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Tribunes
Monsieur le président, à quand le changement du mode de scrutin ?
13/07/2018 | 12:02
4 min
Monsieur le président, à quand le changement du mode de scrutin ?

Par Nabil Ben Azouz*

 

Monsieur le président de la République,

 

Le 15 mars dernier, notre Collectif Citoyen Soumoud a organisé à Tunis et sous forme de plusieurs panels, une conférence nationale sur « le mode de scrutin et la crise de la gouvernance en Tunisie » qui a eu de larges échos. Le 20 mars et lors de votre discours commémorant notre Indépendance, vous avez vous-même repris cette idée de proposer la modification du mode de scrutin en invitant et en citant nommément tous les membres du panel juridique de notre conférence, à savoir les Professeurs Sadok Belaïd, Amin Mahfoud, Houcine Dimassi et Haykel Ben Mahfoudh. On vous est également reconnaissant de les avoir chargés de vous soumettre un projet de loi sur cette épineuse question.

 

Par la suite, vous avez proposé à discussion cette idée de modification du mode de scrutin aux « experts » chargés de préparer le document de Carthage 2. Ces experts, ne se sont pas mis d’accord sur ce point et on a décidé de le renvoyer au comité des présidents de Carthage 2. Hélas Carthage 2 fut mort-né et avec lui ce projet de loi. Tout est désormais bloqué.

 

 

Monsieur le président, cette idée de modifier le mode de scrutin en le faisant passer d’un mode de scrutin à la proportionnelle à un mode de scrutin majoritaire à deux tours, uninominal, binominal un homme-une femme ou par liste (le débat qu’on espère, le dira), est à notre avis la seule et unique solution pour ramener la stabilité à notre pays et le remettre ainsi sur les rails de l’achèvement de notre processus démocratique.

 

Monsieur le président, il ne s’agit plus, ni de démontrer, ni d’énumérer toutes les conséquences néfastes du mode de scrutin à la proportionnelle sur notre pays, politiquement, économiquement et socialement car désormais tout le monde le sait et le dit. Afin de les sensibiliser sur cette question, nous avons rencontré les responsables de plusieurs partis, tels que Nejib Chebbi, Mohsen Marzouk, Jounaidi Abdelajaouad, Kamel Morjane, Mounir Charfi, Yassine Brahim, Abid Briki et d’autres, plusieurs députés et à leur tête Sahbi Ben Fredj, Leila Chettaoui et Mustapha Ben Ahmed. On a rencontré également des responsables de l’UGTT, l’UNFT et l’UTICA, mais aussi plusieurs associations issues de la société civile. Tous se sont montrés intéressés par cette question et ouvert au débat. Sauf bien sûr et vous l’aurez deviné, « nos amis » du Front Populaire qui refusent cette proposition et qui refusent même de nous rencontrer ou de nous adresser la parole. On les comprend, tout en étant persuadés qu’ils ont tort. Toujours ce « syndrome de Peter Pan » et leur hélas trouvaille du moment « mouch waktou » !

 

Monsieur le président, certes cette proposition de modification du mode de scrutin, n’est pas la seule et unique réponse miracle à nos maux, mais elle fait grandement partie de la solution à la déliquescence et au dangereux virage d’instabilité que connait actuellement notre Grand-petit pays.

Cette campagne pour la modification du mode de scrutin, nous la menons depuis 2012. Le président de l’ISIE à cette époque, notre ami Kamel Jendoubi, qui a largement contribué à la mise de notre pays sur les rivages de la démocratie naissante que nous voulions tant, avait déjà attiré notre attention sur cette urgence de modification du mode de scrutin dans sa forme proportionnelle pour les élections de 2011, nécessaire lors des élections législatives de cette année, mais qui ne sera plus efficace après. On n’a pas été entendus. D’ailleurs, il faut bien qu’un jour, que nous espérons proche, revoir le fonctionnement de l’ISIE en réformant d’urgence le mode de nomination de ses membres afin de le sortir des magouilles politiques (par exemple que ses membres soient élus par les corps constitués en y associant la société civile) et afin de lui donner plus de pouvoir. La crise couve déjà et cela devient dangereux pour le bon déroulement des élections de 2019. C'est-à-dire demain !

 

Monsieur le président, on sait qu’actuellement vous avez d’autres chats à fouetter, mais il est de votre devoir d’être sur tous les fronts. Et le tableau n’est pas très reluisant. Une grave crise politique, économique et sociale, un fils qui sème la zizanie et les divisions et vous cause de l’antipathie un peu partout, un Chahed qui ne regarde plus que lui-même et nous la joue Iznogood, une centrale syndicale de plus en plus gourmande et politiquement ambitieuse, un partenaire islamiste qui fait semblant d’être dans le consensus, mais qui ne rêve que d’une chose, c’est de vous glisser des peaux de bananes et de s’accaparer le pouvoir, des démocrates qui ont votre préférence mais trop divisés et aux ego surdimensionnés et psychopathiques, une Gauche extrême toujours dans le refus, qui nous la joue sainte-ni-touche, mais qui est surtout atteinte du « syndrome Peter Pan », ce héros de la BD qui refuse de grandir. Pendant ce temps-là, notre peuple souffre le martyr.

 

Monsieur le président, on vous espère à l’écoute. On attend votre entrée en action sur cette question. Le projet de loi vous l’avez, mais et il est aussi de notre devoir d’agir. Cela urge !  

