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Chroniques
L’élection présidentielle dans un an : préparons-nous au pire !
Par Sofiene Ben Hamida
03/09/2023 | 16:00
4 min
L’élection présidentielle dans un an : préparons-nous au pire !

 

Par Sofiene Ben Hamida

 
Un an nous sépare normalement de l'élection présidentielle. Normalement aussi, cette élection devrait se dérouler dans les délais, sauf graves imprévus que seul Kaïs Saïed est en mesure de déterminer, comme il l’avait fait avec l’article 80 de l’ancienne constitution.
Il faut rappeler que la Tunisie a toujours respecté la périodicité de l'élection présidentielle excepté la parenthèse de la présidence à vie du temps de Bourguiba. Seulement, le contexte historique était totalement différent et le président actuel ne pourra pas se prévaloir des mêmes atouts dont se prévalait le « Combattant suprême ».
Il faut rappeler aussi, que de tout temps, l’engouement du Tunisien pour l'élection présidentielle dépasse de très loin son intérêt pour les élections législatives ou locales. Ceci est certes une tendance planétaire, mais elle trahit aussi une culture patriarcale, arabo-musulmane, qui vénère le guide, le dirigeant, le père. Il faudrait s’attendre donc lors de la prochaine élection présidentielle à un taux de participation sans aucun rapport avec les taux dérisoires et honteux de huit ou onze pour cent déclarés lors de suffrages précédents.
 
 
Toutefois, il ne suffit pas de mobiliser la population pour réussir des élections. D’autres conditions sont nécessaires, indispensables même. Les élections ne sont pas en effet qu’une simple affaire de logistique. Elles sont l’aboutissement d’un processus démocratique qui garantit la liberté, l’égalité, la diversité, la concurrence loyale, l’alternance pacifique, l’inviolabilité des urnes…
Pour cela, il faudrait commencer par avoir une instance des élections véritablement intègre et compétente. Or l’Isie actuelle (instance supérieure indépendante des élections), même si nous n’avons pas les preuves pour douter de son intégrité, nous disposons de toutes les raisons de douter de sa compétence. En plus, et selon le décret concernant sa composition, l’Isie actuelle se trouve en situation irrégulière et ne devrait même pas réunir son instance dirigeante faute de quorum.
 
Il faudrait aussi garantir les conditions d’une concurrence et d’une compétition équitable entre les différents candidats pour réussir des élections. Que peut-on dire alors quand le pouvoir en place, dirigé par la personne unique de Kaïs Saïed, organise une telle chasse aux sorcières contre ses opposants déclarés ou potentiels ? La facilité avec laquelle des opposants sont arrêtés et incarcérés depuis six mois, le traitement que ces opposants subissent dans leurs lieux d’incarcération, qui s’apparente plus à un règlement de comptes qu’à des conditions carcérales ordinaires, la légèreté des travaux d’instruction, font penser plus à une volonté d’écarter ces opposants de la vie politique et publique que d’une réaction sérieuse face à un danger qui guette la sûreté de l’État. D’ailleurs, la multiplication des dossiers d’atteinte à la sureté de l’État banalise cet acte gravissime dans la vie d’une république. Le pouvoir actuel ne semble pas conscient de cette gravité. Il ne fait même pas l’effort d’informer les Tunisiens de la dangerosité des actes commis qui ont amené à un recours à l’accusation de complot et tentative d’atteinte à la sûreté de l’État.
 
 
L’autre condition pour réussir des élections, surtout une présidentielle, c’est la présence de candidats de valeur. Malheureusement, les noms des personnalités politiques qui circulent actuellement comme étant des candidats potentiels pour la prochaine élection présidentielle ne font pas rêver les Tunisiens et donnent même l’impression d’être de simples lièvres pour le candidat Kaïs Saïed.
 
D’abord, il y a la candidate de toujours Abir Moussi qui n’a aucune chance, non parce qu’elle est une femme - un argument sexiste qui pourrait s’appliquer à d’autres candidates - mais parce qu’elle perpétue un populisme qui a fait tellement tort au pays et qu’elle ne dit pas la vérité. Elle ment en se disant porteuse de la pensée bourguibienne alors qu’elle est simplement une militante-milicienne RCDiste qui n’a rien à voir avec le bourguibisme. Elle ment aussi en disant qu’elle dispose d’un programme alors que son seul objectif est le retour du régime de Ben Ali. Elle ment surtout quand elle parle de démocratie alors que son comportement actuel au sein même de son parti et ses agissements passés lors des réunions du barreau ne montrent aucune velléité démocratique.
 
