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Kaïs Saïed victime du parti de l’administration
17/03/2022 | 15:47
4 min
Kaïs Saïed victime du parti de l’administration

 

Pêchant par naïveté et par inexpérience, le président de la République, Kaïs Saïed, ne se doutait pas que le fait d’accaparer tous les pouvoirs n’était pas suffisant pour exécuter ce qu’il a en tête. Le chef de l’Etat se heurte actuellement à une réalité : il ne suffit pas d’ordonner pour être obéi.

 

Le président de la République, Kaïs Saïed, n’a jamais eu à pratiquer l’administration tunisienne avant de devenir chef de l’Etat. Dans un premier temps, il a cru que les blocages et les entraves venaient des partis politiques et de leurs obscures manigances, mais il a oublié le parti le plus puissant de Tunisie, qui est celui de l’administration. Avec une naïveté certaine, Kaïs Saïed a cru qu’accaparer tous les pouvoirs officiels lui donnerait les moyens de mettre en place sa politique, de réformer la justice, d’assurer la pitance des plus faibles et autres idéaux. Toutefois, l’administration tunisienne ne suit pas complément ce mouvement. Il existe même des éléments qui font exprès d’entraver certains efforts au nom de la préservation de leur vision de ce que doit être l’Etat.

Le président de la République a eu au moins trois occasions pour s’en rendre compte. Une première fois, en plein conseil des ministres, il s’est tourné vers la ministre du Commerce en affirmant savoir que les efforts de la ministre, Fadhila Rebhi, sont entravés par des éléments à l’intérieur même de son administration. Il avait assuré la ministre de son soutien et promis de sévir contre ceux qui entravent les efforts de l’Etat. La deuxième fois fût illustrée par sa surprise en constatant que la campagne de lutte contre la spéculation et le monopole qu’il a lancée de manière spectaculaire à minuit depuis le ministère de l’Intérieur ne suffisait pas à régler le problème de l’approvisionnement. Il en a eu l’assurance lors de la visite effectuée dans une boulangerie du centre-ville. Il s’est rendu compte qu’il était mal informé –désinformé ?- et que les saisies, aussi spectaculaires soient-elles, n’étaient pas suffisantes. La troisième confrontation s’illustre dans le fait qu’une vieille affaire de 2018, concernant une femme vendant du pain dans la rue, soit ressortie et médiatisée en 2022, en pleine campagne de lutte contre la spéculation. Pour tenter de rattraper le coup, le chef de l’Etat a reçu la dame en question au palais de Carthage pour assurer que ses actions visent les gros poissons et non les petites gens. L’échec cuisant de la consultation nationale ou encore la Loi de finances 2022 dont le président n’était pas satisfait peuvent également être d’autres exemples de la résistance de l’administration tunisienne et de son pouvoir de nuisance à celui qui pense la contrôler et la mettre au pas.

 

Par ailleurs, il est clair que Kaïs Saïed a des ennemis qui n’hésitent pas à lui jeter des peaux de banane quel que soit le chemin qu’il décide de prendre. Ils peuvent utiliser plusieurs moyens dans cette optique dont celui des fake news, comme cette histoire selon laquelle la douane du port de la Goulette aurait saisi trois kilos de pâtes et des bouteilles de boissons gazeuses sur un Tunisien qui repartait à l’étranger. Ils peuvent même recourir à la falsification comme cette lettre attribuée à Kaïs Saïed et qui aurait pour destinataire son homologue algérien. Ces ennemis ont des relais au sein de l’administration tunisienne qui a été lourdement frappée par les nominations partisanes depuis plusieurs années. Tous les gouvernants ont tenté, avec plus ou moins de succès, d’implanter autant d’éléments que possible dans l’administration pour en tirer un maximum de profit.

D’un autre côté, l’administration tunisienne, indépendamment de l’identité des gouvernants, n’est pas spécialement connue pour sa souplesse et sa flexibilité. Avec un président iconoclaste qui souhaite bousculer les choses, il était prévisible que la sauce ne prendrait pas tout de suite. De plus, Kaïs Saïed n’entreprend aucun effort pour tenter de séduire cette administration ni pour l’inspirer. Pire encore, il n’hésite pas à lui faire porter la responsabilité de certaines décisions impopulaires comme l’augmentation des prix des hydrocarbures. En plus, la plus haute représentante de cette autorité qu’est l’administration tunisienne, Najla Bouden, est totalement effacée devant le président et ne communique pas avec l’opinion publique.

