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Plus d’un jeune sur quatre est sans emploi, sans études et sans formation
29/09/2023 | 16:35
8 min
Plus d’un jeune sur quatre est sans emploi, sans études et sans formation

 

Près de la moitié de la population tunisienne a moins de trente ans. Partant de ce constat, et afin de contribuer à offrir de meilleures possibilités professionnelles aux jeunes, le gouvernement tunisien et les Nations unies ont convenu de créer un fonds fiduciaire multi-donateurs pour l’emploi et la jeunesse.

Dans ce cadre, une étude a été réalisée par les Nations Unies (Bureau du coordonnateur résident en Tunisie, BCR), l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Elle vise à fournir des informations à ce mécanisme de financement et de coordination pour apporter une réponse spécifique aux besoins du pays et relever en particulier le défi du chômage des jeunes et des catégories de la population les plus vulnérables. Elle a ciblé, en particulier, les jeunes Tunisiens qui ne sont ni employés, ni en études, ni en formation et sont définis par le concept de "Neet".

 

Cette étude fournit des données quantitatives détaillées pour mieux comprendre les multiples facettes et conditions de vie des jeunes Neet âgés de quinze à 29 ans dans quatre gouvernorats en Tunisie afin de permettre d’analyser les causes profondes des difficultés auxquelles ils sont confrontés et d’identifier des solutions. Elle couvre les gouvernorats de Gafsa, de Kairouan, de Monastir et de Sidi Bouzid, qui ont été choisis en concertation avec des responsables du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle et du ministère des Affaires sociales.

 

Sur l’ensemble de la population des jeunes âgés de 15 à 29 ans au sein des quatre gouvernorats, le taux moyen des Neet se situe à 26,3%. Plus d’un jeune sur quatre de la tranche d’âge 15-29 ans se trouve donc dans une situation Neet. Le taux le plus élevé est enregistré à Kairouan (30,6%); pour Sidi Bouzid et Gafsa, les taux sont respectivement de 29,3% et de 27,7% alors que Monastir enregistre le taux le moins élevé, avec 19,5%. Les hommes sont légèrement plus représentés que les femmes dans la population Neet, et à Monastir, cette différence est encore plus marquée. Selon les données de l’enquête, 23% des ménages des quatre gouvernorats comptent au moins un Neet parmi leurs membres. Le pourcentage des ménages comptant au moins un Neet s’élève à environ 28% à Kairouan, 23% à Gafsa et Sidi Bouzid et 18% à Monastir

 

« Les principaux constats qui se dégagent de la compilation des données montrent que plus d’un jeune sur quatre de la tranche d’âge 15-29 ans se trouve dans une situation Neet. Plus de la moitié de ces jeunes Neet ont atteint un niveau d’études secondaire ou supérieur : il ne s’agit donc pas majoritairement de personnes peu instruites. Pourtant, les trois quarts des Neet ont quitté les études sans avoir de diplôme et ne sont pas capables de justifier de l’acquisition de certaines compétences, un facteur déterminant dans la réussite sur le marché du travail. Le décrochage scolaire parmi les hommes Neet est essentiellement dû au manque d’intérêt pour la scolarité tandis que pour les femmes Neet le manque de moyens pour financer les études est un facteur plus important menant au décrochage.

Depuis la fin de la scolarité ou le décrochage, alors que plus que la moitié des hommes ont des emplois temporaires, environ une femme sur trois reste inactive ou s’engage dans des projets familiaux. L’enquête montre l’importance cruciale de prendre des mesures de prévention visant à lutter contre l’échec scolaire et l’abandon scolaire précoce pour éviter le désengagement des jeunes et leur éloignement du système scolaire et de la vie active. La mise en place de programmes pour réengager et réorienter les jeunes qui quittent le système scolaire est également très importante, mais les données révèlent un manque de suivi des jeunes décrocheurs : moins d’un décrocheur sur dix a été contacté en vue d’une réintégration scolaire.

L’analyse de la situation des Neet sur le marché du travail montre que deux tiers d’entre eux sont activement à la recherche d’un emploi, mais que cette recherche est peu efficace. En effet, leurs difficultés à trouver un emploi sont illustrées par la durée de chômage et le taux élevé de primo-demandeurs d’emploi : plus de la moitié des Neet chômeurs sont dans la situation Neet depuis plus de deux ans, et la moitié des Neet au chômage sont à la recherche de leur premier emploi. Les Neet restants se trouvent dans une situation d’inactivité, qui concerne surtout les femmes. Parmi les inactifs, les raisons de ne pas chercher du travail sont variées, allant de l’obligation de rester au foyer pour les femmes à l’intention d’émigrer pour les hommes », indique le rapport.

