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Chroniques
Quand on sème le chaos, les graines seront pourries
Par Ikhlas Latif
20/09/2024 | 15:59
3 min
Quand on sème le chaos, les graines seront pourries

 

A quelques jours de l’élection présidentielle, le climat n’est pas à la fête démocratique. Point d’adversaires qui confrontent leurs points de vue, leurs visions ou leurs programmes. Point de débats. Point de saine effervescence médiatique.

L’ambiance est pesante. Il n’est question que d’affaires judiciaires contre les voix qui dérangent. Il n’est question que de scandales, notamment impliquant l’instance électorale censée indépendante. Une instance qui a envoyé paitre les verdicts de la plus haute juridiction administrative du pays, préfigurant officiellement la mort de l’Etat de droit. Cette notion que le président-candidat dit pourtant défendre et garantir.

 

Dans les faits, les choses sont autres. C’est plutôt la loi du plus fort qui prévaut. Le langage guerrier ouvertement employé dans le manifeste électoral du candidat numéro 3, ne laisse aucun doute sur le fait que ce sera désormais la loi du plus fort qui s’appliquera. Le processus électoral a été le théâtre de rebondissements qui ne vont que dans un unique sens, qui ne servent qu’un seul résultat possible, mais aux conséquences o combien dramatiques. Rien de bon n’en sortira. Toutes ces manœuvres ont décrédibilisé le scrutin et il n’est pas imprudent de dire que les résultats risquent d’être invalidés. A moins qu’un nouveau rebondissement ne vienne étêter le tribunal administratif. Tout est possible. Il faut tout envisager.

 

C’est dans ce climat trouble que les Tunisiens, s’intéressant encore à la vie politique de leur pays, se débattent. Entre un pouvoir qui pèse de tout son poids pour un passage en force et les remous que cela génère, les gens sont déstabilisés.

Certains disent choisir le boycott comme forme de contestation et pour ne pas donner de la légitimité à une mascarade. D’autres appellent au vote massif pour rendre le changement possible, pour ne pas rester dans l’inaction en dépit des obstacles. Tous sont, toutefois, lucides quant au fait que c’est pratiquement joué d’avance. Tous, aussi, sont à l’affut du moindre signe qui augurerait un retournement de situation.

 

Les rumeurs et les supputations s’entrechoquent donnant lieu à une fluctuante situation de flottement. Une phrase d’un membre de l’instance électorale fait ainsi l’effet d’une petite bombe quand il annonce que l’Isie examinera la situation du candidat définitif Ayachi Zammel après le scrutin. Les votes pour le candidat, actuellement incarcéré, seraient-ils donc invalidés ? Cette déclaration ouvre en effet les champs du possible.

Une phrase, la toute dernière d’un communiqué du bureau du parlement, a aussi été interceptée comme un signal de quelques manœuvres en préparation. « Le bureau a décidé de demeurer en session permanente jusqu’à la semaine prochaine pour interagir avec les développements de la scène nationale ». Brahim Bouderbala, président du parlement, en a décidé ainsi, mais dans quel but ? Les analyses et les rumeurs vont bon train. D’aucuns avancent qu’il aurait été convoqué par le président et qu’il serait question de préparer l’adoption d’un texte reportant l’élection, puisqu’il devenait certain que les résultats du scrutin seront contestés. D'autres échos font état d'une proposition de loi qui viendrait amender la loi électorale en évinçant le tribunal administratif des litiges électoraux. L’effet de surprise est toujours de mise avec ce régime.

 

La première conclusion qu’on pourrait tirer est que la confusion et l’incertitude prédominent en cette période de campagne électorale. La conclusion globale qu’on pourrait tirer, c’est le démantèlement en règle de l’Etat de droit et des espoirs démocratiques. Le pouvoir a semé le chaos et les graines seront certainement pourries.

Par Ikhlas Latif
20/09/2024 | 15:59
3 min
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Commentaires
Sans pseudo
C'est clair
a posté le 22-09-2024 à 07:39
La mort de l,'?tat de droit égale l anarchie.
L,anarchie constructive pour le grand moyen Orient ... et la démocratie pour les peuples arabes... ÷)
Toumi
Dissoudre le peuple !!
a posté le 21-09-2024 à 11:25
Merci Madame Latif pour vos éditos qui mettent un peu de baume au c'?ur chaque semaine.
J'ajouterai que cette proposition de loi qui vise à supprimer purement et simplementle Tribunal administratif, dernière juridiction qui sauve l'honneur des juges tunisiens,
Mais cette proposition ne fait que traduire la panique à bord du Titanic Saidique
Mais ce n'est que le début de la fin et les dictateurs tiennent toujours sauf le '?'?'.dernier quart d'heure!!!

