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Chroniques
I Watch le bakchich
07/09/2015 | 15:59
6 min

A l’actualité cette semaine, les informations que vous n’avez pas vues dans vos médias. Les mêmes que la semaine dernière, et les mêmes que celle d’avant. La Cour des comptes a dévoilé le nom du candidat à la présidentielle bénéficiaire d’un financement de deux pays étrangers de l’ordre d’un million de dinars, via une association qu’il préside et les antennes diplomatiques et de coopération des pays donateurs. Non, la Cour des comptes n’a divulgué aucun nom, en dépit de la gravité des faits reprochés et de la polémique médiatique. Il faut dire que les politiques, dans leur écrasante majorité et notamment ceux qui se prétendent révolutionnaires et chantres de la transparence, n’ont pas vraiment bougé sur ce dossier. Il n’y a pas eu de manifestation organisée ou de collectif constitué pour s’élever contre ce scandale et « obliger » la Cour des comptes à agir comme l’exige toute démocratie bien gouvernée. Finalement, la révolution, c’est ceux qui en parlent le plus qui la pratiquent le moins.

 

Dans la même veine des scandales réels tus par les militants virtuels, l’avocat Nizar Ayed a jeté plusieurs pavés dans la mare cette semaine à propos de Sihem Ben Sedrine.

D’après Me Ayed, une facilité de caisse souscrite par Radio Kalima dont Sihem Ben Sedrine était co-gérante (elle l’est encore si ça se trouve, puisqu’il n’y a aucune mention du contraire dans le JORT). La facilité de caisse en question a été octroyée, sans garantie, par une banque publique.

L’information que vous n’avez pas vue dans vos médias, c’est l’organisation « I watch » qui diffuse une affiche, pour compléter son iconographie, montrant Sihem Ben Sedrine et d’un texte montrant le montant du crédit et la mention « non remboursé ». I Watch a pondu une série d’affiches épinglant plusieurs hommes d’affaires et les accusant de ne pas avoir remboursé des crédits souscrits auprès de banques publiques. Plusieurs de ces hommes d’affaires ont démenti catégoriquement l’information d’I Watch qui n’a présenté aucune preuve formelle de ses accusations diffamatoires et salissantes contre ces chefs d’entreprise. En dépit de ces démentis, I Watch ne s’est pas rétractée et a continué sa « campagne » contre ceux qui créent de l’emploi et réalisent de l’export. Elle les diffuse même à l’étranger, là même où ces hommes d’affaires cherchent des marchés à explorer pour vendre la marchandise tunisienne. Je voudrais bien croire que les dirigeants d’I Watch and co sont naïfs, de bonne foi ou induits en erreur par des lobbys politiques. Mais comment expliquer qu’ils crient au scandale quand celui-ci frappe certains hommes d’affaires et deviennent muets comme une carpe quand le scandale touche des proches de ces mêmes lobbys politiques ?

 

Un énième et nouveau collectif a vu le jour en Tunisie, il s’appelle « manich msameh », signifiant « je ne pardonne pas ». Parmi ses fondateurs, des « militants » parmi ceux qui, quatre ans durant, parlent de révolution et s’autoproclament révolutionnaires. Dans un communiqué publié samedi dernier, l’association en question porte son soutien à « I Watch » contre cette « campagne » de dénigrement, de diffamation et de mise en doute visant « I Watch » de la part de « plumes rémunérées ».

Elles sont rémunérées par qui ces plumes ? Les révolutionnaires du collectif ne le disent pas. Qui rémunère « I Watch » en revanche ? Les révolutionnaires ne le rappellent pas. Pour les révolutionnaires, I Watch est diffamée et ceux qui la « persécutent » sont à la solde d’on ne sait quelle antichambre.

Et pourtant ! C’est bien I Watch qui a commencé par diffamer et salir des chefs d’entreprise  avec des informations erronées ! C’est bien I Watch qui est rémunérée par des financements étrangers et qui cherche à organiser des conférences de transparence et de bonne gouvernance en Tunisie en prélevant 20% des recettes ! C’est bien I Watch qui a omis de parler de cette commission (ou plutôt rétro commission) dans son communiqué tronqué et en partie diffamatoire contre l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa !

Etrangement, les autoproclamés révolutionnaires zappent toutes ces données et transforment le diffamateur en diffamé et le dénigreur en dénigré.

