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Accusations contre deux avocates dans l’affaire du complot : on n’est pas à un simulacre prés
Par Sofiene Ben Hamida
01/10/2023 | 15:30
3 min
Accusations contre deux avocates dans l’affaire du complot : on n’est pas à un simulacre prés

Sofiene Ben Hamida


À la longue, ce dossier de complot contre l’État et surtout la manière de le gérer par les autorités publiques tourne au ridicule.

Deux avocates, Islam Hamza et Dalila Ben Mbarek Msaddek ont été traduites devant l’instruction à la fin de cette semaine pour imputation de faits non avérés à un fonctionnaire public. Elles auraient déclaré à propos de l’affaire du complot, que le comité de défense des prisonniers a demandé, par requête officielle, que l’instruction s’élargisse aux diplomates étrangers supposés être les interlocuteurs des supposés comploteurs contre l’État. Il s’agirait de l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, des ambassadeurs de France, d’Italie, d’Espagne, ainsi que l’ambassadeur des États unis et quelques fonctionnaires de son ambassade.

Les avocats de la défense expliquent le bien-fondé de leur requête par le fait que ces diplomates étrangers ne sont pas poursuivis dans le cadre de ce dossier. Le ministère des Affaires étrangères les a même dédouanés assurant que ces diplomates étrangers agissent légalement dans le cadre de leurs missions diplomatiques. Seulement, les rejets des demandes de libération de leurs clients sont constamment argumentés par les rapports des détenus avec ces mêmes diplomates étrangers.


Avouons que le comité de défense, par cette manœuvre, a marqué un point dans le camp de l’instruction et de l’autorité politique. En effet, les rapports avec des parties étrangères, dans le sens d’une intelligence et d’une préparation d’un complot contre l’État, ne deviennent un délit que si les deux parties, nationales et étrangères, sont incriminées au même titre, même si on pourrait admettre un traitement particulier pour les parties étrangères en raison de leur statut diplomatique.

C’est sur ce point cardinal que bute l’instruction depuis plus de sept mois. Elle est incapable de faire avancer correctement son enquête sans entendre les différents intervenants, d’où ses tergiversations et la détention, forcément arbitraire, des détenus dans ce dossier.


Dans l’accusation portée contre les deux avocates, le ministère public n’a même pas été capable d’invoquer la décision du procureur d’interdire le traitement médiatique du dossier du complot. Cette mesure liberticide était censée museler tout monde : les avocats, les familles des victimes et les médias. Elle a été contournée magistralement par les deux avocates : vous nous imposez arbitrairement de ne pas parler du dossier de l’instruction, mais vous ne pouvez pas nous interdire d’informer de notre démarche et de nos activités. Cela a contraint l’instruction de les accuser d’imputation de faits non avérés à un fonctionnaire public et d’invoquer le tristement célèbre article 128 du code pénal.

Bien entendu, ces accusations ont peu de chances d’aboutir pour plusieurs raisons. Connaissant l’itinéraire des deux avocates, on les voit mal intimidées par de telles manœuvres. En plus, elles ont le soutien de l’ensemble du comité de défense qui a annoncé dans un communiqué que les déclarations des deux avocates expriment les positions solidaires et unanimes de tous les membres du comité de défense.

En clair, ou bien vous retirez ces accusations contre Islam Hamza et Dalila Ben Mbarek, ou bien vous accusez tous les membres du comité de défense. Enfin, elles ont le soutien d’une large frange de la société civile qui est sans cesse la cible des campagnes de dénigrement mais dont l’influence ne peut être ignorée.

Reste le barreau qui est un peu en hibernation ces derniers mois, mais qui ne saura tarder à s’exprimer et de soutenir deux avocates tunisiennes affiliées au barreau tunisien et accusées pour des faits entrant directement dans l’exercice de leur mission.


En conclusion, l’accusation portée contre Me Islam Hamza et Me Dalila Ben Mbarek Msaddek n’est autre qu’une fuite en avant, un signe supplémentaire de panique et d’enlisement du pouvoir dans un dossier qui n’a jamais dû exister.


Par Sofiene Ben Hamida
01/10/2023 | 15:30
3 min
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Commentaires
Un Citoyen
A mon avis
a posté le 02-10-2023 à 18:57
Le "un pour tous et tous pour un" et le seul remède pour ce fléau.
J.trad
Il faut stopper (aljadal elbyzanti)
a posté le 02-10-2023 à 10:14
Il faut rendre hommage au poète Abou Attaeb Al moutanabbi ,rien qu'un vert de son poëme ,résoud le conflit (alkhaylou wa'laylou taarifouni /wa'sayfou warroumhou wal9alamou).la dignité du peuple et de son élite , parlent avec éloquence , l'Etat est hors d'atteinte ,il faut stopper la duperie .il faut libérer l'élite ,tout en lui demander d'aller apprendre l'art de convaincre .
CHB
Une diversion inutile
a posté le 02-10-2023 à 05:57
Je rappelle à S.B.H. que les diplomates étrangers peuvent recevoir les hommes politiques et éventuellement écouter leurs récriminations en s'interdisant strictement de prendre position dans les conflits politiques internes des pays dans lesquels ils sont accrédités. Ces mêmes diplomates sont protégés par leur immunité diplomatique et ne peuvent être convoqués par le ministère public. Les impliquer dans cette affaire de complot contre la sûreté de l'Etat est donc vain et n'a aucune chance de servir les hommes politiques emprisonnés. C'est une diversion inutile
Jilani
La société civile ?
a posté le 01-10-2023 à 18:18
C'est qui, les associations financées par les pays étrangers, les avocats comme dilou que les tunisiens ne veulent plus entendre et comme cette s'?ur de l'illumine jawher qui était en conflit avec son frère ... Cette affaire n'aurait pas dû exister, c'est vrai, mais voir ghannouchi en prison était le rêve de la majorité des tunisiens pour qu'il paye de ses crimes envers les vrais militants politiques les soldats égorgés et les policiers et même les touristes tués bêtement sur la plage et au musée de Bardo. Les tunisiens n'oublierons jamais ces assassinats sauf bien sûr nos médias ...