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Chroniques
L’incertitude gagne de plus en plus du terrain
Par Houcine Ben Achour
20/05/2021 | 22:51
4 min
L’incertitude gagne de plus en plus du terrain

 

Les données sur l’évolution de la croissance et de l’activité économique au niveau sectoriel durant le 1er trimestre 2021 viennent d’être publiées par l’Institut national de la statistique (INS). Elles ne sont pas si réjouissantes car on s’attendait plus à un rebond de croissance par rapport à la même période de 2020 qui a enregistré un « surprenant » recul de -2,1% dans la mesure où les décisions de confinement général, propre au recul de l’activité économique, n’avaient été engagées qu’à la fin mars 2020. Le délai est forcément insuffisant pour expliquer seul ce brusque frein à la croissance du premier trimestre 2020.

La décroissance s’est accentuée au cours de ce 1er trimestre 2020 affichant -3% en rythme annuel. Un tel résultat ne semble pas préfigurer un taux de croissance économique de plus de 4% en année pleine pour 2021 escomptée par le gouvernement, quand bien même on devrait s’attendre à un rebond significatif de l’activité économique au cours du 2e trimestre 2021 par rapport à la même période de l’année dernière, période durant laquelle l’économie tunisienne était presque à l’arrêt. Il est normal dans ces conditions que le chômage gagne du terrain, touchant 17,8% de la population active au cours de ce 1er trimestre 2021 alors cela ne concernait que 15,1% d’entre elle il y a un an. Et encore, dans la mesure où l’INS indique que « les opérations de collecte sur terrain de l'enquête nationale sur la population et l'emploi ont été perturbées par la situation sanitaire dans le pays durant la première moitié du premier trimestre. La qualité des données collectées n’a permis que l’exploitation et la diffusion d’un nombre restreint d’indicateurs de base ».

 

En tout cas, les perspectives socioéconomiques du pays sont de plus en plus incertaines. Elles le sont d’autant plus que les critères qui fondent la reprise économique dans ce contexte de pandémie, sont loin d’être satisfaits, à savoir un plan de relance de l’activité à travers un soutien ferme du tissu productif et une campagne de vaccination de grande ampleur qui permettent une levée rapide des mesures de restriction. On a pris un sérieux retard à ce niveau.

A ce propos, tout un chacun connaît « l’indice de démocratie » (Democraty index) que publie le groupe de presse The Economist. En 2020, la Tunisie y est classée au 54e rang sur un total de 167 pays. Elle fait partie des pays dit à « démocratie imparfaite », comme la Pologne, la Hongrie ou encore la Bulgarie. C’est le seul pays du Monde Arabe qui jouit d’un tel qualificatif, les autres sont classés ou bien dans les pays dit à régime « hybride » ou bien dans la rubrique des régimes « autoritaires ». En Afrique, seuls 4 pays sur la cinquantaine que recense le continent font partie du groupe de la Tunisie : le Botswana, l’Afrique du Sud, la Namibie et le Ghana. Autant dire, la démocratie a encore du chemin à parcourir dans ces deux zones.

Cela dit, ce n’est pas le seul indicateur que publie The Economist Group à travers une structure de veille dédiée l’« Economist intelligence unit » (EIU). En effet, le groupe de presse britannique publie chaque trimestre « The World uncertainty index (WUI) (Indice global d’incertitude) » et « The World trade uncertainty index (WTU)» (Indice global d’incertitude du commerce mondial). Il publie aussi les indices nationaux d’incertitude de près de 150 pays. Le département de recherche du Fonds monétaire international (FMI) vient d’ailleurs d’y consacrer un long article dans sa revue Finances et Développement. L’institution multilatérale de financement compte adopter la même démarche que la filiale de The Economist pour élaborer son propre indice, à savoir compiler le nombre de fois où le terme « incertitude » ou ses variantes dans ses rapports-pays et de dégager un taux qui serait redimensionné pour fournir un indice. Exemple : compte tenu du fait que les rapports-pays de l’unité de veille de The Economist ne dépassent généralement pas les 10 000 mots, soit une vingtaine de feuillets, l’indice 200 correspond au mot incertitude représentant 0,02% de tous les mots, ce qui signifie 2 mots par rapport. Ainsi, plus l’indice s’éloigne de zéro, plus l’incertitude augmente.