 

Le dernier numéro du Canard Enchaîné est revenu sur le scandale franco-marocain des journalistes Catherine Graciet et Eric Laurent. J’attendais impatiemment ce numéro pour voir comment le palmipède allait aborder le sujet. Tout en respectant la présomption d’innocence, en soulignant que l’enquête déterminera la culpabilité des deux journalistes, le Canard fait remarquer que l’affaire est pliée sur le plan déontologique. « C’est d’autant plus énorme que le duo est tombé pile dans le genre de tambouille et de pratique de ripoux qu’il dénonçait depuis dix ans ». Tout est dit !

Eric Laurent et Catherine Graciet sont, en France, ce que sont les chantres de la transparence et défenseurs de l’intégrité en Tunisie. La corruption, ils en parlent beaucoup, mais ils se taisent quand leur camp est impliqué ou est suspecté de l’être. Pire, ils pourraient même y être mêlés. Et attention ! En tant que journaliste, vous n’avez pas le droit de dénoncer cela, sans être taxé d’être à la solde de X ou de Y.

 

Sous la dictature, la liberté d’expression est régie et les lignes rouges sont fixées par le dictateur. Sous la démocratie, cette même liberté d’expression est régie par les ONG et les « révolutionnaires » qui vous dictent de nouvelles lignes rouges. Pas le droit de critiquer Marzouki, défendu d’épingler Ben Sedrine, interdit de mettre en doute l’intégrité d’I Watch. Tous les amis des « révolutionnaires » sont incorruptibles, même si vous prouvez le contraire ! Tous les adversaires des « révolutionnaires » sont corruptibles, même s’il n’y a pas l’once d’une preuve.

Dans son article, Le Canard rappelle que Catherine Graciet « est une ancienne du site « Bakchich » qui flinguait ceux qui les versent et les encaissent, s’apprêtait elle-même à empocher son copieux bakchich ».

Si un journaliste, une ONG ou un militant vous dit qu’il est libre et intègre, ne le croyez pas quand il dénonce les actes de ses adversaires politiques. Attendez de voir son comportement quand son propre camp est empêtré dans une sale affaire. S’il continue de dénoncer, tant mieux. S’il se tait, ce n’est pas vraiment grave. Mais s’il défend l’indéfendable, en dépit des preuves existantes, soyez certain qu’il n’a d’intègre et de révolutionnaire que le nom.

Un intègre ne cède pas devant le bakchich et un révolutionnaire milite pour changer les mauvaises pratiques quelle que soit la tête du client.

Avant la révolution, c’était le « bakchich » qui commandait le paysage, après la révolution, « I Watch » que le bakchich gouverne toujours.

07/09/2015 | 15:59
6 min
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Commentaires (26)

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Kamel BT
| 14-09-2015 01:05
Pourquoi vous ne publiez jamais mes commentires?....
A ce point ils vous font peur?....
Merci

gold27
| 11-09-2015 16:15
bravo mr nizar les sujets que vous abordez ne cessent d accelerer notre demarche democratique a une vitesse superieure encore bravo pour votre professionalisme

Puss in boots
| 08-09-2015 16:56
To my new found friend.

Dear Nepenthes,

"Deadpan is an adjective, describing a deliberately emotionless and otherwise impassive, matter-of-fact manner. It is also a form of comic delivery in which humor is presented without a change in emotion or body language. It is usually spoken in a casual, monotone, or cantankerous voice, and expresses a calm, sincere, or grave demeanor, often in spite of the ridiculousness of the subject matter. This delivery is also called dry humor or dry wit,[1] when the intent, but not the presentation, is humorous, blunt, oblique, sarcastic, laconic, or apparently unintentional."

I wouldn't want to be the recipient of your exquisite dry wit. Wow!

Although it's not my field of expertise, I have a great interest in phyto-therapy, bordering on fixation. I didn't know about nephentes characteristics. So again, wow!

