Le 22ème congrès de l’UGTT a choisi une nouvelle direction à la tête de la centrale syndicale. Comme attendu, Hassine Abbassi est le nouvel homme fort. La liste consensuelle qu’il a chapeautée s’est emparée des 13 sièges du bureau exécutif et l’a désigné au poste de Secrétaire général.

Jamais un congrès de l’UGTT n’a été aussi long. Ses travaux ont duré cinq jours, du 25 au 29 décembre. Il a commencé par une commission administrative extraordinaire qui a mis au point les dernières retouches du congrès. Il a vu la présence d’une multitude d’invités, notamment, de la société civile.

Avocats, magistrats, journalistes et militants des Droits de l’Homme, étaient là pour exprimer leur soutien à l’organisation syndicale dans « la lutte commune pour une Tunisie à la hauteur des aspirations de la révolution du 14 janvier », comme l’a souhaité Kamel Jendoubi, président de l’ISIE, lors de son passage à la tribune du congrès le mardi 27 décembre.
Les invités étaient donc nombreux à se succéder à la tribune. Des centaines de congressistes ont également demandé la parole pour réclamer que la Centrale syndicale soit à la hauteur de leurs espérances et celles du peuple tunisien qui a fait tant de sacrifices pour se débarrasser de la dictature.

Du côté de la direction, une tendance consensuelle s’est dégagée depuis plus de deux mois pour chercher un groupe homogène et représentatif, qui pourrait redorer le blason de l’UGTT. Il y avait un besoin de répondre aux aspirations des bases, tout en gardant les grands équilibres de la grande centrale syndicale qu’est l’UGTT forte de ses 470.000 adhérents.
L’article 10 du règlement intérieur ayant barré la route à la candidature de huit membres du bureau exécutif sortant, le bilan opéré par les secteurs et régions cherchant un large consensus, a également écarté Mohamed Moncef Ezzahi dont le bilan a été considéré négatif lors de son passage au bureau exécutif.
Seuls Hassine Abbassi, Mouldi Jendoubi et Belgacem Ayari ont été donc repêchés et ont constitué avec une dizaine de cadres moyens syndicaux cette liste consensuelle qui a survolé le congrès de Tabarka.

Le consensus n’a pas été facile à dégager. Il fallait préserver un équilibre aussi bien fort que délicat au sommet de la centrale syndicale. Finalement, ce fut une liste avec les trois rescapés du bureau exécutif sortant (Hassine Abassi, Mouldi Jendoubi et Belgacem Ayari), deux membres de l’Union régionale de Sfax (Samir Cheffi et Abdelkrim Jrad), deux membres de l’Union régionale de Ben Arous (Mohamed Msalemi et Bouali Mbarki), un membre de l’Union régionale de Tunis (Noureddine Taboubi), un membre de chaque secteur de l’enseignement (Anouar Ben Gaddour, pour le supérieur, Sami Tahri, pour le secondaire et Hfayedh Hfayedh pour le primaire), un membre représentant le secteur de la santé (Kacem Afaya) et un dernier représentant le tourisme (Kamel Saâd).

Certains noms ont nécessité des votes internes au sein des secteurs comme ce fut le cas pour l’enseignement primaire et secondaire afin de désigner Hfayedh Hfayedh (au détriment de Moncef Ezzahi) et Sami Tahri (au détriment de plusieurs autres candidats).
Le résultat sorti des urnes a confirmé la force du consensus qui s’est développé autour de Hassine Abbassi et qui a été instruit par plus de 15 régions et 17 secteurs. Par ailleurs, le nom du nouveau Secrétaire général a été repris par la majorité des listes ayant circulé dans les coulisses du congrès.

La réussite du consensus a également trouvé son origine dans la diversité des secteurs et des régions qui ont été associés pour le préparer. Les régions de Tunis, Sfax et Ben Arous, ainsi que les secteurs de l’enseignement (primaire, secondaire, supérieur et surveillant), du tourisme et de la santé, ont figuré dans la nouvelle composition, indiquant l’étendue de la concertation.

L’opération du vote a pris plus de neuf heures aux congressistes. Elle n’a commencé que mercredi vers 22 heures et s’est poursuivie jusqu’au jeudi à 7h30 du matin. La majorité des congressistes ont passé une nuit blanche au hall de l’hôtel pour les dernières tractations électorales. Les résultats concernant les commissions des finances et du règlement ont été connus jeudi vers 11h, alors que les résultats concernant le bureau exécutif n’ont été connus que vers 16h.



Par ailleurs, malgré les assurances de placer une femme parmi les 13 membres de la direction de l’UGTT, ce ne fut point le cas. Aucune des cinq femmes ayant maintenu leur candidature n’a été élue au bureau exécutif. Il s’agit de Wassila Ayachi, Habiba Selliti, Mongia Zebidi, Naima Hammami et Fadhila Melliti. Elles ont toutes exprimé leur mécontentement de ne pas être associées aux listes. L’UGTT n’est pas encore à l’heure de la parité bien que sa base soit formée à hauteur de 47 % de femmes.

Le 22ème congrès de l’UGTT a voté une motion générale très riche qui traduit les aspirations des syndicalistes de voir une société plus équilibrée. Il a également adopté un projet de Constitution que la prochaine direction va défendre auprès l’Assemblée nationale constituante.
Par ailleurs, le congrès a adressé des télégrammes au président provisoire de la République, ainsi qu’au Chef du gouvernement. Une autre correspondance a été adressée au président de l’Assemblée nationale constituante, lui demandant d’intégrer l’UGTT aux discussions des commissions de la Constituante, sans avoir le droit au vote.

Le 22ème congrès de l’UGTT a certes consacré une transition à la tête de la centrale syndicale. Mais, la nouvelle direction saura-t-elle gérer le virage socioéconomique délicat par lequel passe la société tunisienne ?


Nouveau bureau exécutif :

Hassine Abbassi, Anouar Ben Gaddour, Bouali Mbarki, Belgacem Ayari, Mouldi Jendoubi, Mohamed Msalemi, Noureddine Taboubi, Sami Tahri, Samir Cheffi, Abdelkrim Jrad, Hfayedh Hfayedh, Kamel Saâd et Kacem Afaya.

Composition des commissions

La commission du règlement est composée des membres suivants : Habib Bouneb, Mastouri Gammoudi, Mohamed Hlaiem, Mohamed Thabet et Habib Trifi.
La commission financière est, quant à elle, formée des membres suivants : Habib Rejeb, Habib Hzami, Habib Hlaiem, Salah Belaïba et Hassen Chebil.