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Interview de Slim Khalbous : La recherche scientifique ne manque pas d'argent, elle manque de bonne gouvernance !
23/12/2016 | 19:59
16 min
Interview de Slim Khalbous : La recherche scientifique ne manque pas d'argent, elle manque de bonne gouvernance !

 

Il enseigne depuis 1995 dans les universités tunisiennes, et en tant que professeur-invité dans plusieurs universités en France, au Maroc et au Liban. Ancien directeur général de l’IHEC, Slim Khalbous, est ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique depuis 100 jours.


Cette semaine, le ministre s’est livré,lors d’une interview à Business News. Il y expose une vision de la recherche et de l’enseignement, rigoureuse et moderne. Il a aussi été question des journées de dynamisation de la recherche scientifique qui ont eu lieu des 16, 17 et 18 décembre 2016 à Hammamet organisées par l’Agence nationale de promotion de la recherche scientifique (ANPR). Elles ont été l’occasion de mettre en exergue l’impératif de la mise en place d’une politique globale de renforcement des activités de recherche.


Trois jours pendant lesquels les responsables de la recherche en Tunisie se sont retrouvés pour fixer les priorités nationales en matière de recherche. Entretien.


 

En quoi l’édition de cette année, des journées de dynamisation de la recherche scientifique, est différente des années précédentes ?


Cette année, ces journées ont été très différentes de celles organisées dans le passé. On aurait pu dire que c’est la première édition d’une nouvelle formule. On a d’ailleurs retardé la date pour une meilleure organisation et on a élargi le nombre de participants ainsi que leur nature.

 

La première innovation de cette année a été donc le nombre important des participants des autres ministères et cela pour mieux définir les priorités de la recherche. Car le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ne peut seul définir les priorités nationales en matière de recherche.

 

Pour cette édition, nous avons communiqué avec le ministère de la Santé pour la recherche médicale, avec celui de l’Agriculture, des TIC, de la Jeunesse et des Sports et tout ministère ayant un lien direct ou indirect avec le nôtre. Je dis direct, parce que c’est nous qui finançons les laboratoires des autres ministères et paradoxalement nous n’avons aucun droit de regard sur les centres de recherche des  autres ministères.

 

Je donne l’exemple du ministère de l’Industrie qui, à travers l’API, effectue des recherches sur les brevets sans être en relation avec les écoles d’ingénieurs.

Donc le problème principal était la coordination entre toutes les entités quelle que soit leur affiliation ministérielle. On a donc invité, secrétaires d’Etat et directeurs généraux en charge de la recherche.

La nouveauté également cette année, c’est que la recherche touchera aussi le domaine de la Défense, et ce sous un aspect militaire et sociologique qui est tout aussi important, car après la révolution on a vu des comportementsqu’on n’arrivait pas à expliquer. Nous n’avons pas aujourd’hui assez de recherches dans ce domaine !

Aussi, pour la première fois, nous avons parlé des priorités nationales. Nous avons aujourd’hui beaucoup de ressources attribuées à la recherche, nous devons simplement mieux les coordonner vers un même objectif.

 

Et sur ce point précis, nous devons distinguer aujourd’hui deux choses : la liberté académique et le choix d’une nation. Chaque chercheur a la liberté de travailler sur le sujet qui lui semble bon et juste, en revanche, un pays met des ressources en faveur de la recherche, il faut qu’il dise aussi quelles sont ses priorités, où il veut aller, pour ensuite consacrer toutes ses ressources vers ces objectifs là. Par le passé, il n’y avait pas de priorisation en fonction des priorités nationales. Et puis le budget de certaines recherches est flou.

 

Aujourd’hui, c’est toute la philosophie qui régit la recherche scientifique qui est à remettre en cause. Et c’est précisément pour cela que nous avons préparé ces journées. Il fallait aussi donner de l’espoir à tous ces gens ! Personnellement, je suis chercheur depuis plus de 20 ans et je sais que là, le moral est à plat ! Le moral des chercheurs est à plat ! Ils ont lutté pendant des années et rien ne changeait. Dans mon mot d’ouverture, je leur ai dit que j’espère que cette fois ci, ce sera différent et que lorsqu’on se retrouvera dans un an, on dira : « Il y a eu des choses ! ».

