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Chroniques
Trois excités et des poussières
12/09/2015 | 21:13
3 min

 

Toute la scène politique et médiatique a vibré ces derniers jours à l’annonce de la manifestation du 12 septembre. Le ministre de l’Intérieur a été auditionné devant les élus du Parlement pour parler de la faisabilité d’une telle manifestation et de ses répercussions sur la sécurité du pays. Le président de la République s’est entretenu avec le chef de la principale coalition de l’opposition pour se pencher (encore et encore) sur ce projet de loi très discuté. Des appels à manifester ont fusé de toutes parts et des slogans enragés ont été scandés, pendant des jours, pour inciter les militants à sortir en nombre. Les lois de l’Etat d’urgence mais aussi celles régissant les manifestations et rétablissant l’ordre public ont été bravées et défiées au nom de la liberté de manifester. Au final, trois excités et des poussières ont défilé le long de l’avenue Habib Bourguiba pour prouver au monde ô combien l’opposition est encore puissante en Tunisie. Deux pancartes, trois répliques poussiéreuses et on obtient la manifestation tant attendue dont on n’a fait que parler pendant toute la semaine. La grande attraction du week-end s’est révélée être un véritable flop.

 

L’opposition, qui s’est accaparée à elle seule les valeurs de la dignité, de la justice, de la vérité et autres slogans pompeux a fait montre aujourd’hui d’une organisation exemplaire ! Les trois marches qui se sont succédé étaient réglées comme du papier à musique. Chaque groupe a parfaitement respecté son timing, aucun hurluberlu n’a dépassé des rangs et jamais (au grand jamais) les différents groupes ne se sont mélangés les uns aux autres. En réalité, le but même de cette démonstration de force n’avait rien à voir avec la loi de réconciliation nationale. Il s’agit plutôt de montrer le pouvoir de rue de l’opposition et ancrer son leadership. Quoi de plus réussi que ce burlesque défilé de trois petits groupes où chacun a pris soin de hurler sa hargne à l’intérieur de son propre camp sans se mêler à ses camarades de fortune. Camarades, qui tenaient, à quelques mètres de là, des slogans parfaitement identiques.

 

Pour chiffrer ce joli monde, quelque 1000 personnes ont défilé en premier, entre sympathisants du Front populaire et d’Al Massar. Elles ont été suivies par près de 200 personnes, dont quelques dizaines du CPR, et d’autres jeunes activistes du collectif « Manich msemeh ». Le tout clôt de près de 300 manifestants réunissant plusieurs partis qui ont consenti à marcher côte à côte. On y retrouve, pêle-mêle, Ettakatol, Al Joumhouri, Echaâb, l’Alliance démocratique, Attayar, etc. Rien que du beau monde ! L’organisation était impressionnante et chaque camp avait été soigneusement choisi. Le but ? Eviter à tout prix de se mélanger à l’autre et d’être vu avec d’autres opposants, considérés comme personae non gratae par ceux du camp adverse.

 

Un véritable flop ! Pardon, je me répète. Mais, si le CPR, en parfait visionnaire, a préféré défiler sans afficher les drapeaux de son parti (histoire de ne pas trahir sa véritable force de mobilisation), ces maigres défilés ont officiellement prouvé que l’opposition a, encore une fois, perdu sa bataille de la rue.

 

Cette opposition de pacotille a encore prouvé qu’au lieu d’être une force de proposition capable de soumettre des solutions constructives aux décisions auxquelles elle s’oppose, ne fait que jouer aux mariolles de rue sans vraiment maîtriser le jeu. Les voix de ces figures défraichies qu’on dépoussière l’instant d’une manifestation, à l’instar de Mustapha Ben Jâafar ou de Issam Chebbi, ne portent plus.

 

A coup de slogans usés et abusés, mille fois rabâchés mais qui aujourd’hui ne veulent plus rien dire, l’opposition se perd dans ses combats et perd le peu de sympathisants qu’elle comptait à ses côtés. Cette même opposition qui compte parmi elle ceux contre lesquelles elle se battait autrefois, se bat aujourd’hui contre ceux qui étaient hier à ses côtés. Tout ceci semble compliqué à comprendre. En réalité ça l’est. Front Populaire, Massar, Ettakatol ; Joumhouri, Echâab, Alliance démocratique, CPR, Attayar et autres groupuscules, on ne comprend plus qui est qui et qui fait quoi. A force de se chercher des combats, l’opposition a perdu ses repères et se retrouve complètement perdue dans les combats des autres. Ennahdha et Nidaa ont clairement (ou presque) affiché leur jeu, que reste-t-il à l’opposition ? Il est temps qu’elle trouve sa voie…

12/09/2015 | 21:13
3 min
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Commentaires (53)

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rayan benne
| 16-09-2015 16:11
Voir mes 2 commentaires ci dessous.