Il y a aussi le mouvement Ennahdha et ses acolytes dans le front de salut. Ils n’ont aucune chance parce qu’ils ont montré qu’ils étaient incapables de gérer le pays. La présence actuelle de Kaïs Saïed à la tête de l’État est due en grande partie aux monstruosités commises par les islamistes et leurs alliés quand ils étaient au pouvoir.
 
Il y a de l’autre côté une tentative de la coalition Soumoud de trouver un candidat unique de la tendance progressiste. Mais c’est une tentative vouée à l’échec tant que les dirigeants actuels de la gauche tunisienne ne seront pas partis à la retraite nécessaire même si elle n’est pas méritée.
 
Il y a enfin l’initiative folklorique de Néji Jalloul qui voit dans le jeunot Nizar Châari, l’ultra-libéral qui ne s’assume pas Fadhel Abdelkéfi ou l’extravagante Olfa Hamdi, des candidats plausibles à la présidence de la République. Autant ajouter K2rhym, Safi Saiid ou encore Wadii El Jeri.
 
Par Sofiene Ben Hamida
03/09/2023 | 16:00
4 min
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Commentaires
CHB
S.B.H à la présidence !!!
a posté le 04-09-2023 à 19:15
Au delà de ce que donneront les élections, se moquer des différentes candidatures à la prochaine présidentielle en portant des jugements excessifs signifie l'une des deux choses:
- Soit S.B.H. possède un candidat qu'il sortira de sa poche en temps voulu
- Soit il se réserve pour lui même l'opportunité de se présenter à la présidentielle
Cher S.B.H. dites nous le fond de votre pensée !!!
Le Révoté
Deux poids, deux mesures !
a posté le 04-09-2023 à 11:25
Votre article me gêne beucoup au sujet de vos deux jugements et certitudes ! D'un côté vous ne dîtes pas EXPLICITEMENT et de manière claire de ce que vous pensez de l'Isie (suppôt de cet individu de carthage) de peur de l'article 54. D'un autre côté vous vous n'êtes pas y allé avec le dos de la cuillère pour insulter, décrébiliser, affiliger de tous les noms d'oiseau Abir Moussi (une des opposants à cet individu de cathage). Vous vous êtes permis cet écart de langage envers cette battante parce que ce même article 54 ne s'y applique pas à vous Monsieur le jouraliste.
DHEJ
ROBOCOP tu auras ma voix!
a posté le 03-09-2023 à 22:10
Tu es l'oiseau rare cher au GOUROU de la maudite secte...
Svr
Il repassera haut la main
a posté le 03-09-2023 à 22:07
Kaiess saied sera réélu dès le premier tour contre n'importe quel candidat(e).
Les mafias sont décapitées mais pas totalement....ils seront totalement achevées après l'élection du président kaiess said.
Djodjo
@svr
a posté le à 10:31
Et d'ici là on aura du pain ? Parce je t'avouerais que c'est l'urgence du moment.

Super-kais est-il capable de payer les fournisseurs ?
Zarzoumia
Sévère
a posté le 03-09-2023 à 21:33
Le climat pour une élection est primordial. Vous avez pointé, à juste titre, certains aspects qui vont à l'encontre d'une compétition loyale. Mais vous avez omis d'évoquer un élément important qui est le paysage médiatique. Loin de vouloir faire le procès du "patriotisme " ou de "l'objectivité ", et rajouter à cette pression politique que je trouve exagérée, on peut parler de réformes nécessaires pour assurer l'indépendance de la presse et limiter les relations troubles entre les médias, le monde politique et celui des affaires. Il n'y aura pas d'élections libres sans une presse libre. N'oublions pas que les journalistes ont des familles à nourrir exactement comme les juges. Cela dit, je trouve que le tous pourris ou le tous incapables n'est pas de nature à encourager le tunisien à s'intéresser à la chose publique. On ne peut pas, au même temps, reprocher aux tunisiens la recherche de la figure emblématique et balayer d'un revers de la main toute tentative pour créer des alliances sur un programme, d'autant plus, qu'on ne connaît pas encore la teneur de l'offre politique.
ridha
2024
a posté le 03-09-2023 à 21:18
Voilà un grand écrivain et plus plus, comme vous voulez, qui écrit une rédaction et oublie de la conclure. Etonnant non !
A moins que monsieur pense à une carrière future facilement imaginable !
Il n'est pas interdit de rêver.
Djodjo
@ridha
a posté le à 23:07
Encore un manipulateur qui accuse l'autre de comploter à cela, je dirait assez fourbe pour commencer par un compliment et boum, coup de traître dans le dos avec des sous-entendus. C'est ça le peuple de kais.