 

L’autre nouveauté cette année, a été la méthode de travail : nous avons pour la première fois utilisé la méthode du « scoring » pour la prise des décisions et on a demandé à tous les chercheurs présents dans les ateliers de faire plusieurs choses : énumérer les défis, les critères qui caractérisent ces mêmes défis et pour chaque critère il y avait une note indexée par rapport à l’importance et pour finir une note pour pondérer l’importance. Une méthode scientifique donc, qui nous a aidés à mettre en évidence les priorités, une approche managériale.

 

 

Une méthode que vous avez mis en place ? Etant justement votre domaine de compétence académique ?

 

(Sourire) Non non, c’est le fruit d’un travail d’équipe de tout le cabinet. J’ai juste impulsé le mouvement…

Donc, une méthode scientifique, une participation plus large, voilà peut-être ce qui a fait que cette année, on en a parlé plus.

Maintenant, nous allons prendre les priorisations générées à partir de l’évènement et les coupler avec la stratégie du gouvernement. Nous allons aussi en discuter avec les autres ministères pour en faire une sorte de « feuille de route » utile : pour la création de laboratoires, pour la détermination des budgets et les bourses de recherches. Et ça c’est nouveau en Tunisie ! On aurait dû le faire depuis longtemps !

 

 

Est-ce que le budget alloué à la recherche scientifique a baissé ou augmenté ?


 

Je vais vous répondre en deux étapes : Quantitativement le budget a baissé de peu. Mais là n’est pas le problème ! Le vrai problème est celui la gouvernance.

Nous avons aujourd’hui des centaines de millions de dinars qui ont été attribués à la recherche durant les 5 ou 6 dernières années. Argent aujourd’hui, bloqué dans les comptes et qu’on n’arrive pas à dépenser et ceci est le grand problème des laboratoires. Ces ressources constituent pour nous une bouffée d’oxygène.

 

Pour pouvoir les dépenser, il faut penser à la gouvernance et aux textes de loi, qui devraient tendre à faciliter les dépenses publiques et notamment pour la recherche, qui ne devrait pas être traitée comme les autre entités publiques. C’est aberrant toute cette standardisation et règles de l’administration publique que nous avons. Ça nous freine ! Réformer la gouvernance publique est par ailleurs une des priorités du gouvernement.

 

Autre problème : Pour promouvoir la recherche, il y a beaucoup d’argent auquel on pourrait accéder via l’international. Nous ne sommes pas en train d’en profiter, car on n’a pas de stratégie claire. Où est ce qu’on veut aller ? J’ai noté également que lorsqu’on fait des partenariats, on ne sait pas gérer l’argent qui provient de l’étranger.

 

Et quand on n’a pas de stratégie claire, l’argent issu des partenariats repart d’où il est venu. Nos règles sont tellement compliquées qu’on fait fuir l’argent étranger.

 

Troisième axe important, le secteur privé. Aujourd’hui, le privé est complètement en dehors de la recherche et de l’innovation ! Il va falloir trouver le moyen de les encourager à venir investir.

Pour cela, nous avons pensé à plusieurs pistes : en premier, une taxe pour la recherche tout comme la taxe à la formation professionnelle, une taxe récupérable. Finalement, les entreprises qui viendront vers nous pour récupérer leur argent, verront que l’université représente pour eux des solutions extraordinaires.

Il y a aussi la piste de la baisse des impôts. Une baisse qu’on peut imaginer proportionnelle à leur engagement dans la recherche.

 

 

 


L’étude de l’IACE sur l’employabilité parue cet été fait état de jeunes diplômés non employables. Que compte faire le ministère par rapport au phénomène sachant que c’est un sujet sur lequel vous avez beaucoup travaillé au sein de l’IHEC notamment ?


Il faut qu’une nuance soit claire : Le ministère n’est pas en charge de trouver un travail pour chaque étudiant, en revanche le ministère est en charge de le former convenablement.

