
La Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) a publié ses états financiers arrêtés au 31 décembre 2023, avec huit mois de retard (l’assemblée générale ordinaire (AGO) est prévue le 8 avril 2025, ndlr). Les commissaires aux comptes de l’établissement bancaire ont indiqué que la situation financière de la banque est très critique et qu’il y a une menace sérieuse sur sa solvabilité et sa capacité à honorer ses engagements financiers.
Il en ressort que la banque a réalisé un déficit de 16,16 millions de dinars fin 2023 contre 12,79 millions de dinars (MD) fin 2022. La banque accuse ainsi des pertes cumulées totalisant, à la clôture de l'exercice 2022, un montant de 126,72 MD, engendrant une situation nette comptable négative de l’ordre de 39,95 MD.
L’établissement bancaire a enregistré une baisse de 14,08% de ses produits d'exploitation bancaire, qui sont passés de 12,17 MD fin 2022 à 10,45 MD fin 2023. Par contre, les charges d'exploitation bancaire ont haussé de 20,64% passant de 3,28 MD à 3,96 MD entre fin 2022 et fin 2023.
Le produit net bancaire (PNB) a diminué de 26,90% atteignant 6,5 MD fin 2023 contre 8,89 MD fin 2022. Le résultat d’exploitation est déficitaire se situant à un peu plus de quatorze MD fin 2023 contre -12,68 MD fin 2022, le déficit ayant augmenté de 10,44%.
Notons que les commissaires aux comptes précisent dans leur rapport : « en application des dispositions de l’article 388 du code des sociétés commerciales, l’assemblée générale extraordinaire, qui n’a pas prononcé la dissolution dans l’année qui suit la constatation des pertes, est tenue de réduire ou d’augmenter le capital d’un montant égal au moins à celui des pertes.
Nous rappelons dans ce cadre que les assemblées générales extraordinaires réunies le 4 avril 2019, le 17 mars 2020, 31 août 2020, le 29 novembre 2022 et le 31 juillet 2024 ont toutes décidé la poursuite des activités de la Banque et ce, en se basant sur les dispositions de l’article 7 de la loi n°2015-30 du 18 août 2015 portant loi de finances complémentaire pour l’année 2015 ainsi que l’article 27 de la loi de finances pour l’année 2019 portant création de la Banque des Régions.
Par ailleurs, l’assemblée générale extraordinaire, tenue le 28 mars 2024, a décidé la réduction du capital social de cent millions de dinars à dix millions de dinars, suivie concomitamment d’une augmentation du capital par conversion de la dette envers l’État au titre de la ligne de crédit japonaise rétrocédée à la BFPME, et ce, pour la somme de 59,06 millions de dinars, portant ainsi le capital social à 69,06 millions de dinars.
Ceci étant, nous attirons votre attention que malgré cette opération de coup d’accordéon, la situation de la Banque empire davantage, et nous vous informons qu’à la date de rédaction du présent rapport, la situation financière est devenue très critique et menace sérieusement la solvabilité de la Banque et sa capacité à honorer ses engagements financiers ».
Notons aussi que les commissaires aux comptes ont émis plusieurs réserves dans les paragraphes d'observation, concernant notamment la comptabilité des engagements hors bilan, l’inventaire physique des immobilisations, la convention avec le Fonds suisse, le paiement des congés non consommés, et l’absence d’une balance équilibrée pour chaque passif subordonné.
Selon le rapport des commissaires aux comptes pour 2022, « le Conseil d’administration de la BFPME, réuni en date du 20 juin 2024, avait approuvé le business plan de la banque pour la période 2024-2028 constituant le cadre au sein duquel s’inscrivent les orientations stratégiques futures et les mesures que la banque compte entreprendre afin d’assainir sa situation financière » et qu’« une deuxième augmentation de capital en numéraire, d’au moins un montant de 80 millions de dinars est prévue en 2025 en vue du respect des dispositions de l’article 388 du Code des sociétés commerciales. L’objectif étant de consolider les fonds propres de la banque à hauteur de 78 millions de dinars à l’horizon de 2028 avec un ratio "fonds propres/capital" de 52% et ce, en plus des autres mesures à mettre en œuvre pour assurer la stabilité et la solidité financière de la banque ».
I.N.