 

 

 

*Membre du Collectif Citoyen Soumoud

13/07/2018 | 12:02
4 min
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Commentaires (12)

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Aksel
| 18-07-2018 15:51
Même un scrutin a quarante tours ne privera nahda de la victoire .
Primo les islamistes sont en mission ils ne désertent pas .
Secondo la parole du gourou est divine
Tercio ils sont fourbes et s'adaptent a toutes les situations.
Seule et unique solution rendre le vote obligatoire comme en grece pour augmenter le. Taux de particiipation et assurera automatiquement la victoire des démocrates.

HatemC
| 13-07-2018 19:53
Quand les poules auront des dents ...

Ce président est dans sa bulle ... Ghannouchi l'a envoûté .. il est sous l'emprise des islamistes ... va falloir exorciser Beji ... ou l'interner à Razi ... il est possible d'interner un sénile ou un athée dans ce bled ... il suffit de le déclarer apostat ... Internement médicale et en finir avec ce centenaire ... HC

kameleon78
| 13-07-2018 19:50
Le scrutin majoritaire à deux tours a été institué en France pour éliminer les extrémistes. Si en France il y avait le scrutin à la proportionnelle à un seul tour, Macron serait obligé de gouverner avec Marine le Pen, car le Front National depuis une vingtaine d'années au moins est aux portes du pouvoir mais le scrutin majoritaire à deux tours les en empêche, pourquoi?

Tout simplement pour gagner au second tour il faut gagner plus de 50% des votes ce qui est impossible pour le Front National dont le score varie entre 30 et 40% maximum. Cela ne vous rappelle rien? Bien sûr, cela nous rappelle la Nahda dont le score maximal varie entre 30 et 35% des votes donc il est impossible pour eux de gagner une élection à deux tours comme la présidentielle, et si on instaure ce scrutin majoritaire aux élections législatives ou Municipales, la Nahda n'atteindra jamais les 50% fatidiques pour gagner au niveau national. Cela explique pourquoi la Nahda ne présente jamais un candidat à la présidentielle, car il leur est impossible d'atteindre les 50% fatidiques et des poussières pour gagner. Au second tour, les électeurs se déplaceraient pour "éliminer" les islamistes (65 à 70% des votes contre les islamistes).

La Nahda nous raconte à chaque fois des histoires, pourquoi elle ne présente pas un candidat à la présidentielle, toujours des motifs extravagants, le dernier en date a été donné par Mohamed Ben Salem qui nous avait dit qu'ils avaient peur du scénario égyptien, mais la véritable raison c'est celle dont je vous ai parlé, impossible d'atteindre les 50% des votes donc une élection perdue d'avance.

lario
| 13-07-2018 17:56
Notre chére TUNISIE est dans une situation trop difficile sur tous les fronts , je me demande pourquoi notre peuple TUNISIEN doit attendre l'accord des deux cheikhs pour mettre en éxécution cette demande si urgente et si nécessaire pour la stabilité , la sécurité et le développement de notre nation ?! la seule et unique solution adéquate, logique, et démocratique est de faire participer le peuple et gagner la confiance de sa grande majorité silencieuse qui n'est pas adhérée aux partis et ce en bien organisant un referenrdum transparent et neutre sur ce sujet si important et si vital , le résultat acquis sera retenue et on avance sans perdre du temps et on clot ce point.L ' l'intérét de NOTRE TUNISIE est avant toute considération, de n'importe quel tunisien méme s'il est BAJBOUJ OU CHEIKH RACHED et de n'importe quel parti soit -il , et c'est au peuple de décider son sort , son avenir, et de prendre ses responsabilités .Notre jeune démocratie doit avancer et on doit tirer les conclusions de nos expériences et de nos nos évaluations

Abir
| 13-07-2018 16:50
Il faut aussi demander au président de changer ses conseillez,qui sont devenus des fantômes dans le Palais,laissant le président dans des fausses informations ou sans informations!

Mg
| 13-07-2018 16:21
Il y a un an ou presque on nous avait dit qu'il avait urgence à changer le mode de scrutin. Et que la Tunisie se porterait mieux. On y a cru.
Mais voilà que, cette mesure semble avoir cédé aux exigences de la mondialisation des moeurs. Le mariage pour tous serait le gage d'entrée dans le 21eme siècle. C'était le défi imposé à la Colibe. Tout le reste est pure imposture.
Dommage pour un si beau crayon !

rz
| 13-07-2018 16:19
Les Lois ce n'est pas ma tasse de thé mais le résultat des derniers scrutins sont parlants; seule nahdha tient à ce scrutin, il lui permet de continuer à magouiller sans que personne ne lui demande des comptes; maintenant pour changer cette Loi il faut l'accord de nahdha et elle ne sera d'accord que si elle est sûre de gagner la prochaine échéance pour s'assurer un pouvoir à vie.

Abir
| 13-07-2018 16:13
Tout patriote et qui veut l'intérêt de ce pays, ne manquera pas son accord à cette demande.

A4
| 13-07-2018 14:30
Faites comme moi, je ne participe plus à ces scrutins de crétins !!!
Après tout, ça ne sert qu'à légitimer la voracité des élus affamés et opportunistes.
Les élections municipales puis les élections des maires le prouvent !!!
La prochaine fois 2 tunisiens sur 3 n'iront pas voter !

DHEJ
| 13-07-2018 13:52
Pour dire que ton PRESIDENT méprise tout le monde est s'en fiche pas mal, d'ailleurs tu dois lire cet article de la constitution:


Article 79 :

Le Président de la République peut s'adresser à l'Assemblée des représentants du peuple.

'?a fait bientot 4 ans que le mec est PRESIDENT et au lieu d'aller à l'ARP c'est l'autre GUIGNOL qui se déplace à CARTHAGE!

De quel mode de scrutin tu parles PETERPAN?!