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Lada et l’assemblage, portes de sortie d’Artes Group
14/07/2019 | 15:59
6 min
Lada et l’assemblage, portes de sortie d’Artes Group

 

Malgré une conjoncture économique difficile, un glissement important du dinar, une augmentation des droits et taxes ainsi que des quotas en baisse, le groupe Artes avec ses marques Renault, Dacia, Nissan et Lada a fini 2018 avec un résultat bénéficiaire et une part de marché de 12,25%. C’est globalement ce qui ressort de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) pour l’exercice 2018, tenue ce vendredi 12 juillet à l’hôtel Regency Gammarth.


L'assemblée s'est tenue sous l’égide de Moncef Mzabi, président du conseil d’administration et Adel Ayed, directeur de la société. Les actionnaires étaient globalement satisfaits des performances de l’entreprise étant conscients que le marché automobile est soumis à la politique des quotas et à de multiples pressions. Ils auront droit cette année à un dividende de 0,530 dinar par action, mis en paiement à partir du 2 août 2019.

 

 

« En 2018, notre groupe a de nouveau démontré sa résilience malgré une conjoncture économique difficile qui a affecté l’activité des concessionnaires automobiles en Tunisie », a affirmé d’emblée Moncef Mzabi en rappelant la conjoncture difficile et les entraves avec notamment une baisse des quotas de 30%. « La société a dû sabrer des dépenses pour préserver une marge bénéficiaire de 19% », a-t-il soutenu.

Ceci dit, le groupe continue son programme d’investissement et prévoit d’y consacrer 15 à 20 MD dans les prochaines années, a-t-il précisé. La société s’est d’ailleurs engagée dans la rénovation de ses showrooms et ateliers, pour offrir confort et de meilleurs services à ses clients.

 

 

Le groupe a immatriculé, en 2019, 6.291 véhicules, en baisse de 25,97%. Ceci dit, il s’est accaparé de 12,25% de part de marché. Artes a 10,20% de part de marché et immatriculé 5.218 véhicules sous les marques Renault et Dacia. Adev, concessionnaire de la marque Nissan, a immatriculé 878 véhicules pour une part de marché de 1,7%. Wallys Services, concessionnaire de la marque Lada, a immatriculé 195 véhicules, soit 0,4% de part de marché.

Le groupe annonce que, grâce à Renault, il est le leader du marché des véhicules particuliers (VP), avec 3.951 immatriculations et une part de marché de 11,19%. Son bestseller demeure la Clio 4 avec 2.073 unités vendues en 2018.

 

Côté performances, le concessionnaire a enregistré un résultat net de 25,29 millions de dinars fin 2018 contre 29,45 millions de dinars (MD) fin 2017 en baisse de 14,12%, avec un impôt de 7,69 MD et une contribution sociale solidaire de 307.557 dinars. Le chiffre d’affaires de la société a également diminué de 19,56%, évoluant de 215,53 en 2017 à 180,27 MD en 2018. L’activité vente des véhicules neufs a rapporté 173,88 MD alors que l’activité après-vente a rapporté 4,61 MD avec des travaux d’atelier qui ramènent 1,21 MD. Les produits de placement ont augmenté de 7,43% passant de 8,87 MD à 9,53 MD.

 

Pour sa part, le résultat net consolidé s’est situé à 31,07 MD contre 35,42 MD en 2017, en hausse de 20,56%. Le chiffre d’affaires consolidé est passé de 262,39 MD à 235,4 MD entre 2017 et 2018.

Le groupe Artes est composé de huit sociétés : Artes (la société mère), Artegros, Adev, Vedev, Autronic, Wallys Services, Sidevet Artimo. Les filiales Artegros, Adev et Wallys Services y ont participé par un résultat net respectivement de 3,89 MD, 1,86 MD et 0,71 MD.

 

 

Le commissaire aux comptes Moncef Boussanouga a tenu à préciser que Moncef Mzabi a renoncé à sa rémunération de président du conseil d’administration fixée à 63.469 dinars au titre de 2018. En outre, lui, Mzoughi Mzabi, Sadok Mzabi, la Société Dalmas représentée par lui-même et la société Codev ont déclaré leur renonciation aux jetons de présence au titre de 2018 pour un montant global de 25.000 dinars.