 

On doit faire en sorte de trouver un compromis entre les exigences pédagogiques et la demande du marché du travail. L’un ne va pas sans l’autre. La mission de l’université a toujours été de former des gens compétents.

Le processus de transfert des compétences ne se fait plus aujourd’hui, car l’université s’est renfermée sur elle-même ! On a avec le temps cadenassé l’université en enlevant les cours où il y avait discussion ainsi que toutes les associations (sont restées seulement celles qui composaient avec le pouvoir). Les rapports à l’international ont aussi été réduits.

 

Lorsqu’on parle avec les chefs d’entreprises, on se rend compte que le problème des jeunes diplômés n’est pas au niveau des connaissances techniques  mais bien de ce qu’on appelle aujourd’hui communément les « soft skills ». Ils évoquent des difficultés liées à la présentation, aux langues, particulièrement l’anglais et le français, le travail en équipe, le leadership…. C’est seulement après tout cela qu’ils regardent les compétences techniques. En bref, ils nous disent qu’ils peuvent former les nouveaux arrivants à l’utilisation d’une machine ou d’un logiciel, que ce n’est pas un problème. Par contre, ils ne peuvent pas les former à parler couramment anglais ou à travailler en équipe.

 

L’autre axe sur lequel nous sommes en train de travailler porte sur les méthodes d’enseignement. Il y a aujourd’hui beaucoup d’enseignants, qui malheureusement, sont en retard de dix ou quinze ans par rapport à la méthode utilisée pour la transmission du savoir.

Les étudiants en 2016, utilisent énormément internet, l’information n’a donc plus de valeur. C’est la méthode qui a de la valeur. Il faut s’adapter par rapport à l’époque dans laquelle on vit.

Il faut aussi que les étudiants acquièrent la méthode pour auto-apprendre. Il faudrait faire plus de méthode et moins de contenu. S’ils apprennent cela, ils seront capables de s’adapter aux évolutions diverses dans leurs domaines de compétence, parce qu’ils auront acquis une méthode, et non pas une quantité de connaissances.

La dynamique aujourd’hui, est en dehors de l’université. Dans les années 70, les mouvements sociaux et culturels sortaient des universités. Il faudrait rouvrir l’université sur son environnement. Car quand les évolutions sortent de l’université elles sont plus étudiées.

 

 

Ne pensez-vous pas que l’enseignement supérieur privé a su explorer ces pistes pour réaliser le succès qu’on lui connait aujourd’hui ?

 

Une partie du succès du privé provient de « l’échec » du public. C’est une réalité. Ma position est la suivante : les réformes finies, une université publique avec un enseignement de qualité et gratuite est imbattable. La référence donc, doit être le public, néanmoins, une progression du privé est inéluctable. C’est la tendance mondiale, y compris chez nous.

La question qui se pose est : comment trouver une complémentarité entre les deux ?

Le privé doit aller dans les niches ou l’enseignement public n’est pas fort, il doit le compléter !

Moi je vois que la complémentarité entre les deux est possible si on en fait une politique nationale et en l’absence de cette politique, forcément chacun va prendre une direction dépendante de ses intérêts. Je ne vais pas pointer du doigt le privé, il a tout simplement profité d’un vide stratégique national. Je ne suis pas le ministre de l’Enseignement supérieur étatique uniquement mais de tout l’enseignement supérieur. Le sort de tous les étudiants tunisiens m’intéresse.

 

Il ne faut pas opposer les deux car ce qui compte réellement c’est la qualité. Et il y a des standards internationaux sur lesquels nous devons nous aligner. On va pousser le privé pour aller vers la qualité, comme on poussera le public. Si les universités privées atteignent un niveau de qualité internationale en respectant les standards, qu’il soit le bienvenu. L’enseignement ne peut être un commerce comme les autres, je n’ai aucun problème idéologique avec le privé mais l’avenir de nos enfants en dépend !

 

 

Un des problèmes de l’enseignement privé est posé par l’ordre des ingénieurs qui s’est plaint que des ingénieurs issus du privé, au bout de trois ans de formation, se retrouvent au même niveau que les ingénieurs issus du public sur le marché du travail. Comment faire ?