 

Entre 2011 et 2013, le taux concernant la Tunisie affichait une moyenne 0,25. Cela signifie que les rapports sur la Tunisie élaborés par l’unité de veille de The Economist Group contenait au moins 25 fois le terme incertitude ou une de ses variantes. Autrement dit, dans pratiquement chaque page du rapport. Ce taux est retombé à 0,1% en moyenne durant la période de 2015-2020. Autrement dit, le terme incertitude ou un terme similaire a été utilisé 10 fois dans un rapport, soit dans une page sur deux en moyenne.

L’actualisation des rapports-pays de l’EIU étant trimestrielle, on observe un bond spectaculaire de cet indice pour le cas de la Tunisie entre le 4e trimestre 2020 et le 1er trimestre 2021. Le taux passe en effet de 0,06%  à 0,12%. Autrement dit, d’un trimestre à l’autre, le degré d’incertitude sur la Tunisie a doublé. Tel est le point de vue de The Economist Group. Compte tenu de l’audience dont jouit le magazine du groupe britannique et de son influence. C’est l’image de la Tunisie en tant que destination d’affaires et d’investissement qui en prend un sérieux coup, non pas auprès des initiés et des spécialistes mais de pans entiers de l’opinion publique mondiale.

 

Par Houcine Ben Achour
20/05/2021 | 22:51
4 min
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Commentaires
LotfiBC
Apres la Grèce , et le Liban..
a posté le 22-05-2021 à 10:31
Malheureusement, la Tunisie était au bord du gouffre depuis quelques années;
malheureusement , l'incompétence et le manque du sens de responsabilité des "pseudos" responsables a fini par démolir la Tunisie; après la Grèce , et le Liban , cela va être le tour de la Tunisie
Nephentes
Brouillard marécageux
a posté le 21-05-2021 à 18:17
Cette incertitude provient logiquement du manque de fiabilité des données utiles a une véritable analyse de la situation

Les données de base manquent donc

Dit d'une manière plus élégante c'est le foutoir intégral
Curieux
Et donc...
a posté le 21-05-2021 à 10:00
M. Ben Achour, au-delà des chiffres et des statistiques empilés dans votre papier, que pourriez-vous nous dire clairement sur votre avis personnel de cette incertitude confirmée par les uns et les autres?
Dr. Jamel Tazarki
Nous pourrions faire beaucoup mieux
a posté le 21-05-2021 à 09:40
Il est temps de réviser les rôles respectifs de l'Etat et des firmes privées dans le processus du développement socio-économique de notre pays.

Les firmes privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir (logistique et infrastructure), elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'?tat sans pour autant apporter de remèdes à notre économie.

Mr. Essid, notre ex-premier Ministre, a injecté par naïveté des milliards d'euros dans un système bancaire à 80% privé et dans des entreprises oligarques:

http://www.businessnews.com.tn/en-lhonneur-de-frederic-oudea-kamel-neji-reunit-le-tout-tunis-a-la-residence-de-france,520,66072,3

http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3

http://www.businessnews.com.tn/a-quoi-servira-largent-de-la-recapitalisation-de-la-bh-et-de-la-stb-,519,58040,3

-->
Il nous faut un Premier Ministre qui cesse de croire à ce que croit la majorité de nos politiciens et ce que voudrait nous imposer l'UTICA:
1) Injecter en cadeau des Milliards d'euros dans notre système bancaire
2) Notre système bancaire injecte l'argent reçu de notre banque centrale dans l'économie tunisienne sous forme de prêts aux entrepreneurs et à l'industrie,
3) nos entrepreneurs investissent l'argent reçu hors des conditions du marché afin de créer de la richesse et de l'emploi pour la Tunisie et tous les Tunisiens.

'?a fait 11 ans que nous tenant fort à cette démarche/théorie qui devrait résoudre tous nos problèmes socio-économiques, mais rien de cela... --> Et ainsi nous sommes condamnés à remplir éternellement une jarre sans fond (les banques partiellement privées et les entreprises de l'oligarchie tunisienne).

-->
Le prochain Premier Ministre doit avoir le courage d'essayer quelque chose de différent. Cela signifie qu'il doit-être assez courageux pour sortir de la foule et ne pas prendre la voie de ses prédécesseurs.

Je vous propose des idées qui sont différentes de celles à quoi vous êtes habitué. Apprenons à voir d'un bon oeil le fait de sortir du lot et de bâtir de nouvelles bases, de remettre nos vieilles idées en questions, d'exprimer notre propre voix au lieu de simplement suivre.

