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Chroniques
Une liste interminable de boucs émissaires
Par Synda Tajine
22/08/2023 | 19:59
4 min
Une liste interminable de boucs émissaires

 

Un nouveau limogeage aujourd’hui décidé par le chef de l’État. Celui du gouverneur de Kairouan, Mohamed Bourguiba, en poste depuis juillet 2019. Ce que le chef de l’État lui reproche ? C’est la lenteur de l'exécution du projet de l'hôpital universitaire Roi Salman à Kairouan.

Le 5 août, des citoyens avaient « fêté » l’anniversaire de construction de cet hôpital annoncé et attendu depuis des années. En réalité, seule une porte en fer trône à côté de quelques mètres de murailles dans un terrain vide avec comme inscription : « hôpital du Roi Salman à Kairouan ».

La veille, le gouverneur avait pris part à une réunion à Carthage portant sur les projets réalisés en collaboration avec d'autres pays, dont celui de l’hôpital universitaire Roi Salman à Kairouan. Le chef de l’État avait, alors, accusé « des groupes de pression et des infiltrés au sein des institutions de l’État empêchaient leurs réalisations ». 24 heures plus tard, le gouverneur est mis à la porte.

Ce projet avait pourtant été annoncé depuis 2015 par le ministre de la Santé de l’époque Saïd Aïdi. Il n’avait, depuis, pas bougé d’un iota. Pourquoi seul l’actuel gouverneur de Kairouan en serait-il tenu responsable ? Il fallait bien un bouc émissaire pour que les laudateurs s’inclinent et le peuple applaudisse.

 

Ce sinistre projet rappelle un autre, toute aussi déroutant. Celui de l’hôpital chinois de Sfax. Rappelez-vous, le 10 décembre 2020, le président de la République, Kaïs Saïed, avait inauguré, le nouvel hôpital de Sfax, financé par un don chinois de 200 millions de dinars.

D’une capacité de 250 lits, l’hôpital devait initialement servir à épauler la capitale du Sud dans la pandémie de Covid-19. Il aurait dû, par la suite, être remis à l’Armée et exploité comme hôpital militaire multidisciplinaire afin d’aider l’hôpital régional, très mal en point, à accueillir le flux de malades arrivant de Sfax mais aussi des villes avoisinantes.

Tous ceux qui passent par-là constateront que l’édifice est, depuis la pandémie, resté désert. Malgré ses « services d'accueil, ses cabinets extérieurs, son unité de soins intensifs, ses cinq salles d'opérations, son service d'anesthésie et de réanimation et son service d'urgence » annoncés par Carthage le jour de l’inauguration, ses portes restent fermées depuis des années et aucun patient n’y est admis. Triste constat dans une ville qui, malgré son importance économique et démographique, dispose de l’un des pires hôpitaux universitaires du pays.

Le fait que l’hôpital chinois de Sfax soit encore fermé est-il, lui aussi, le fruit de complots ourdis dans l’ombre ? Est-ce le travail de groupes de saboteurs et de groupes de pression ? Est-ce l’action de lobbies qui ne veulent que saboter l’action gouvernementale ?

 

Tout comme Sfax, sans gouverneur depuis janvier, la ville de Kairouan s’ajoute aujourd’hui à la liste des gouvernorats sans gouverneurs. Elle attendra, aux côtés de Gabès, Béjà, le Kef…, la nomination d’un nouveau gouverneur qui devra rattraper les dossiers qui trainent depuis des mois. Tous sont sur des sièges éjectables.

Kaïs Saïed semble croire que les limogeages sont la seule manière de résoudre une crise. A la crise du pain, il avait rétorqué en mettant à la porte le PDG de l’Office des céréales. À celle de l’eau, il remercia sans ménagement le PDG de la Sonede. À la crise économique, il met à la porte sa cheffe du gouvernement. Depuis ces limogeages tonitruants, annoncés sans explication, aucune, les choses n’ont pas changé.