 

Entre ras-le-bol, résignation et volonté claire de mettre les bâtons dans les roues, l’administration tunisienne n’adhère pas au président de la République. Hormis les forces de l’ordre, soumis à une doctrine particulière, il semble que la machine de l’Etat a du mal à s’ébranler pour les projets, pas toujours pertinents, du président de la République. Face à cela, le chef de l’Etat a emprunté le chemin d’Ennahdha et de tous ceux qui ont gouverné : inonder l’administration de nominations. Dans le cas de Kaïs Saïed il ne s’agit pas de nominations partisanes, vu qu’il n’en a pas. Mais il s’agit de nominations basées sur l’allégeance et l’appartenance au chef de l’Etat et à son projet. Autant dire que les soucis avec l’administration sont loin d’être finis.

 

Raouf Ben Hédi

17/03/2022 | 15:47
4 min
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Commentaires
Abir
A la place de KS
a posté le 20-03-2022 à 19:08
Je limogerais, progressivement, toute les nominations partisanes depuis 11 ans, si possible, en concertation avec l'UGTT.

Une chose est sûre, le pays doit être nettoyé, et KS devrait aller jusqu'au bout de son acte du 25 juillet, notamment en arrêtant la mafia islamiste.
Abir de Gabès
Le commentaire est de Abir de Gabès
a posté le à 20:05
Et non de Abir "tout court" que je salue
Chanchan
Il fallait préciser !
a posté le 19-03-2022 à 12:35
Qu'il s'agit, en fait, du parti de nahdha qui a recruté pendant les dix dernières années des dizaines de milliers de "nahdhaouis" (de surcroît des illettrés et des incultes) et ce dans la fonction publique à Tunis et qui servirent, essentiellement par compassion, la même nahdha, lors des législatives et ce pour que que ghanouchi devienne, dans une première étape, chef du parlement des représentants du peuple; et dont les représentants de ce parlement (essentiellement pro ghanouchi et pro nahdha, étaient devenus par la corruption (démontrée à l'évidence) de nahdha depuis 2011 des députés pour la forme et rien pour " appuyer sur le bouton de vote".
Lecteur
Juste critiquer
a posté le 18-03-2022 à 14:06
Tout ce qu'on sait faire c'est critiquer, mentir et humilier les autres. Ah les autres. Qu'est ce que les journalistes de BN ont fait pour comprendre la réalité de l'agriculture tunisienne et des agriculteurs. Hier et aujourd'hui les petits agriculteurs n'ont pas cessé de subventionner le couffin des citadins ( "Zawali" , classe moyenne et riches). Les gouvernements de Bourguiba, Ben Ali et des catastrophes de la dernière décennie ont tous subventionné les agriculteurs, européens, Russe, Ukrainian et Canadien mais jamais le petit Fallah de la Tunisie. RBH doit faire juste un petit effort pour découvrir la vérité sur les prix agricoles en Tunisie. Les prix ne reflètent pas les coûts de production. Le petit Fellah ne peut pas des payer des salaires élevés et ne peut pas améliorer les productivités. Résultats : raréfaction des emplois agricoles, exode rural, explosion des coûts sociaux, croissance de la criminalité, terrorisme et phénomène Lampadouzia.
RBH doit comprendre et informer les lecteurs sur les sources du déficit critique des produits alimentaires de base. La source du marché parallèle est dû à un problème d'offre qui est lui-même dû à une injustice criante vis à vis des producteurs agricoles de la Tunisie. RBH et tous nos journalistes doivent faire juste un petit effort et sortir de leur petit confort et essayer de comprendre la vérité des prix agricoles au lieu de critiquer à la longueur des mois le Président et les autres- les autres- les autres. Toujours les autres. Sans le redressement du secteur agricole, on aura toujours la situation alimentaire qu'on vit aujourd'hui. Le Président tout seul ne peut rien faire. Un peu de modestie, un peu d'effort et juste un peu de confiance et tout ira bien.
Fares
Un vrai chef
a posté le 17-03-2022 à 19:30
Un vrai chef assume les échecs de son équipe vis à vis du reste de l'entreprise où de la société. Un mauvais cheffe jette le blâme sur les membres de son équipe au moindre pépin. La grande question est: à quelle catégorie appartient Saïed?
DHEJ
Victime?!
a posté le 17-03-2022 à 19:21
ROBOCOP est victime de son ignorance, l'ignorance de l'architecture des institutions... et des lois existantes.