 

Le même document affirme : « Les résultats montrent la nécessité de renforcer les services d’accompagnement à la transition entre la fin de la scolarité et le travail. Les périodes prolongées de désengagement du marché du travail et/ou l’abandon peuvent avoir de fortes répercussions sur les perspectives d’emploi et de revenus. Pourtant, les contacts entre les Neet et les structures d’insertion ou d’appui sont très rares. À part à Gafsa, moins d’un Neet sur cinq a participé à une formation professionnelle ou à un stage et seulement un Neet sur cinq est inscrit à l’Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant (ANETI) en tant que demandeur d’emploi. De plus, la majorité des inscrits à l’ANETI a atteint un niveau d’éducation supérieur : les services offerts par cette agence manquent d’attractivité pour les Neet qui n’ont pas un niveau universitaire. La plupart des Neet ont pourtant un important besoin d’assistance et n’ont pas d’idée précise du parcours professionnel souhaité : environ la moitié d’entre eux se disent indifférents quant au secteur et au type d’emploi désirés, ce qui peut s’expliquer par le découragement face à la recherche d’emploi. Le déploiement d’une politique active de l’emploi adaptée aux besoins des Neet et le développement de partenariats avec les organisations de la société civile (OSC), notamment les associations, les maisons des jeunes et les partenaires sociaux qui soutiennent l’insertion et l’orientation des jeunes, pourraient aider à mieux cibler les jeunes défavorisés qui ont besoin d’un suivi plus assidu et à les accompagner dans la période de transition entre la scolarité et le premier emploi.

Le décalage entre les compétences acquises par les Neet et les qualifications exigées sur le marché du travail revient souvent parmi les difficultés citées par les Neet dans la recherche d’un emploi. Le manque d’expérience professionnelle et la non-détention de certaines compétences sont cités parmi les principaux obstacles à la recherche d’emploi par les Neet chômeurs. La crainte de ne pas avoir les qualifications nécessaires est l’un des principaux freins qui empêchent les Neet inactifs ne cherchant pas de travail d’engager des démarches de recherche d’emploi. Ce manque de confiance en leurs propres compétences montre le fort besoin d’assistance psychologique des Neet, mais aussi l’urgence de mieux adapter les cursus scolaires aux profils recherchés par les entreprises tunisiennes et de revaloriser le système d’éducation et formation professionnelle.

La faible offre d’emplois de qualité représente un autre frein à l’emploi des jeunes. Sauf à Monastir, moins d’un Neet sur dix ayant eu une expérience de travail a bénéficié d’une couverture sociale. Par ailleurs, les Neet ayant déjà refusé une offre de travail citent parmi les principales raisons le bas salaire, l’éloignement du lieu de travail et les mauvaises conditions de travail. Les exigences des Neet en matière de rémunération salariale sont un facteur clé pour l’accès à l’emploi, puisque seulement la moitié des Neet accepteraient un travail avec un salaire de 700 dinars par mois et seuls 7,5% accepteraient le travail si le salaire n’est que de 400 dinars. Étant encore plus exigeants, les Neet plus instruits disent également avoir refusé un travail pour attendre une offre meilleure. Le décalage entre les attentes des Neet et les offres du marché du travail tunisien souligne donc le besoin de dynamiser l’économie et la création d’emplois, mais aussi le manque de prise de conscience de la part des Neet des réalités contractuelles ».

Autre constat important. L’étude souligne que les différences liées au genre sont importantes et doivent être prises en compte dans les politiques à destination des Neet. « Les femmes ont plus tendance à se trouver dans une situation d’inactivité que les hommes, même si elles sont plus instruites. Les trois quarts des femmes inactives sont dans cette situation depuis deux ans et plus, même si plus de la moitié d’entre elles souhaiteraient travailler. La garde de personnes dépendantes ou d’enfants et les tâches ménagères sont les principaux freins qui entravent, dans une forte proportion, leur recherche d’emploi. Par conséquent, des mesures visant à combattre les obstacles culturels et matériels qui empêchent les femmes de s’engager dans la vie active, comme la lutte contre les stéréotypes de genre, le développement des services publics de garde d’enfants et l’encadrement du travail à distance ou à temps partiel, devraient être mises en œuvre ».