 

Adel Ayed a souligné, pour sa part, que les pressions faites sur la balance commerciale et celle des payements, corrélées au manque de liquidité et de devise ont obligé le gouvernement à prendre des mesures radicales en ce qui concerne la limitation de l’import, notamment visant les concessionnaires. Ceci c’est traduit par une baisse des quotas.

Ajouté à cela la hausse des droits de consommation, la dépréciation du dinar, l’augmentation de la TVA de 1 point et la hausse du taux du marché monétaire (TMM), les prix des véhicules se sont littéralement envolés, même pour les entrées de gamme. Ce qui a obligé la clientèle à recourir au crédit bancaire et le leasing, le tout avec des délais de payement qui se sont allongés.

S’agissant de la trésorerie, le DG a admis qu’elle a diminué, mais son niveau leur permet quand même de travailler confortablement. Il en a profité pour mettre en relief les efforts déployés par la société pour garder sa place sur le marché et ses résultats.

 

 

Globalement, les actionnaires se sont montrés compréhensifs face à la situation que traverse Artes et le secteur dans sa globalité, ceci dit certains d’entre eux, qui ont pris la parole, ont exprimé ouvertement leur inquiétude. Moncef Ouaghlani s’est interrogé sur l’avenir du secteur et sur une phrase du rapport, selon laquelle « le groupe étudie l’opportunité d’installer une chaine d’assemblage de pickup Nissan simple et double cabine ».

Abdelaziz Ben Youssef a constaté que depuis quelques années les ventes du secteur sont en baisse à cause de la baisse des quotas. Pour lui, l’introduction de la marque Lada n’était pas opportun et s’est demandé si le groupe avait un comité stratégique pour penser à son avenir vu la situation actuelle du pays, notamment diversification, assemblage ou autre.

 

A ceci, M. Mzabi a indiqué que le groupe avait tout fait pour récupérer les droits de concession de la marque Lada, et ceci carrément en rachetant la société. Et de noter que « Lada est en train de préparer une gamme complète de véhicules, qui seront commercialisés d’ici un an à un et demi sur le marché international ».

Pour lui, il n’y a aucun doute : l’avenir de cette marque, rachetée à plus de 50% par Renault, sera fleurissant et les retombées se feront d’ici 5 ans, estime-t-il.

En ce qui concerne la diversification, le président du conseil d’administration a souligné que le groupe Artes est le seul concessionnaire ayant une usine de composants automobiles et de techniques embarquées dont le chiffre d’affaires dépasse les 150 millions d’euros.

Moncef Mzabi a admis que, justement, c’est dans le cadre de la diversification qu’est née l’idée de l’installation d’une chaine d’assemblage Nissan. Ceci dit, il s’est montré prudent. Il a affirmé qu’une loi sur le montage automobile en Tunisie est en train de se préparer, qui sera prête d’ici un an et qu’il valait mieux attendre les nouvelles règles. Pour lui, il est prématuré de s’avancer sur un tel projet sans que cette loi soit amendée. Toutefois, un projet est à l’étude avec son partenaire français le groupe Renault pour la création d’une usine de montage et d’assemblage de véhicules pour un montant qui avoisinerait les 40 à 50 millions de dinars, avec un taux d’intégration qui sera compris entre 18 et 38%.

 

 

Adel Ayed a fait remarquer, pour conclure, la rentabilité de l’action Artes. La société distribue une bonne partie de son bénéfice chaque année. Pour l’exercice 2018, elle va distribuer 80% du résultat réalisé. Le dividende par action représente 10% du prix de l’action, ce qui n’est pas négligeable.

 

Tout en ne voulant pas avancer de perspectives chiffrées le management d’Artes s’est montré rassurant quant à l’avenir du groupe. Outre la marque Lada en laquelle Moncef Mzabi croit fermement, un projet de montage de véhicules se profile, rien de sûr pour l’instant mais une avancée quand même. Affaires à suivre.

 

Imen NOUIRA

14/07/2019 | 15:59
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