 

Ils ont raison ! Je les ai reçus d’ailleurs et on a convenu d’un travail de réforme des études d’ingénieurs. Il faut mettre au point une stratégie nationale et elle sera prête avant la fin de l’année. Quand on a vu un développement très « dur » et très rapide du secteur privé, on a un peu lâché et on n’a pas fait attention, et effectivement, on s’est retrouvé avec certaines aberrations. Donc, l’ordre des ingénieurs, à juste titre, nous a dit : là vous faites une formation à double vitesse. On ne peut pas, d’un côté, faire une sélection extrêmement dure avec des diplômés au compte-goutte et de l’autre côté dire : c’est pas grave je laisse. Ça fait des sous-diplômes et il n’en est pas question.

 

L’idée n’est pas d’arrêter le privé, l’idée est de dire : quel est le système national ? Il faut que ce soit un système où tout le monde est d’accord, un système pour le pays qui déterminera le type de formation qu’on veut pour nos ingénieurs. Et après, si le privé peut le faire, ce sera tant mieux.

 

Le problème aujourd’hui est que même le cahier des charges des universités privées n’est pas totalement respecté. J’ai appelé tous les syndicats, avec la présence du numéro 2 de l’UTICA M. Elloumi, à une réunion et j’ai été très clair : les bonnes universités, aucun problème, les universités qui ne respectent pas du tout les règles, ce n’est pas acceptable et on appliquera la loi. Et puis, les universités qui sont au milieu doivent faire leur mise à jour sinon ce sera un problème. On a convenu de se conformer petit à petit au cahier des charges et s’il faut même revoir le cahier des charges pour que les règles soient mieux applicables, on le fera.

 

Ce problème se pose pour les études d’ingénieurs mais il se pose aussi pour d’autre types d’études : les études médicales, même les études philosophiques. Ils sont peut-être moins représentés mais il existe quand même des problèmes. Il n’y a ni tabou, ni blocage idéologiques. Une fois ces deux éléments acquis, on peut trouver des solutions communes.  

 

Quelle est la vision du ministère concernant la situation du chercheur tunisien particulièrement s’agissant de sa relative précarité ?

 

Il s’agit d’un problème très complexe qui dépasse largement l’aspect purement financier. C’est un problème de statut, c’est aussi un problème de conditions de travail et c’est un problème de perspective d’emploi.

 

Aujourd’hui, le statut d’enseignant-chercheur est fixé par une loi. Théoriquement, les deux tiers du salaire d’un enseignant-chercheur sont pour la recherche et l’encadrement. En pratique, les chiffres disent qu’il y a 12 mille chercheurs actifs sur les 19 mille chercheurs officiels. 7 mille donc qui ne sont inscrits dans aucune structure de recherche et qui se contentent d’enseigner.

 

Ensuite, il y a le statut de chercheur qui a été créé en 2013 et qui s’est avéré être totalement inopérant. Moi, directeur de l’IHEC pendant cinq ans je n’étais même pas au courant de son existence !

Nous allons prendre ce texte qui régit le statut. Une équipe de juristes est d’ores-et-déjà en train de travailler dessus pour l’améliorer ou pour proposer une toute nouvelle version. Mais il nous faut un texte pour le statut de chercheur. Car aujourd’hui, nous avons des milliers de jeunes chercheurs qui préparent leurs thèses, sans parler des docteurs chômeurs malheureusement, comme en biologie, plus des milliers de doctorants en cours. Entre temps, le nombre d’étudiants a chuté, donc le nombre de postes d’enseignants ouverts dans l’université publique a complètement baissé. Aujourd’hui, dans certaines disciplines, on ouvre 10 ou 15 postes seulement par an. Donc, si on ne fait pas une politique pour intégrer tous ces docteurs ailleurs, on va avoir plus de docteurs chômeurs. Ce qui est une honte pour notre pays.

 

Bien entendu, l’université continuera à recruter ce qu’elle pourra mais ce ne sera pas énorme. On va améliorer le statut de chercheur pour que les centres de recherche, qui eux ont encore des besoins, puissent recruter. Une des réformes importantes que doivent faire les universités privées justement, c’est d’augmenter leur taux d’encadrement, surtout auprès des docteurs. Il faudra que les universités privées recrutent une partie. L’autre partie, c’est les entreprises.

