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Lutte antiterroriste : Le ministère de la Santé a aussi un rôle à jouer
13/04/2015 | 19:59
5 min
Lutte antiterroriste : Le ministère de la Santé a aussi un rôle à jouer

 

Par Hédi Achouri *

Dans les suites de tous les actes terroristes, en particulier ceux qui se déroulent dans les régions frontalières, nos médias remettent sur la table l’incapacité ou l’insuffisance des hôpitaux publics à prendre en charge les blessés, victimes des attaques terroristes. Le plateau d’El Hiwar Ettounsi du 8 avril 2015 autour de Monsieur Elyes Gharbi, le dernier que j’ai vu à ce sujet, a mis l’accent sur certaines insuffisances des hôpitaux de Sbeïtla et Kasserine.
Etant convaincu que des actes analogues à celui perpétré à Mghila se répéteront malheureusement, il serait utile que nous connaissions les capacités de notre système public de soins, en particulier dans les régions de l’ouest, et que nous proposions des solutions pertinentes, loin des vœux pieux ou des ambitions, voire des fantasmes, et sans culpabiliser les uns ou les autres.

 

Commençons par connaitre le rôle et les missions des différentes catégories d’hôpitaux. Le premier niveau hospitalier est celui des hôpitaux de circonscription qui ne peuvent assurer que des accouchements normaux et des soins de médecine générale. En dehors de rares exceptions, aucun ne peut assurer des actes de chirurgie que nécessitent des victimes de plaies par armes à feu. C’est le cas de tous les hôpitaux de circonscription des gouvernorats de Kasserine (dont Sbeïtla) et du Kef (dont Sakiet Sidi Youssef ou Nebeur). Dans les cas où ils sont confrontés à ces situations, ils ne peuvent que veiller au transport sanitaire des victimes vers l’hôpital régional le plus proche qui est le second niveau hospitalier capable de dispenser, selon la disponibilité des ressources humaines spécialisées et du matériel d’investigation idoine, des soins de chirurgie générale ou spécialisée. Seuls les hôpitaux régionaux de tout l’Ouest du pays sont dans cette situation.
Tous les hôpitaux régionaux de l’ouest, du centre et du sud du pays souffrent du manque de médecins spécialistes et probablement de certains équipements. C’est un problème chronique qui ne sera pas résolu de sitôt malgré les incitations financières qui ont été instaurées depuis les années 1990 et devant les hésitations des divers gouvernements à « obliger » les médecins à y exercer.
Dans les conditions précaires actuelles ne faudrait-il pas envisager des solutions exceptionnelles qui permettraient de rapprocher les soins des victimes en particulier et des citoyens en général au lieu de ramener les victimes vers les hôpitaux de Tunis, Sousse ou Sfax ? A cet effet, je proposerais aux ministères de la Défense nationale et de la Santé publique d’envisager de détacher des équipes multidisciplinaires complémentaires de médecins militaires aux hôpitaux régionaux frontaliers qui prendront en charge les victimes de plaies par armes à feu, lorsque cela se produit, et toute la population de ces régions, en périodes d’accalmie. Le ministère des Finances mobilisera les fonds nécessaires, à titre exceptionnel et sur les budgets des départements de la Santé et de la Défense, pour subvenir à la totalité des besoins en équipement et matériel fixés par les équipes médicales. Les services de contrôle des dépenses relevant du chef du gouvernement œuvreront à faciliter les procédures d’acquisition et à la célérité de l’exécution des marchés.
Les effectifs de ces équipes, sous commandement militaire, pourront être renforcés par des médecins civils parmi ceux qui exercent dans les régions de Tunis, Sousse, Monastir et Sfax et bien évidemment par les effectifs en place. N’avons-nous pas tous scandé « Unis contre le terrorisme » ?
Cette proposition pourrait être examinée en parallèle à la possibilité de mettre en place un hôpital de campagne à l’image de ceux qui ont été installés par l’armée tunisienne et l’armée marocaine sur nos frontières sud lors des évènements sanglants de Libye.
Et pendant que nos valeureux soldats et nos vaillantes forces de sécurité combattent, les médecins se rapprochent des terrains de manœuvre militaire pour leur assurer la célérité de la prise en charge médicale, lorsqu’ils en ont besoin.

