alexametrics
vendredi 17 mai 2024
Heure de Tunis : 03:59
Chroniques
Ce président est dangereux
Par Sofiene Ben Hamida
22/12/2019 | 15:56
3 min
Ce président est dangereux

Nous avons tous voulu banaliser le problème. Quelques interrogations, quelques remarques ou quelques critiques édulcorées,  pour passer très vite à autre chose. Pourtant, la réalité nous a explosé en pleine figure en ce 17 décembre à Sidi Bouzid, à l’occasion du discours du président de la République Kaïs Saïed, commémorant le neuvième anniversaire de la révolution. Maintenant, nous avons la preuve : ce président est dangereux pour l’unité nationale, la démocratie et le pays.

Sa conseillère de communication, Rachida Ennaifer aurait été mieux inspirée si elle avait déployé ses efforts pour encourager le président à revoir son discours prononcé à Sidi Bouzid dans un sens plus conciliateur, conforme à son statut et à la solennité du moment. Au contraire, elle a préféré essayer de rattraper le coup avec des déclarations panégyriques qui n’ont convaincu personne, sauf ceux qui ont vu leur cas de conscience se muer en cas de béatitude digne des « béni oui-ouistes » de l’ancien régime.

Profitant de la commémoration du neuvième anniversaire du déclenchement de la révolution tunisienne, le chef de l’Etat s’est déplacé le 17 décembre dernier à Sidi Bouzid. L’un des moments forts de cette visite a été le discours prononcé par le président de la République, un discours très attendu puisqu’il s’agit de sa première intervention publique depuis son élection le 23 octobre dernier. Mais force est de constater que ce discours a été très en deçà des attentes. La moindre des choses était que ce discours, en rapport avec un événement important, face à un auditoire exigeant, soit écrit et non improvisé. Le chef de l’Etat a préféré s’accouder sur un arabe littéraire et sur une locution théâtrale, ce qui l’a conduit, le contexte aidant, à faire des écarts graves, inacceptables de la part du plus haut dignitaire de l’Etat. Au lieu d’être le président en communion avec son peuple, il a renvoyé une pâle image d’un opposant qui poursuit sa campagne électorale et qui cherche à enflammer les foules pour engranger quelques voix supplémentaires. Le drame c’est qu’il n’en avait pas besoin, puisqu’il est déjà élu, plébiscité même. On s’attendait donc qu’il soit le président de tous les Tunisiens, vers qui ils se tournent en cas de détresse, parce qu’il est celui qui rassemble, unit et rapproche les belligérants. Il s’est révélé à Sidi Bouzid comme un élément de désunion et de clivage. Peu importe si cela était fortuit ou prémédité. Poser la question de l’intentionnalité des actes ou des dires du président étant elle-même incongrue.

A titre d’exemple, la décision du président de la République d’annoncer de Sidi Bouzid, que désormais la date officielle retenue pour commémorer la révolution sera le 17 décembre ne clos pas le débat qui dure depuis neuf ans mais crée un nouveau clivage. En effet, le président ne se limite pas de trancher sur une question qui fait débat mais il verse de l’huile sur le feu en annonçant que la date du 17 décembre est celle de la révolution alors que celle du 14 janvier est celle de la contre révolution. Les centaines de milliers de Tunisiens qui se sont cassé la voix en criant « dégage » devant le ministère de l’Intérieur apprécieront.

Autre exemple, en avouant l’existence de complots tramés dans des chambres noires, par des parties connues, le président, en prenant à témoin son auditoire à Sidi Bouzid, n’avoue-t-il pas devenir un complice de ces comploteurs, de couvrir leur crime en taisant leurs identités alors qu’elles sont connues, ou appelle-t-il directement à une confrontation contre ces comploteurs ce qui revient à un appel à la guerre civile ? Dans tous les cas, on s’attendait à mieux de la part d’un président, juriste de surcroit.

Par Sofiene Ben Hamida
22/12/2019 | 15:56
3 min
Suivez-nous

Commentaires (28)

Commenter

Badran
| 26-12-2019 17:38
Le Président Kaïs n'est pas plus dangereux que ceux qui roulent pour les Emirats ennemis jurés des révolutions arabes ou disons des peuplent qui aspirent à la liberté.
Mr Sofien, tu ne pipes mot concernant les bombardements quotidiens de nos frères libyens, car ton intérêt est avec ceux qui les bombardent n'est ce pas!
La Turquie ne fait que son devoir humain, venir au secours d'un Gouvernement élu et reconnu par la communauté internationale, contre un hors la loi pour ne pas dire le terroriste Haftar; lorsque les autres ont failli à leur devoir le plus élémentaire: protéger des innocents civils!
Vive le Président K. Saïd, vive la Turquie, vive Erdoghan, à bas les dictatures et ceux qui les soutiennent.

