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Première répétition du front démocratique, en l'absence de BCE

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La séance d’ouverture du troisième congrès d’Ettajdid, organisé ce week-end, 9, 10 et 11 mars 2012, a constitué une occasion pour voir le bloc démocratique dévoiler ses frontières, bâties en fonction des nouvelles données de la scène politique après les élections du 23 octobre.
Ainsi, Ettakattol, allié de longue date sous l’oppression de Ben Ali est absent de la longue liste des invités, alors que Kamel Morjane, ex-ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous Ben Ali et leader du parti Al Moubadara, se trouve à la première rangée des invités, aux côtés de Néjib Chebbi, l’homme fort du PDP, Abid Briki, le leader syndicaliste, Fadhel Moussa, le député du pôle moderniste, Yassine Brahim, le leader d’Afek Tounes, ou encore Abdessattar Ben Moussa, le président de la LTDH, ainsi qu’une bonne dizaine de membres du gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi . C’est la première leçon à retenir de ce congrès, avant même d’entrer dans ses détails.

Pour ce qui est de la portée de ce 3ème congrès d’Ettajdid, elle a essentiellement consisté en sa volonté unioniste adressée à toutes les forces démocratiques, pour réaliser les objectifs de la révolution, comme l’indique le slogan du congrès et la longue liste des invités de la société civile et politique.
Toutefois, le congrès a démontré encore une fois les difficultés rencontrées par ces forces démocratiques à concrétiser cet objectif. En effet, les trois discours d’Ahmed Brahim, Premier secrétaire d’Ettajdid, Iyad Dahmani, député du PDP et Yassine Brahim, leader d’Afek Tounes, vantent la fusion des forces démocratiques et considèrent cette mission inévitable. Pourtant, dans la pratique, cette union est bloquée par des différences sur les modes de fusion. Est-ce une dissolution/fusion ou une co-fondation ?
Pour ne pas tomber dans des débats trop pointilleux, il est clair que les égos n’ont pas encore disparu. Les leaders du PDP, notamment Néjib Chebbi, ne veulent pas lâcher prise. Par contre, Ahmed Brahim a exprimé son indifférence par rapport au leadership. Heureusement que la base du PDP raisonne autrement, comme le laissent entendre les échos venus des régions où le courant passe parfaitement entre toutes les forces démocratiques.
Donc, il y a encore un dernier effort à faire pour baliser la voie devant cette union réclamée de toutes parts, et qui est pourtant claire dans le document politique présenté au congrès d’Ettajdid. Lequel document serait en principe, à peu de choses près, celui de la fusion entre Ettajdid, le parti du travail tunisien (PTT) et les indépendants du pôle démocratique moderniste (PDM). Les grandes lignes de ce même document servent de plateforme aux débats avec le PDP, Afek Tounes et les autres partis, en vue de créer ce grand parti centriste, nécessaire pour assurer l’alternance.

Par ailleurs, il est important de préciser que les messages véhiculés par ce congrès concernant les futures alliances des forces démocratiques ne se limitent pas à l’invitation de Kamel Morjane à l’ouverture du 3ème congrès d’Ettajdid. Les propos d’Ahmed Brahim, énoncés lors de la conférence de presse du mercredi 7 mars et répétés dans son allocution d’ouverture du congrès, lancent clairement un appel à un vaste front civil qui va au-delà du grand parti centriste, en gestation avec le PDP et Afek Tounes. Cet appel rappelle étrangement celui de la proposition de Béji Caïd Essebsi.
A propos de BCE, une bonne partie de son équipe était là. Il y avait Mohamed Ennaceur (on comprend plus clairement les raisons de son refus de faire partie du gouvernement Jebali), Lazhar Karoui Chebbi, Lazhar Akermi, Ridha Belhaj, Mokhtar Jellali, Slah Sellami, Taïeb Baccouche, en plus de Kamel Morjane, Saïd Aïdi et Yassine Brahim.
Si l’on ajoute la présence des partis politiques de la gauche radicale comme les PCOT de Hamma Hammami, MOPAD (Watad) de Chokri Belaïd, PTPD de Abderrazak Hammami, tout comme les organisations de la société civile, UGTT, LTDH, Femmes démocrates, UGET, etc., on comprend que la quasi-totalité de la classe sociale et politique, ne faisant pas partie du gouvernement de la Troïka, était là. Et cela rappelle étrangement encore une fois l’initiative de Béji Caïd Essebsi, au risque d’y voir une répétition en son absence.
Tous ces enjeux politiques ont fait oublier aux observateurs que les 300 congressistes étaient également là pour débattre des plateformes de cette unité promise, annoncée auparavant et concrétisée officiellement par les décisions de ce congrès. Il y a donc un accord sur la fusion imminente avec le Parti du travail tunisien et les indépendants du Pôle démocratique moderniste. Il y a également un accord de principe sur la co-fondation d’un parti avec les PDP, Afek Tounes and co.
Le congrès recommande également de faire partie d’un grand front de toutes les forces démocratiques en vue de créer une véritable dynamique d’alternance.
Concernant la nouvelle direction, le Premier secrétaire d’Ettajdid, Ahmed Brahim, a décidé de ne pas se représenter à sa propre succession dans une logique d’alternance, inspirée des principes de la révolution du 14 janvier.
Mounir Ben Mahmoud
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