Amazigh Kabyle
| 14-09-2015 21:02
Dabord un mot pour business news tn.
Bravo. Men Kelbi. Je ne croyais pas que mon message aller passer. Chapeau. Vive la jeunesse. Chapeau.
Freedom of speech. C est comme l oxygene.

A FORZA
Salut cher frere.
Vous trouverai ma reponse dans l editorial de nizar bahloul. Merci.

Prorata Temporis
| 14-09-2015 17:36
Allez, laissons Haythem El Mekki parler :

https://www.youtube.com/watch?v=2ubtOTJ41-E

Salem
| 14-09-2015 15:17
Sous la Dictature, les règles du jeu étaient claires : être dans l'opposition forçait le respect des citoyens ou supposés comme tels , et la méfiance sinon la crainte du Dictateur . Chez les premiers on acquiert titres de noblesse ; alors que chez le second on force la décision d'en tenir compte . Pour les opportunistes, l'opposition ne présentait pas moins l'occasion d'accéder -le moyen importe peu -

partridge
| 14-09-2015 11:34
Les partis de l'opposition ont raté une belle opportunité pour hausser le ton ensemble et montrer qu'ils partagent les mêmes valeurs. Ils n'ont pas concerté leurs actions. Sur ce point, je suis d'accord avec la jeune journaliste. je constate qu'elle, comme moi d'ailleurs, appartient à cette génération qui veut finir avec la corruption et donc aider à créer une dynamique saine des affaires entre administrations, banques et autres acteurs de la vie économique. la Tunisie est très mal placée d'après les derniers chiffres des classements mondiaux pour ce qui est transparence et climat des affaires; Beaucoup de conflit d'intérêts. Les média sont partiaux; Et c normal, on est encore un pays sous-développé avec des journalistes qui gagnent des salaires de misère; Pour survivre il faut faire quelques sacrifices pas à la manière de Jridi ou Echourouk mais quand même garder une certaine neutralité subtile et intelligente; La nouvelle journaliste n'a pas bien cadré l'esprit de son article, serait elle pour ou contre la loi sur la reconciliation. Une journaliste de son âge française, suédoise, japonaise ou australienne aurait plaidé contre pour améliorer ce foutu classement. Les gens la bas se moquent de vous. Jeune Poussière.

Taieb Houidi
| 14-09-2015 07:52
On écrit pas "ô grand jamais", mais "au grand jamais". Le bon langage est le véhicule du journalisme. L'art du langage est celui du grand journalisme. Il fat commencer par acquérir le premier et on reparlera ensuite du niveau de la pensée politique portée par l'article.

BN: Merci d'avoir attiré notre attention.

Prorata tempooris
| 14-09-2015 01:26
Je ne peux que sourire face à cette horde qui hurle un prétendu échec de la manifestation. Comme si la vérité de la force allait surmonter la force de la vérité.

Bourrinez comme vous voulez, essayez de forcer la réalité, mais n'oubliez pas que plus vous essayez de forcer plus vous montrerez que la vérité a tant besoin de force pour la taire.

"Trois excités et des poussières" ... Avouez que ça l'aurait fait mal de dire zéro virgule.

james-tk
| 14-09-2015 00:50
Que pourrait faire,la chirurgie esthétique,à tous ces visages burinés par connerie humaine,qui,n'a cessé de causer des dégâts collatéraux,depuis les dernières législatives,et présidentielles,dans les rangs de ces incultes,qui se ramassent à la pelle ?

Fares
| 13-09-2015 23:52
Ennahda serait l'opposition officielle, mais les fréros préférent se la couler douce et applaudir tout ce que Nida sort. Pas étonnant que la populace, decue du gourou Rached et de ses magouilles aille se jeter dans les bras de Daech.

La Tunisie ne vit pas dans une démocratie, mais juste dans un simulacre de démocratie. Une sorte de démocratie in vitro. Tout compte fait, les tunisiens ne méritent vraiment pas une démocratie. C' est un peuple de paresseux et d ´irresponsables.

Amazigh Kabyle
| 13-09-2015 21:52
Je viend juste de lire ton message. J allais te repondre. Je ne savait pas que la regle etait d actualite depuis une annee. Je suis aller voir et j apprend que toufik a ete mis a la retaite. Tartag le remplace. Je vous repond demain. Les commentaires seront ferme apres 1p heures je crois. Donc pas assez de temps. Pas de azul cette fois si. Es le ghouraf qui vous a fachè? J ettais obligé khouya la3ziz. T jrad ne me lache pas le dos. Je fut obligé d user d un subterfuge. Je n aime pas lui faire du chagrin.
Bonne nuitm