Par Taïeb Zahar

La nomination de Monsieur Béji Caïd Essebsi comme Premier ministre a en principe tout pour rassurer. D’abord rassurée… la grande majorité des Tunisiens qui vivent avec angoisse la situation de leur pays. Des Tunisiens, au bord de la crise de nerfs après avoir vécu l’horreur des évènements du week-end dernier à Tunis et Kasserine, également rassurés, nos partenaires car ce faisant nous leur confirmons le maintien de nos choix stratégiques en matière de politique étrangère. Le seul bémol est venu de la direction de la Centrale syndicale qui pour n’avoir pas été consultée au préalable, s’est publiquement opposée à la nomination de Monsieur Béji Caïd Essebsi. Faisant ainsi objectivement le jeu de tous ceux qui voudraient faire échouer la transition démocratique.

Aujourd’hui personne ne conteste le rôle décisif de l’UGTT pour la réussite de la révolution. La Centrale syndicale a lancé ainsi par la voix de Abdessalam Jrad de nombreux appels pour préserver les acquis du Pays. Mais force est de constater qu’elle a choisi d’une manière surprenante de dénoncer la manière dont s’est faite la désignation.
La question que l’on se pose dés lors est : faut-il consulter systématiquement les instances de l’UGTT avant toute décision politique? l’UGTT est-elle en train de sortir de son rôle syndical qu’on lui connaît, même si par le passé elle a joué un rôle important sur le plan national?
Comment le Premier ministre va-t-il intégrer l’ensemble de ces paramètres et surtout amener les réponses que l’opinion publique attend? Monsieur Béji Caïd Essebsi est connu pour ses prises de position radicales dues à sa forte personnalité. Il a su dire non à Bourguiba quand ce dernier était dévoré par le pouvoir personnel et la mise au pas du parti socialiste destourien (PSD). Il a également compris assez vite les véritables intentions de Ben Ali – n’a-t-il pas dés 1991 quitté le perchoir du Parlement retrouvant sa liberté d’action et son engagement auprès de la société civile ? Les différentes fonctions qu’il a occupées lors de sa longue et riche carrière notamment au ministère des Affaires étrangères, à la Défense et au ministère de l’Intérieur lui ont donné une stature d’homme d’Etat que l’âge n’a pas entamé, et dont il aura tant besoin pour réussir probablement la plus difficile des missions qu’il a jusqu’alors endossées.

La première tâche de son gouvernement est de rétablir la confiance avec le peuple en faisant une rupture totale avec le passé-Ce que n’a pas malheureusement réussi le gouvernement précédent. Il faut que tous ceux qui ont conduit le pays à cette catastrophique situation (et pas uniquement Ben Ali et son clan) rendent des comptes devant la justice. Il faut que le pays se remette au travail et que la sécurité soit totalement assurée. Il faut donner la priorité des priorités à ceux qui ont amené cette révolution et aller vers eux pour répondre à leurs attentes et non céder au chantage des privilégiés qui ont déjà un travail.

Pour que tout cela soit possible il faut que Monsieur Foued Mbazaa, le Président par intérim nous fixe la feuille de route et annoncer les prochaines échéances électorales, et que la majorité arrête d’être silencieuse et se mobilise pour soutenir le gouvernement.
C’est en cela que Monsieur Béji Caïd Essebsi sera l’homme de la situation car il aura sauvé son pays du chaos que les ennemis de la démocratie lui tendent et qu’il fera entrer la Tunisie dans le concert des pays développés. Oui c’est possible avec la mobilisation de tous.