Le conseiller économique du président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Fathi Ben Khalifa, est intervenu, lundi 17 février 2025, sur les ondes de Jawhara FM pour discuter des préparatifs liés au mois de ramadan et de l’état général de la production agricole.

« Commençons par les volailles. La production est suffisante et, quantitativement, elle répond aux besoins des Tunisiens », a déclaré l’invité de Hatem Ben Amara. Il a précisé que, suite à la hausse des prix des viandes rouges, la consommation de celles-ci a diminué, entraînant une augmentation de la production de volailles. La production nationale est ainsi passée de 12.200 tonnes par mois en 2024 à 13.526 tonnes par mois en 2025, soit une hausse de plus de 1300 tonnes par mois.

« Les prix se sont effondrés pour les agriculteurs et les producteurs », a indiqué M. Ben Khalifa. Il a également rappelé qu’au niveau des œufs, malgré les difficultés rencontrées durant cette saison, les producteurs ont pu stocker 25,4 millions d’œufs pour le mois de ramadan.

« Le prix de l’œuf, même si le ministère du Commerce l’a plafonné à 1,4 dinar, est aujourd’hui vendu entre neuf et onze dinars le plateau », a poursuivi M. Ben Khalifa.

Concernant le secteur des viandes rouges, l’invité de l’émission Sbeh El Ward a expliqué que cette situation alarmante est due à la baisse des prix dans le secteur laitier, qui est étroitement lié à celui des viandes rouges. « Aujourd’hui, les agriculteurs ont vendu pendant des années le lait à un prix inférieur aux coûts de production. Ensuite, ils ont vendu leur troupeau. Même les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture montrent que la Tunisie a perdu près de 3 % de son cheptel bovin », a expliqué le conseiller économique du président de l’UTAP.

« Le prix du kilo de viande d’agneau est encore très élevé et dépasse les cinquante dinars. C’est pour cela que le ministère du Commerce a essayé de régulariser le marché en important de l’étranger », a ajouté Fathi Ben Khalifa. Il a expliqué que la solution pour rétablir les prix des viandes rouges en général ne peut être qu’une réforme du secteur laitier.

« Afin de sortir de ce dilemme des viandes rouges, il faut prendre des décisions relatives au secteur laitier », a déclaré M. Ben Khalifa, tout en rappelant que le coût de production d’un litre de lait dépasse 1,900 dinar.

Il a également indiqué que la pomme de terre connaîtra une baisse de production en raison de la période de transition entre les saisons. Il a ensuite appelé le ministère du Commerce à se réunir avec les agriculteurs qui assuraient auparavant le stockage des productions afin de les inciter à reprendre cette activité, qui a fortement baissé. « Il faut que la machine de stockage reprenne son activité », a déclaré Fathi Ben Khalifa.

« Ce sont les agrumes qui seront la star des fruits de ce mois de ramadan », a ajouté Fathi Ben Khalifa, tout en appelant à protéger la production nationale, notamment face à l’importation de bananes, qui a impacté les prix de vente des agrumes.

M. Ben Khalifa a trasmis un message d’un pêcheur de Kerkennah : « Je me suis rendu dernièrement à Kerkennah, le secteur de la pêche est dans un état déplorable, et je suis d’accord avec un pêcheur qui m’a dit que l’État est présent sur l’espace terrestre, mais totalement absent en mer ».

Et au sujet de l’huile d’olive, M. Ben Khalifa a indiqué que le producteur est le plus grand perdant de cette saison, tout en précisant que l’agriculteur a vendu le litre d’huile à un prix ne dépassant pas onze dinars. Ces prix de vente, selon M. Ben Khalifa, couvre à peine les coûts de production. « Qu’a gagné le collectif national en exportant notre production à trois euros ? Regardez l’huile espagnole ou italienne et leurs prix de vente », a indiqué Fathi Ben Khalifa.

Il a poursuivi : « Nous, les Tunisiens, n’avons pas pu maintenir l’éclat et les performances de notre huile réalisés l’année dernière. La catastrophe a commencé lorsque l'Office national de l'huile (ONH) a lancé ses achats à neuf dinars à Zarzis , alors que le prix de notre huile à l’international était de 5,61 euros ».

Il a finalement appelé le ministère de l’Agriculture à publier, après la fin de la récolte, les chiffres exacts de la production nationale tout en précisant que les chiffres dévoilés au départ de la saison et qui indiquaient une production de 340.000 mille tonnes sont erronés.

H.K