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Les déchets toxiques de Sidi Bouzid, une sale affaire !
04/09/2019 | 19:59
5 min
Les déchets toxiques de Sidi Bouzid, une sale affaire !

Voici des mois que l’avocat Moez Salhi dénonce un crime environnemental commis à l’encontre de sa région, Sidi Bouzid. L’avocat affirme que des déchets toxiques sont enfouis sous terre, que ces produits hautement dangereux menacent le sol, la nappe phréatique et les habitants et accuse le pouvoir, et plus particulièrement le délégué régional de l’agriculture, de laxisme et d’être lui-même impliqué dans cette sombre affaire…

 

Le délégué régional de l’agriculture à Sidi Bouzid a été interpellé dans la nuit du 28 août 2019, avec 6 membres de son équipe alors qu’il supervisait une opération d’extraction de déchets toxiques d’un site de la ville. Très vite, il a été rapporté que cette opération a été menée sans consultation des autorités locales et que les intervenants n’ont pas respecté les codes d’usage pour le transport des matières nocives, d’où leur arrestation.

Mais c'est une toute autre version que tient Boubaker Karray, chef de cabinet auprès du ministre de l’Agriculture. qui précise que l'intervention a bel et bien été menée en étroite collaboration avec les services du ministère de l’Environnement et avec l’Anged (Agence nationale de gestion des déchets).

« Tout a été mis en place pour que les déchets soient transportés selon la procédure en vigueur et d’ailleurs le délégué a été très vite relâché car le parquet a très vite vu qu’il détenait toutes les autorisations nécessaires. Cette affaire est plus sordide que cela… » nous a-t-il confié.

 

Le 27 août, Mokhtar Hammami, ministre de l’Environnement et des affaires locales a déclaré qu’il suivait de près l’affaire des déchets toxiques se trouvant sur les terres de Sidi Bouzid. Le ministre a souligné que ce sont des déchets « conservés » depuis les années 80 par la délégation régionale de l’agriculture en attendant les directives de l’Anged.

« J’ai pris connaissance de ce dossier dans les médias et nous avons contacté l’avocat qui a lancé la campagne. J’ai tout de suite ordonné à la délégation de l’agriculture, aux représentants de l’ANPE et de l’Anged, de se rendre sur place et d’entamer les mesures d’extraction, nous avons déjà commencé à extraire ces produits pour les remettre à une entreprise spécialisées afin qu’ils soient détruits. Nous allons ratisser toute la zone, soit 6 hectares, pour déterrer tous ces produits dangereux. Nous allons d’abord faire en sorte que ces produits soient totalement détruits, puis nous prendrons les mesures légales et administratives pour comprendre pourquoi ces mesures n’ont pas été prises plus tôt, alors que le dossier a été révélé il y’a deux ans » a-t-il précisé.

 

Boubaker Karray, nous a assuré, pour sa part que le ministère de l’Agriculture a adressé de nombreux courriers depuis 2018 au ministère de l’Environnement pour que ce problème soit réglé au plus vite, expliquant qu’il a aussi fallu coordonner avec l’Anged et lancer un appel d’offres pour élire l’entreprise partenaire qui sera chargée de détruire les déchets extraits.

« Nous avons convenu lors de notre dernière réunion avec le ministère de l’Environnement de lancer un plan directeur sur tout le territoire tunisien. Nous allons coordonner avec toutes les institutions qui gèrent l’agriculture dans les différents gouvernorats afin qu’ils fournissent au ministère une liste précise de la présence de ces produits et nous allons gérer cela sur le plan national » a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que l’affaire a pris une certaine ampleur sur les réseaux sociaux suite à un différend personnel qui a opposé l’avocat Moez Salhi à la délégation régionale de l’agriculture de Sidi Bouzid.  

En effet, le ministère de l’Agriculture avait déposé une plainte contre l’avocat pour usage « illégal » d’un local apparentant à l’Etat.  Boubaker Karray nous a expliqué que le père de l’avocat Moez Salhi, qui travaillait à la délégation de l’agriculture bénéficiait à ce titre d’un logement de fonction. Le logement en question n’a pas été restitué quand ce dernier est parti à la retraite et il est utilisé depuis 30 ans illégalement. Le 23 janvier 2017, le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid a ordonné l’évacuation des lieux.

 

Le 5 novembre 2018, après une première tentative qui a échoué, l’avocat a dû évacuer les lieux et le procès-verbal de son expulsion, que détient Business News, mentionne une « dégradation » des lieux. « Nous avons constaté que deux portes et deux fenêtres ont été démontées, des circuits électriques ont été enlevés et les sanitaires ont été ôtés » précise l’huissier en charge de la procédure.

Le 15 avril 2019 le délégué de l’agriculture écrit au chargé du contentieux de l’Etat lui précisant que le logement a été fortement endommagé et l’exhortant à déposer une plainte pour évaluer et compenser les dommages. Le 26 août, le délégué de l’agriculture écrit au procureur général près de la cour d’appel l’appelant à prendre les mesures nécessaires envers Moez Salhi, « qui a usé illégalement d’un logement de fonction sans payer ni eau ni électricité durant des années et qui a détérioré le local ». Le 28 août, il est arrêté en train d’appliquer les ordres d’extraction des déchets.

Le 2 septembre, l’avocat Moez Salhi publie la décision de la cour d’appel, qui consiste à « classer » son affaire, remportant ainsi la bataille juridique qui l’a opposé, des mois durant, à la délégation régionale de l’agriculture.

 

Moez Salhi signe d’ailleurs et persiste que son combat dans l’affaire des déchets toxiques de Sidi Bouzid n’a rien à avoir avec cette affaire « personnelle ». Il martèle qu’il portera plainte contre quiconque oserait le mêler « à une autre histoire » soulignant qu’il a encore beaucoup à dire à la justice, qu’il continue de mener les fouilles pour découvrir les endroits précis où sont stockés les déchets toxiques contrairement à d’autres qui veulent « étouffer le crime »

 

 

Myriam Ben Zineb   

 

04/09/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (2)

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veritas
| 05-09-2019 12:40
Continuez à manipuler a toucher et à fouiller pour retrouver ces barils toxiques ,vous signerez votre acte de décès par vous même quand on est con il n' y a rien a faire la populace de SBZ ils sont tous comme ça ces faux révolutionnaires de je ne sais quoi .
il faut installer d'urgence 3 casernes (caserne pour l'armée,caserne de pob et caserne de gendarmerie )à SBZ pour lutter contre le danger de cette populace qui souhaite transformer tout le pays en cendre ,l'intérieur de la Tunisie est un danger pour le pays c'est encore plus dangereux que des colons étrangers.

Fehri
| 05-09-2019 09:33
L'avocat fait du bruit des déchets parce qu'on a ordonné l'évacuation du logement illégal pendant 30 ans. Tout d'un coup il crie produit toxique.