 

Comme dans les journées de recherche (évoquées plus haut), nous avons sensibilisé les entreprises au besoin de faire des cellules de développement et de recherche, et pas que les multinationales. Les entreprises tunisiennes, quand elles se tournent vers l’export, réalisent toute l’importance de l’innovation aujourd’hui. Donc, on va orienter sur des thèses plus « applicables » pour pouvoir conquérir les entreprises. Demain, je voudrais que les entreprises recrutent des docteurs sans en avoir peur parce qu’aujourd’hui ils se disent que c’est des théoriciens qui ne vont rien leur apporter ou alors ils sont trop ambitieux en termes de salaire. Il faudrait qu’à l’avenir, ils se disent que c’est un investissement et non pas un risque.

 

L’autre piste est celle de l’international. Nous travaillons avec l’agence de coopération technique pour pouvoir intégrer sur leurs bases de données une liste de docteurs chômeurs établie en collaboration avec la coordination de ces docteurs. Cette liste comprendra les recherches faites par ces docteurs, leurs expériences professionnelles etc.

Nous travaillons également pour développer le transfert de savoir vers l’Afrique. Aujourd’hui nous sommes en partenariat win-win avec l’Europe, pour l’apprentissage et l’innovation il faut aller en Asie, mais pour exporter notre propre savoir, c’est vers l’Afrique qu’il faut se tourner.

J’étais récemment au Mali et j’ai convenu avec la ministre malienne de l’Enseignement supérieur que nous allions faire la formation des formateurs dans les domaines où le Mali a des besoins, notamment en biologie. Ce sont des experts tunisiens qui y veilleront. Nous allons également exporter le système de prépa tunisien en Mauritanie. Des Tunisiens iront là bas pour mettre en place ce système, même les copies seront envoyées par Chronopost en Tunisie pour y être corrigées. Nous allons installer le système purement tunisien en Mauritanie. Ce sera une vraie exportation du savoir-faire tunisien en Mauritanie.

 

Quand est-ce que ce texte concernant les chercheurs sera prêt ?


L’objectif c’est que d’ici juin, c’est-à-dire avant la fin de l’année universitaire, tous ces textes pour le paiement des étudiants étrangers, la formation continue qui va revenir dans les universités, pour l’ouverture sur l’environnement et la possibilité pour des entreprises de signer des conventions avec les universités, pour l’exportation du savoir tunisien soient prêts. Tous ces textes seront prêts avant juin parce que je veux qu’ils rentrent en application dès cet été pour que la rentrée prochaine se fasse avec tous ces textes là.

 

 

Entretien mené par Marouen Achouri & Sofiene Ahres

23/12/2016 | 19:59
16 min
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Commentaires (16)

Commenter

Malak
| 27-12-2016 12:47
Je pense qu'on ne peut pas porter un jugement sur un ministre qui vient d'être nommé depuis un peu plus de 100 jours.Il faut lui donner sa chance et le laisser accomplir ses tâches. Les problèmes de l'ES existaient depuis des années et ils ne seront pas résolu au bout de quelques mois. Soyons patients.

nadhir
| 26-12-2016 09:57
S Khalbous a un h-index égal à zéro (Voir la base des données Scopus)

C'est honteux d'avoir un tel ministre...

Dr. Jamel Tazarki
| 25-12-2016 13:31
Si vous me dites dans quel domaine vous avez fait de la recherche scientifique, peut-être que je pourrais vous donner des idées de projets que vous pourriez réaliser à partir de la Tunisie et les mettre sur le web!

Très Cordialement
Jamel

Dr. Jamel Tazarki
| 25-12-2016 11:36
que (d'après des statistiques et des études empiriques financées et réalisées par le FMI et la banque mondiale) les injections du capital dans le système bancaire, et au profit de l'oligarchie et de la bourgeoisie des pays sous-développés n'ont jamais abouti au développement de ces derniers. Pour la simple raison que l'argent (les milliards de dollars/euros) ainsi injecté/investi ne s'infiltre pas vers le bas afin que les petites entreprises (les PME), les chômeurs porteurs d'idées et la paysannerie en profite aussi.

