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Chroniques
Tunisie : Pays cherche ses démocrates désespérément
16/03/2014 | 1
min
Tunisie : Pays cherche ses démocrates désespérément
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Nous sommes tous coupables mais nul n’est responsable. La transition démocratique dans notre pays dure depuis plus de trois ans déjà mais peine à rassurer sur le caractère démocratique du régime politique qui sera le nôtre demain. La démocratie se construit avant tout par des démocrates confirmés ce qui semble manquer terriblement au pays.

Quelque soit le camp dans lequel on se met, les pratiques choquent, angoissent et inquiètent. Le pays semble mettre face à face deux camps qui se disputent le pouvoir. Uniquement et exclusivement le pouvoir.

Il y a le camp des ténébreux pratiquants qui ne croient pas à la démocratie, ni à aucune autre valeur de la modernité comme l’égalité, la liberté d’expression et les droits de l’Homme mais qui les utilisent pourtant dans un esprit opportuniste et pragmatique pour asseoir leur emprise sur la société et pouvoir imposer leur projet fondamentalement passéiste et antidémocratique. Dans le passé, ils ont largement profité de ces valeurs qui les ont présentés, à juste titre d’ailleurs, comme des victimes des régimes despotiques et dictatoriaux. Ils continuent à en profiter aujourd’hui pour investir le champ social et politique en espérant pouvoir imposer, peu importent les moyens, un modèle de société et un système politique tout aussi despotique car théologique et jupitérien.

Face à eux, il y a l’autre camp, celui des démocrates non pratiquants. Une caste de bons résistants certes, qui ont accepté de s’opposer aux pratiques totalitaires des régimes en place et surtout d’en payer chèrement le prix mais qui, tout en scandant les slogans et débitant les discours démocratiques, assoient des pratiques nombrilistes et malsaines à l’intérieur de leurs structures. Pour ces démocrates, la démocratie n’est pas une démarche, une pratique quotidienne mais une réclamation et une revendication. Il n’y a qu’à voir le comportement des leaders de l’opposition au sein de leurs propres structures et dans leurs rapports entre eux. Depuis trente ans, ces mêmes leaders tentent de se rassembler autour d’un projet politique objectif et réel mais à chaque fois, ce projet bute sur l’ego de ces leaders. L’effritement du front du salut n’est que le dernier épisode d’un long processus d’échec, de querelles mégalomaniaques et fratricides. Toutefois, malgré ces échecs annoncés souvent, cuisants et déshonorants parfois, ces leaders se cramponnent toujours à leurs postes et finissent par devenir de simples gourous de structures politiques sclérosées, hermétiques et rébarbatives.

Dans les faits, on se contente tous aujourd’hui, pour toute démarche démocratique, de préparer les prochaines élections. Comme si les élections n’étaient pas uniquement un simple outil et l’aboutissement du processus démocratique et non l’essence de la démocratie et l’une de ses valeurs quantifiables. L’image que nous donnent nos élites politiques à ce propos est des plus désolantes. La loi électorale qui est censée préparer l’environnement adéquat pour des élections plurielles et transparentes est devenue un moyen de piper le jeu électoral. La focalisation sur des questions comme la participation des membres de l’ancien régime dans le cadre du projet de loi sur l’exclusion politique, la concomitance des élections législatives et présidentielle héritée du temps du despotisme et l’accompagnement des votants analphabètes à l’intérieur de l’isoloir montrent à quel point les élections ont été réduites dans l’esprit des acteurs politiques à un simple jeu de positionnement.

Dans les faits aussi, cette campagne de déstabilisation des médias dans le but de contrôler la liberté d’expression, l’un des rares acquis, jusque-là, de la révolution. Ces journaux financés par des malfrats notoires, ces chaînes de télévision entre les mains d’aventuriers politiques, ces journalistes au rabais qui se vendent au plus offrant, sont toutes des manifestations d’une crise réelle et dangereuse.

Malheureusement, les structures syndicales et professionnelles, les structures de contrôle ou de régulation et même les professionnels et l’opinion publique ne semblent pas donner à ce dossier sa juste valeur et juger la gravité d’un système médiatique inféodé, au service des lobbies politico-économiques sur l’avenir de la démocratie dans le pays.
Beaucoup d’autres faits avérés et réels pourraient confirmer les difficultés du passage d’un système autoritaire et despotique vers un système qu’on veut moderniste et démocratique.

Dans cette quête, ce ne sont pas les idées judicieuses et salvatrices qui manquent. Ce qui manque cruellement pour l’instant, ce sont les femmes et les hommes capables de mettre en pratique ces idées. Des démocrates en somme.
16/03/2014 | 1
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