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Chroniques
L’INS en question
Par Houcine Ben Achour
05/09/2024 | 18:11
3 min
L’INS en question

 

Cela fait quelques jours que les utilisateurs de données de l’Institut national de la statistique (INS) sont en plein désarroi. Et pour cause. S’ils désirent consulter les statistiques par thèmes, la seule réponse apportée par le site de l’établissement est « la page demandée n’existe pas ». Ce black out des données serait dû à un problème technique, assure-t-on du côté de l’INS ; problème technique qui devait être résolu rapidement. Voila une semaine que cela dure. Visiblement, on se hâte avec lenteur à l’INS. En tout cas, le retard pris pour remédier à cette situation a fait progressivement instiller le doute sur les véritables raisons de ce black out des données et séries statistiques de l’INS et le problème technique ne serait qu’un faux semblant. Ici même, la semaine dernière, on prévenait des risques d’ingérence sur l’Institut, sur son indépendance scientifique et sa neutralité politique. Serait-ce là la première manifestation d’un interventionnisme du pouvoir politique sur le travail de l’INS ?

 

Certes, l’INS comme tout autre établissement public, doit rendre des comptes et répondre aux interrogations que peuvent susciter la publication ou non par l’institut de certaines données statistiques macroéconomiques et non des moindres tenant à la croissance, ou à l’emploi ou au chômage, ou à la démographie… Cependant, cela ne doit en aucun cas constituer le prétexte d’une mise sous le joug de l’INS par le pouvoir politique.

Il est vrai que les retards pris dans la publication de certaines statistiques économiques, au grand dam des utilisateurs, inquiètent dès lors que l’INS ne prend même plus la peine d’en informer et d’en fournir les raisons. Certaines statistiques ne sont plus publiés depuis belle lurette comme l’indice de production industrielle (IPI) ou l’Indice des prix de vente industrielle (IPVI) qui pourtant entre dans le calcul du PIB à prix courants ou encore l’indice des prix de l’immobilier. Il en est de même des résultats de certaines enquêtes.

A cet égard, les exemples sont nombreux. Il n’y a qu’à se pencher sur l’Enquête nationale sur la population et l’emploi (ENPE) pour s’en rendre compte. De cette enquête, l’INS ne livre que les données sur la population active, la population active occupée, le taux de chômage global, le taux de chômage des jeunes et celui des diplômés de l’enseignement supérieur.

 

Pourtant, les objectifs de l’ENPE sont bien plus larges puisque qu’ils visent à dégager les caractéristiques démographiques (tranches d’âge, état matrimonial,…), les caractéristiques éducationnels (niveau d’instruction, taux analphabétisme, etc.), les caractéristiques des chômeurs (taux de chômage, durée de chômage, répartition régionale du chômage,…) et même les indicateurs de niveau de vie et des migrations internes et externes. De tout cela, que publie l’INS. Visiblement pas grand-chose compte tenu de la masse d’information que recèlerait cette enquête. Un gâchis. D’autant que ce genre d’enquête exige des dépenses considérables. Il en est de même de l’enquête quinquennale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages, dont la publication des résultats de la composante revenu des ménages a été totalement élaguée. Pourtant, cette composante est essentielle pour comprendre la structure du budget des ménages et leurs choix de consommation.

 

On peut encore citer d’autres « bizarreries ». La dernière en date concerne l’évolution de la tranche d’âge des 0-4 ans des années 2013 à 2016 de la population tunisienne. A titre d’exemple, en 2013, on dénombrait 957.000 enfants dans la tranche d’âge des 0-4 ans. On ne sait pas qu’est ce qui a fait en sorte que cette population atteigne presque 987.000 enfants en 2018, soit 20.000 de plus. Le même phénomène se reproduit pour les années suivantes, jusqu’en 2016. Il concerne aussi les tranches d’âge des 35-39 ans de 2018, celles des 40-44 ans de 2015 et 2016 et celle des 45-49 ans de 2013.

Non l’INS n’est pas à l’abri des critiques et des interrogations. Il gagnerait plutôt à s’en expliquer que d’être tentée d’invoquer l’indépendance scientifique afin de cacher une certaine incurie dans l’exercice de ses missions.

 

Par Houcine Ben Achour
05/09/2024 | 18:11
3 min
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Commentaires
Djodjo
Il restera pas grand chose à la fin du règne de kais
a posté le 06-09-2024 à 02:52
Alors, selon certaines rumeurs qui circulent et qui nous vient d'un homme bien informé, tout ça serait de la faute des spectateurs, si si, c'est kais qui le dit.

Sinon, à part mettre des gens en prison, je ne vois pas en quoi kais est compétent.
Chaaboune
La vérité est ailleurs!
a posté le 05-09-2024 à 21:32
Ils ont certainement reçu des instructions, comme partout ailleurs, de camoufler les chiffres désastreux de notre situation socio-économique. Ils ont tout simplement peur de révéler la vérité des chiffres.
Gg
Saccage généralisé
a posté le 05-09-2024 à 21:15
Maintenant c'est l'INS qui est démoli. Toutes les réalisations qui ont fait de la Tunisie un pays moderne sont systématiquement détruites . C'est le travail de dizaines et dizaines d'années qui tombe secteur par secteur.
Que cherche Saied? Pour qui travaille t-il?