Par contre les capitaux investis par le bas directement au niveau des PME, des chômeurs porteurs d'idées et de la paysannerie remontent vers le haut et toute l'économie en profite et on aboutit dans 99% des cas à une croissance de l'ordre de 5% à 7%.


Nos amis américains ont compris que ça ne sert à rien d'injecter de l'argent dans les organisations gouvernementales tunisiennes ou dans notre système bancaire oligarque, en effet seule l'oligarchie et la bourgeoisie entrepreneuses tunisiennes profitent de l'argent ainsi accordé à nos institutions étatiques et que cet argent ne s'infiltre pas vers le bas afin que les petites entreprises (les PME), les chômeurs porteurs d'idées et la paysannerie en profitent aussi.


Sur le lien suivant
http://www.businessnews.com.tn/lambassade-des-etats-unis-en-tunisie-annonce-un-appel-a-propositions-pour-soutenir-la-societe-civile,520,62244,3

On peut lire: "L'ambassade des Etats-Unis en Tunisie annonce, dans un communiqué publié jeudi 4 février 2016, un nouvel appel à propositions pour soutenir la croissance économique de la Tunisie grâce à un soutien direct à la société civile tunisienne ou aux organisations non gouvernementales."

===> Les américains ont compris que le développement socio-économique de la Tunisie ne peut se réaliser que grâce à un investissement direct par le bas, et ils ont complètement raisons. Malheureusement, nos amis Français et Allemands continuent à injecter de l'argent dans nos organisations gouvernementales, là où il ne faut pas puisque cet argent n'a aucune chance de s'infiltrer vers le bas!


J'ai une très grande confiance en notre premier Ministre, Mr. Youssef Chehed, qu'il va opter pour le financement par le bas de l'économie tunisienne et de ne plus injecter encore plus d'argent dans notre système bancaire oligarque (je rappelle que le gouvernement de Mr. Esssid a injecté 6 Milliards de dinars dans notre système bancaire, et ceci sans aucun résultat de croissance économique: ==> privatiser les gains et socialiser les pertes)!


Jamel Tazarki


C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Doctorant chercheur ancien contractuel chomeur
| 25-12-2016 08:31
Les discours de bonne gouvernance , de lute contre corruption... on entend tous les jours , les principes de bonne gouvernance à l'inverse des modèles normatifs et prescriptifs repose désormais sur la démocratie , la participation ...etc Quand on voit des recteurs qui règnent sur leur empire durant des années ou des membres de jury qui monopolisent les concours et les unités privées de recherche sur un sol national et dans une université publique ou qui refusent d'intégrer un enseignant qui a pourtant réussi un concours national par arrogance et dictature ...des milliers de chercheurs contractuels ont perdu leur emploi dans leur pays et que vous proposez de les envoyer au Mali ! chez Boko Haram alors que des universitaires sans thèse et sans recherche enseignent tranquillement ans nos universités , le manque de prof a entrainé la radicalisation de plusieurs étudiants.La Tunisie plonge dans le Chao , nous sommes confiant en votre jeunesse et énergie à vouloir changer le monde et instaurer une université libre et démocrate , commencez par enlever ces dictateurs d'universitaires , neutralisez leur pouvoir illimité , donnez le droit aux grade B de voter dans le choix du recteur et directeur et contrôlez les recrutements . Là vous pourriez nous convaincre que l'université publique qu'on paye avec nos impôts est démocrate d'où respecte les principes de bonne gouvernance .Bonne Chance .

hakim
| 24-12-2016 23:56
les chercheurs qui trouvent on en cherche encore....
De toutes les façons notre ministre essaie de nous convaincre de sa vision mais je crois qu'il a omis de faire un petit clin d'oeil sur les gens qui ont révolutionné le monde et qui ont monté des entreprises qui sont capitalisés à 10 fois le PIB de la Tunisie cad ils peuvent nous nourrir nous soigner nous revêtir nous divertir maintenir et améliorer notre infrastructure en nous laissant boire manger et dormir à souhait pendant 2 ou 3 ans s'ils nous donnent juste 20 à 30 pourcents de leur richesse...
De qoui tu parles donc mon ami...les soft skills et cette nouvelle magouille c'est pour trouver du boulot à des spécialités qui malgré leur importance n 'ont pas la force de frappe réelle qu'on cherche pour notre essor economique...
Cette force s'acquiert seulement par deux prerequis: faire apprendre aux gosses comment raisonner et compter sur eux mémes et ...leur laisser le temps de jouer et de s'amuser...