En attendant l'assainissement de ces lois!

Le président doit être ASSAINI DE SON MALAISIE, lui LA VICTME.

Non la Tunisie est VICTIME de ROBOCOP.
Fares
Coquille
a posté le 17-03-2022 à 19:19
"l'administration tunisienne ne suit pas complément ce mouvement."

Complètement?
Bruno
La vérité
a posté le 17-03-2022 à 18:41
Je ne sais d'où vous tenez vos informations erronées .vous vous prenez pour un illuminé ? Il est évident que des fonctionnaires de l'état sont corrompus quand on sait que pendant dix ans le parti ennahdha et les syndicats sont derrière ce chaos et cette corruption. Le Président est au courant de tout.
Jilani
Bien dit
a posté le à 22:28
Bien dit, je cherche le mot illuminé, ce ben Hedi se prend pour un illuminé qui pense que c'est lui qui découvre tout, c'est comme si on ne sait pas les qualités et les défauts de notre administration, mais à comparer avec la Libye et d'autres pays arabes, là notre s'en sort assez bien. Naïf, clown, ça devient quand même trop ...
TNN365
Donc, il faut les changer TOUS!!
a posté le à 21:20
Corrompus vous dites! Alors il faut les limoger, comme n l'a fait aujourd'hui avec le Gouverneur de Jendouba. Un simple coup de crayon. Sauf qu'il ya Il y a plus que 600000 de ces prsonnes! Celà va créer de l'emploi. Beaucoup d'emplois. Et tout est résolu
retraité
l'administration est malade
a posté le 17-03-2022 à 17:03
depuis la révolution bénie et la gouvernance des islamistes et leurs différents alliés et l'embauche quelques 100000 de leurs soutiens et le syndicat UGTT et son dirigeant actuel qui fait augmenter les salaires des fonctionnaires sans aucune productivité avec plus de salaires plus de grèves et moins de travail la fonction publique est devenue malade ,un frein pour pour les citoyens et un gouffre financier pour les citoyens avec une instabilité politique et une surenchère des nouveaux politiciens qui n'ont rien de programme que de confisquer le pouvoir politique laissant le pays et son peuple dans la pauvreté absolue .
souilem
Difficile de gouverner ce pays
a posté le 17-03-2022 à 16:52
Avec toute la bonne volonté et la propreté des mains de gouvernants, il est difficile de gouverner ce pays où la corruption et le mensonge ont atteint le niveau le plus haut. On a vu de toutes les couleurs : escroqueries, falsifications, corruption, crimanilié, désobeissance, vol, ingratitude, entêtement, grève, sit-in, haine, egoisme, opportunisme, et j'en passe. Même un sissi ne pourra pas gouverner tant que le mal est bien enraciné chez le tunisien. Tu pourras construire des prisons et des prisons, il n'arrive pas à éradiquer ce mal, il faudra des générations culturellement avancée pour voir une petite lumière car le mal est entré dans les gènes. Cela n'exclut pas qu'il y ait des tunisiennes et tunisiens qui sont en dehors du lot, honnêtes, sincères et patriotes mais cela ne représente pas plus de 10% du peuple si non moins. Tant que les ministères actuels n'ont pas de plan d'actions avec un suivi rigoureux, tant qu'ils n'ont pas la culture de suivre comme il faut leurs équipes et de les accompagner à tous les niveaux, ils n'arrivent pas à résoudre les problèmes, tant que le chef des bouchers est là pour nous intimider avec son millions d'adhérants, ça ne marche pas. Aidez le Président à nettoyer le pays des hors la loi avec des propositions claires.
BI
@souilem: Rabbi Yoster Yè wild Khalti!
a posté le à 18:02
"Aidez le Président à nettoyer le pays des hors la loi avec des propositions claires." (sic)

Mais notre Président Kais Saied ne sais même pas écouter et pour ne pas dire négocier ..
Et je ne suis pas sur qu´il lit ce qu´on écrit sur @BusinessNews.
vertité
ouf ya ra
a posté le 17-03-2022 à 16:37
ouf ya ra en lisant le titre tu peux deviner