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Tribunes
Chokri.
06/02/2019 | 09:59
2 min
Chokri.

 Par Ahlem Hachicha Chaker

 

Un prénom. Ça n'a l'air de rien. Et pourtant ce prénom résume la Tunisie aujourd'hui, dans son passé imparfait, dans ses luttes, dans la complexité de son tissu social et intellectuel, dans son identité unique et particulière, dans ses valeurs, et surtout dans l'avenir qu'elle veut se construire.

 

Chokri Belaïd a été un militant, dans cette définition où l'on se reconnait. Militer, c'est s'engager à défendre des idées et des principes, c'est s'engager à défendre les plus faibles que soi, c'est s'engager pour un mieux être collectif, c'est s'engager à donner à son pays.

 

Chokri, au lendemain du 14 janvier 2011, dans une Tunisie qui se cherchait, est resté fidèle. Fidèle à une femme, fidèle à une histoire personnelle, fidèle à des idées, fidèles à un pays. Et surtout fidèle à nous.

 

Chokri a su trouver les mots quand les mots nous ont manqué. Il a été notre voix quand on voulait nous faire taire. Il a été le courage que nous cherchions. Il a trouvé la force de continuer et de nous donner envie de continuer.

 

Chokri a su faire la différence entre les personnes et les principes. Il a su être l'homme de gauche farouche, tout en sachant qu'il y avait de la place pour les autres dans son pays. Il n'a pas fait l'erreur de privilégier ses idées politiques sur l'intérêt du pays.

 

Chokri n'a jamais été complaisant. Lorsqu'il a fallu dénoncer ses amis d'hier et leurs dérives, il l'a fait. Lorsqu'il a fallu s'opposer à une nouvelle injustice qui voulait remplacer une ancienne injustice, il n'a pas hésité.

 

Chokri a défendu, toute sa vie, les opprimés, les abusés, les mal lotis. Mais surtout, il a défendu son pays, sa nation, son peuple.

 

Chokri a été cette intelligence tunisienne, faite d'humour, d'amour de la vie, de tendresse, de passion, de fougue, de bonhommie, de simplicité, de curiosité de l'autre.

 

Chokri était ce tunisien qui aimait la poésie, Dieu, sa femme, son pays, ses amis, ses enfants, les inconnus, les livres, la bonne chère, un pré vert, une plage, la musique. Pêle-mêle. Sans ordre hiérarchique.

 

Chokri sourit sur toutes ses photos. Il sourit dans nos mémoires.

 

Chokri a été assassiné. Parce qu'on croyait ainsi nous dire que tout ça était fini. Le temps des sourires, des joies, de l'amour, de l'esprit, des mots libres. On voulait nous dire que nous devions tous devenir gris, mornes, soumis. On voulait nous dire de ne plus sourire à un inconnu dans la rue, de ne plus humer une fleur au pied d'un mur, de ne plus être différent et unique. Chacun. Et tous ensemble.

 

Un pouvoir ignoble, abject, totalitaire, stupide a cru tuer un homme pour faire taire une nation.

 

Chokri est l'antidote dont nous avons besoin aujourd'hui. Il est ce message que notre Etat, nos institutions, le pouvoir et les candidats au pouvoir n'arrivent pas à entendre. Et pourtant il est là. Cet engouement pour Chokri, notre fidélité à sa mémoire vous montre la direction: droiture et courage. Nous ne voulons rien d'autre. Et nous n'accepterons rien d'autre.

 

Chokri est le proverbe mexicain qui dit "Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines". Chokri est une graine, nous en sommes les fleurs.

 

Chokri est immortel. Et nous aussi.

 

06/02/2019 | 09:59
2 min
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Commentaires (5)

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Amilcar
| 06-02-2019 12:55
C ' est tour à fait ça. Nous sommes multiples, uniques dans nos différence multilingues, de cultures parfois mixtes ouverts sur les 4 points cardinaux avec des nuances teintées su nord au sud qui en fait une identité particulière riche et variée..
Comme toute espèce qui peut muter en.une nouvelle espèce , une identité peut muter en nouvelle identité composée de tout les acquis des anciennes civilisations traversées..