Hammadi
Bien dit mais
a posté le 21-09-2024 à 09:40
"Quand on sème le chaos, les graines seront pourries". Bien dit.
Mais il ne faut pas avoir la memoire courte et oublier qu on est entrain de recolter le résultat du chaos qu ont semé les soi-disant democrates pendant plus que 10 ans.
Yosria
Hazoulat
a posté le 20-09-2024 à 21:51
Rien ne se perd et chacun va le payer dans la vie ou dans l'au delà
It is a pity that they are ignoring even our basal rights.
anonyme
L'au delà
a posté le à 08:49
ya yosria w5ayti , dans l'au delà les partisans des lois humaines , imposées par la colonisation mondiale , rateront sciemment leur Salut : al maydah verset 50 , échoura versets 10 et 21 , Youssef verset 40 , el kahf verset 26 , al a3rafe 3 et 36 , arra3d verset 36 , et j'en passe .
Bacchus
@Mme Ikhlass Latif
a posté le 20-09-2024 à 18:53
Madame pourquoi ce pessimisme chronique et ces procès d'intentions envers tout ce qui bouge ? Vous évoquez une rumeur de report de l'élection, vu que le bureau de l'ARP va demeurer en session permanente et vous critiquer le fait qu'un membre de l'ISIE ait déclaré qu'on ne statuera sur le cas de Zammel qu'une fois le processus électoral terminé. Ce que j'ai compris, c'est qu'aucune condamnation prononcé par les tribunaux ne mettrait en cause la légitimité de la candidature de Zammel. Une fois les résultats définitifs prononcés, si Zammel est élu, il bénéficiera de l'immunité durant 5 ans même s'il est condamné et s'il n'est pas élu et qu'il est condamné, l'ISIE appliquerait les sentences prononcées contre lui pour les élections à venir. Concernant la session permanente de l'ARP, d'après Mosaïque FM, c'est un appel à l'examen en urgence d'un projet de modification de la loi électorale. La question qui se pose : Le processus électoral est déjà entamé peut-on appliquer de nouvelles lois promulgués à quelques jours de la date du scrutin ? La réponse est oui pour résoudre le cas du candidat Zammel. Car la peine est personnelle et ne peut être prononcée qu'en vertu d'une loi antérieure au fait punissable sauf en cas d'une loi plus clémente. Donc si la nouvelle loi ne condamne plus à des peines carcérales les faits reprochés à Zammel, il sera relâché immédiatement.
Citoyen
Quel coût
a posté le 20-09-2024 à 18:47
Ce qui interpellé c'est le coût de cette instance et le coût de toutes ces élections ons
A1
Enorme Malentendu ! Quel gachis !
a posté le 20-09-2024 à 17:27
Chère Madame, il est temps de comprendre qu'il y a un énorme malentendu entre les actuels gouvernants et une certaine élite intellectuelle.
Le.s gouvernant.s ne croi.en.t pas en la démocratie ni au sérieux de ces élections (il n'y a qu'à voir la légèreté avec laquelle a été rédigé le manifeste d'un certain candidat, c'est le degré zéro de la politique... D'urgence créer Sciences Po Tunis).

Pour l'élite, notre peuple est mur, adulte, responsable, suffisamment éduqué et a payé le prix pour enfin vivre souverain, débattre publiquement et assumer les responsabilités des choix démocratiques et de la règle de l'alternance sous le contrôle d'institutions solides.

Le.s gouvernant.s par contre suivent à la lettre le modèle égyptien (même scénario adopté aux présidentielles égyptiennes de Déc. 2023, même mode de gouvernance pharanoique) et croient que nous ne méritons pas de vie politique. Ils pensent que nous sommes encore des mineurs, des sujets, des dominées, des esclaves culturels. Que chacun s'occupe de ses basses besognes et que les marionnettistes nous fassent subir à nous et aux futures générations leur vision même si elle nous semble sombre, méconnue, irrationnelle voire suicidaire.

Au lieu de consolider notre exception tunisienne qui avait fait briller notre étoile parmi les civilisés, nous voilà recopier comme des cancres le modèle du voisin oriental. Quel gachis.

Sommes-nous condamnés à repasser par la case dictature, zéro débat publique, zéro respect des institutions et de l'Etat de droit ? Tout comme Sisyphe... Tout le chemin parcouru depuis un siècle est-il à refaire ?

Si c'est le cas... Tristes tropiques.
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@A1
a posté le à 20:44
@A1, vous écrivez "Tout comme Sisyphe... Tout le chemin parcouru depuis un siècle est-il à refaire"
-->
ce n'est pas vraiment vrai, je vous donne ma moderne version du mythe de Sisyphe: Oui Sisyphe fut, selon la mythologie grecque, condamné à pousser éternellement une grosse pierre (un très gros rocher) vers le sommet d'une montagne et à chaque fois, avant de parvenir au sommet, l'énorme rocher en redescendait... Mais seulement au cours du temps et sous l'effet de la friction (frottement avec le sol) le gros rocher s'est transformé en un très petit cailloux et puis un jour la Grèce a construit un ascenseur qui prend les touristes du pied jusqu'au sommet de la montagne. Et ainsi Sisyphe prend le matin l'ascenseur avec le cailloux dans sa petite poche de pantalon et il redescend le soir avec le même ascenseur... Et la journée, Sisyphe passe son temps à s'amuser:)

Fazit: les Dieux grecs n'étaient pas aussi intelligents comme on le pensait...

bonne soirée
ftouh
mella zomara ..ces elections
a posté le 20-09-2024 à 16:34

Merci pour votre article
Hela, mon petit avis est que:

Heureusement que nous sommes un petit pays.
Heureusement que notre chef supreme n' a pas la valise avec le code nucleaire qui va avec.
Heureusement qu' on a pas le petrole, sinon notre arrogance serait demuseree.

Nous sommes devenu comiques et risibles.
Faut-il demenager Carthage a Bouferda ? ou inversement ..?


Resoudre des equations differentielles est plus facile que de comprendre les elections en Tunisie..ceci meme avant qu' elle ne demarrent.

Toute cette energie, cet argent , ces attentes pour rien.

Cela decourage.

Je retourne a mon match de foot ou chicha ou autre futilites...c' est mieux.
Sinon y en marre de faire la queue pour le smid, sucre,..et zgouga au pays de Tararani

Bon,...je plaisante...allons plutot au travail...et ramassons nos poubelles en passant.

Keep it tidy and clean