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Etat des lieux et défis des banques maghrébines
22/10/2019 | 15:48
5 min
Etat des lieux et défis des banques maghrébines

 

L’Union des banques maghrébines a tenu, ce mardi 22 octobre 2019, une conférence de presse pour présenter son rapport annuel, en présence de son président du Conseil d’administration Ahmed El Karm, de son secrétaire général Mohamed Vall El Alem et de l’expert en finances Dhafer Saïdane.

 

 

A cette occasion, M. El Karm a indiqué que ce rapport annuel retrace l’évolution de l’activité bancaire dans les pays maghrébins. Celui de 2018 fait dégager cinq axes majeurs.

Le premier est que les banques maghrébines s’impliquent d’avantage dans le financement de l’économie. Pour preuve, le taux de crédit pour le secteur privé est en augmentation permanente, avec une attention particulière aux PME (soutien financier, garantie à mettre en place et d’accompagnement pour les aider à percer et à se développement d’une manière sereine).

Le deuxième axe est celui de l’inclusion financière, l’union est en train d’agir avec force pour que le taux de bancarisation augmente dans les pays maghrébins. Actuellement, seulement 40% de la population maghrébine majeur possèdent un compte bancaire, un taux assez faible, estime le banquier. Ceci fait dégager un potentiel important de développement de l’activité bancaire et l’intégration financière d’une grande tranche de la population, grâce notamment aux technologies modernes.

Le troisième axe est la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. C’est la responsabilité des banques pour se mettre au diapason des directives internationales en la matière qui sont en train d’intégrer ce concept dans leur manière de gérer la banque, dans le système d’information, dans le comportement des agents économiques à tous les niveaux.

« Nous aimerions que les pays maghrébins et les gouvernants nous aident à développer un peu l’économie organisée, à lutter contre l’économie informelle, à lutter contre l’utilisation du cash avec une stratégie opérante du décashing, et nous sommes disposé à apporter tout le soutien pour cela, en utilisant la technologie », a expliqué Ahmed El Karm.

 

 

Le quatrième axe se réfère à l’application des normes internationales dans les systèmes bancaires maghrébins avec les règles de la solidité bancaire, les règles de la bonne gouvernance, appliquer les accords de bâle II et bâle III, où les banques magrébines sont déjà au diapason, mais il faudra renforcer les fonds propres des banques maghrébines, afin qu’elles soient solides et pérennes au service des économies maghrébines.

Le dernier axe est l’implantation à l’international. Certaines banques maghrébines sont en train de se positionner avec force maintenant dans l’espace maghrébin, donnant l’exemple à toutes les autres banques pour qu’elles fassent de même et pour qu’elles puissent s’installer en Afrique subsaharienne, aidant de ce faites les sociétés maghrébines à commercer avec le reste du continent et s’y installer.

 

« Nous avons un soucis de développer l’intégration maghrébine. Nous considérons que nous avons beaucoup de travail à faire, que malgré tous les textes rédigés, malgré toutes les déclarations de bonnes intentions, les échanges entre les pays maghrébins sont assez faibles : ils varient en fonction des pays de 4,5% à 1,3% des importations de chaque pays. Ce qui n’est pas acceptable et nous appelons toutes les forces afin que la volonté d’intégration maghrébine soit réelle sur le marché et nous sommes disposés à tisser des rapports privilégiés avec les banques entre elles et l’Union des banques maghrébines est d’ailleurs un cadre idoine », a souligné M. El Karm.

 

Le rapport explique que la croissance au Maghreb peut être améliorée par le renforcement de la profondeur du marché maghrébin conditionnée par une intégration régionale plus soutenue et aux économies d’échelle qui en résulteraient.

Ainsi, le paysage financier maghrébin est composé de 211 institutions financières bancaires et non bancaires dont 102 établissements bancaires en 2018. C’est 130.000 collaborateurs et plus de 10.000 points de vente/guichets. Les banques maghrébines figurent parmi le Top 10 des banques africaines.

Ainsi, le système bancaire maghrébin représente 18% des actifs du continent africain, soit plus de 400 milliards de dollars d’actifs.

 

Il y a un potentiel important à creuser, la bancarisation étant en moyenne de seulement 30%. Un gisement de services important existe avec seulement 4% des clients qui utilisent le téléphone portable ou internet pour accéder à leur compte et seulement 24% qui ont utilisé des paiements numériques.

Les banques au Maghreb en se mettant au service de l’inclusion financière offriront des services à un coût abordable à une masse de client en besoin de financement. Cela pourra contribuer à la croissance du chiffre d’affaires pouvant atteindre plus de 30 milliards USD pour l’ensemble du marché bancaire de la région, révèle le rapport.

 

Ainsi, les banques maghrébines ont plusieurs défis à relever. Les nouvelles technologies seront leurs meilleures alliées pour se rapprocher de la clientèle et offrir de meilleurs services à un meilleur coût.

La blockchain pourrait être une solution pour apporter la confiance qui manque aujourd’hui entre les parties. Selon la Banque mondiale, 90 % des biens immobiliers ne sont pas enregistrés dans certains pays du Maghreb. Les agents économiques ne peuvent pas utiliser leur bien pour émettre une hypothèque, faute de cadastre tenu en bonne et due forme. Actuellement, on est en train d’expérimenter une blockchain pour créer un registre numérique de propriété transparent et infalsifiable.

 

 

Commentant le rapport, le directeur général de la Société Tunisienne de Banque (STB Bank) Lotfi Debbabi, a affirmé qu’« il y a un problème de développement des échanges entre nos pays et qu’il y a beaucoup de chemin à parcourir pour qu’on puisse développer cette intégration bancaire maghrébine ».

« Quand on voit qu’entre deux banques maghrébines de deux pays différents il faut la confirmation d’une banque étrangère pour la lettre de crédit, quand on voit que les échanges font appel à l’intervention des institutions financières internationales en dehors du Maghreb, ça nous encourage à développer cette synergie et ce partenariat interbancaire. On note l’absence de mécanismes de développement de ces relations bancaires faute d’une monnaie bancaire maghrébine, si je peux rêver de l’instauration de ce genre de monnaie. Malheureusement, les instances politiques ne sont pas parvenues à réussir le challenge de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Faut-il voir du côté bancaire, le développement d’outils et mécanismes qui peuvent favoriser davantage les échanges de nos pays ? L’installation et l’investissement dans les pays du Maghreb pose problème à cause de l’absence de financement et d’accompagnement.

En allant vers l’opérationnel, il faut également réfléchir à une tarification plus souple qui encourage les échanges, moyennant de partenariat gagnant-gagnant entre les banques maghrébines pour favoriser les échanges», a-t-il précisé.

 

I.N

22/10/2019 | 15:48
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