C ' est cette nouvelle identité présente que nous devons encadrer définir, clarifier et entretenir, l' améliorer, l" enseigner

Et non le retour uniquement ( par la force) à une des civilisations qui nous a traversé et qui a laissé, certes des traces mais pas que celle ci en parlant de la civilisation arabo musulmane..

Et surtout pas celle la raciste, intolérante, fasciste , bête , rétrograde, inadaptée au temps d' aujourd hui., extrémiste totalitaire, que l' on veut nous imposer par la force ! L' Islam politique drapé derrière une démocratie factice qui ne.leurre plus personne tellement l' évidence crevé les yeux que les charlatans ialamistes en profitent pour changer l' identité Tunisienne.

Lea exemples ne manquent pas
'? tous les jours. Les écoles coraniques et la non dénonciation et même défense de cas évidents crimes monstrueux de manipulations et f' endoctrinement taliban qui prouve qu' au bout de la ligne il n' y à pas de différence entre l' d'entité des Nahdaouis islamo-fascistes et l' identité Dae-Chienne à laquelle ces gens tendent de nature


Ces mêmes gens qui ne dénoncent pas et qui se taisent sont au gouvernement..! Une honte
Un cancer. Le Gvt est cancéreux..







Le.momde est multethnique multipolaire ,

A4
| 06-02-2019 11:34
LEVE-TOI !
Ecrit par A4 - Tunis, le 04 Février 2017

Lève-toi l'ami
Et fais comme moi
Je n'ai point dormi
Depuis bien des mois

Lève-toi, allez
Je te tends la main
J'ai les doigts gelés
J'ai le coeur chagrin

Allez, prends ma main
Tout seul je n'ai pu
Vaincre assassins
Et juges corrompus

Viens, ouvre tes yeux
Et serre fort ma main
Nous saurons à deux
Trouver l'assassin

L'assassin se cache
Derrière sa moustache
Ses lunettes de myope
Et son regard de taupe

L'assassin s'inquiète
En baissant la tête
Ni tranquille ni fier
Il vit un enfer

Il nous guette, le lâche
Mais il faut qu'il sache
Que tourne le vent
D'arrière au devant

Que même bien caché
Dans son vieux bûcher
Il n'évitera guère
La prise par derrière !

The Mirror
| 06-02-2019 10:59
J'ai imaginé dans les quelques lignes ci-dessous, un tribunal qui statuerait sur l'assassinat de Belaid, où, Rached Ghanouchi aurait enfin décidé de libérer sa conscience.
QUESTION
Votre identité, nom et prénom
REPONSE
Prénom: Rached
Nom: GhanouchiEnnahdha
QUESTION
Avez-vous ordonné le 6 mai 2013 l'assassinant de Chokri Belaid
REPONSE
Oui Monsieur le président
AVIS DU PEUPLE TUNISIEN: coupable
VERDICT du tribunal: non-lieu

Personnellement, je n'ai aucun point de rencontre avec Chokri Belaid, je ne partage rien avec lui, à part l'humanité et la citoyenneté, et rien que pour cela, je crie haut et fort : « en taule les VRAIS assassins de Belaid », votre cirque agace les tunisiens, de leur extrême droite à leur extrême gauche, votre cirque a trop duré.

A4
| 06-02-2019 10:43
Aujourd'hui, les assassins nahdhaouis n'osent pas sortir. Mais nous les auront !!!

Laro
| 06-02-2019 10:29
Touchant et profond, sincère et émouvant. Merci de nous rappeler les bonnes semences que notre pays a pu produire. Article sensible qui témoigne de la part de l'auteure d'une présence épaisse à une Tunisie en détresse. Que cent fleurs s'épanouissent...