Il faut se libérer de cette idée absurde de l'entrepreneur tunisien créateur qui serait le personnage central de notre développement économique, qui prendrait des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant que du capital-gratuit et d'être libéré des charges fiscales. Une idée platonique que voudrait nous imposer notre UTICA.

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

Emeli Sandé - Read All About It
https://www.youtube.com/watch?v=vaAVByGaON0
Dr. Jamel Tazarki
Nous pourrions faire beaucoup mieux!
a posté le 21-05-2021 à 09:37
2ème partie

non, et non et non. L'etat Tunisien ne devrait injecter de l'argent dans des entreprises / banques oligarques qu'en tant qu'actionnaire provisoire, le temps de mettre notre économie en marche'?' Pourquoi l'Allemagne a eu le courage de nationaliser à 100% provisoirement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques la Hypo Real Estate avant d'y injecter de l'argent public, alors que nos ex-gouvernements oligarques ont injecté inconditionnellement des Milliards d'euros dans un système bancaire tunisien à plus de 50% privatisé.

Pourquoi l'Allemagne injecte de l'argent en tant qu'actionnaire dans l'entreprise BioNTech pour la production du vaccin à base de mRNA alors que l'Etat tunisien injecte de l'argent gratuitement en des sociétés privées oligarques perdantes?


Puis, on contenue à offrir la Tunisie gratuitement à notre oligarchie --> certes, je suis pour la privatisation de certaines de nos entreprises étatiques. Par contre il ne faut pas offrir gratuitement et implicitement à l'impérialisme international avec la complicité de notre oligarchie nos mines de phosphate, de cuivre et nos puits de pétrole / gaz au nom de la privatisation. Je m'explique: celui qui achète une entreprise étatique de production de cuivre ne devrait pas recevoir gratuitement nos mines de cuivre, celui qui achète une raffinerie étatique ne devrait pas recevoir gratuitement et implicitement nos gisements de pétrole et de gaz. celui qui achète nos entreprises étatiques de traitement du phosphate ne devrait pas recevoir gratuitement et implicitement nos gisements de phosphate, celui qui achète nos cimenteries étatiques ne devrait pas avoir les gisements correspondant gratuitement, etc., etc., etc.
-->
je ne peux pas imaginer qu'il y a des entrepreneurs qui voudraient acheter des entreprises étatiques en ruine sans les gisements gratuits qui font implicitement partie de l'offre'?'

Et de nouveau, on va s'endetter en 2021 afin de servir inconditionnellement notre oligarchie entrepreneuse. Non et non et non, si l'Etat tunisien injecte de l'argent dans une entreprise privée, en Telnet par exemple, c'est d'abord en tant qu'actionnaire provisoire et à condition que cette entreprise n'est pas déjà en ruine'?'

Fazit: la faute n'est pas à notre système bancaire ou à notre oligarchie entrepreneuse, la faute n'est aux dirigeants du FMI, la faute n'est pas aux Tunisiens mais plutôt à ceux qui nous ont gouverné depuis 2011 et qui ont pu permettre à une minorité oligarque de profiter du système. En effet, les 30 milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures qui ont été injectés par le haut ne se sont jamais infiltrés vers le bas sous forme de création d'emplois et d'investissement.

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

PS: Je suis désolé pour les fautes d'inattention --> je n'avais que 30 minutes de temps...
nazou de la chameliere
Mr ben achour
a posté le 21-05-2021 à 09:05
Soyez optimiste .
La Tunisie a et aura inchallah une vraie démocratie.
Ou tous les courant de pensées pourront être représentés.
Ca ne sera pas une démocratie hybride.
Une deuxième raison d'être optimiste ,Les responsables palestiniens et israéliens ont enfin compris qu'ils ont été roulé dans la farine !!!
Deux gros cons , qui ont failli plonger la Tunisie et l'Afrique dans l'anarchie !!!
jilani
La croissance n'est pas faite pour les arabes
a posté le 21-05-2021 à 08:56
Au début de la crise du covid, certains pensaient que plusieurs opportunités seront exploitées et rien n'a été fait. la Chine connait un taux de croissance extraordinaire, les EAU ont pu se rattraper, L'Angleterre après le brexit ... Il n'y a que les arabes qui sont à la traîne à cause de cette religion qui les immobilise dans la médiocrité, la traîtrise et la méchanceté. Les jeunes sont de plus en plus radicalisés même ceux qui partent en Europe, ils émigrent pour l'argent et non pour la recherche d'une nouvelle culture, ils vivent dans la misère pour épargner et acheter la voiture FCR.