DHEJ
| 24-12-2016 19:52
Lui qui a reconnu ne pas être au courant d'une loi?


Bon bref ce grand chercheur SCIENTIFIQUE va accentuer bla recherche contre les inondations, contre le déficit de la balance commerciale, le déficit budgétaire ou encore le taux de chômage...

Dr. Jamel Tazarki
| 24-12-2016 18:49
1ère Partie
Ça fait plus que 60 ans que l'on enseigne les sciences physiques et la mécanique dans nos lycées et nos universités tunisiennes et nos physiciens n'ont pas fait quelque chose d'extraordinaire pour le pays! Les études de la théorie de la science indépendamment d'innovations pratiques sont l'un des principaux handicaps au développement de notre pays. Afin de fabriquer des voitures, des avions, des machines à laver, etc., etc., etc., on n'a même pas besoin de recherche fondamentale et théorique. En Inde, par exemple, tout ce fait par essai pratique, par touche progressive et expérimentation. Et lorsqu'ils découvrent quelque chose d'utile, ils ne se soucient guère d'en tirer ou d'en souligner un principe scientifique mais ils focalisent sur l'aspect utilitaire de la technique. Il y'a ce qui marche et ce qui ne marche pas. Globalement l'approche est plus pratique que scientifique.

La métallurgie en Inde, en tant qu'exemple, est un art qui fonctionne selon des recettes (équivalente à celle des recettes de cuisine) et non pas une science. En Inde, la métallurgie fabrique toutes les machines possibles sans pour autant utiliser la notion d'atome ou d'électron. Les livres universitaires de construction des machines en Inde ne font pas souvent recours à des connaissances concernant la structure de l'atome et de la matière en général.

En Chine la théorie de la relativité est un sujet pour les universités de philosophie.

Nous n'avons pas besoin de comprendre l'infiniment petit afin de fabriquer des outils de travail qui facilitent notre vie de tous les jours. Nous n'avons pas besoin de comprendre (comme le font nos théologiens et nos sophistes) le coté métaphysique et théologique de la pesanteur afin de fabriquer des avions, pour cela il suffit de se limiter à la formule mathématique p=m*g.


C'est pareil en médicine, toute la production pharmaceutique fonctionne selon des recettes. Il y a des bonnes et des mauvaises recettes. Il y a même des recettes qui tuent et handicapent et d'autres sont efficaces et soulagent. Toute l'industrie chinoise fonctionne selon des recettes et non pas selon des théories scientifiques. Les ingénieurs chinois sont forts ni en mathématique et ni en sciences physiques. Ils sont des pragmatiques.

Dans les universités allemandes, il y a beaucoup d'enseignants qui n'ont pas de doctorat. Ils sont des pragmatiques avec beaucoup d'expérience pratique dans l'industrie. Un titre de doctorat ou de professeur universitaire n'est pas une protection contre l'idiotie et l'incapacité.

Il est temps de mettre tous les livres de la théorie de la relativité, de la mécanique quantique et de la physique nucléaire dans les caves de nos universités tunisiennes. Nous n'avons pas besoin actuellement de ces théories et on en aura pas besoin dans le futur proche! Nous avons besoin d'un enseignement pragmatique en adéquation avec les attentes des entreprises et du pays. Nous avons besoin d'écoles supérieures pratiques dont la mission est de former, par la pratique. Nous avons besoin de simples chimistes qui peuvent nous fabriquer des engrais synthétiques pour nos plantes et des contraceptifs efficaces, pratiques et à très bon prix pour les couples en âge de procréer.

