Abdelwaheb Ben Ayed reste lucide, les pieds sur terre et ne se fait aucune illusion, suite à l’achat d’Agromed par Poulina Group Holding. Il n’ambitionne pas de prendre la place de leader des produits laitiers occupée par Délice-Danone. « Eux, ils appuient sur un bouton et sortent un produit. Nous, il nous faut huit mois pour le faire », dira Abdelwaheb Ben Ayed au cours de la communication financière de sa holding tenue lundi 27 décembre 2010 à l’IACE. Et de citer le centre de recherches et de développement du géant mondial, sa stratégie de communication particulière, coûteuse et efficace. En bref, PGH ne peut pas faire grand-chose face à une marque de stature mondiale.

Et pourquoi ne pas s’associer à une grande marque internationale comme l’a été par le passé Agromed qui commercialisait Mamie Nova ?
Ici aussi, M. Ben Ayed reste lucide, mais ne s’interdit aucune piste. Mamie Nova n’est pas une grande marque, dit-il, et Nestlé ne cède son label à personne. Même dans les glaces, après la cession de leur usine, la marque va disparaître de la Tunisie dès 2011. Cela dit, si une opportunité se présente, il ne manquera pas de la saisir, voire même d’aller la chercher.
Quelle part de marché vise donc PGH en achetant Agromed ? « Aujourd’hui, nous sommes à 10% de parts de marché, avec Gipa. Après l’acquisition d’Agromed, nous ambitionnons les 20%. »

PGH a acheté Agromed pour un montant de 22 millions de dinars, comprenant le lourd passif de l’entreprise. Une bonne moitié du montant servira d’abord à régulariser la situation avec l’administration fiscale, puis le règlement des petits fournisseurs (ce qui est vital pour eux), les grands fournisseurs et les banques.
Était-ce la meilleure solution pour PGH qui aurait pu agrandir Gipa sans passer par la case Agromed ?

Abdelwaheb Ben Ayed évoque, en réponse, un devoir patriotique. Agrandir Gipa aurait exigé l’importation de nouveaux équipements qui existent déjà chez Agromed. Le deuxième point est d’ordre social. En rachetant Agromed, PGH a sauvé 400 emplois. M. Ben Ayed parlera de la coopération fructueuse avec l’UGTT dans ce dossier.

Quant aux actionnaires, le patron de PGH se veut rassurant en promettant de rentabiliser l’investissement et de devenir un acteur important dans l’industrie laitière en Tunisie.