alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 19:25
A la Une
A quoi sert le gouvernement parallèle de Marzouki ?
25/01/2012 | 1
min
A quoi sert le gouvernement parallèle de Marzouki ?
{legende_image}

Le président provisoire de la République continue à faire parler de lui en multipliant les actions populistes et, surtout, les gaffes qui nuisent à la réputation de la Tunisie dont il dit qu’il est là, justement, pour la représenter dignement.
Ces gaffes nuisent au pays et à tous les Tunisiens. Certes, par ses sorties en burnous et ses visites aux familles des martyrs et autres prisonniers, il s’attire la sympathie d’un certain nombre de citoyens et gagne, probablement, en popularité, mais pour combien de temps ?


Sa dernière trouvaille a été l’annonce de la formation d’un vrai gouvernement parallèle en guise de cabinet présidentiel, composé de dix-sept membres dont sept ont rang de ministre ou de secrétaire d’Etat, ce qui va générer des dépenses énormes en salaires et avantages substantiels en nature (indemnités, voitures de services, bons d’essence pour l’équivalent d’une moyenne de 800 litres, frais de mission lors de futurs et inévitables voyages à l’étranger…).Sans oublier les dépenses générées par les staffs de chaque conseiller (des secrétaires, des chauffeurs, des équipements matériels) ainsi qu’une lourde machine administrative et financière nécessitant un personnel nombreux et qualifié.

Et dire que le même Marzouki n’arrête pas de parler d’austérité et de récupération de l’argent du peuple, allant jusqu’à annoncer la vente aux enchères publiques des Palais présidentiels comme s’il s’agissait de ses biens privés en vue de les utiliser pour la mise sur pieds d’un Fonds destiné à la création d’emplois, donc à la résorption du chômage.
Mais une première remarque s’impose d’elle-même à propos de ce cabinet. Il s’agit là d’un plagiat de Ben Ali à qui on reprochait, entre autres, l’existence de ce genre de gouvernement qui disposait, réellement de la prise de décision.
Or, M. Marzouki, ne dispose, en fait, que de prérogatives honorifiques. A moins qu’il ait vraiment cru qu’il était le chef d’état major de l’armée comme il le répète à satiété ! On aimerait bien que si Moncef nous parle un peu de ses « compétences » en matière de stratégie militaire !

Outre le fait, qu’il y ait ou non parmi les personnes nommées des anciens « barons » du RCD ou de très proches de Ben Ali ou encore de parents d’hommes d’affaires milliardaires au sein de ce staff, il y a des postes dont les tâches demeurent obscures.
On citera, d’abord, ce poste de conseiller principal auprès du président de la République, chargé du suivi des organismes sous tutelle de la présidence. Autrement dit, un responsable chargé de contrôler, de superviser et d’évaluer le rendement de ses collègues présidentiels !
Ensuite, pourquoi précisément, un attaché à la présidence de la République, chargé des Affaires asiatiques au département des Affaires étrangères ? Et les affaires européennes, arabes, africaines et américaines ? A moins que pour Marzouki, l’Asie se limite aux pays du Golfe et à leur tête l’Emirat de Qatar !

Une autre aberration de taille, c’est le fait d’avoir copié sur Ben Ali la volonté d’avoir une mainmise sur les affaires politiques et l’information. En effet, un ministre conseiller auprès du président de la République, chargé des Affaires politiques et un conseiller principal auprès du président de la République, chargé de l’Information seront là pour tirer les ficelles dans ces deux volets.

Pourtant, l’opposition d’avant, y compris le CPR et Marzouki, condamnait fortement le fait que l’ancien président consacrait un département (un seul et non deux) pour s’occuper de ces deux tâches. A préciser que le décret du JORT parle « d’information » et non de « communication ».
On notera que des conseillers seront là à ne rien faire, sauf avoir le titre, le prestige et le salaire avantageux, tel le cas de Samir Ben Amor, qui était tellement déçu de ne pas avoir décroché un portefeuille au sein du gouvernement de Jebali, a fini par convaincre Marzouki de lui offrir un poste de conseiller principal auprès du président de la République. Sans tâche ni attribution précises.
Il faut croire que les avantages matériels qu’il va percevoir seront, de loin, plus élevés que ce qu’il gagnait au Barreau !
Qu’en pense le gouvernement de Jebali ? Samir Dilou, porte-parole du gouvernement a renvoyé les journalistes, qui lui posaient la question à ce propos, au texte délimitant et régissant lesdites prérogatives.

Un fait est là, et le président provisoire de la République semble s’ennuyer, tout seul au vaste palais de Carthage. Les audiences et autres visites guidées, notamment pour enfants, ne suffisent pas à remplir le temps d’un président hyper-dynamique, même s’il est provisoire !
Alors, il faut qu’il s’entoure de tout un staff qui lui garantira une activité et une animation quotidiennes. Il lui permettra d’avoir l’impression d’être un « vrai » président aux « vraies et larges » prérogatives. N’est-ce pas, maintenant qu’il a des ministres, des conseillers principaux, des conseillers (tout court) et autres attachés qu’il pourra diriger et orienter à sa guise.
Comme M. Marzouki se sentira plus fort que Jebali dans la mesure où il est, désormais, président de la République (même si c’est provisoire) et chef de gouvernement (même s’il est parallèle) ! Maintenant que l’Emir de l’Etat de Qatar lui a appris à se tenir, à marcher, il peut dire qu’il a la stature et la prestance d’un chef suprême de la Tunisie.
L’impression qui prévaut est que M. Marzouki, tout en voulant donner l’impression d’être l’enfant du peuple, se comporte comme quelqu’un qui voit grand. Folie des grandeurs, voire méagalomanie, diront d’autres.

Noureddine HLAOUI
25/01/2012 | 1
min
Suivez-nous