But I knew this: nephentes is world famous for being a rat trapper. "Piege a rat" voici la source:

Nepenthes rajah (pitcher plant)

"Famous as the rat-trapping pitcher plant, Nepenthes rajah has some of the largest pitchers in the genus Nepenthes." Source:science and conservation Kew Gardens. You can check it out, here's the link.
http://www.kew.org/science-conservation/plants-fungi/nepenthes-rajah

So once again wow!

cavalier
| 08-09-2015 15:35
Bravo BN

Voilà un vrai journaliste pour un pays
Développé
Vous voulez la démocratie les nouveaux révolutionnaires commencez par demander
À la cour des comptes le nom de ce monsieur qui a reçu 1MD

déja-vu
| 08-09-2015 15:10
Tant qu'on proférera des insultes en bon dialecte djéridien, le dressage de l'autochtone inculte par le colon 'civilisateur' sera voué à l'échec!

Fadi
| 08-09-2015 14:47
Un laisser passer pour Tunis capitale, même pour Bourguiba.

TeTeM
| 08-09-2015 13:56
A défaut d'apporter de vraies réponses, cette tribune à le mérite de poser les bonnes questions... A chacun d'entre nous, d'y répondre...

pit
| 08-09-2015 13:44
La corruption chez le tunisien a dépassé le stade de la mauvaise habitude ou du fait culturel, c'en est devenu une composante génétique, nous naissons corrupteurs et corrompus, comme nous naissons (et mourrons...hélas) inciviques. A bon entendeur!

H.DALLAGI
| 08-09-2015 11:53
Nizar BAHLOUL apporte, aujourd'hui, plus que jamais, la preuve que la Tunisie n'est pas totalement perdue, et que de cet univers, pourri et nauséabond, jaillirait des lumières et naitrait des fleurs, dans un jardin que les uns voudraient, par peur ou par absurdité politique, uniforme, exclusif de toute force concurrente, et que les autres voudraient, par expérience et souci de retenir les leçons du passé, multiformes offrant la place à tout un chacun dans une Tunisie citoyenne jouissant de toutes les libertés publiques dont la liberté du culte et de conscience.
J'adhère, de manière totale et indéfectible, à la thèse de Monsieur BAHLOUL que je voudrai étayer par un petit exemple que tous les gens de loi connaissent, il se résume en ces quelques lignes :
-Des fonctionnaires de l'État, appartenant à plusieurs départements, avaient été listés par leurs collègues dits « révolutionnaires », les listes avaient été collées sur les murs de la Kasba, et des contrats de claque avaient été organisés avec les gens en « sit in » pour aller les démettre de leurs fonctions à coup de « Dégage » devant les sièges de leurs départements,
-L'un des principaux instigateurs de ces contrats de claque, magistrat de son état, en charge des dossiers de chèques sans provision dans une grande ville du Sahel, membre du bureau exécutif de l'association des magistrats, sera pris en flagrant délit d'escroquerie, usant de man'uvres frauduleuses pour orienter les prévenus, poursuivis du chef de chèques sans provision, à verser les amendes , dus à l'État, dans son propre compte bancaire, leur faisant croire qu'ils bénéficiaient ainsi d'une réduction du montant de l'amende.
-Le président de l' « Observatoire de l'indépendance de la justice » exercera toutes les pressions pour que cette affaire sera étouffée sous l''il bien veillant de BHIRI qui ordonnera de classer l'affaire contre démission de l'intéressé, devenu depuis avocat appelé à défendre la veuve et l'orphelin.
L'intéressé mérite bien d'être protégé, tandis que d'autres, dont nos hauts cadres sécuritaires et bon nombre de magistrats, auxquels il était opposé, subiront ses foudres chaque fois qu'une décision de justice leur est favorable.
C'est là l'ordre révolutionnaire que certains s'attèlent à perpétuer, en Tunisie, ne s'agit-il pas là d'un fonds de commerce juteux qu'il est hors de question de céder.
Alors entre la dignité de l'un et l'indignité de l'autre, le Tunisien devra bien, un jour, choisir.

Nephentes
| 08-09-2015 11:41
Tenter de se cultiver c'est bien

Essayer d'être honnête avec soi-même et avec les autres pour ^regarder ses petits enfants en face c'est mieux

Juste pour votre gouverne car vous m'inspirez une certaine pitié, le nephentes est une plante qui produit de la cire liquide réputée être antiseptique

Elle présente également la particularité de piéger les insectes déboussolés tels que vous en les attirant vers des paillettes colorées qui se révéleront être des pièges à cons

Et vous venez de me faire l'honneur d'être ma dernière victime.

La digestion de votre connerie benaliste va être lourde.