 

Ainsi et selon ce même document, « l’enquête montre la nécessité d’adopter une approche intégrée pour répondre à la problématique des Neet tout au long du processus allant de la fin de la scolarité à l’emploi en tenant compte des besoins différenciés de cette population très hétérogène. Il est important de remarquer que deux Neet sur trois montrent un degré de pessimisme élevé quant à leur situation actuelle, mais qu’ils restent toujours convaincus que leur situation personnelle sera meilleure dans l’avenir. Ce certain degré d’optimisme quant au futur est une ressource importante que les programmes à destination des Neet doivent prendre en compte. Il est important de nourrir cet espoir, de renforcer la confiance en soi des Neet et de leur donner les moyens de reprendre le contrôle de leur situation ».

 

Notons que l’enquête quantitative s’est déroulée sur une période allant de février à avril 2022 et a touché un échantillon de 7.177 ménages, comportant 29.597 individus répartis dans les gouvernorats de Kairouan, de Sidi Bouzid, de Gafsa et de Monastir. L’échantillon sélectionné est composé d’environ 1.800 ménages dans chacun des quatre gouvernorats. Au mois de juin 2022, huit focus groups ont été organisés avec des jeunes Neet ayant été pour la majorité interviewés lors de l’enquête. Pour chaque gouvernorat, deux focus groups ont eu lieu, faisant participer les différentes catégories des Neet (chômeurs, découragés et volontaires) et en respectant, dans la mesure du possible, la diversité par genre, par âge et par milieu de résidence (rural et urbain).

 

D’après rapport

29/09/2023 | 16:35
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Commentaires
cesarios
le chômage est le pire des maux d'une nation qui se respecte
a posté le 01-10-2023 à 12:42
la plus grave et la plus ignoble décision prise avant la révolution jusqu'à ce jour est de fermer , de clore et de réduire à néant les colléges professionnels, et les lycées techniques, c'est la cause principale et catastrophique pour l'aggravation du chomâge et de l'oisiveté , surtout parmi notre jeunesse, il faut, et c'est une nécessité absolue de lancer à chaque village ,à chaque ville et même à chaque douar, un centre d'apprentissage ou un collége professionel ou un lycée technique selon des études bien réfléchies et bien étudiées et à chaque région selon ses réalités économiques et ses paramétres géographiques...Notre TUNISIE a besoin de la main d'oeuvres spécialisées dans tous les domaines et les secteurs, aussi l' europe cherche à combler le manque de sa main d'oeuvres selon des contrats officiels et la coopération légale notre taux de chômage augmente d'une année à une autre, c'est le moyen le plus d'actualités pour pouvoir le réduire vu que notre situation écnomique et sociale prendra un certain temps pour s'améliorer et s'avancer
Hamza Nouira
Et bien....
a posté le 30-09-2023 à 20:24
Ils sont tous sur Facebook a plein temps à scroller les pages d'informations sur les complots. Vous les trouverez tous au même endroit au café. Tous les matins je les vois assis a siroter et à scroller.