Le Président n’est évidemment pas dupe. Il sait très bien que ces limogeages n’agiront pas comme un coup de baguette magique pour résoudre des situations inextricables. Il s’agit, cependant, de la solution la plus immédiate – et la plus facile – à une situation qu’il ne maitrise pas et à laquelle il ne connait aucune issue possible.

Pour l’heure, le Président, avec entre ses mains l’ensemble des pouvoirs, n’arrive pas à se faire obéir. L’appareil de l’État est visiblement incapable d’appliquer la politique de l’État. Force est de constater que cette politique – et toute la stratégie présidentielle – semble échapper à ceux chargés de la mettre en place. Elle échappe d’ailleurs à celui-là même qui l’a instaurée tellement elle est en décalage total avec la réalité.

Seuls les fidèles laudateurs du chef de l’Etat persistent à dire que son plan est clair. Pourtant, n’avaient-ils pas dit ce matin que « celui qui ne sait pas prendre des décisions, n’a qu’à rester chez lui » ? Ceci s’appliquerait-il à celui qui croit tout résoudre à travers des limogeages ?

 

 

Par Synda Tajine
22/08/2023 | 19:59
4 min
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Commentaires
Faysal
Le delire!
a posté le 23-08-2023 à 11:24
Vous constate que le President ne se fait pas obeir et lorsqu il essaye de mettre de l ordre, en limogeant autant qu il peut, ceux qui sabotent ses ordres, au sein d une bureaucratie corrompue et parasitaire, vous, vous les qualifiez de bouc emissaires! quoiqu il fasse, Kaeies Saeied pour vous aura toujours tort. Les litanies quotidiennes de BN contre Kaeies, de plus en plus enfantines, ridicules et frisent le delire.





zack zizou
zack zizou
a posté le 23-08-2023 à 09:09
Et depuis quand l'état a une politique pour être appliquée ?
Gg
Est-il impossible...
a posté le 23-08-2023 à 06:59
...que des quidams installés dans les administrations durant la décennie islamiste bloquent discrètement le projet?
Ce serait bien dans leurs méthodes en tous cas.
Zarzoumia
Encore une tête
a posté le 22-08-2023 à 23:47
Avec l'hôpital de Sfax on commence à comprendre la sortie présidentielle où il nous demandait si on voulait un médecin qui soigne ou un hôpital qui ne soigne pas. Il faut qu'il nous précise si le projet à Kairouan est un hôpital qui soigne ou non.
Les têtes tombent l'une après l'autre, au rythme des crises et des échecs, Bach 7amba se régale. Tel un Hajjaj, il adore la cueillette. Il faut dire que cela fait partie du spectacle, les laudateurs adorent tresser les laurriers et enfiler les têtes. Ils aiment bien le pouce renversé et les indexes pointés et acceptent volontier les honneurs d'un majeur impérial en guise de remerciements.
Cependant, la Tunisie continue sa descente aux enfers, à sombrer en chantant un trou un petit trou, encore un petit trou.
Hassine
Au Chu kairouan une porte qui n'ouvre
a posté le 22-08-2023 à 23:31
Sur nul part
Celui de sfax quel symbole va t on lui attribuer disons une fenêtre, un puits ira bien ou une piere tombale
Hassine
Il se rabat sur le gouv
a posté le 22-08-2023 à 23:27
Incapable de limoger les citoyens fêtant l'anniversaire du fantôme chu il se rabat sur ce pauvre gouv
Le malheur c'est qu'il y a des tun qui acceptent de subir le même sort
Phénomène à expliquer messieurs les sociologues
Abidi
Sait tout
a posté le 22-08-2023 à 22:52
On a fait le plein des experts,des chercheurs et des connaisseurs, et puis on a vu apparaître une nouvelle race qui est les Schtroumpfs,il le schtroumpf fâché, le narcissique,le connaisseur, nous nous avons en plus le politique le critique et celui a qui rien ne plaît et l'ignare qui croit détenir le savoir du monde, heureux nous sommes en Tunisie
Ernest
Lâche
a posté le 22-08-2023 à 21:34
Le Tunisie a besoin d'un rajil pour sortir de sa crise.