Nous avons besoin d'une grande transformation qui soit plus subtile qu'une simple greffe idéologique qui se limite à l'introduction de l'uniforme scolaire ou à l'interdiction des cours particuliers à l'extérieur des établissements scolaires.

Il nous faut une école pragmatique et du possible, combinant gradualisme et continuité, laisser-faire et intervention, mouvements libéraux et classicisme. Il s'agit d'un changement majeur et non pas superficiel.

Jamel Tazarki

Buika - La Bohemia:

https://www.youtube.com/watch?v=xCNIbpy4fjo&list=RDxCNIbpy4fjo#t=48

Dr. Jamel Tazarki
| 24-12-2016 18:46
2ème Partie
On se complique trop la vie, en Tunisie, avec la recherche scientifique dont on n'a pas vraiment besoin, pour le moment.

Tous les pays traversent les mêmes étapes pour passer du sous-développement au développement. Tous les pays prennent la même route, mais à des vitesses différentes afin de maitriser les nouvelles technologies. Le développement de la Tunisie devrait aller très vite car nous pouvons profiter des acquis et de l'expérience du monde développé, il suffit de savoir et vouloir lire afin d'en profiter

Nous n'avons pas besoin de recherches scientifiques pour le moment. Il n'y a pas/plus de secrets dans les domaines scientifiques, il suffit de savoir lire afin d'en tirer profit! Alors pourquoi gaspiller notre argent pour la recherche scientifique, si on n'en a pas assez afin de nourrir notre peuple'

On a eu une phase d'accumulation du capital après la révolution du jasmin (nous avons collecté 19 milliards d'euros), on avait tout afin de réussir et afin de se débarrasser du sous-développement. Mais malheureusement, nous avons raté la phase de décollage qui aurait pu nous permettre de rejoindre les pays développés. Notre ex-troïka (l'état) n'a pas pu remplir le rôle de moteur du développement et il (l'état) a privilégié l'oligarchie, la bourgeoise et l'investissement ailleurs qu'en Tunisie: en Afrique-Subsaharienne et en Europe' Oui, 19 milliards d'euros aurait pu suffire afin de faire sortir la Tunisie de la misère et ceci sans dépenser un centime pour la recherche scientifique!


Ce que je propose aujourd'hui est
1)de renoncer à la recherche scientifique,
2)de renoncer à injecter des milliards d'euros dans notre système bancaire oligarque
3) de se dépasser de l'UTICA dans la prise de décisions
et de réaliser un développement socio-économique durable (écologique, sans menaces environnementales) de la Tunisie par le bas. Oui, réaliser le développement socio-économique de la Tunisie par le bas en consolidant financièrement et sans intermédiaire:
1) les PME,
2) les porteurs d'idées parmi nos diplômés en chômage
3) notre paysannerie qui nous donne à manger

Il est complétement absurde de vouloir réaliser le développement de la Tunisie par le haut en passant par notre système bancaire, par la bourgeoisie et par l'oligarchie. De même il est complètement absurde de gaspiller de l'argent pour la recherche scientifique si on ne maitrise pas encore ce qui a été découvert et publié depuis des décennies!



Je donne une citation précieuse d'Antoine de Saint-Exupéry qui ne peut vous laisser indifférent: " Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le c'ur de tes hommes et femmes le désir de la mer" Et c'est vraiment ça qui manque dans nos écoles et nos universités en Tunisie afin d'encourager nos scientifiques, nos intellectuels et nos artistes à faire de la création et à innover


Jamel Tazarki

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.


Mes publications scientifiques sur le Web (tout est gratuit):
http://dedocz.com/doc/1236507/pronostics-jamel-tazarki

http://dedocz.com/doc/766520/finite-element-method-quadtree-verfahren-dr.-jamel

http://dedocz.com/doc/780359/1-finite-element-method-quadtree-verfahren-dr

http://dedocz.com/doc/1236515/kuenstliche-intelligenz-und-simulation

LIBRESPRIT
| 24-12-2016 11:46
C'est dans son SAVOIR-FAIRE que l'HOMME a trouvé sa GRANDEUR et son BONHEUR !
Pas de SAvOIR-FAIRE sans RECHERCHE !!!