Facebook en Tunisie est une nation dans une autre.
anyssa
certains oeuvrent H24
a posté le à 12:23
pour le nouveau monde qui sera guidé par les esprits du chitanisme...
Alya
L etude
a posté le 30-09-2023 à 14:52
L étude ést assez correct . Mais le matériel est limité à 4 gouvernerats ! Le salaire proposé à 700 dt bien entendu non imposable est une des causes de refus du travail des jeunes non qualifiés ? Cette rémunération n à pas été comparé à d autres renumerations proposés dans le secteurs privé à ce qu on appelé ouvrier . J aurais donc voulu que BN définisse le statut actuel d ouvriers et le salaire octroyé. Plusieurs autres gouvernerats disposent d usines dites loi 72 . Les places ne sont pas vacantes et les salaires sont en deçà de 700 dt/ moi même si le métier n offre aucune formation . L étude n a pas non plus et surtout des jeunes qui travaillent dans le secteur informel et qui souvent gagnent assez correctement leur vie . Les jeunes femmes de ménages sont un bon exemple
Houcine
Observations.
a posté le 30-09-2023 à 11:33
En acceptant, par respect pour le travail mené, les résultats de cette enquête on n'en discutera pas la méthodologie dont nous est donné un récapitulatif.
Premier élément, celui de l'âge montre qu'il s'agit d'une génération post-révolution.
Donc, de cohortes de jeunes gens, filles et garçons ayant été scolarisés pour l'essentiel durant cette période.
On n'a pas d'indications précises sur leur cursus scolaire, diplôme, orientation, rupture scolaire ou non et à quel moment.
Pas davantage sur les causes.
A partir de ces interrogations on peut établir des liens.
Et tenir qu'à minima existent des liens de causalité entre la situation politique et ce qu'il est advenu d'une partie des jeunes aux plans scolaire, social.
La dégradation du climat économique qui prend sa source dans cette séquence, les effets de la pandémie Covid avec ses retombées locales, viennent surajouter aux difficultés de ce pays à répondre aux besoins de ses jeunesses.
Jeunesses au pluriel indiqué le souci de distinguer au sein de cette classe d'âge le différentiel en capitaux économique, culturel, social.
Sur ce réquisit, on ne peut attribuer la paternité de ce qui est relevé dans l'enquête qu'aux politiques menées et aux politiciens les ayant décidées.
Point besoin de nous mener en barque pour noyer le poisson et nos cerveaux avec.
Hassine
Le plus important
a posté le 30-09-2023 à 10:24
Pas d'avenir digne
Krouma
La formation professionnelle
a posté le 29-09-2023 à 22:46
Le levier de la formation professionnelle pour les jeunes en rupture de scolarité est laissé pour compte
Il faut absolument trouver les solutions pour encourager la formation professionnelle dans les métiers demandés par le marché de l'emploi comme la plomberie, le froid, la santé, l'électronique, l'électricité, les nouvelles technologies etc. Même en y accordant des bourses pour attirer les jeunes à ces formations
Juan
Frankreich, unser Unglueck ... France, notre malédiction
a posté le 29-09-2023 à 18:38
vous copiez tout sur la France, par franalphabétisme: sa francophonie, sa polytechnique, son costume cravate ( par 45 deg !!).
au lieu de copier son industrie, son airbus, sa renault ...
aucun pays colonisé par la france, n'est sorti du sous développement. Aucun ...
voilà qui explique un taux de chomage de 40 % chez jeunes ( pas 13 %) ... et 90 % de Harragas ...

France, notre malédiction depuis 1881, pas depuis 2011 ...
anyssa
c'est plus pernicieux que ça...
a posté le à 19:42
ton analyse est correcte.
Il faut REGARDER VERS L'AFRIQUE, direction le SUD de la TUNISIE et non plus vers le Nord.
Nos maîtres à penser ( donc la France, depuis qu'elle a VOLONTAIREMENT GARDE chez elle en prison et ce jusqu'à leur mort, notre BEY ( pour le Tunisie ) et Abdelkhader ( pour l'Algérie ), ils ont trouvé la bonne parade :
1) apprendre le Français et le plus tôt sera le mieux
2) aux frais des Tunisiens
3) ils choisiront les meilleurs élèves pour les former chez eux, toujours sur le dos du Tunisien, et enfin lui donner un emploi et salaire de misère ( inférieur aux autres, il en va de soi ).
Voilà, comment on est cloné à la française...hé oui, on a perdu notre identité...mais l'Afrique se réveille EN..FIN !
adel
Bon!
a posté le 29-09-2023 à 18:35
Il faut ajouter cela au palmares des exploits des tunisiens.
veritas
Ethawra El moubaraka des islamistes
a posté le 29-09-2023 à 18:26
Les résultats sont là personne n'a rien inventé'?'durant 10 ans d'islamisme chaque année 200 milles jeunes quittent les rangs de l'école en 10 ans il y'a eu 2 millions de jeunes qui ne sont plus scolarisés c'est un bon projet de charbon de cheminée pour les criminels islamistes à fin d'accomplir leur guerre sainte pour éradiquer des régimes et détruire des pays sous les ordres de leur maîtres qui les sponsorises.
Juan
@ veritas talmudistis
a posté le à 11:29
tu maitres pas le sujet islam
parle nous de tes cousins jihadistes envoyés par miliers depuis la france joindre les camps du Tsahal, pour massacrer les palestiniens.
parle nous du terrorisme fianancier qui ont mis le sytème financier mondial à genoux: Milken, Lehman brothers ( and sisters ) , Madoff, Drahi, Soros qui a forcé la BoE à dévaluer le sterling ...
SAHLI
Pas tellement vrai.
a posté le 29-09-2023 à 17:30
Entre temps, ils maîtrisent parfaitement le sakhafounisme tunisien moderne !
Hamid
Cause
a posté le 29-09-2023 à 17:29
Ceci est du tout simplement a la decennie malheureusement noire du parti Islamiste et complices, occupes par Le pillage des caisses par la corruption par Le placement de leurs sympathisants et parents dans l administration les banques. Notre chere tunisie va trainer les effets pendant des decennies