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Imed Daïmi, un islamiste pour diriger ce qui reste du CPR laïc
31/03/2013 | 1
min
Imed Daïmi, un islamiste pour diriger ce qui reste du CPR laïc
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Imed Daïmi a été élu nouveau secrétaire général du CPR, parti de Moncef Marzouki. C’est donc le président de la République qui dirigera désormais, via son directeur de cabinet, ce qui reste de son parti et se préparer ainsi pour la campagne électorale de la présidentielle.
M. Daïmi sera le meilleur allié de son chef puisqu’il est réputé être proche, très proche, d’Ennahdha.


Imed Daïmi est ce qu’on peut appeler le fidèle des fidèles de Moncef Marzouki. Il a été un des cinq Tunisiens de France ayant créé le CPR en 2001 avec l’actuel président de la République. Et depuis douze ans qu’ils se connaissent, ils ne se sont jamais séparés.
Daïmi est le véritable bras droit de Marzouki, son ami, son confident. Et c’est tout naturellement, donc, qu’il fasse appel à lui pour attaquer la dernière ligne droite du combat le séparant de la présidentielle. Et cette fois, le mandat sera de cinq ans, minimum.
Contrairement à l’écrasante majorité des dirigeants du CPR, Imed Daïmi connait parfaitement le sens du mot loyauté. Il sait aussi ce que signifie le mot combat.
Troisième « qualité » du nouveau secrétaire général du CPR, il a des tendances islamistes et ses amitiés à Ennahdha sont nombreuses. Cela facilitera, indéniablement, la tâche de Marzouki qui tient à faire oublier les phrases incendiaires, les peaux de banane et les coups bas contre son « partenaire » islamiste depuis octobre 2011.

Âgé de 44 ans, ce père de trois enfants natif de Médenine a réussi, durant ses années d’exil en Mauritanie, à décrocher deux maîtrises, l’une en Histoire, l’autre en Sciences économiques. En France, là où il a fini par obtenir un asile politique (contrairement à son chef), il abandonne l’économie pour se spécialiser dans les systèmes d’information et deviendra expert dans les applications Oracle.
En parallèle, il a été fort actif dans le combat politique jusqu’à ce qu’il rencontre Moncef Marzouki et fondent, ensemble, le CPR. Il sera avec lui au bord de l’avion, un certain 18 janvier 2011, pour revenir de l’exil. Il retrouvera la Tunisie après 19 ans d’exil.
Dix mois plus tard, il rejoint son chef au Palais de Carthage pour diriger le cabinet présidentiel après que le CPR ait obtenu la troisième place (350.000 voix en tout et pour tout) dans les élections du 23 octobre 2011 et à la faveur d’un deal politique avec Ennahdha.

Sauf que le CPR du 23 octobre 2011 n’a plus rien à voir avec le CPR de mars 2013. C’est que, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le parti présidentiel s’est disloqué en quatre minuscules partis.
Les amis d’hier, ceux des premiers combats, ont rapidement quitté la barque après s’être rendu compte que le CPR n’est qu’une antichambre d’Ennahdha. Un des principaux responsables de cette image, c’est Imed Daïmi avec Slim Ben Hmidène.
La première à claquer la porte avec fracas, c’est Om Zied qui fut secrétaire générale lors de la création du parti. Elle a été la première à dénoncer la supercherie du CPR qui a tourné le dos à ses valeurs. Elle ira même jusqu’à dénoncer cette proposition de portefeuille ministériel, alors qu’elle estime qu’elle n’en a pas les qualités requises.
Le CPR considère le pouvoir comme un gâteau à partager avec les amis, indépendamment de leurs compétences, et elle n’en veut pas.
Après elle, c’est le raz-de-marée. Abderraouf Ayadi, un autre militant sincère et membre fondateur (vice-président), quitte la barque en avril 2012 pour fonder le mouvement Wafa (Loyauté). On ne prend même pas la peine de soigner les apparences et on annonce officiellement qu’il a été démis de ses fonctions.
Abderraouf Ayadi se vengera à sa manière en prenant, dans ses valises, onze députés et, à eux douze, ils forment un nouveau groupe parlementaire.
Auparavant, c’est Tahar Hmila, premier président du groupe parlementaire du CPR qui a annoncé son départ. Mais, lui aussi, il ne sera pas ménagé par ses anciens amis qui déclarent officiellement son limogeage. M. Hmila créera, à son tour, son propre parti (Al Iqlâa - Le Décollage) dont le nombre de membres ne devrait pas dépasser les doigts d’une main. Peut-être de deux mains.
Dernier à claquer la porte, Mohamed Abbou, membre fondateur en 2001, qui devrait annoncer son propre parti (Al Irada – La volonté) dans les tous prochains jours. Lui aussi, il prendra dans ses valises quelques députés.
Autre membre fondateur du CPR qui devrait être éjecté bientôt du parti d’une manière officielle, Samir Ben Amor.

Imed Daïmi devrait donc diriger les quelques membres qui restent au CPR. Or, malheureusement pour lui et pour son président, la tâche risque d’être un peu ardue. Car ceux qui sont encore au CPR sont eux-mêmes divisés en deux, voire trois clans différents.
Il y a le « clan » de Carthage qui gravite autour de Moncef Marzouki. Et dans ce clan, il y a les Islamistes, comme Imed Daïmi, et les laïcs comme Hédi Ben Abbès.
Et il y a le « clan » du gouvernement qui gravite autour d’Ennahdha. Les relations entre les deux clans n’ont pas toujours été de tout repos et il n’est pas dit qu’elles ne vont pas être orageuses dans les prochains mois.

Combien pèse vraiment le CPR, aujourd’hui après toutes ces divisions ? Pas grand-chose ! Au 23 octobre 2011 quand ses membres étaient unis, ils n’ont réussi à récolter que 350.000 voix. Aujourd’hui que le CPR est disloqué à merveille, et si l’on considère (avec exagération) que le président sortant bénéficie d’une image positive auprès d’une masse populaire, manipulée et désinformée, le CPR ne pourra pas peser davantage. Ceci sans compter l’éventuelle revanche d’Ennahdha qui pourrait rendre la monnaie de sa pièce à Moncef Marzouki après tous ses coups bas durant les 15 derniers mois. En effet, et contrairement à 2011, il y a des chances qu’Ennahdha le prive de son appui lors de la prochaine présidentielle et peut même lui faire sortir quelques cadavres du placard.
Imed Daïmi n’aura donc pas la tâche facile. Il aura à combattre, en même temps, l’opposition, les médias (quasi-unanimes contre Marzouki) et ses anciens amis démissionnaires. En plus de tout cela, il devra tout faire pour que son partenaire de la troïka ne devienne pas un ennemi et prier le bon Dieu pour qu’il n’y ait pas d’autres dissidences et des scandales au sein de son propre parti.
Pour Imed Daïmi, un combatif à souhait, ce n’est qu’une bataille de plus et, s’il la remporte, il devrait passer pour un oracle ! Mais c'est loin d'être gagné !
31/03/2013 | 1
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