doit passer avant l’intérêt partisan, alors cessez de considérer le pouvoir comme un butin et songez à un consensus élargi».
Il a précisé : « Nidaa Tounes n’est pas intéressé par le pouvoir en cette phase et ne fera pas partie du prochain gouvernement d’union nationale, mais nous apporterons toute notre aide et notre appui dès que nous sentirons qu’il ya une volonté sincère et sérieuse de sauver le pays". Il a ajouté : "Ce gouvernement doit fournir un programme audacieux, car c’est ce dont notre peuple a le plus besoin pour s’en sortir!".

Dorra Megdiche Meziou
20/09/2012 | 1
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