tounsia2
| 26-12-2019 15:21
"en avouant l'existence de complots tramés dans des chambres noires, par des parties connues, le président, en prenant à témoin son auditoire à Sidi Bouzid, n'avoue-t-il pas devenir un complice de ces comploteurs, de couvrir leur crime en taisant leurs identités alors qu'elles sont connues. . . " Dixit SBH

SBH ne croit pas si bien dire et encore une fois, le temps lui a donné raison ! Ce que vient de faire Kais Saied en concluant un accord en catimini avec Erdogan pour soutenir les forces turques dans leur guerre en Libye et nous mettre tous devant le fait accompli, montre en effet que KS est lui même un comploteur et un vendu aux puissances étrangères qui n'a rien à cirer de l'intérêt des Tunisiens et encore moins de celui nos voisins. KS est plus que dangereux, Il a trahi la confiance des Tunisiens en engageant notre pays dans une guerre qui nuit à la sécurité, la stabilité politique économique et sociale de la Tunisie et celle de nos voisins !

Instituteur
| 24-12-2019 17:13
"Empêchement " est une traduction erronée du terme anglo-américain "Impeachment". Dans ce contexte précis, l'ensemble de la presse francophone traduit "impeachment" par "destitution".
Bien à vous.

EL OUAFFY Y
| 24-12-2019 10:27
Qu'est ce que vous aviez avec l'ancien régime soit qu'il en soit la situation meilleure que l'actuelle .
Wallah Warham Bourguiba
Walla Warham Ben Ali si c'est vrai est décédé car tout est possible en politique .

Candide né
| 23-12-2019 21:50
Mon pauvre Picasso,de quelle révolution parlez-vous?La révolution Tunisienne dites'-vous,la mauvaise blague!
Vous n'êtes qu'une pâle copie d'une gauche Française ringarde et qui n'existe plus!
Un coup d'Etat,pour vous et vos semblables,est une révolution!
Votre fausse révolution et sa constituante, qui ressemble à une mascarade,avec un marchand de céleris et gassas en lieu et place de Victor Hugo!
Vous raclez les fonds des tiroirs pour nous seriner vos histoires d'ancien régime!
Qu'on le sache:l'ancien régime et autre RobotCop m'indiffèrent !
Sans rancune mon bon Sofiene Ben Hamida!
Je sais,je bâcle!!
@Welles,tout mon soutien!!!

Maxula
| 23-12-2019 17:40
"Compris, Maxula ?"

Oh ! que oui !
Et même 5/5 !
Et le plus marrant c'est que certains "beaux et rares" esprits se soucient plus de "commenter" (sic) mon commentaire(*) plutôt que de nous faire l'aumône (resic) de leur point de vue(**).
Faut-il croire qu'ils n'ont rien entravé du texte de l'articulet en question because ne possèdant pas les rudiments pour ce faire. . .?
Maxula.
(*) Ont-ils fait de moi l'objet de leur obsession. . .?
(**) Qui n'intéresse pas grand monde, au fond !

Karim
| 23-12-2019 15:23
Sans langue de bois, il dénonce les dysfonctionnements de l'administration que même Beji Caïd Essebsi avait rencontré. Je soutiens inconditionnellement Kais Saïed. Vous dites que KS menace l'unité du pays ? Mais avez-vous oublié que cest le président qui a été élu avec le plus grand nombre de voix depuis 2011 ? De quelle menace parlez-vous ? Vraiment businessnews soyez neutre dans vos textes. Depuis quelques temps je remarque qu'il y a un véritable acharnement contre Kaïs Saïed simplement parce qu'il dit la vérité.

BORHAN
| 23-12-2019 14:50
Effectivement, ce président est tout à fait dangereux voire très dangereux parce qu'il dérange.
Il constate que l'état est en dysfonctionnement, la dynamique socio-économique est bloquée, les pouvoirs en place sont dans un état d'inertie indecodable,...
Et à ce rythme, il n'a qu'un seul choix à choisir, celui de dissoudre l'assemblée et dans la foulée appeler à des élections anticipées.
En un mot, ce président gauchiste, même porté par la jeunesse, élu haut la main, a de nombreux détracteurs surtout les rescapés de la dictature et les nouveaux arrivistes politiques.
Toute cette meute "sanguinaire " n'attend que l'occasion rêvée pour abattre la bête.

Mansour Lahyani
| 23-12-2019 14:49
Compris, Maxula ? Tu sais ce qu'il vous reste à faire ! Et si vous n'a pas compris, laisse donc tomber : tu ne savez pas ce que vous fête !
De toutes les façons, si c'est pas l'un, c'est l'autre !
:+)

Ali Couerrib
| 23-12-2019 13:31
Je comprend pas beaucoup a Maxula, mais elle est du moins fidele a son pseudo et pas comme toi, tu as au moins 5.
Tabla wi zokra fet wakteh. Ezzin rhal. Ennahar tlaa wi el bagrath charhou.