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Chroniques
Une augmentation peut en cacher une autre
Par Synda Tajine
01/03/2022 | 15:59
4 min
Une augmentation peut en cacher une autre

 

On ne déroge pas à la règle. Les augmentations, les plus importantes d’entre elles, celles qui vous touchent dans votre petit budget quotidien, sont toujours annoncées dans la noirceur de la nuit. Hier, minuit, alors que vous dormiez peut-être du sommeil du juste ou regardiez les infos en interrompu sur le conflit ukraino-russe, les ministères de l’Industrie et de l’Energie ont prévu d’autres plans pour vous. Ceux d’une nouvelle hausse des prix de l’essence. La deuxième en l’espace d’un mois.

L’info circulait déjà depuis des jours, les médias l’avaient annoncée hier matin. Mais il fallait attendre 22h pour rendre officielle une augmentation qui est devenue effective à minuit.

 

Et pourtant, il y a quelques semaines, les autorités avaient annoncé qu’aucune hausse des prix des carburants n’était prévue. Rétropédalage peu de temps plus tard avec une première augmentation en février, suivie d’une deuxième en mars. Derrière ces augmentations à la chaîne, une mauvaise évaluation du prix du pétrole, estimé dans la loi de finances 2022 à 75 dollars le baril. Il avoisine aujourd’hui les 100 dollars et nous ne sommes qu’au premier jour du troisième mois de l’année. La précision des prévisions est à son paroxysme.

 

Ces derniers mois, les citoyens ont été témoins d’augmentations des prix des transports publics, du sucre, de l’eau courante (une augmentation faramineuse), des fournitures scolaires, de plusieurs produits alimentaires, du fer, des carburants... Une augmentation des prix de l’électricité est d’ailleurs prévue pour une date proche qu’on ne connait pas encore. Celle du blé et des céréales n’est d’ailleurs pas à exclure compte tenu du contexte mondial, en plus de plusieurs pénuries observées un peu partout, au gré des jours, des grèves et des problèmes d’approvisionnement.

 

Le fait est que les slogans politiques ne peuvent rien face à l’inflation et à la crise économique. Le gouvernement reste muet et ne communique pas avec les citoyens pour leur expliquer les éventuelles stratégies qu’il met en place pour faire face aux aléas d’une période instable.

Seul le chef de l’Etat - régnant en souverain absolu – s’adresse au peuple plusieurs fois par semaine pour lui expliquer qu’il veille à son confort et qu’il travaille pour satisfaire ses revendications. Il crie, à qui veut l’entendre, que si ses mesures sont si critiquées, c’est que ses détracteurs sont dotés des plus viles intentions et qu’ils tentent de le saboter dans l’unique but de servir de sombres agendas et lobbies.

Mais le sucre, la farine, le lait, les œufs et l’essence n’en ont que faire des slogans politiques et des supposés agendas. On promet au citoyen la récupération des avoirs spoliés, la transformation des dettes en investissements, de nombreux projets alléchants et un avenir radieux. Que nenni. Ce sont des augmentations à la chaîne qu’il vit au gré des jours. Ajouter à cela les grèves qui se succèdent, les caisses sociales, les tribunaux, les hôpitaux, les agents municipaux…

 

Face à cette situation intenable pour le petit citoyen, celui qui est responsable de tout préfère faire l’autruche. Kaïs Saïed continue à défendre ses mesures en les présentant comme un tournant et expliquant, à chacune de ses apparitions, qu’il n’est pas en train de faire du neuf avec du vieux mais qu’il « corrige la trajectoire », « rompt avec les anciennes pratiques », « fait table rase du passé »… Oui, mais encore ? Sept mois après, on se perd encore dans les justifications sans rien de concret pour les justifier. Moins de discours et plus de stratégies. Moins de justification et plus d’action. Que les résultats rassurent au lieu des discours, qui se suivent et se répètent. Surtout que les discours sont certes grandiloquents mais les pratiques, elles, restent les mêmes.

                           

Les répercussions immédiates sont très inconfortables pour le petit citoyen. Elles touchent son niveau de vie quotidien. Elles seront encore plus désastreuses sur le long terme puisqu’elles pulvériseront tout ce qui subsiste de cette confiance que les citoyens ont envers leurs dirigeants. Au-delà des querelles politiques, des plans utopiques, de la gouvernance par les bases, de Ommek Sannefa  [ndlr surnom affectueux donné aux agences de notation], des agendas ourdis dans l’ombre et des leçons de morale, où allons-nous et qu’ont-ils prévu pour y faire face ?

