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Tribunes
Voici pourquoi je suis député bénévole, depuis une année !
28/05/2014 | 20:24
3 min
Voici pourquoi je suis député bénévole, depuis une année !

Par Ahmed BRAHIM*

 

En avril 2013, je me suis tenu là moi-même le raisonnement simple que voici :

a) Comme la plupart des chefs de partis (à l’époque j’étais premier secrétaire d’Ettajdid), je m’étais engagé à la veille des élections de 2011, à ce que la durée de l’ANC n’excède pas un an. En décembre 2011, en tant que député, je me suis battu avec les autres collègues démocrates, pour l’inscription de cette durée maximale d’une année dans la « petite Constitution », proposition rejetée par les députés de ce qui allait être la Troïka, de même qu’une deuxième proposition d’envisager une prolongation de 6 mois à ce délai de 1 an.

b) L’échéance de 18 mois coïncidant avec fin avril 2013, j’ai déposé au bureau de l’ANC le 29 avril 2013, une demande adressée au président Mustapha Ben Jaâfar de mettre fin à mon indemnité parlementaire ainsi qu’à toutes les primes qui y sont liées, et de me considérer comme un député travaillant selon le principe du bénévolat et soumis à toutes les obligations mentionnées dans le règlement intérieur de l’assemblée.

c) Suite aux retards bureaucratiques habituels et, surtout au refus de la CNR (dans un premier temps mais elle s’est rétractée) de me permettre de jouir de ma pension de retraite de professeur de l’enseignement supérieur, ma renonciation effective à mon « salaire » de député n’a pu entrer en vigueur qu’à partir du 1 juin 2013. Ce qui restait, quand même, dans la limite de la période de 1 an et demi, si on tient compte du début officiel des travaux de l’ANC (23/11/2011).

J’ai fait mon devoir de député bénévole durant près d’un an, et ce le plus discrètement du monde jusqu’à il y a près de 2 mois, quand j’ai proposé aux collègues de l’ANC de renoncer au 1/3 de leur salaire dans un premier temps, pour donner l’exemple en cette étape de vaches maigres dont passe la Tunisie, et dans un deuxième temps de terminer le reste de leur mandat selon le principe du bénévolat, avec des accommodements à examiner (retraite + retour aux fonctions initiales + jeton de présence, etc.). Comme je m’y attendais, j’ai été abondamment chahuté en séance plénière, et même traîné dans la boue dans les médias par certains collègues qui ne pouvaient imaginer que l’on pût faire de la politique sans y « trouver matériellement mon compte » !

Mon « compte » le voici en toute transparence :

I) Montant brut de l’indemnité parlementaire : 3225,000
- Montant des retenues à la source : 883,170, dont (1) impôts : 640,485, (2) retraite : 166,460, (3) prévoyance soc :55, 825, (4) capital décès : 20,300 . Somme des rubriques 2, 3 et 4 : 242, 585
- Montant net (salaire perçu par les députés) : 2341,830

II) Montant de la pension de retraite de Ahmed Brahim (mis à la retraite d’office par Ben Ali en 2006, ce qui donne une retraite à 80%) : au 1 juin 2013, moment de l’entrée en vigueur du bénévolat : 1974,069

III) Montant de la différence entre les revenus de Ahmed Brahim avant et après le 1/6/2013 :
Avant : 2341,830, somme à laquelle il faut ajouter les avantages indirects mentionnés au § ( I), soit 242, 585, ce qui fait 2584,415
Après : 1974,069
Différence : (2584, 415) – (1974,069) =610,346

Après une longue hésitation, sans doute due à un excès de pudeur, j’ai tenu à rendre public ce que peu de personnes savent (dans l’administration de l’ANC et dans celle de la CNR, plus les membres de ma famille et quelques amis ), afin de montrer qu’il est possible de servir notre pays de la meilleure manière possible, sans lui demander plus qu’il ne saurait donner dans la situation économique et financière que tout le monde connaît. J’ai voulu aussi montrer par l’exemple que l’engagement moral n’a pas moins de valeur que l’engagement légal, comme se sont employés à nous en persuader bien des politiciens de la Troïka et d’ailleurs. J’ai voulu enfin proposer une solution politique élégante qui, tout en évitant le vide institutionnel que provoquerait la dissolution pur et simple de l’assemblée, permet à celle-ci de remplir son rôle autrement qu’elle ne l’a fait jusqu’ici, surtout que l’essentiel de la tâche pour laquelle elle avait élue en 2011 (Constitution, etc .) est terminée depuis le 26 janvier 2014.

*Ahmed Brahim est député de l’ANC et président d'Al Massar
28/05/2014 | 20:24
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