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Mustapha Ben Jaâfar – Etre ou ne pas être dans le gouvernement …?
31/10/2011 | 1
min
Mustapha Ben Jaâfar – Etre ou ne pas être dans le gouvernement …?
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Les urnes ont rendu leur verdict, mettant en évidence la victoire irréfutable d’Ennahdha. Disposant de plus de 40% des votes et ayant obtenu 90 sièges sur les 217 que compte la Constituante, le mouvement islamiste commence déjà à composer le puzzle du nouveau gouvernement. Des pourparlers, des tractations, des propositions, des rumeurs, mais encore rien d’officiel.
Le PDP a vite choisi le clan de l’opposition refusant d’emblée l’idée d’un gouvernement de coalition avec Ennahdha, alors qu’Ettakatol, ayant obtenu 21 sièges à cette Constituante, se trouve devant deux choix, saisir la main tendue Ennahdha et faire partie du «gouvernement d’intérêt national» ou bien alors tenir tête au parti majoritaire et jouer le rôle d’opposant.

Les bruits, qui courent ces derniers jours, font état d’offres de portefeuilles ministériels faites par Ennahdha aux élus. On entend même parler de la nomination de Mustapha Ben Jaâfar à la tête du ministère des Affaires étrangères. Or, ce ministère semble tenter plusieurs responsables à Ennahdha, tels que Samir Dilou et Noureddine Bhiri.
D’autre part, on a parlé de, Khalil Ezzaouia comme probable futur ministre de la Santé. Mais aux dernières nouvelles, qui restent à confirmer, ce poste serait octroyé à Zied Doulatli d’Ennahdha, docteur en pharmacie et un des plus « célèbres » prisonniers de mouvement islamiste.
Les dires divergent ; certains semblent flairer dans cette éventuelle coalition, l’odeur d’une sorte d’irrespect de la confiance des électeurs, qui ont donné leur voix à Ettakatol, un parti moderniste progressiste. Avec cette fameuse coalition, ces électeurs auront comme l’impression que leurs voix ont été détournées afin de servir Ennahdha.
Des voix se lèvent également pour appeler à la création d’une opposition forte face à Ennahdha. Jawher Ben Mbarek, enseignant en droit, ne représentant aucun parti mais qui est très souvent invité sur les plateaux de TV en guise de représentant des modernistes ou encore de la société civile, s’est exprimé à ce sujet pour inciter les partis à ne pas s’allier sous la forme de «gouvernement de coalition», mais plutôt à joindre l’opposition.
Il a déclaré «qu’un gouvernement fort nécessite une opposition forte, sinon, on risque de tomber dans le gouvernement à parti unique, ce qui est absolument contraire à la démocratie». Des rumeurs parlent également de menaces de démissions collectives au sein d’Ettakatol à cause justement de divergences sur la coalition avec Ennahdha. Ces menaces proviendraient essentiellement des membres les plus à gauche d’Ettakatol.

Pour tirer au clair cette ambigüité sur l’éventuelle participation d’Ettakatol au gouvernement, nous avons contacté un haut cadre du parti. Notre source a commencé par préciser qu’il s’agit d’un «gouvernement d’intérêt national» et non d’un «gouvernement de coalition», un concept nuancé qui met en exergue l’intérêt national au détriment de l’intérêt personnel ou encore celui du parti. Ensuite, notre interlocuteur a formellement démenti tout conflit ou différend au sein du parti. Par conséquent, aucune démission n’est projetée. « C’est de la pure intox!», ajoute en substance notre source...

La priorité pour Ettakatol est à la négociation de la manière avec laquelle il pourrait intégrer le gouvernement. Il y a lieu de fixer les conditions qu’il imposerait à son entrée. Il ne s’agit absolument pas de discuter de «qui fait quoi» au gouvernement, mais plutôt du «comment faire». «L’objectif d’Ettakatol n’est pas d’intégrer la structure du gouvernement en soi, mais de faire le contrepoids dans ce gouvernement, de préserver la démocratie et de défendre les libertés». Il s’agit donc d’un rôle de «régulateur» en phase exceptionnelle où il y a absence de constitution et absence de normes. «La démocratie n’est pas encore en place et c’est dans le but d’instaurer cette démocratie que nous comptons intégrer le gouvernement», précise encore la même source.
Selon Ettakatol, l’opposition, lors de cette phase d’effervescence, ne peut que jouer un rôle de sabotage au travail du gouvernement. Ettakatol veut faire de sa participation au gouvernement une garantie que la gouvernance du pays aille dans le bon sens.
Le dispatching des portefeuilles ministériels n’est pas à l’ordre du jour. Les accusations portées quant aux intentions d’Ettakatol, selon notre source, visent à déstabiliser l’opinion publique et à compliquer la tâche de la Constituante et celle du gouvernement à naître.

Les déclarations d’Ettakatol sont formelles, mais le leader du parti Mustapha Ben Jaâfar, s’abritant dans son mutisme, devrait probablement être plus explicite, éclaircir la stratégie du parti, et éviter de tergiverser sur les prises de positions, afin justement de préserver « l’intérêt national».
31/10/2011 | 1
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