 

Par ailleurs, des directeurs d’hôpitaux et autres professionnels de santé ont été épinglés par les médias car ils ont refusé de laisser les caméras filmer et/ou communiquer des informations au sujet des victimes et en particulier leur état de santé. Là aussi, il me semble qu’il ne faudrait pas se tromper de cible. A-t-on vu un responsable français du secteur de la santé discourir à propos des attaques perpétrées à Paris ? A-t-on vu des caméras filmer à l’intérieur des hôpitaux dans les mêmes circonstances ? Outre leur obligation de respecter le secret médical, ces responsables sont soumis à un devoir de réserve et ne peuvent pas communiquer des informations dont ils ne maitrisent pas les tenants et les aboutissants. Par contre dans ces circonstances, il faudrait que chaque établissement mette en place une cellule d’information aux familles des victimes pour les tenir au courant de l’évolution de l’état de santé du blessé (malade) hospitalisé. Le ministère de la Santé publique devrait mettre en place les modalités et procédures de communication des hôpitaux avec la population et les médias nationaux pour éviter tout malentendu entre les uns et les autres.

 

Toutefois, dans ces circonstances particulières, que j’espère passagères, force est de reconnaitre que, comme souligné par plusieurs médias, la communication reste très en deçà de ce qu’elle devrait être pour informer, tranquilliser et sensibiliser. Nos départements concernés (Intérieur, Défense, Justice) ont certes fait des efforts louables pour s’améliorer mais ils peuvent mieux faire. Une communication rapide, opportune et aussi complète et transparente que possible, est aussi un outil de lutte contre le terrorisme. Ceci nous évitera la flambée des rumeurs et des interprétations hasardeuses et rétablira une partie du prestige de l’Etat.
La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine qui doit mobiliser tous les citoyens et toutes les professions qui doivent opérer de manière synchrone, cohérente et coordonnée. Le Gouvernement en est le chef d’orchestre et devrait délimiter les missions de chaque département qui définira ses procédures d’action en complète symbiose avec les opérateurs sur le terrain.

 

*Médecin de Santé Publique, Retraité

 

13/04/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (4) Commenter
SAUVE QUI PEUT...
TAMAZGHA
| 14-04-2015 19:08
L´erreur capitale de nos pays est de ne pas avoir réussi à créér un système de santé national, local et compatible et avec nos moyens et notre climat.

Ce que nous avons chez nous n´est qu´une copie collée d´infrastructures importées d´autres pays avec d´autres structures solides et d´autres traditions.

Un hôpital digne de ce nom doit d´abord être construit selon des normes
rigoureuses qui respectent :

1-Le climat (montagne, désert, ville , côte etc..), avec sous-sol, aération, systèmes électrogènes pour les cas de pannes et accès à l´eau.

2- Cet hôpital doit être sécurisé contre les trembelements de terre et autres catastrophes naturelles, doit être apte à fonctionner même en cas de guerre avec des infrastructures souterraines, des laboratoires indépendants et simples à faire fonctionner même dans des conditions extraordinaires sans oublier des dépôts de médicaments de base (antibiotiques, sérums, etc...)

-3. Un hôpital est comme un navire: une équipe de techniciens bien formés et dirigée par des ingénieurs va veiller à la maintenance 24H/24 H, des lavabos, douches, toilettes aux lampes, interrupteurs, sanitaires, appareils etc..

4-Un hôpital doi comprendre des équipes d´hygiène pour la maintenance continue sans oublier les équipes qui immédiatement vont réparer une porte,une fenêtre, une chaise etc...24H/24 H

5-Puis les cuisines, les espaces culturels avec salle de lecture, télévision et autres activités pour les malades en plus des soins post-opératoires ou post-traitement (fysiothérapie etc..) selon les malades et les âges.

Enfin viendra le médecin et ses équipes...

Ceci n´est qu´un petit relevé des normes de ce qui est nommé hôpital et on est bien loin.

Vue que nous n´avons fait que singer des bâtisses incompatibles avec notre climat, celles-ci pourissent en l´espace d´une année.