 

Jamais la fracture entre citoyens et gouvernants n’aura été aussi grande et le plus drôle (du toutest qu’elle est creusée par ceux-là même qui disent faire de la volonté du peuple toute leur raison d’être…

Par Synda Tajine
01/03/2022 | 15:59
4 min
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Commentaires
Mansour Lahyani
Sinda brosse un tableau pathétique et réaliste!
a posté le 02-03-2022 à 11:05
"Jamais la fracture entre citoyens et gouvernants n'aura été aussi grande" ! Et c'est le pauvre "peuple" qui est encore couillonné ! Tu parles d'une "volonté" du peuple souverain !!!
Mon.
Comment
a posté le 02-03-2022 à 08:33
Mme Sinda, le chef de l'état n'est pas seul dans la cause de la dégradation de la situation : il y a d'abord la situation mondiale avec la guerre qui modifie les prévisions du prix du pétrole et du blé etc..., et puis le Tunisien est un fainéant qui veut des augmentations de salaire sans rendement, regardez les mouvements de grève et d'arrêt de fonctionnement de l'extraction du phosphate et du pétrole à répétions, ajoutez la crise sanitaire et le marché parallèle qui est en partie derrière les perturbations des prix et vous avez les ingrédients d'un pays en panne ,le président n'a pas de baguette magique ,il doit assainir le pays et ce n'est pas une question de mois mais de plusieurs années, alors svp arrêtez de dénigrer K.S. qui nous a débarrassés des islamistes qui ont ruiné le pays, et proposez des solutions avec vos collègues pour aider le pays à sortir de cette situation désastreuse, vous ne faîtes que nous déprimer au lieu de positiver.
Gg
100Dt ?!
a posté le 01-03-2022 à 22:59
"....le baril. Il avoisine aujourd'hui les 100 Dt..."

Hélas non, c'est 100 DOLLARS le baril!

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention
Mansour Lahyani
Oui, ça fait une sacrée différence !!
a posté le à 09:52
Il ne s'agit pas d'une simple rectification épidermique, en effet...
Borhéne
Emrod
a posté le 01-03-2022 à 22:26
Et quant on voit les intentions des votes, le président KS serait encore là pour les prochaines 7 ans et demi à venir. Bonjour les Tunisiens qui sans savoir, ont voté nahdha en 2011, les mêmes ou autres comme eux sans réfléchir, ils voteront KS en 2024.
MH
Quand on est con, on est con
a posté le à 09:25
Bonjour Borhène, Absolument. Ceux qui ont voté Nahdha hier voteront KS demain. C'est une certitude. Sinon comment expliquer ces sondages. Le peuple tunisien dans sa majorité est malheureusement intellectuellement parlant, pas mature.
Karim
Une augmentation pharamineuse ptdrrr
a posté le 01-03-2022 à 20:54
Vraiment vous avez des termes et des phrases qui exprime un niveau de bêtises pharamineuse

Paulette elle parle elle dit des bêtises c'est normal parceque elle est bête et c'est pratique parceque je comprends tous ce qu'elle dit
Soussi
Economistes
a posté le 01-03-2022 à 17:57
A nos politiciens qui ignorent nos economistes
Priere ayez pitie des Tunisiens
Est ce que vous etes au courant et conscient du cout de la vie en dehors de vos tours d argent
Attention
A nos responsables vous etes entrain de pousser les Tunisiens a descendre dans les rues
Leurs poches se vident et le pays au point mort
Reveillez vous avant qu il ne soit trop tard
DHEJ
Tu crois encore que la Tunisie compte des économistes?!
a posté le à 20:07
Des sciences-économistes oui mais pas des ingénieurs-économistes!
MH
Vous avez oublié le plus important !!
a posté le 01-03-2022 à 17:53
Une augmentation en cache une autre ? Vous n'avez parlé que du visible (le carburant) mais pas du caché (céréales et denrées alimentaires) !! La première touche une partie de la population, classe aisée et moyenne, mais la seconde concerne tout le monde, et surtout les plus démunis. Des jours difficiles nous attendent et un certain soi-disant expert prédit dans sa boule de cristal (pas pour rien que je l'ai appelé, charlatan) un baril sous les 50 dollars cet été. Il a aussi dit que Poutine est un génie !
DHEJ
Le pays est en déréglementation totale
a posté le 01-03-2022 à 17:20
Il faut juste savoir respirer!