On pourrait dire sans prendre de risque, que cela relève de la psychiatrie, c'est pas possible d'être parano à ce point ?

Si ce monsieur veut se présenter au présidentielle, c'est sont droit et tu n'y peut strictement rien, par contre, rien ne t'oblige à voter pour lui.

Pour finir, merci de laisser chaque citoyen choisir le candidat qu'il veut, Carthage n'appartient pas à kais et ont à tous les mêmes droits.
Abou qalypse
Abdelkefi ultra-libéral ?
a posté le 03-09-2023 à 20:13
Je pense que la fréquentation du zaqafouna Rekik vous a attaqué le cerveau cher SBH.
Abdelkefi est de centre gauche, la réussite dans les affaires ne fait pas de quelqu'un un libéral car s'il s'agit de la grille d'analyse de la presse tunisienne c'est à pleurer.
MH
Faut pas rêver
a posté le 03-09-2023 à 18:48
Il n'y aura plus de transition démocratique. Quelqu'un qui détient le pouvoir absolu entre ses mains ne le lâchera jamais, à moins d'être un con. KS est tout sauf con.
Patrie
Qui attend quoi et de qui?
a posté le 03-09-2023 à 18:16
Le pire? On y est déjà. Bel et bien. KS le putschiste ne fera pas d'elections ou ne cédera pas le pouvoir, (c kif kif) il usera de tous les moyens dont il dispose et ne dispose pas pour éradiquer tous les éventuels candidats, donc de ce côté les choses sont claires et nettent. De l'autre Côté, ceux qui attendent (au sens espagnol, attendre est sunonyme d'espérer) que KS, le très propre, le sincère va changer, améliorer la situation du pays, sortir de sa bulle, écouter les experts, conseillers..., je leur conseille de lire le chef d'oeuvre de Beckett "en attendant Godot". Qu'est ce qui reste? Soit les militaires, un putchiste en chasse un autre, ( selon le regrettable mais réel axiome) soit La rue, l'histoire de montre que les Tunisiens sont forts ds l'investissement de l'espace public, ils savent l'utiliser pour "que le destin" réponde a leur voeux (lire le vers de Chebbi, slogan de la revolution).. En ce moment la colère monte dans la Tunisie profonde, elle monte et gronde chaque jour davantage quoique pense le putchiste, attendent les naifs ou les porteurs de couffins.
Be zen
Le pire et le moins pire . . .
a posté le 03-09-2023 à 17:51
Pour paraphraser la citation de Winston Churchill : "La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres", je dirai le régime de Ben Ali est le pire des régimes en attendant l'homme ou la femme providentiel(le) qui sauvera notre pays.
Mozart
Sofiene Ben Hamida a la mémoire courte
a posté le 03-09-2023 à 17:05
Contrairement à ce qu'affirme à la va-vite Sofiene Ben Hamida, la Tunisie n'a pas toujours respecté la périodicité de l'élection présidentielle.

Alors qu'en application de la Constitution, Zine Ben Ali pouvait continuer à être président jusqu'en 1991 conformément au mandat théorique de Habib Bourguiba, le putschiste et nouveau chef de l'Etat convoque pour avril 1989 une élection présidentielle et des élections législatives concomitantes, elles aussi anticipées.

Sofiene Ben Hamida ignore certainement que la présidence à vie du combattant suprême n'arrêtait pas le comptage des quinquennats présidentiels qu'on continuait d'arrimer aux mandatures législatives.