Les soits disants " hôpiatux" de chez nous ne sont qu´une façade propice pour d´abord permettre la corruption(entrepreneurs, agents etc..)
et ensuite donner un faut sentiment de sécurité ce qui est grave. car nos hôpitaux tuent au lieu de guérir ou soulager.

Enfin, 98 % du matériel puisque importé est inutile, cher et incompatble avec des soins de base.

Il est préférable de détruire tous ces hôpitaux, de fermer le ministère de la santé et de dire aux citoyens:

-Nous sommes incapables de vous aider.
SAUVE QUI PEUT...
TAMAZGHA
| 14-04-2015 16:55
Pourquoi un jeune médecin va-t-il se sacrifier pour travailler dans des bâtisses pourries appelées " hôpitaux", en plus dans les régions enclavées et en plus régions instables ?

Par nationalisme? Par humanisme? Par
empatie ?...

Non seulement ce médecin ou infirmier(ère) sera confronté à la misère, le délaissement,le manque de matériel, les coupures d´électricité, les coupures d´eau, la saleté, et j´en passe, mais en plus il sera en charge pour soulager, guérir et aider une masse de patients sans ressources, sans moyens pour acheter des médicaments et suivre un traitement sans oublier les grands blessés graves (brûlures du 3:éme degré, traumatismes, etc..) qui nécessitent des apparaiels, des moyens et des systèmes de pointe.

Donc, il est tout a fait normal et humain que nos jeunes médecins optent pour l´Europe ou d´autres continents pour un salaire digne, des horaires humaines et surtout des hôpitaux dignes de ce nom avec en plus des structures d´assurances qui prennent en charge le malade dès son admission. Quel que soit
son cas.

Par exemple , en Suède, le maximum par nuit dans un hôpital spécialisé (CHU) payé par un malade est de 4 euros/jour.

Le maximum pour les prix des médicaments quel que soit la pathologie
est de 120 euros/ans (le patient paye jusqu´à 120 euros, le maximum, pour une année, et quel que soit le prix total des médicaments). L´Insuline et d´autres médicaments similiares sont gratuits ou subventionnés.

Grâce à un système d´assurance médicale généralisé à toute la population (totale) et grâce aux impôts payés par tous, tous quelque soit le revenu.

L´article soulève un vrai problème. Mais
la situation est déjà catastrophique même à Tunis .

Pour les pays développés d´Europe ou de l´Amérique du Nord y inclus le Canada, la situation de nos jeunes médecins et autre personnel médical est une aubaine
bon marché.

Un jeune médecin tunisien pour lequel la Tunisie a déboursé plus de 150.000 euros pour sa formation est bienvenu
dans ces pays qui eux ont un manque constant de spécialistes vue que la population vieillit .

Déjá en France, un grand pourcentage des médesins spécialistes et autres
dsiciplines sont maghrébins, Tunisiens inclus. De même au Québec.

L´article ne parle pas du fait que nos dirigeants prennent l´avion pour des cliniques européennes ou américaines pour se faire soigner sans sourciller sur les dépenses (avion privé, frais qui se montent á des millions d´euros etc..).




excellente initiative
samir abdelmoumen
| 14-04-2015 08:43
Une initiative très pertinente surtout qu'elle proviens d'un fin connaisseur et expert du système sanitaire tunisien l'ex directeur des structures hospitalières au ministère de la santé j'adhère à 1000% et je suis le premier à me portè volontaire pour aller bosser dans les zones frontalières pour donner un coup de main à mes confrères
Je viens de parcourir cet article écrit par ancien de la santé publique
DHEJ
| 13-04-2015 21:16
Un article encore superficiel qui vient d'un compatriote qui ne reconnait pas l'aspect CIVIL DE L'ETAT!


Le ministère de la santé est régi par des lois rigides "MADE" par les différents cartels...

Dans un pays où un simple sphygmomanomètre est classé " MATERIEL LOURD", on peut comprendre le manque de matériel médical...

En outre, j'aimerais savoir ce que veut dire cet ancien de la santé publique par:

" des équipes multidisciplinaires"???














Le début de la sooltion